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Le crédit semi-obligataire allemand[1], en pratique, désigné « Schuldschein » (littéralement « reconnaissance de dette ») ou « Schuldscheindarlehen » (littéralement « prêt avec reconnaissance de dette ») ou encore en anglais « private placement loan » (littéralement « prêt avec placement privé ») est un type particulier de prêt aux entreprises de droit privé et aux personnes morales de droit public, apparu au milieu du XIXe siècle en Allemagne. Il est décrit comme un prêt hybride se situant à mi-chemin entre la syndication de crédit et l'emprunt obligataire[2].

Marché

En Allemagne, le Schuldscheindarlehen a longtemps été le principal moyen de l'Etat fédéral allemand de lever des fonds avant qu'il ne recourt au mécanisme obligataire. Néanmoins il reste aujourd'hui le principal instrument de financement des Länder et des communes allemandes. S'agissant des sociétés commerciales, selon une étude conduite par la banque régionale Helaba, pour l'année 2011, tandis qu'entre 30-40 sociétés allemandes recouraient au marché obligataire, 70 se sont financées sur le marché du crédit Schuldschein. Alors qu'il était à l'origine consenti uniquement aux entreprises de grande taille (sociétés cotées), depuis 2005, il s'est ouvert progressivement aux PME.

En France, plusieurs opérations ont été conclues à partir des années 2000. Par exemple, en 2008, les groupes SEB et RCI Banque ont respectivement signé un Schuldschein de 161 Mio EUR et 143 Mio EUR. Plus récemment, la banque Heleba annonçait avoir arrangé un crédit de 10 Mio EUR sur une durée de 10 ans pour le centre hospitalier régional universitaire de Strasbourg[3].

Principales caractéristiques

D'après la définition donnée par Dr Antoine R. Cuny de la Verryère « Le crédit semi-obligataire est un prêt d'argent consenti généralement à taux fixe pour une durée comprise entre 5 et 7 ans, par plusieurs prêteurs (établissements de crédit, assureurs, fonds d'investissement) au profit d'un emprunteur qui peut ainsi lever des fonds en quantité importante (souvent plusieurs dizaines de millions d'euros), grâce à un placement privé, ceci en général sans que soit constituée aucune sûreté, ni demandé aucune notation externe, le risque d'insolvabilité étant principalement encadré au moyen de covenants »[4].

Principaux avantages

Du point de vue des investisseurs[4], notamment :

  • l'éligibilité des créances semi-obligataires aux refinancements auprès de la BCE ;
  • leur valorisation comptable décorellée du marché des capitaux ;
  • un marché secondaire relativement liquide généralement animé par un teneur de marché ;
  • la possibilité d'accéder au marché des PME ;
  • l'éligibilité aux assureurs allemands.

Du point de vue de l'emprunteur, notamment :

  • le faible coût pour monter l'opération ;
  • le documentation juridique simple et standardisée ;
  • la possibilité de renégocier les termes du prêt de façon bilatérale ;
  • les obligations d'informations réduites qui préservent l'anonymat ;
  • la possibilité de lever des fonds auprès au cercle d'investisseurs institutionnels étendu aux assureurs (allemands) et fonds d'investissements.

Régime juridique

Le crédit semi-obligataire allemand est, en pratique, toujours soumis au droit allemand, en raison des conditions plus souples prévues par la réglementation allemande, notamment en matière de cession de créance et de conditions d'investissement des assureurs. Il est un contrat de prêt innomé et son régime est encadré principalement par le prêt d'argent fixé par le code civil allemand (§ 488 Abs. 1 BGB). Son caractère innomé vient du fait que le Schuldscheindarlehen est le fruit de la pratique des affaires en Allemagne. C'est pourquoi, les caractéristiques de cet instrument de financement n'ont cesser d'évoluer et de s'adapter à l'environnement fiscal et économique du marché allemand (p. ex. aujourd'hui, il est accessibles aux PME et peut être formé sans titre Schuldschein).

Une opération de crédit Schuldschein est une opération de financement qui peut s'avérer complexe. Outre le prêt d'argent, elle fait intervenir d'autres actes juridiques: l'acte de cession allégé de créance, la reconnaissance de dette (optionnel), les contrats de couverture notamment contre le risque de crédit (optionnel).

À noter qu'il existe des produits structurés faisant intervenir le crédit semi-obligataire allemand soit, en amont, lorsque des créances semi-obligataires sont titrisées dans un but de transfert du risque de crédit (p. ex. CLN, CLO) soit, en aval, lorsque le crédit Schuldschein est utilisé par un véhicule de titrisation afin de titriser d'autres créances (rare en pratique)[5].

Caractère « quasi-obligataire »

Au regard du droit français, et comparé à la syndication de crédit et à l'emprunt obligataire, le Schuldscheindarlehen peut être qualifié de « prêt quasi-obligataire », en raison de l'absence de syndicat, de la forte standardisation de l'acte de cession de créances ("quasi-fongibilité") conjuguée à des règles de cession de créance plus légères en droit allemand (« quasi-négociabilité »)[6].

Ainsi, contrairement à une conception très répandue, les titres de reconnaissance de dette (Schuldschein) ne sont pas indispensables pour valider une opération de crédit semi-obligataire allemande, le caractère « quasi-obligataire » de l'opération découlant essentiellement de l'acte de cession de créance qui est standardisé et allégé. Le titre Schuldschein ne constitue, au regard du droit allemand, qu'un commencement de preuve de la cession. Il n'est pas un titre financier, il n'incorpore aucun droit et est de ce fait devenu, en pratique, aujourd'hui de faible utilité[7].

Notes et références

  1. FBF, Livre vert de la Commission européenne sur le financement à long terme de l’économie européenne,2013, p. 31 ; voir aussi A.R. Cuny de la Verryère, Le crédit semi-obligataire: un instrument de financement d'origine allemande adapté aux PME françaises, Bulletin Joly Bourse, mars 2013, p. 152-154
  2. S. Vermeille, F. Burnat, Le droit français peu favorable au développement du placement privé, in Revue Banque, 27/11/2012
  3. https://www.helaba.de/paris/fr/FinancialInstitutions/2012
  4. a et b A.R. Cuny de la Verryère, ibid., p. 152
  5. A.R. Cuny de la Verryère, L'opération de crédit Schuldscheindarlehen - qualification juridique d'un instrument de financement allemand, th. Paris X (université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense), 2012
  6. A.R. Cuny de la Verryère, ibid., p. 153
  7. A.R. Cuny de la Verryère, ibid., p. 153 ; voir aussi A.R. Cuny de la Verryère, L'opération de crédit Schuldscheindarlehen - qualification juridique d'un instrument de financement allemand, th. Paris X (université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense), 2012