SMS Seydlitz

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SMS Seydlitz
illustration de SMS Seydlitz
Le SMS Seydlitz survolé par un Zeppelin

Type croiseur de bataille
Histoire
A servi dans  Kaiserliche Marine
Chantier naval Blohm & Voss, Hambourg Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Quille posée
Lancement
Armé
Statut Sabordé à Scapa Flow en 1919
Démoli en 1928
Équipage
Équipage 1 068 normal; 1 425 au Jutland
Caractéristiques techniques
Longueur 200,6 mètres
Maître-bau 28,4 m
Tirant d'eau 9,3 m
Déplacement 24 988 tonnes normal
28 550 tonnes à pleine charge
Propulsion 27 chaudières à charbon
2 turbines Parsons, 4 hélices
Puissance 67 000 ch
90 000 ch aux essais
Vitesse 26,5 nœuds
29,12 nœuds(maxi)
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 300 mm
Kiosque = 300 mm
pont = 80 mm
casemate =150 mm
tourelle = 230mm
barbette = 230 mm
Armement (5X2) × 280 mm L/50
12 × 150 mm L/45
12 × 88 mm L/45 dont 2 remplacés par
2 x 88 mm (Flak) en 1916
4 tubes lance-torpille de 500 mm
Rayon d'action 4 700 milles
Carrière
Pavillon Allemagne
Port d'attache Wilhelmshaven

Le SMS Seydlitz est un croiseur de bataille de la Marine impériale allemande. Il est nommé ainsi en l'honneur du général de cavalerie Friedrich Wilhelm von Seydlitz, qui s'est illustré sous Frédéric le Grand, notamment contre les Français, à la bataille de Rossbach (1757).

C'est le quatrième croiseur de bataille allemand construit à Hambourg par les chantiers Blohm & Voss. Lancé en , mis en service en , il a coûté 44 685 000 marks-or. Il est intégré dans le 1er groupe de reconnaissance (I. Aufklärungsgruppe) de la flotte de haute mer (Hochseeflotte) commandé par l'amiral Hipper dont il porte la marque de à fin , hormis les quelques mois où elle est portée par le SMS Lützow, et après sa mise hors de combat au Jutland, par le SMS Moltke, le SMS Seydlitz subissant de longs mois de réparations.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le Seydlitz est armé, comme ses prédécesseurs de la classe Moltke, de dix canons de 280 mm SK L/50 répartis sur cinq tourelles (une à l'avant, deux à l'arrière, et deux tourelles centrales, en abord et en « échelons »), d'une batterie de douze canons de 150 mm, douze canons de 88 mm et, en outre, de 4 lance-torpilles de 500 mm. Son blindage est un peu plus épais (la ceinture cuirassée atteint 300 mm, au lieu de 270 mm)[1]. Plus lourd d'environ 3 000 tonnes (son gaillard d'avant est d'un pont plus élevé, pour accroître le franc-bord à l'avant), il est plus long d'une quinzaine de mètres, et ses machines, comptant trois chaudières de plus, développent 10 000 ch supplémentaires, ce qui lui donne 1 nœud de plus en vitesse maximale[2].

Sur le papier, les croiseurs de bataille britanniques de la classe Lion sont plus lourds, plus rapides, plus puissamment armés (leurs canons tirent des obus de 343 mm) et ne lui cèdent, conformément aux idées de leurs concepteurs respectifs, que pour le blindage limité à 229 mm, tant pour la ceinture blindée que pour les barbettes et les tourelles d'artillerie principale.

Service[modifier | modifier le code]

Commandé par le capitaine de vaisseau (Kapitän zur See) Moritz von Egidy, le SMS Seydlitz a participé aux bombardements de villes anglaises de la côte est de la mer du Nord[3], en , où il fut atteint par le tir en riposte des batteries côtières devant Hartlepool (en)[4]. Il a conduit la ligne des croiseurs de bataille allemands à la bataille du Dogger Bank. Les navires allemands y ont concentré leur tir sur le HMS Lion, navire amiral du vice-amiral David Beatty, qui conduisait la 1re escadre de croiseurs de bataille britannique, et l'ont touché à plusieurs reprises. Le SMS Seydlitz reçoit toutefois un obus qui perce la barbette d'une des tourelles arrière et met le feu aux charges qui s'y trouvent, mais celles-ci n'explosent pas. L'incendie qui se propage à la seconde tourelle arrière tue un grand nombre des servants des deux tourelles, mais le noyage des soutes sauve le bâtiment d'une perte totale[5],[6]. La Kriegsmarine donne plus tard le nom de l'officier-marinier qui a exécuté l'ordre au péril de sa vie à un destroyer. La tourelle avant du HMS Lion est détruite dans des conditions comparables, mais l'incendie est beaucoup moins violent et les pertes beaucoup plus réduites[7]. C'est pourquoi, si la marine impériale allemande prend des mesures pour éviter le renouvellement de telles catastrophes, ce n'est pas le cas à bord de la flotte des croiseurs de bataille britanniques[8], ce qui explique pour partie ce qui est arrivé le 31 mai 1916,

Le Seydlitz après la bataille du Jutland.

