Sépulcre de Saint-Mihiel

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Sépulcre de Saint-Mihiel
Artiste
Date
XVIe siècle
Type
Sculpture
Technique
Pierre de Saint-Mihiel (carrières ouvertes la Justice et la Vaux)[1]
Dimensions (H × L × l)
180 × 325 × 163 cm
Mouvement
Sculpture lorraine de la Renaissance
Localisation
Église Saint-Étienne de Saint-Mihiel Meuse France
Protection

Le Sépulcre de Saint-Mihiel ou Mise au tombeau de Ligier Richier est un groupe sculpté du XVIe siècle conservé à l'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel. C'est une œuvre majeure du sculpteur lorrain Ligier Richier remarquée depuis sa création à nos jours pour l'expression des traits, la noblesse des poses, la perfection de l'exécution et le fini des détails[2] des treize personnages grandeur nature. Le sépulcre apparaît sur la première liste des monuments historiques de 1840 établie par Prosper Mérimée[3] et est classé aux monuments historiques en 1907[4] avec l'église.

Description[modifier | modifier le code]

L'œuvre représente la mise au tombeau du Christ. Treize personnages sont représentés légèrement plus grands que nature.

L'ensemble a été réalisé dans trois blocs de pierre de Saint-Mihiel, si bien agencés que jusqu'au XIXe siècle les Lorrains l'ont cru sculpté dans un seul bloc[5].

Au centre et au premier plan, le Christ porté par Joseph d'Arimathie (à la tête) et Nicodème (à ses pieds), tous deux avec des habits de style Grand prêtre d'Israël et le visage tourné vers la figure du Sauveur. Aux pieds du Christ, Marie Madeleine, baisant les pieds du Christ, lui confère ses adieux. Elle est ornée de bouffants, de crevés qui montrent une mode Renaissance, elle a aussi une ceinture avec des chaînons ciselés. Juste derrière, Marie, en pâmoison, est soutenue par Jean et Marie Cléophée, elles sont habillées à la mode de l'époque de Ligier Richier par les coiffures et ses vêtements. Marie est ici la figure de la Mater Dolorosa. Un ange tient la croix et les instruments de la Passion du Christ.

Complètement à gauche, Marie Salomé prépare un linceul qu'elle dispose dans le tombeau ; ce sont les objets qui étaient à l'origine destinés à Joseph d'Arimathie.

À l'arrière-plan, à droite, deux comparses jouent aux dés la tunique du Christ sous le regard d'un centurion. Ici, tout est en opposition avec l'atmosphère de la scène présentée, ils sont habillés en Romains, jouent, ont une physionomie grossière, des rictus aux lèvres. Leur chef plus pensif tenait une lance aujourd'hui disparue. Tandis qu'une femme, en avant-plan, (Véronique ou Jeanne la Myrophore selon les sources) présente la couronne d'épines sur un linge, elle l'observe avec révérence et est en habit plus simple que son pendant Marie Madeleine.

Historique[modifier | modifier le code]

Coupure du haut de jambe et du poignet visible avant restauration de 2003.

Il s'agit de la dernière œuvre du sculpteur avant son départ pour Genève.

Pendant la Révolution française, le groupe de statues avait été caché sous du foin.

Lors de leur réapparition en 1797, l'humidité avait endommagé l'ensemble et surtout les barres de fer qui soutenaient le Christ, ce fut M. Mangeot, artiste sammiellois, qui en 1810 fit une première restauration.

Le Sépulcre étant classé en 1839 comme objet d'art, le Christ étant brisé, l'État finança une réfection par Joseph-Silvestre Brun qui remplaça alors les barres par de la pierre qu'il dissimula en un linge tombant des reins du Christ. En 1865, une polémique enfla, les uns voulant remanier les positions des personnages, mais le conseil de la fabrique s'y opposa.

Dans la cité de l'architecture, dans le département du Musée des Monuments français on peut retrouver un moulage du sépulcre.

En 1914, un obus frappa l'église et plusieurs éclats endommagèrent des statues, il fut décidé de protéger le tout sous des sacs de terre au lieu de porter le tout à Metz.

Reconstitution en 1911 d'après les moulages du musée des Monuments français.

Le sépulcre fut démonté par les Allemands et exposé à Metz pendant la Première Guerre mondiale[6].

En 1996, le ministère de la Culture répond favorablement à la demande de restauration du sépulcre, et après dix ans de restauration il est à nouveau visible dans son ensemble[7].

Cette réalisation

Personnages séparés en cours de restauration.

L'œuvre est numérisée par le laboratoire MAP-CRAI de l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy en 2012 pour une éventuelle restauration en cas de sinistre ou de dégradation[8].

Intérêt artistique[modifier | modifier le code]

Son intérêt artistique est tel qu'il est proposé au classement sur la toute première liste des monuments historiques de 1840 établie par Prosper Mérimée[3] ; il est finalement classé au titre immeuble en 1907[4] avec l'église. Le sépulcre est remarqué depuis sa création par les visiteurs et amis de l'art. En 1757 Dom J. de L'Ilsle écrit: "travaillée avec tant d'art et de délicatesse qu'elle est regardée par les habilles connaisseurs comme une merveille du monde"[9]. Dans ses Voyages en Alsace et en Lorraine, Alexandre Müller note : "Ligier Richier ne savait pas seulement animer le marbre mais il possédait au degré suprême l'art des poses et apportait à tous les détails le fini le plus minutieux"[10]. L'abbé Souhaut relate dans Les Richier et leurs œuvres : "La grandeur et la simplicité de l'ensemble absorbent le regard, et il semble qu'on ait tout vu, tout compris, tout admiré d'un seul coup d’œil"[11].

Célébration[modifier | modifier le code]

Timbre-poste[modifier | modifier le code]

Le , l'administration des PTT émet un timbre-poste dans le cadre de la célébration du Sépulcre de Saint-Mihiel. La dessinatrice du timbre est Huguette Sainson.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. « Ligier Richier : statuaire lorrain du XVIe siècle », sur archive.org (consulté le )
  2. Philippe Lebas, France. Dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, (lire en ligne), P61.
  3. a et b Liste des monuments pour lesquels des secours ont été demandés, sur la base Mérimée.
  4. a et b Notice no PM55000524, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  5. Charles Cournault, « Ligier Richier : statuaire lorrain du XVIe siècle », sur archive.org (consulté le ), p. 30 - « Ce n'est pas impunément qu'on eût déplacé toutes ces statues, si intimement liées entre elles, qu'on a longtemps cru qu'elles avaient été taillées dans un seul bloc de pierre. »
  6. Exposition d'oeuvres d'art mutilées ou provenant des régions dévastées par l'ennemi / organisée [en 1916] ... par la ville de Paris..., impr. de D. Niestlé, (lire en ligne).
  7. Jean-Pierre Leloup, « Renaissanced’un chef-d'œuvre », L'Est Républicain,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Numérisation | MAP-CRAI », sur meurthe.crai.archi.fr (consulté le ).
  9. Conseil général de la Meuse, « La route Ligier Richier », calameo.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Alexandre Müller, Voyage en Alsace et en Lorraine, MC2P, (ISBN 978-2-37500-000-7, lire en ligne)
  11. Charles (Chanoine) Souhaut, Les Richier et leurs oeuvres : par l'abbé Souhaut,..., Paris, Impr. de Contant-Laguerre, (lire en ligne), p. 254

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources anciennes[modifier | modifier le code]