Sexting

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Conversation par messages sur téléphone portable avec l'envoi d'images à caractère sexuel (photo issue d'une campagne de prévention).

Le sexting (aussi appelé textopornographie[1] ou sextage[2]) est l'acte d'envoyer électroniquement des textes ou des photographies sexuellement explicites, en français des « sextos », surtout d'un téléphone portable à un autre. Le terme est apparu en 2005 en Australie dans un article du journal The Daily Telegraph (édition magazine du dimanche)[3].

Aux États-Unis en 2009, cette activité est pratiquée principalement par de jeunes adultes et des adolescents[4],[5].

En France et au Québec (où les SMS sont surnommés textos), on parle aussi de sextos[1],[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Origine du mot[modifier | modifier le code]

Sexting est un mot-valise anglais formé de sex (« sexe ») et de texting (« envoi de messages textuels via SMS »). Les photographies de soi dénudées envoyées à une personne sont appelées nudes[6].

Définition[modifier | modifier le code]

Les chercheurs américains Sameer Hinduja et Justin W. Patchin définissent ce phénomène comme « l'envoi ou la réception d'images sexuellement explicites ou sexuellement suggestives par l’intermédiaire d'un téléphone portable »[7]. Dans la mesure où ces images peuvent ensuite être distribuées, comme tout autre type de contenu, et partagées par le biais des réseaux sociaux, des messageries instantanées ou par l'envoi de courriers électroniques, le sexting peut conduire à une forme de cyberharcèlement, dont le revenge porn en est un cas particulier typique.

La chercheuse et criminologue suisse Yara Barrense-Dias retient en 2019 une définition plus resserrée du sexting, qui est « un échange électronique de contenus à caractère sexuel (image, texte, audio, etc.) entre deux personnes consentantes »[8].

Fréquence[modifier | modifier le code]

Yara Barrense-Dias indique que dans une étude menée auprès de 5 000 jeunes adultes entre 2016 et 2019 en Europe, la moitié avait déjà envoyé un contenu à caractère sexuel[8]. Elle estime que « si les gens recourent autant à la photo dans le sexting, c’est qu’elle permet la mise en scène, de se mettre en valeur vis-à-vis de l’autre personne. Bien souvent, cela relève plus du charme que de la pornographie »[8].

Conséquences possibles[modifier | modifier le code]

Dans les cas révélés de harcèlement lié au sexting, un schéma semble se répéter : la trahison semble être à la source de la diffusion sans consentement des images ou de vidéos à caractère sexuel. « Une personne à qui l'adolescent avait confié quelque chose de très intime trahit soudain cette confiance en exposant de façon publique ce qui aurait dû rester privé », écrivent Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette (2013)[9]. Cette personne qui cherche à nuire à la réputation de la victime, rend alors public des éléments intimes ou privés la concernant en les diffusant à un grand nombre de personnes qui vont jouer le rôle de relais à la transmission de ces images/vidéos faisant prendre de l'ampleur au phénomène. Enfin les pairs vont s’ériger comme gardien des bonnes mœurs et se retourner avec violence contre la victime. Celle-ci développe alors un sentiment d'exclusion et de honte mais aussi de culpabilité car elle est le plus souvent à la base du premier envoi de ces éléments à caractère sexuel[9]. Ce phénomène est appelé revenge porn ou pornodivulgation.

Aux États-Unis[modifier | modifier le code]

  • Des personnes âgées de 16 ans et de 17 ans ont été arrêtées et accusées de possession de matériel pédopornographique en à la suite de la diffusion de photographies de nus entre eux[10].
  • Une jeune femme de dix-huit ans, Jessica Logan, s'est suicidée (par pendaison) après que des images d'elle, dénudée, furent diffusées dans son lycée par son petit ami, ce qui avait entraîné du harcèlement envers elle par les autres élèves[11].

En France[modifier | modifier le code]

Benjamin Griveaux, candidat à la Mairie de Paris aux élections municipales de 2020, a abandonné sa candidature à la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux par l'activiste russe Piotr Pavlenski d'une vidéo intime qu'il avait envoyée à une femme[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Commission générale de terminologie et de néologie, Vocabulaire du droit (liste de termes, expressions et définitions adoptés), Journal officiel no 0282 du , lire en ligne.
  2. a et b « sextage », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  3. (en) Yvonne Roberts, « The One and Only », The Sunday Telegraph,‎ , p. 22 :

    « Following a string of extramarital affairs and several lurid "sexting" episodes, Warne has found himself home alone, with Simone Warne taking their three children and flying the conjugal coop. »

  4. (en) Keagan Harsha, « Is Your Child "Sexting"? », WCAX-TV,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Susan Reimer, « The Middle Ages: Young people, texting and sexting », The Baltimore Sun,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Association Stop Fisha, Combattre le cybersexisme, Éditions Leduc, (ISBN 979-10-285-2178-3, lire en ligne), p. 100
  7. (en) « Sexting : A Brief Guide for Educators and Parents », sur www.cyberbullying.us,
  8. a b et c Pauline Croquet, « « Bien souvent, le sexting relève plus du charme que de la pornographie » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette, Harcèlement et cyberharcèlement à l'école : Une souffrance scolaire 2.0, Issy-les-Moulineaux, ESF,
  10. (en) Mike Brunker, « ‘Sexting’ surprise: Teens face child porn charges », MSNBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Élise Vincent, « Le Sexe sur SMS, nouveau jeu dangereux des adolescents », Le Monde, 20 août 2009, p. 1.
  12. « « Il n’y avait pas vraiment d’autre solution » : de la diffusion des photos intimes au renoncement de Benjamin Griveaux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette, « La prévention du harcèlement à l'épreuve du numérique », La Revue de l'éducation,

Articles connexes[modifier | modifier le code]