Sarabit al-Khadim

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Sarabit al-Khadim
Présentation
Type
Patrimonialité
Liste indicative du patrimoine mondial (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Localisation
Altitude
1 071 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Carte

Sarabit al-Khadim (en arabe : سرابت الخادم, Sarābiṭ al-Khādim?, « montagne du serviteur ») est une localité dans le sud-ouest de la péninsule du Sinaï où la pierre de turquoise était extraite massivement des gisements durant l'Antiquité, principalement par les anciens Égyptiens.

Fouilles archéologiques[modifier | modifier le code]

Illustration représentant le site, réalisée au XIXe siècle par l'expédition Prussienne

Des fouilles archéologiques, menées en 1905 par Sir Flinders Petrie (1853-1942), ont révélé des campements de mineurs ainsi qu'un temple de l'Hathor locale, la « Dame de la turquoise », déesse protectrice des régions désertiques. On se rend compte de la fréquentation du site au nombre important d’autels consacrés à Hathor, disséminés çà et là tout autour du temple.

On y a trouvé une statuette de pierre représentant un sphinx, portant une double inscription, hiéroglyphique et en alphabet linéaire. L'égyptologue britannique Alan Gardiner a montré qu'il s'agissait d'une dédicace « À Ba'alat, déesse de la turquoise ». Ba'alat est le féminin de Ba'al, un mot qui sera utilisé abondamment dans la Bible pour désigner les idoles et divinités païennes[1].

Le temple[modifier | modifier le code]

Plan du temple d'Hathor.

Le site de Sarabit al-Khadim comporte un temple double, semi-rupestre, dédié à la fois à Hathor et à Sopdou. C'est le sanctuaire minier le plus important de l'Égypte pharaonique.

Construit sur un plateau rocheux dominant l'ensemble du site, le temple comporte un double hémispéos : un axe double, avec une succession en parallèle de pièces menant à deux salles de culte en partie creusées dans la montagne. Le sanctuaire, construit au Moyen Empire, fut agrandi sous le Nouvel Empire, mais seulement dans l'axe consacré à Hathor. Le temple originel est orienté selon un axe sud-est/nord-ouest ; or à cause d'un manque de place les rois du Nouvel Empire ne purent le prolonger dans la direction qui s'imposait — vers le nord-ouest —, mais durent faire évoluer l'ensemble plus vers l'ouest, de sorte qu'il dessine un léger coude.

Bien que le temple soit dédié conjointement à deux divinités, Hathor en reste la maîtresse incontestée. Sopdou joue donc un rôle plus secondaire mais néanmoins non négligeable ; dieu guerrier attaché à l'est et au désert, il protège les frontières orientales de l'Égypte et sauvegarde les hommes des dangers inhérents aux zones inhospitalières. À côté de ces deux divinités principales, on note la présence d'un dieu bélier originaire du delta et du Ptah de Memphis.

Les inscriptions protosinaïtiques[modifier | modifier le code]

Inscription trouvée lors des recherches de Flinders Petrie dans le Sinaï.

À quelques kilomètres de Sarabit al-Khadim, dans la vallée Ouadi-el-Mukattab, de nombreuses parois rocheuses sont gravées d'une grande quantité de signes. Ils ont été photographiés pour la première fois par Francis Frith en 1857. Ces inscriptions sont parmi les premières traces de l'alphabet protosinaïtique, dont est dérivé l'alphabet phénicien.

Toutes ces inscriptions présentent un trait particulier : par principe acrophonique elles utilisent une dérivation de hiéroglyphes phonétiques égyptiens pour écrire une langue sémitique. Les auteurs de ces deux inscriptions ont utilisé des signes égyptiens en leur donnant pour valeur le premier son dans leur langage sémitique du mot désigné par le hiéroglyphe égyptien.

Ainsi
pr
, pictogramme représentant une maison en hiéroglyphe, que l'on disait *bēt en sémitique,

était utilisé pour transcrire le phonème /b/, initiale de *bēt. Ce nom est resté pour désigner la lettre elle-même dans l'alphabet hébraïque, et était si bien ancré qu'il a été transmis aux Grecs en même temps que l'alphabet (βῆτα bêta, avec un suffixe -a).

Ces inscriptions ont donc été écrites par des sémites qui travaillaient dans les mines égyptiennes du Sinaï. Il y a une trentaine d'inscriptions qui ont été photographiées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir à ce sujet le documentaire sur ARTE « L’odyssée de l’écriture » (mis en ligne le 28 août 2021).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Inscriptions[modifier | modifier le code]

  • K. Lake, R. Blake, The Serabit Inscriptions: I. The Rediscovery of the Inscriptions, Harvard Theological Review, Vol. 21, no 1 (Jan. 1928), p. 1-8.
  • R. Butin, The Serabit Inscriptions: II. The Decipherment and Significance of the Inscriptions, Harvard Theological Review, Vol. 21, no 1 (Jan. 1928), p. 9-67.
  • R. Butin, The Protosinaitic Inscriptions, Harvard Theological Review, Vol. 25, no 2 (April 1932), p. 130-203.
  • W.F. Albright, The Early Alphabetic Inscriptions from Sinai and Their Decipherment, Oakland, Bulletin of the American Schools of Oriental Research, 1948.
  • (en) R. Giveon, The Stones of Sinai speak, Tokyo,  ;

Liens externes[modifier | modifier le code]