Serge-Christophe Kolm

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Serge-Christophe Kolm
Naissance
Nationalité Drapeau de la France France
Pays de résidence Drapeau de la France France
Profession
Philosophe et économiste

Serge-Christophe Kolm, né en 1932, diplômé de l'École polytechnique (France) et de l'École nationale des Ponts et Chaussées universitaire français, directeur d'Études à l'École des hautes études en sciences sociales, est connu pour ses nombreux ouvrages sur l'économie (théories de la justice sociale, développement économique, théorie de la mesure des inégalités).

Il a notamment forgé l'expression « économie publique[1] » et introduit le premier, en 1966, la notion de « justice sociale » dans le champ de la théorie économique[1]. Une partie de ses travaux porte sur l'analyse des fondements philosophiques des modèles économiques (il est notamment l'auteur d'un ouvrage intitulé Philosophie de l'économie (1985)).

Kolm s'est aussi intéressé aux philosophies orientales et spécialement au bouddhisme[2]. Il a rencontré, lors de séjours en Asie des maîtres spirituels avec lesquels il a approfondi ses connaissances. Dans Le Bonheur Liberté, Bouddhisme profond et Modernité[3] paru en 1982 aux PUF, il expose une vision personnelle du bouddhisme qu'il appelle « le bouddhisme profond » en expliquant des aspects peu connus en Occident de cette philosophie.

Économie et justice sociale

L’intervention de Kolm à Biarritz (1966) affichait la volonté d’intégrer la question de la justice sociale dans les modèles de recherche de l’optimum social. Identifiant un manque de l’analyse économique de cette période, elle affirme en effet que « l’analyse de la justice sociale » est « une branche de l’Economie Politique et même plus précisément de l’Economie Publique[4] ». Si ce texte ne se présente pas encore explicitement comme une remise en cause du welfarisme (voir (en) welfarism), il cherche, pour le moins, à l’interroger : « L’optimum résultant [des choix entre justice et efficacité] n’est pas en général une situation de revenu social maximum [...]. En fait, certaines sociétés sacrifient de la production afin de réaliser une certaine justice. Donc la mesure habituelle du bien-être d’une société, le revenu social par tête, n’est pas une bonne mesure car elle omet la consommation de justice[5] ». L’idée sous-jacente était déjà que l’on ne peut pas penser la justice sociale uniquement comme un problème de maximisation de fonctions d’utilité – ce qui conduira Kolm à défendre par la suite qu’« on ne peut tout simplement pas penser la justice sociale à partir du concept “d’utilité”[6] ».

Kolm (1971) poursuit, de ce point de vue, dans la direction ouverte par la communication de 1966. Après avoir réaffirmé que si les économistes « savent dire beaucoup de choses sur l’efficacité (Optimum de Pareto), ils sont presque muets à propos de la justice[7] », il constate que « le critère d’efficacité est insuffisant » pour penser cette justice[7]. Si le titre de cet ouvrage est Justice et équité et non pas « Justice et efficacité », c’est justement parce que l’on ne peut pas penser la justice sans équité et parce que l’équité va introduire des modifications majeures dans les résultats de l’analyse économique de la justice.

À ce jour la dernière pierre de ses travaux en économie normative est son livre Macrojustice (2005) qui propose un modèle tout à fait novateur de redistribution macroéconomique des revenus. Ce modèle défend l'idée d'une « égalisation des revenus issus d'un travail égal » (formule traduisant l'expression Equal Labor Income Equalization[8], dont les initiales donnent son nom au « modèle ELIE »). L'idée principale du modèle ELIE est de ne pas taxer les individus sur leur revenu total mais sur leurs capacités productives[9]. Cela rend l'assiette d'imposition "inélastique", c'est-à-dire indépendante des éventuelles modifications de comportement des individus[10] - ce qui permet de régler un certain nombre de problèmes bien connus en économie et liés à la désincitation au travail engendrée par la mise en place d'un impôt. Cela l'a notamment amené à défendre la défiscalisation des heures supplémentaires[11].

Publications

  • Kolm, S.-C. (2010), « 0n Real Economic Freedom », in Social Choice and Welfare, Vol. 35, n°3, pp. 351-375 [12].
  • Kolm, S.-C. (2007), « Macrojustice : distribution, impôts et transferts optimaux », Revue d'économie politique, vol. 117, n°1, janv-fév. 2007, pp. 61-89.
  • Kolm, S.-C. (2005), Macrojustice, The Political Economy of Fairness, Cambridge, Cambridge University Press.
  • Kolm, S.-C. (1996), Intermediate measures of inequality. Technical report, CGPC.
  • Kolm, S.-C. (1986), Philosophie de l’économie, Paris, Le Seuil.
  • Kolm, S.-C. (1982), Le Bonheur Liberté, Bouddhisme profond et Modernité, PUF, (ISBN 978-2-13-046468-6)
  • Kolm, S.-C. (1976), « Unequal inequalities I ». Journal of Economic Theory 12, 416—442.
  • Kolm, S.-C. (1976), « Unequal inequalities II ». Journal of Economic Theory 13, 82—111.
  • Kolm, S.-C. (1971), Justice et équité, Paris, CEPREMAP; réédition, Paris, CNRS,(1972), traduit en anglais en 2002 : Kolm, S.-C., Justice and Equity, MIT Press.
  • Kolm, S.-C. (1966), « La production optimale de justice sociale », conférence prononcée au Colloque Economie publique organisé à Biarritz du 2 au 9 septembre publié en français in J. Margolis and H. Guitton (1968) (Eds.), Economie publique, CNRS, Paris, pp. 109-77, et en anglais (sous le titre « The optimal production of social justice ») in J. Margolis and H. Guitton (1968) (Eds.), Public Economics, Mac Millan, London, pp. 145-200. Version anglaise rééditée in Landmark Papers in General Equilibrium Theory, Social Choice and Welfare, The Foundations of 20th Century Economics, selected by K.J. Arrow and G. Debreu, (2001), Cheltenham, Edward Elgar, pp.606-653.

Bibliographie

Références

  1. a et b Gamel C., 2005, p. 181.
  2. Serge-Christophe Kolm : économiste bouddhiste, interview par Bruno Mattei, Le Monde Dimanche, 23 octobre 1983
  3. Commentaires sur le livre sur le site Persée
  4. Kolm S-C., 1966, p. 112.
  5. Kolm S-C., 1966, p. 116.
  6. Kolm S-C., 2007, p. 48.
  7. a et b Kolm S-C., 1971, p. 13.
  8. Kolm S-C., 2005, p. 111-134.
  9. Kolm S-C., 2007, pp. 68-72.
  10. Kolm S-C., 2005, p. 66.
  11. Gharbi J-S., 2009.
  12. http://www.springerlink.com/content/0176-1714/35/3/

Lien externe