Au Jutland, les croiseurs de bataille du vice-amiral Hipper infligent des pertes terribles aux croiseurs de bataille britanniques puisqu'ils en coulent trois sur neuf, le HMS Indefatigable, le HMS Queen Mary, et le HMS Invincible[9]. Mais ils souffrent aussi énormément des coups reçus, principalement des cuirassés armés de canons de 381 mm.

Sans qu'il ait conduit l'escadre allemande, comme cela a été le cas au Dogger Bank, le SMS Seydlitz est au cœur de tous les combats, pendant la « Course au sud » où il contribue, avec le SMS Derfflinger, à la destruction du HMS Queen Mary[10] et encaisse une torpille [11], pendant la « Course au nord » face aux cuirassés de la 5e escadre de bataille de la classe Queen Elizabeth, aux canons de 381 mm[12], pendant la charge des croiseurs de bataille allemands, dans la soirée, face aux cuirassés de la Grand Fleet, et notamment le HMS Royal Oak de la classe Revenge, armé aussi de canons de 381 mm[13], enfin dans les derniers combats, à la nuit tombante[14]. L'équipage a 98 de ses membres tués et 55 blessés. Le navire a tiré 376 obus de ses batteries principales et a marqué environ 10 coups[15].

Ainsi, le SMS Seydlitz rentre au port après avoir encaissé huit obus de 381 mm, six de 343 mm, huit de 305 mm et une torpille[16]. Une soute à munitions explose, deux incendies ravagent une partie du bateau, son gaillard d'avant se retrouve au niveau de l'eau car il a embarqué 5 308 tonnes d'eau[15] et il ne reste qu'une seule tourelle de 280 mm opérationnelle, mais il parvient tout de même à rentrer à Wilhelmshaven, en marche arrière et aidé de remorqueurs[17]. Il est réparé jusqu'en septembre 1916.

Avec les quatre autres croiseurs de bataille, les plus puissants cuirassés, les plus modernes croiseurs et de nombreux torpilleurs et destroyers de la flotte de haute mer allemande, il est interné à Scapa Flow en Écosse à la fin novembre 1918 avant d'être coulé lors du sabordage de la flotte allemande fin [18].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Siegfried Breyer, Battleships and Battle Cruisers, 1905-1970 : Historical Development of the Capital Ship, Londres, Macdonald and Jane's, , 480 p. (ISBN 978-0-356-04191-9, OCLC 794758361)
  • François-Emmanuel Brézet, Le Jutland, 1916 : la plus formidable bataille de tous les temps, Paris, Economica, coll. « Campagnes & strategies : les grandes batailles », , 164 p. (ISBN 978-2-7178-2223-6, OCLC 165503953)
  • Bernard Ireland (ill. Tony Gibbons), Cuirassés du 20e siècle, St-Sulpice (1025, Editions Airelles, coll. « Airelles référence », , 192 p. (ISBN 978-2-88468-038-7, OCLC 249255063)
  • (en) Bernard Ireland et Eric Grove, Jane's war at sea, 1897-1997, New York, HarperCollins, , 251 p. (ISBN 978-0-00-472065-4, OCLC 1016524758)
  • Donald G.F.W. Macintyre et Basil W. Bathe, Les navires de combat à travers les âges, Paris, Stock, (OCLC 901938456)
  • (en) Donald Macintyre, Famous fighting ships, London New York, Hamlyn, , 160 p. (ISBN 978-0-600-35486-4, OCLC 941404025)
  • Oliver Warner, Geoffrey Bennett, Donald G.F.W. Macyntire, Franck Uehling, Desmond Wettern et Antony Preston (trad. Jacques Mordal), Histoire de la guerre sur mer des premiers cuirassés aux sous-marins nucléaires (Encyclopédie visuelle Elsevier), Bruxelles, Elsevier Sequoia, , 250 p. (ISBN 978-2-8003-0148-8, OCLC 82924828)
  • (en) Staff, German Battlecruisers : 1914–1918., Oxford, Osprey Books, 48 p. (ISBN 978-1-84603-009-3, OCLC 64555761)
  • H. W. Wilson, Les Flottes de Guerre au combat, t. 2 : La Grande Guerre 1914-1918, Paris, Payot,

Notes et citations[modifier | modifier le code]

  1. Ireland 2004, p. 36-37.
  2. Breyer 1973, p. 272-273.
  3. Warner, Bennett et alii 1976, p. 48-50.
  4. Wilson 1928, p. 117.
  5. Warner, Bennett et alii 1976, p. 51.
  6. Wilson 1928, p. 129.
  7. Wilson 1928, p. 130.
  8. Wilson 1928, p. 136.
  9. Warner, Bennett et alii 1976, p. 56-59.
  10. Brézet 1992, p. 48.
  11. Brézet 1992, p. 51.
  12. Brézet 1992, p. 57.
  13. Brézet 1992, p. 84.
  14. Brézet 1992, p. 97.
  15. a et b Staff, p. 33.
  16. Wilson 1928, p. 427.
  17. Wilson 1928, p. 237-238.
  18. Wilson 1928, p. 412.