Séisme de 1969 au Maroc

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Séisme de 1969 au Maroc
Date à h 40 min 32 s
Magnitude 7.8[1]
Intensité maximale VII (très forte)
Épicentre 36° 01′ 01″ nord, 10° 57′ 00″ ouest
Hauteur maximale du tsunami 1,14 à 1,20 m
Régions affectées Drapeau du Portugal Portugal
Drapeau du Maroc Maroc
Drapeau de l'Espagne Espagne
Victimes entre 13 et 31 morts directs ou indirects, selon les sources, et 80 blessés.
Géolocalisation sur la carte : Océan Atlantique
(Voir situation sur carte : Océan Atlantique)
Séisme de 1969 au Maroc

Le séisme de 1969 au Maroc s'est produit le 28 février 1969 à h 40 UTC, et a duré environ une minute. Il était de magnitude 7,8 Mw sur l’échelle de Richter[1] et d'intensité VII (« très forte ») sur l'échelle de Mercalli[1]. Il a atteint le Maroc, le sud du Portugal et l'Andalousie occidentale. En anglais, il est nommé : 1969 Portugal earthquake (« tremblement de terre de 1969 au Portugal »), en espagnol : Terremoto de Cabo de San Vicente de 1969 (« tremblement de terre du cap Saint-Vincent en 1969 »), en portugais : Sismo de Portugal de 1969 (« séisme du Portugal de 1969 »). C'est le plus fort tremblement de terre à avoir frappé cette région depuis le puissant et terrible séisme du 1er novembre 1755 à Lisbonne[2].

Analyse des causes[modifier | modifier le code]

Il a été provoqué par un déplacement de plaques tectoniques. Son épicentre était situé à 200 km au sud-ouest du cap Saint-Vincent du Portugal dans une zone diffuse de sismicité connue sous le nom de ceinture sismique ou faille transformante Açores-Gibraltar[3], qui marque la limite entre la plaque africaine et la plaque eurasiatique dans l’Océan Atlantique[4].

La déformation à cette limite de plaque est de style transpressionnel, avec glissement dextre (latéral droit) accompagné d’une lente convergence (4 mm/an)[5]. Les caractéristiques bathymétriques linéaires à l’intérieur de cette zone, comme le Banc de Gorringe (en) (un mont sous-marin), de tendance sud-ouest/nord-est, seraient le résultat d’une faille inverse[4].

Des études, utilisant la bathymétrie d’ondulation multifaisceaux (en) (type de sonar), ont révélé d’autres failles inverses de tendance sud-ouest/nord-est et des axes de pliage ainsi qu’un ensemble de lignées de tendance ouest-nord-ouest/est-sud-est, interprétées comme des failles de décrochage. Le tremblement de terre a été localisé dans la plaine abyssale du Fer-à-cheval (Horseshoe Abyssal Plain), où une faille inverse active a été observée sur les données de réflexion sismique[6].

Ce tremblement de terre est donc interprété comme étant le résultat d’un mouvement sur une faille inverse à pendage d’orientation sud-est[4].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Avec une magnitude de 7,8[1] ce tremblement de terre est considéré comme très puissant. Il a connu au moins une réplique importante de magnitude 6,3 Mw, le même 28 février à 04:25:35 UTC[7]. Il a été ressenti jusqu'à une distance de plus de 1 300 km depuis l'épicentre, par exemple à Bordeaux (en France), ou aux îles Canaries[8].

Selon les sources, il semble qu'il ait provoqué directement ou indirectement 11 décès au Maroc[9], 7 en Espagne (par infarctus)[10], et 2 décès directs au Portugal[9], auxquels s'ajouteraient 11 décès indirects : donc 31 morts au total ; ainsi que 80 blessés légers[9].

Malgré la forte intensité du séisme, les dommages aux bâtiments locaux ont été « modérés », selon l'Institut d'études géologiques des États-Unis. Dans l'ensemble, les structures étaient préparées au tremblement de terre et ont bien réagi, ne subissant que de faibles dommages, voire aucun[8]. Néanmoins on a tout de même déploré, ne serait-ce que pour l'Espagne, 18 maisons devenues inhabitables à Huelva et 4 maisons effondrées à Isla Cristina.

Beaucoup de Marocains ont encore en mémoire ce séisme fortement ressenti, et qui a donné naissance à un tsunami de faible amplitude mais notable :
- 1,14 m au Portugal, en trois vagues[9]
- 1,20 m à Casablanca (Maroc)
- 0,2 m à Séville (Espagne).
Mais il a été largement moins destructeur que le tsunami du 1er novembre 1755 qui avait détruit plusieurs villes marocaines de Tanger à Agadir en plus de la ville de Lisbonne (qui lui a donné son nom)[11]. Toujours est-il que le séisme destructeur d'Agadir en 1960 étant encore dans toutes les têtes, ce tremblement de terre de 1969 a provoqué des scènes de panique comme une réplique à neuf ans d'écart[11]. Comme le dit Jean-François Abderrahman Clément dans son « étude sociologique d'un tremblement de terre au Maroc » (in Cahiers internationaux de sociologie, 1971, aux Presses universitaires de France) :

« Il ne peut y avoir la moindre comparaison avec l’apocalyptique catastrophe d’Agadir ; mais un point est commun qu’il faut situer : c’est la panique qui s’empara de la population, d’emblée, et qui nous rappelle la fuite éperdue dans la campagne des rescapés d’Agadir »[12],[11].

