Sœurs de la charité de Nevers

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Sœurs de la charité de Nevers
Image illustrative de l’article Sœurs de la charité de Nevers
Deus Caritas Est
Ordre religieux
Type apostolique
But enseignement, soins des malades.
Structure et histoire
Fondation 1680
Saint-Saulge
Fondateur Jean-Baptiste Delaveyne
Site web Site officiel
Liste des ordres religieux

Les Sœurs[a] de la charité et de l'instruction chrétienne de Nevers (en latin : Sororum Caritatis et Institutionis Christianae) ou Sœurs[a] de la charité de Nevers forment une congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière de droit pontifical.

Historique[modifier | modifier le code]

Le couvent Saint-Gildard, maison mère, à Nevers.

Cette congrégation est fondée à Saint-Saulge (Nièvre) en 1680 par le père Jean-Baptiste de Lavenne (1653-1719), prêtre et moine bénédictin.

Histoire[modifier | modifier le code]

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Saint-Saulge[modifier | modifier le code]

Séduit à Paris par les fastes mondains, le père Delaveyne revient dans son village natal de Saint-Saulge en 1676. À cette époque, dans cette région rurale du Nivernais, les guerres de Louis XIV, les lourds impôts qu'elles suscitent, l'entretien des troupes séjournant dans le pays font régner une terrible misère[1]. Le père Delaveyne redécouvre ici les enseignements du Christ. Il est touché par les conditions de vie de ses paroissiens les plus nécessiteux. Il œuvre au soulagement de leurs maux, au respect de leurs droits — de ceux des femmes et des enfants, en particulier[2].

Il invite des jeunes filles de Saint-Saulge et des paroisses voisines à se joindre à lui pour s'occuper des plus démunis : « N'ayez point d'autres affaires que celles de la charité, point d'autres intérêts que ceux des malheureux[3]. » C'est ainsi qu'en 1680 il fonde une congrégation religieuse de femmes[2] pour « servir et médicamenter les pauvres, enseigner et catéchiser les petites filles, orner les églises[4]. » Parmi les premières à le suivre : Anne Legeay, Marie Marchangy (en 1683) et Marcelline Pauper[5], que l'on nomme « les filles de dom de Laveyne ». Il leur fait donner une éducation et une instruction solides tant sur le plan pratique que sur le plan spirituel, et les installe dans une petite maison de Saint-Saulge[6]. Les premières religieuses émettent leur profession en 1683. Elles sont placées sous l'autorité de Marie-Scholastique Marchangy, la première supérieure[4].

Nevers[modifier | modifier le code]

En 1685, la communauté est transférée à Nevers. Un oratorien, l'abbé Charles Bolacre, fait en effet œuvrer les sœurs à l'hôpital général de cette ville[4] et leur trouve une maison place Saint-Père (actuelle place Guy Coquille), où elles assurent la classe. Il y installe le noviciat et la pharmacie.

À partir de 1691, de nouvelles maisons sont fondées dans le Nivernais, et bien au-delà, notamment par Marcelline Pauper (qui devient supérieure générale, en 1694).

À Nevers, en 1693, par manque de place, l'abbé Bolacre achète pour les sœurs une plus grande maison, rue de la Parcheminerie. Avec le temps, la communauté acquiert les immeubles voisins, et agrandit le couvent[6].

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

La règle est rédigée en 1700, prenant en référence le règlement institué par dom Delaveyne. Elle est approuvée par monseigneur Vallot[4]. Puis viennent les luttes d'influence au sein de la communauté. Après bien des tensions, il est décidé en 1704 que la maison mère et le noviciat seront à Nevers. Malgré les services rendus, ce n'est qu'en 1780 que la congrégation obtient des lettres patentes de Louis XVI.

Les fondations se multiplient. À la fin de l'Ancien Régime, la congrégation comprend 140 maisons. Elles sont emportées dans la tourmente révolutionnaire[6].

