Saint-Vinage de Boulbon

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Saint-Vinage de Boulbon
Autre(s) nom(s) procession des bouteilles
Observé par catholiques
Type réminiscence d'un culte bachique
Signification rite pour obtenir la pluie, car le saint est réputé être aussi « bon pèr l'aigo et bon pèr lou vin »
Date tous les 1er juin, veille de la saint-Marcellin.
Célébrations messe où sont lues les « Noces de Cana », et où le célébrant annonce : « Durbès vosti fiolo pèr la benedicioun dou vin di malaut ». À ce signal, tous les hommes brandissent leur bouteille pour la bénédiction puis en boivent une rasade car ce vin est devenu souverain contre toute maladie
Observances chapelle interdite aux femmes
Lié à saint Marcellin

Le Saint-Vinage de Boulbon est une fête mi-bacchique, mi-catholique qui se déroule en la chapelle Saint-Marcellin de Boulbon, dans les Bouches-du-Rhône. Elle est placée sous le patronage de saint Marcellin[1] réputé être aussi « bon pèr l'aigo et bon pèr lou vin »[2].

Un Marcellin inclassable[modifier | modifier le code]

Ce Marcellin, dit de Rome, est fêté le 15 juin.

Or Marcellin († 304), évêque de Rome de 296 à 304, 29e pape selon la tradition, est fêté le 24 octobre[3].

Un autre Marcellin, martyr à Rome, l'est le 2 juin[4], tandis que le Marcellin du VIe siècle, sur lequel on ne sait rien, a sa fête le 9 janvier[5].

Il pourrait plus vraisemblablement s'agir de Marcellin d'Embrun († 374), évêque d'Embrun, mais celui-ci est honoré le 20 avril[6].

Enfin, en se basant sur le traditionnel bœuf en daube dégusté lors de la « Fête des tripettes » de Barjols[7], Fernand Benoit suggère qu'il pourrait s'agir de Marcel, évêque de Die vers 463, patron de la ville de Barjols où l'on célèbre cette fête en son honneur depuis 1350[2].

Le vin des malades[modifier | modifier le code]

Les festivités commencent le 1er juin, à la tombée de la nuit, et excluent toute présence féminine. Seuls les hommes s'entassent dans la chapelle de saint Marcellin, une bouteille emplie de vin à la main. Le garde champêtre de la commune est chargé d'apporter un panier plein de litres de vin réservés au clergé et à la municipalité[2]. Lors de la messe sont lues les « Noces de Cana », tirées de l'Évangile selon Jean, puis le prêtre se doit d'annoncer : « Durbès vosti fiolo pèr la benedicioun dou vin di malaut »[8]. À ce signal, tous les hommes brandissent leur bouteille pour la bénédiction puis en boivent une rasade car ce vin est devenu souverain contre toute maladie[2].

Les origines lointaines de la chapelle Saint-Marcellin[modifier | modifier le code]

La chapelle Saint-Marcellin de Boulbon.
Le portail à archivolte polylobée.

Ce prieuré de l’abbaye de Cendrars est attesté dès 1198. Mais sa fondation remonte plus loin. Sur le contrefort droit de l’édifice est gravée la date de 1175 qui doit correspondre à sa consécration. De plus, sur sa façade occidentale, existent des éléments d’un mur pré-roman en particulier la fenêtre haute. C’est une baie géminée, taillée dans un bloc monolithique. Elle est ornée d’un chrisme, d’une main bénissante et d’un agneau crucifère. L’actuel lieu de culte, daté du XIIe siècle a donc succédé à un édifice beaucoup plus ancien[9].

Il est donc plausible que le culte à saint Marcellin et le Saint-Vinage soient antérieurs à l’époque romane et puissent remonter au haut Moyen Age. Frédéric Mistral y voyait, quant à lui, une réminiscence d'un culte bachique. Il pourrait se situer dans la droite ligne de ces « messes à Bacchus » encore célébrées en Bourgogne au cours de la période médiévale[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Félicien Betton, La chapelle St-Marcellin. La procession des bouteilles, Boulbon,  éd. Les amis du vieux Boulbon, , 41 p., p. 21.
  2. a b c et d Fernand Benoit, op. cit., p. 248.
  3. Nominis : Saint Marcellin
  4. Nominis : Saint Marcellin
  5. Nominis : Saint Marcellin
  6. Nominis : Saint Marcellin d'Embrun
  7. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 203.
  8. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 204.
  9. Jean-Maurice Rouquette, op. cit., p. 53.
  10. Daniel-Rops, Histoire de l'Église, T. IV, La cathédrale et la croisade, p. 68.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Maurice Rouquette, Provence romane 1, éd. Zodiaque coll. « La nuit des temps » Paris 1974.
  • Fernand Benoit, La Provence et le Comtat Venaissin, arts et traditions populaires, Éd. Aubanel, Avignon, 1992, (ISBN 2700600614)
  • Jean-Pierre Saltarelli, Le fantôme de Boulbon in Contes Truffandiers, Éd. La Mirandole, Pont-Saint-Esprit, 2004, (ISBN 2909282899)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]