Ainsi, les pays du pourtour de l’Atlantique et plus particulièrement ceux proches de la ligne qui va des Açores au détroit de Gibraltar et même jusqu’en Turquie en passant par l’Italie et la Grèce doivent disposer d’un réseau de surveillance et d’alerte des tsunamis. Le Maroc est le plus concerné de par l’expansion démographique galopante des villes côtières et la concentration de ses principales activités industrielles et économiques le long de la côte atlantique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d NGDC : National Geophysical Data Center, « Comments for the Significant Earthquake » [« Commentaires sur les tremblements de terre importants »], sur www.ngdc.noaa.gov (consulté le ).
  2. (pt) Graça Henriques, « Sismo 1969. O mar borbulhou e o país saiu à rua em pijama » [« Tremblement de terre de 1969. La mer bouillonnait et les gens descendaient dans les rues en pyjama »], sur Diário de Notícias, (consulté le ).
  3. Voir les cartes orographiques sous-marines et sismologiques de cette faille aux pages 1145 à 1148 de la source suivante : (en) Raphaël Grandin, José Fernando Borges, Mourad Bezzeghoud, Bento Caldeira & Fernando Carrilho, « Simulations of strong ground motion in SW Iberia for the 1969 February 28 (Ms = 8.0) and the 1755 November 1 (M ∼ 8.5) earthquakes – I. Velocity model II. Strong ground motion simulations » [« Simulations de forts mouvements du sol dans le sud-ouest de la péninsule ibérique pour les séismes du 28 février 1969 (Ms = 8,0) et du 1er novembre 1755 (M ~ 8,5) – I. Modèle de vitesse II. Simulations de forts mouvements du sol »], Geophysical Journal International, vol. 171, no 2,‎ , pp. 807-822 (DOI 10.1111/j.1365-246X.2007.03571.x Accès libre, Bibcode 2007GeoJI.171..807G, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  4. a b et c (en) Yoshio Fukao, « Thrust faulting at a lithospheric plate boundary the Portugal earthquake of 1969 » [« Faille de poussée à la limite d’une plaque lithosphérique lors du tremblement de terre du Portugal de 1969 »], Earth and Planetary Science Letters, vol. 18, no 2,‎ , pages 205–216 (DOI 10.1016/0012-821X(73)90058-7, Bibcode 1973E&PSL..18..205F, lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Raphaël Grandin, José Fernando Borges, Mourad Bezzeghoud, Bento Caldeira & Fernando Carrilho, « Simulations of strong ground motion in SW Iberia for the 1969 February 28 (Ms = 8.0) and the 1755 November 1 (M ∼ 8.5) earthquakes – I. Velocity model – II. Strong ground motion simulations » [« Simulations de forts mouvements du sol dans le sud-ouest de la péninsule ibérique pour les séismes du 28 février 1969 (Ms = 8,0) et du 1er novembre 1755 (M ~ 8,5) – I. Modèle de vitesse – II. Simulations de forts mouvements du sol »], Geophysical Journal International, vol. 171, no 2,‎ , pp. 807-822 (DOI 10.1111/j.1365-246X.2007.03571.x, Bibcode 2007GeoJI.171..807G, lire en ligne Accès libre [PDF], consulté le ).
  6. (en) N. Zitellini et la SWIM Team : E. Gràcia, L. Matias, P. Terrinha, M.A. Abreu, G. DeAlteriis, J.P. Henriet, J.J. Dañobeitia,D.G. Masson, T. Mulder, R. Ramella, L. Somoza & S. Diez, « The quest for the Africa–Eurasia plate boundary west of the Strait of Gibraltar » [« La quête de la frontière entre l’Afrique et l’Eurasie à l’ouest du détroit de Gibraltar »], Earth and Planetary Science Letters, vol. 280, nos 1-4,‎ , pages 13–50 (DOI 10.1016/j.epsl.2008.12.005, Bibcode 2009E&PSL.280...13Z, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  7. ISC, ISC-GEM Global Instrumental Earthquake Catalogue (1900–2009), International Seismological Centre, coll. « Version 1.05 », (lire en ligne)
  8. a et b (en) United States Geological Survey (« Institut d'études géologiques des États-Unis »), « Earthquake History for February 28th » [« Historique des tremblements de terre du 28 février »], sur earthquake.usgs.gov, (consulté le ).
  9. a b c et d (en) USGS United States Geological Survey, « PAGER-CAT Earthquake Catalog », sur earthquake.usgs.gov, (consulté le ), Version 2008_06.1.
  10. (es) Díaz Japón, « España padece el mayor terremoto desde 1969, pero se quedó en un simple susto » [« L'Espagne a subi le pire tremblement de terre depuis 1969, mais il y a eu plus de peur que de mal »], sur ABC España : www.abc.es, (consulté le ), §4.
  11. a b et c Jazia El Hammari, « Tour d’horizon des tremblements de terre et tsunamis dans l'histoire du Maroc », sur yabiladi.com, (consulté le ), § 2 "Deux dates gravées dans les mémoires".
  12. Jean-François Abderrahman Clément, « Étude sociologique d'un tremblement de terre au Maroc », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 50,‎ , pp. 95-126 (lire en ligne Accès payant, consulté le ).