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Sainte-Marie, ancienne chapelle du couvent de la Visitation.

Après la Révolution, les religieuses reprennent leur service à l'hôpital de Nevers. La congrégation est rétablie par le préfet de la Nièvre, Jean Joseph Sabatier, en 1801. Les religieuses s'installent dans l'ancien couvent des visitandines, édifié au XVIIe siècle, dont seule la chapelle Sainte-Marie subsiste aujourd'hui[6].

Le couvent Saint-Gildard[modifier | modifier le code]

La chapelle Saint-Gildard, reconstruite au XIXe siècle, où est aujourd'hui exposé le corps de Bernadette Soubirous.

Devant le nombre croissant de vocations et l'exiguïté des locaux, Monseigneur Dufêtre, évêque de Nevers fait l'acquisition du plateau Saint-Gildard, hors les murs de Nevers[6]. C'est là que l'on va construire un noviciat, sur l'emplacement d'une ancienne abbaye, connue au XIIe siècle, Saint-Gildard de Nevers. Il n'en subsiste alors que la chapelle Saint-Gildard, mais en ruine : le chœur renferme un pressoir, l'enclos est envahi par la vigne[6], le tout est noyé dans la végétation.

La réalisation du noviciat est confiée à l'architecte Pierre Hyppolyte Paillard (1801-1866). La première pierre est posée en juin 1853. Trois ans plus tard, le , les religieuses entrent dans le couvent Saint-Gildard[6]. La chapelle a été reconstruite. Le seul vestige de l'ancienne abbaye est le tympan, martelé à la Révolution[7].

En 1866, le noviciat compte 132 novices et 30 postulantes, et la congrégation 260 maisons[6]. L’institut des sœurs reçoit son décret définitif d’approbation le [4].

Supérieures générales[modifier | modifier le code]

(liste non exhaustive)

Sainte Bernadette Soubirous[modifier | modifier le code]

La châsse de Sainte Bernadette.

Fin janvier 1858, quelques jours avant les apparitions[12],[13], Bernadette Soubirous (1844-1879) devient élève externe[14] à l'hospice de la congrégation, à Lourdes, dans la classe des indigents. Là, les sœurs de la charité lui apprennent à lire et à écrire, et le métier de couturière. Le , elle y est admise comme pensionnaire[15]. Elle y est ensuite « jeune fille au pair », puis postulante[12]. Le , elle arrive à la maison mère de Nevers[5]. Elle y devient sœur Marie-Bernard[4]. Elle y prononce ses vœux le [6]. Elle y meurt le . Elle est béatifiée le [16] et, depuis le de cette année-là, son corps repose dans une châsse de verre, en la chapelle du couvent Saint-Gildard (sur le site de la maison mère, où est aujourd'hui aménagé l'Espace Bernadette Soubirous-Nevers)[17]. La chapelle devient dès lors un lieu de pèlerinage[18]. Bernadette est canonisée le [19]. De nos jours, le lieu attire chaque année de 400 000 à 500 000 pèlerins[20].

Profession de Foi[modifier | modifier le code]

Le fronton portant la devise « DEUS CARITAS EST ».

Faire la charité et s'occuper des malheureux, telle est l'orientation de la vie des religieuses de cette communauté, selon les vœux du fondateur : « Manifester au monde la Tendresse du Père, la Charité de Dieu. » La vie communautaire est au service des plus pauvres. La devise « DEUS CARITAS EST » (Dieu est Charité) est inscrite au fronton du grand bâtiment de la maison mère.

Préparation à la vie religieuse[modifier | modifier le code]

Différents établissements préparent les femmes désirant rejoindre les rangs de la congrégation. On trouve par exemple en France celui de Villeneuve-le-Roi.

La congrégation aujourd'hui[modifier | modifier le code]

La congrégation compte des établissements dans 15 pays, sur les quatre continents[1]. Sa vocation reste la même : s'occuper des plus démunis. Les sœurs sont présentes dans les quartiers défavorisés, auprès des personnes âgées, des handicapés ; elles luttent pour l'alphabétisation, et s'occupent aussi de la vie pastorale.

