Régine Deforges

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Régine Deforges
Régine Deforges en 1996.
Fonction
Présidente de la Société des gens de lettres
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Régine Marie Léone DeforgesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Conjoint
Enfants
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Distinctions
Œuvres principales
Sépulture de Régine Deforges au cimetière du Montparnasse (division 3).

Régine Deforges, née le à Montmorillon dans la Vienne et morte le à Paris 14e[1], est une romancière et éditrice française.

D'un ton très libre, voire libertin, ses romans sont souvent des plaidoyers féministes défendant le droit des femmes à s'assumer seules, jusques et y compris dans leur sexualité, qui peut être le lesbianisme. Elle situe l'action de plusieurs de ses romans dans la campagne proche de Montmorillon et sur les rives de la Gartempe, dans la région poitevine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Régine Deforges est la fille de Clément Deforges, né en 1900, et de sa femme Bernadette Peyon, née en 1910. Elle naît dans le Poitou à Montmorillon, où elle est élevée dans différentes institutions religieuses. À l'âge de 15 ans, un amoureux éconduit lui dérobe son journal intime, où elle consignait ses pensées et l'amour qu'elle éprouvait pour une fille de son âge, Marie Madeleine dite Manon Abauzit (1935 à Montmorillon - 2014 à Poitiers) qui travaillera plus tard dans sa maison d'édition. Cet épisode provoque un scandale local : renvoyée de son institution, elle est contrainte de brûler ses autres cahiers.

« J'ai obéi, jeté dans le poêle ce qui me tenait le plus à cœur. Ma vie intime s'envolait en fumée. J'ai décidé que je me vengerais, sans savoir comment[2]. »

Cet épisode lui inspire, bien plus tard, le livre Le Cahier volé[3]. Très tôt, les livres constituent son univers d’élection : elle devient tour à tour libraire, relieur, éditrice, scénariste, réalisatrice et écrivaine. Elle ouvre plusieurs librairies, tant à Paris qu’en province, et crée, en 1968, sa propre maison d’édition, L'Or du temps. Elle devient de ce fait la première éditrice française. Le premier livre qu’elle publie, Le Con d'Irène (sous le titre édulcoré « Irène »), attribué à Louis Aragon (1re éd. 1928), est saisi 48 heures après sa mise en vente, le . Elle sera, par la suite, condamnée pour « outrage aux bonnes mœurs » et privée de ses droits civiques pour trois ans[4].

En 1981, son roman La Bicyclette bleue, premier de trois tomes composant l'ouvrage, connaît un grand succès populaire (plus de dix millions d'exemplaires vendus), mais vaudra à Régine Deforges quelques démêlés judiciaires avec les héritiers de Margaret Mitchell, auteur d'Autant en emporte le vent, qui ne parviendront pas cependant à convaincre les juges que Régine Deforges avait plagié l'Américaine[5].

Elle publie ensuite un catalogue de livres écrits par des femmes (Les Femmes avant 1960). Elle publie une centaine d’ouvrages (notamment des livres d’Apollinaire, Gautier, Restif de la Bretonne et Mandiargues), dont la plupart font l’objet d’interdictions diverses et même, pour certains, de poursuites pour outrage aux bonnes mœurs. Parmi les romans érotiques contemporains, L'Or du temps publie notamment La Nue, de Michel Bernard. De nombreux procès et de lourdes amendes obligent Régine Deforges à déposer son bilan.

De 1989 à 1992 elle est présidente de la Société des gens de lettres. Elle est également membre du jury du prix Femina[Quand ?], dont elle démissionne en 2006 en solidarité avec Madeleine Chapsal à la suite de son exclusion ; et du comité d'honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains de Saint-Malo[6].

Elle tient également une chronique à L'Humanité, dont des recueils ont été publiés.

En , son indulgence pour la personnalité d'Israël Shamir, auteur du brûlot antisémite L'autre visage d'Israël lui vaut le retrait de son article depuis le site web de L'Humanité après une tempête médiatique initiée par Didier Daeninckx (Michel Wieviorka décrit l'évènement dans son livre La tentation antisémite)[7],[8].

À titre personnel, elle est membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité[9] et cosigne en 2009 un texte réclamant la dépénalisation de l'euthanasie[10].

Régine Deforges meurt le à l’hôpital Cochin, dans le 14e arrondissement de Paris, des suites d'une crise cardiaque, quelques mois après avoir terminé ses mémoires, L’Enfant du . Elle repose au cimetière du Montparnasse (3e division).

Unions et enfants[modifier | modifier le code]

Alors que Régine Deforges n'a pas 20 ans, elle rencontre l'industriel Pierre Spengler (1928-2001) (sans lien avec son homonyme le producteur) qui la demande en mariage. Elle décide de jouer cela aux dés[réf. nécessaire], au 421, et perd, si bien qu'ils se marient le [11]. Ils ont un fils, Franck Spengler, né le , et aujourd'hui éditeur de littérature érotique[12]. Ils divorcent le .

En 1966, elle a une fille, Camille Deforges-Pauvert, future responsable des relations libraires Belfond-Presses de la Cité, avec l'éditeur Jean-Jacques Pauvert. Il n'a reconnu Camille qu'à sa quarantaine ; il tente de s'en expliquer dans plusieurs pages de ses mémoires par le fait qu'il était déjà marié et père : « J'avais déjà deux enfants (sans compter ma première fille) ». Le grand responsable (enfin le grand déclencheur) de la décision de Jean-Jacques Pauvert de ne pas reconnaître Camille Deforges fut René Diatkine, le psychiatre [13].

Le , elle a une seconde fille Léa Wiazemsky, future actrice, avec le dessinateur Pierre Wiazemsky, dit Wiaz, épousé le .

Ses trois enfants créent en 2015 le prix Régine Deforges, organisé par la ville de Limoges, qui récompense des premières œuvres littéraires écrites par un auteur ou une autrice francophone[14].

Une librairie portant le nom de la Bicyclette Bleue a ouvert ses portes le 8 septembre 2021 à Paris dans le 20ème arrondissement, grâce à sa fille Camille et son petit-fils Simon

Entretiens[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans et nouvelles[modifier | modifier le code]

Érotisme[modifier | modifier le code]

Cycle La Bicyclette bleue[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Anthologies[modifier | modifier le code]

  • 1980 : Les Cent plus beaux cris de femmes (Cherche-Midi Éditeur)
  • 1999 : La Chanson d’amour, petite anthologie (Éditions Mango-Images)
  • 1993 : Poèmes de femmes (Cherche-Midi Éditeur)

Contes[modifier | modifier le code]

Nouvelles[modifier | modifier le code]

  • Les Cerises, dans C'est la rentrée ! : 16 écrivains racontent.... Paris : EJL, coll. "Librio", suppl. à Libération du 4 septembre 1997, p. 25-27.

Livre audio[modifier | modifier le code]

Adaptations au cinéma[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « L’écrivaine Régine Desforges est décédée », Le Figaro, 3 avril 2014.
  2. Le Nouvel Observateur, Article Chez Régine, 3 octobre 2013, p. 104.
  3. Régine Deforges est morte, Libération, 3 avril 2014.
  4. https://madame.lefigaro.fr/societe/que-faisaient-elles-mai-68-120408-11407
  5. Hélène Maurel, « « La Bicyclette bleue », de Régine Deforges : autant en emporte la copie », sur www.lemonde.fr, (consulté le ).
  6. Dodik Jégou et Christophe Penot, La Maison internationale des poètes et des écrivains, Éditions Cristel, Saint-Malo, 2002, 57 p. (ISBN 2-84421-023-6).
  7. Voir sur phdn.org.
  8. Voir sur books.google.be.
  9. Liste des membres du Comité de parrainage, site de l'ADMD.
  10. Un médecin plaide pour la liberté de choisir sa mort dans un livre, Le Nouvel Observateur, 18 février 2009.
  11. « Généalogie de "Pierre" Edi Jules SPENGLER », sur Geneanet (consulté le )
  12. Josyane Savigneau, « Mort de Régine Deforges, l'auteure de « La Bicyclette bleue » », sur Le Monde.fr,
  13. Jean-Jacques Pauvert, La Traversée du livre, éd. Viviane Hamy, p. 423-427.
  14. Thomas Vincy, « Création d'un Prix Régine Deforges », Livres Hebdo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Entretien avec R. Deforges, entretien réalisé par la revue étudiante de l'université Paris XII, le 27 novembre 2009.
  16. Leonardo Marcos et Sonia Rykiel, Les Filles du cahier volé, Éditions de la Différence, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]