Au , la congrégation comptait 430 religieuses dans 75 établissements.

France[modifier | modifier le code]

(liste non exhaustive)

Les établissements français sont au nombre de trente.

  • 1680. Saint-Saulge.
  • 1704. Nevers. Maison mère de la Congrégation, 34 rue Saint-Gildard, 58000 NEVERS. Là, se trouve l'Espace Bernadette Soubirous-Nevers (EBSN), qui comprend :
    • le Centre International de Pèlerinage ;
    • le Centre Spirituel ;
    • le Centre International de Recherche et de Ressourcement pour l'Humanitaire (CIRRH)[1].
  • Nevers, boulevard Victor Hugo. En lien avec l'EBSN.
  • Nevers, à la Grande-Pâture (cité HLM).
  • Nevers, rue Morlon (au secrétariat et dans divers services de l'évêché).
  • 1691. Decize. Maison fondée en 1691-1694 par Marcelline Pauper.
  • 1696. Fondation de la maison de Murat, dans le Cantal, par Marcelline Pauper.
  • Paris. Maison Conseil général, 27 avenue du Général Michel Bizot, 75012 PARIS.
  • Auxerre.
  • Ligny-le-Chatel.
  • 1700. Fondation de la maison de Bourg-Saint-Andéol, en Ardèche, par Marcelline Pauper.
  • 1705. Fondation de la maison de Tulle, en Corrèze, par Marcelline Pauper.
  • Sens. Maison de retraite Notre-Dame de la Providence.
  • 1730. Chaumes-en-Brie. En 1730, deux sœurs de la charité de Nevers arrivent pour prendre en charge l'hôtel-Dieu de Chaumes. Le bâtiment est agrandi en 1744 en direction du sud. Rénovation en 1751. Il y a trois religieuses en 1782. En 1793, elles sont remplacées par des « dames dites de charité ». À peine un an après, l'établissement est vide. Il est rétabli en 1830, avec des sœurs de Saint Vincent de Paul[21].
  • 1836. Lourdes. Hospice créé pour accueillir les filles les plus pauvres, et leur donner une éducation primaire. On y recueille également les vieillards[12]. C'est là que Bernadette Soubirous est externe, puis pensionnaire, de 1858 à 1866, avant de gagner Nevers.
  • Pau[22]

Afrique[modifier | modifier le code]

  • Côte d'Ivoire, Anyama. Les sœurs sont présentes en brousse dans les régions défavorisées (microréalisations de petits élevages, culture vivrière). Dans des campements, elles initient aux soins de santé.
  • Guinée. Centre de développement rural pour femmes (ateliers de confection, initiation aux soins de santé primaire, alphabétisation).
  • Tunisie. Depuis 1925, les sœurs œuvrent dans les zones du sud pour l'éducation de la jeunesse, l'alphabétisation, la prise en charge des personnes handicapées[5].

Asie[modifier | modifier le code]

  • Corée. Fondation récente. Les sœurs s'occupent des enfants handicapés, qui sont mis en école maternelle, et éduqués afin de bénéficier d'une plus grande autonomie. Elles s'investissent également dans l'éducation, dans la protection d'enfants en difficulté familiale et sociale, et dans celle des sans-logis, qu'elles accueillent dans un restaurant destinés aux personnes sans revenus.
  • Japon. Kyoto, Kobé. Principales actions dans les lieux d'éducation. Présence dans les quartiers d'immigrés. Les religieuses font un travail sanitaire auprès des vieillards, et scolaire auprès des jeunes. À la suite du tremblement de terre de 1995, elles fondent une petite communauté pour venir en aide aux vieillards logés dans des préfabriqués et non réinsérés dans des logements décents.
  • Thaïlande. Les sœurs ont à cœur d'œuvrer à la défense des droits des femmes, victimes de la prostitution et largement touchées par le virus du sida. Mise en place de bibliothèques dans les villages du sud-est, afin de faciliter l'instruction des enfants[5].

Amérique centrale et Amérique du Sud[modifier | modifier le code]

Europe, hors France[modifier | modifier le code]

Chapitre général[modifier | modifier le code]

Temps fort dans la vie de la congrégation, le chapitre général a lieu tous les cinq ans. Il réunit les déléguées de tous les pays où des communautés sont insérées.

Dans un premier temps, la supérieure générale fait un rapport des activités et de la vie de la congrégation au cours des cinq dernières années. Les déléguées ont alors à recueillir le fruit des engagements apostoliques des communautés à travers le monde, et à les relire à la lumière de la mission confiée à la congrégation depuis son origine — « Manifester au monde la tendresse du Père, la charité de Dieu » — et selon les orientations du précédent chapitre.

Dans un second temps, après l'élection de la supérieure générale et de son conseil, les sœurs présentes ont à décider des orientations pour les cinq années à venir[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Sœurs » prend une majuscule initiale pour désigner l’ensemble de l'ordre dans la locution « les Sœurs de la charité… » ; pour désigner une sœur individuellement ou un groupe restreint de sœurs, on écrit « une sœur », « une fille de la charité », « des sœurs de la charité », etc. Source : Conventions typographiques.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Les Sœurs de la charité de Nevers », sur nievre.catholique.fr.
  2. a et b « L'aventure d'un homme : Jean-Baptiste Delaveyne (1653-1719) », sur sainte-bernadette-nevers.com.
  3. « Charité de Nevers », sur corref.fr.
  4. a b c d e f et g « Sainte Bernadette Soubirous », sur missel.free.fr.
  5. a b c d et e « Les Sœurs de la charité de Nevers », sur sainte-bernadette-nevers.com.
  6. a b c d e f g h et i « De l'Empire à la République : Nevers au temps de Bernadette », sur cg58.fr, Archives départementales de la Nièvre, n° 16.
  7. « Un peu d'histoire… » sur sainte-bernadette-nevers.com.
  8. René Laurentin, Vie de Bernadette, Desclée de Brouwer, 1978, p. 284.
  9. a et b René Laurentin, op. cit., p. 287.
  10. a et b « Lourdes - Cemetery », sur flickr.com.
  11. « Chapitre Général des Sœurs de la charité de Nevers », sur sainte-bernadette-nevers.com.
  12. a b et c « Bernadette et les Sœurs de la charité de Nevers », sur sainte-bernadette-nevers.com.
  13. La première apparition a lieu le .
  14. « Hospice Sainte-Bernadette », sur voyage.viamichelin.fr.
  15. René Laurentin, Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, Fayard, 2007, p. 565.
  16. René Laurentin, op. cit., p. 339.
  17. René Laurentin, « Le corps intact de Bernadette, à Nevers », sur fr.lourdes-france.org.
  18. Jean-Pierre Bousquel, Guide France des pèlerinages et des lieux d'accueil spirituel, Fayard, 1996, p. 418.
  19. « Qui es-tu Bernadette ? » sur sainte-bernadette-nevers.com.
  20. Philippe Gloaguen (dir.), Bourgogne Franche-Comté, coll. « Le Guide du routard », Hachette, 1999, p. 271.
  21. « La maison de retraite », sur ville-chaumes-en-brie.fr, 2012.
  22. Site du diocèse de Bayonne
  23. « Le Chapitre général de la Congrégation », sur sainte-bernadette-nevers.com, Bulletin de l'Espace Bernadette, n° 19, année 2011.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Abbé Marillier, Histoire de Jean-Baptiste Delaveyne religieux de l'ordre de Saint-Benoît, fondateur, supérieur général de la congrégation des Sœurs de la charité et de l'instruction chrétienne de Nevers, Paris, éd. Lecoffre ; Nevers, Thomas Ferrandier, 1890.

Articles connexes[modifier | modifier le code]