Rue des Tournelles

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

3e & 4e arrts
Rue des Tournelles
Voir la photo.
Vue partielle sud-nord du tronçon nord de la rue,
vers l'ouest de ce tronçon aperçu au fond.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 3e au nord,
4e au sud
Quartiers des Archives au nord (3e arr. ; n° 31 à 51, 46 à 88[1]) ;
de l'Arsenal au sud (4e ar. ;
n° 1 à 29, 2 à 44[1]) ;
délimités par la rue
du Pas-de-la-Mule
Début [2]8[1] rue Saint-Antoine au sud
Fin 77[1] boulevard Beaumarchais
au nord-est
Morphologie
Longueur 580 m
Largeur [3]10[1] m
Historique
Création à partir de 1400 environ, en 1637, etc.[1]
Dénomination en 1839 pour l'actuelle rue dans son entier[1]
Ancien nom Jean-Beausire puis
des Tournelles, au sud ;
petite rue neuve Saint-Gilles,
au nord
Géocodification
Ville de Paris [4],[1] 9372[4],[1]
DGI 9382 (Cfa) ;
feuilles n° 92D2, 92B2[1]
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue des Tournelles
Images sur Wikimedia Commons Images sur Wikimedia Commons

La rue des Tournelles se situe dans le quartier parisien du Marais, et court sur les 3e et 4e arrondissements de la capitale française (3e au nord, 4e au sud).

Situation et accès[modifier | modifier le code]

En équerre, cette rue forme donc un angle droit, entre deux sections de longueurs inégales :

  • l'une courte, au nord, axée est-ouest, qui jouxte à l'est le boulevard Beaumarchais perpendiculaire ;
  • l'autre plus longue, axée nord-sud, avec pour limite sud la rue Saint-Antoine orthogonale (au niveau d'une statue de Beaumarchais -qui occupa une propriété non loin, à l'angle des actuels boulevards Beaumarchais et Richard-Lenoir-, d'une bruyante bouche d'aération du métro[5], d'un robinet public de désaltération, rafraîchissement et rinçages, et de leur "placette" triangulaire en grande partie piétonnière, sans nom propre mais bordée à l'ouest par des numéros pairs de la rue Saint-Antoine longés d'arbres, à l'est par la chaussée, le trottoir, et les premiers numéros pairs de la rue des Tournelles).

Du sud au nord, cet axe principal borne ou croise les autres voies suivantes :

Ce site est desservi par les stations de métro de la RATP : Bastille au sud-est (lignes 1, 5 et 8, sorties 7 et 8), et Chemin Vert au nord-est (ligne 8) ; et par les arrêts d'autobus de la même régie de transports en commun : Tournelles - Saint-Gilles (ligne 29) ou Bastille - Beaumarchais/Saint-Antoine, à l'est (lignes 29, 69, 76, 91, ex-arrêt de la ligne 20 et de l'ex-ligne 65) voire plus à l'ouest (ligne 96, place des Vosges).

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Le nom de la rue vient de l'"hôtel" / "palais" des Tournelles[1], anciennement sur l'emplacement de l'actuelle place des Vosges, dont elle longeait le côté oriental.

Cet hôtel particulier fut une résidence royale du temps de Charles VI, Charles VII puis Louis XI voire Charles VIII. Louis XII puis Henri II y moururent, respectivement le 1er janvier 1515, et en 1559 à l'issue d'un duel fatal dans la rue Saint-Antoine voisine suivi d'une agonie de plusieurs jours dans ladite résidence. Le bâtiment fut démoli en 1565. Son emplacement servit de scène au célèbre duel des mignons de Henri III, avant que Henri IV ne commence à le faire lotir en sa forme d'aujourd'hui inaugurée par le jeune Louis XIII encore mineur (voir square Louis XIII).

Historique[modifier | modifier le code]

L'ancienne rue des Tournelles est ouverte vers 1400, d'abord sous le nom de rue Jean-Beausire (attesté en 1546), et en 1637 pour la partie nord comprise entre la rue Saint-Gilles et le (futur) boulevard Beaumarchais alors occupé par un rempart de l'enceinte de Charles V[1] ; elle fusionnera en 1839 avec la Petite-rue-Neuve-Saint-Gilles pour former la rue des Tournelles que nous connaissons depuis (arrêté du 15 juillet 1839, pour l'ex-Petite-rue-Neuve-Saint-Gilles)[1].

La place des Vosges et la partie sud de la rue des Tournelles furent édifiées en même temps, en 1605. Certains bâtiments de la place des Vosges s’étendent d’ailleurs jusqu’à la rue des Tournelles.

Alexandre Gady relève l’appellation « rue du Devers-du-Rempart », au XVIIe siècle, car la voie longeait intérieurement l’enceinte de Charles V[6].

Elle est citée sous le nom de « rue des Tournelles » dans un manuscrit de 1636 où le procès-verbal de visite indique qu'elle est « trouvée orde, salle et pleine de boues et immundices ».

Située alors dans l'aristocratique quartier du Marais, la rue des Tournelles hébergea entre autres l'auteur de chansons Philippe-Emmanuel de Coulanges, cousin de madame de Sévigné qui y mourut en son hôtel en 1716[7], et Marie-Émilie de Joly de Choin, veuve du Grand Dauphin qui y demeura de 1711 à sa mort, survenue en 1732.

Le 30 janvier 1918, durant la Première Guerre mondiale, le no 47 rue des Tournelles est touché lors d'un raid effectué par des avions allemands[8].

Le , le tueur en série Guy Georges, agresse Élisabeth Ortega dans cette rue.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Prosper Jolyot de Crébillon, dit « Crébillon père », académicien, auteur d’Atrée et Thyeste, y demeura et y mourut le .
L’aile des Tournelles forme un « U », la façade de l’ensemble est de pure facture début XVIIe. La cour d’honneur est agrémentée d’une des rares fontaines d’époque Louis-Philippe. Madame de Sévigné séjourna dans cette aile de l’hôtel. Au rez-de-chaussée et entresol, Lucienne Heuvelmans, première femme grand prix de Rome et pensionnaire de la Villa Médicis (1911), installa son atelier de sculpture. Victor Hugo vécut de 1832 à 1848 dans un appartement situé au second étage de la partie centrale de l’hôtel, 6, place des Vosges. Un musée « maison Victor Hugo » fut inauguré le . Hôtel et cour sont classés.
Des scènes du film de Philippe de Broca, Le Magnifique ont été tournées vers 1972 dans cet immeuble, côté Tournelles (qui est le domicile de l'écrivain à succès François Merlin/alias Jean-Paul Belmondo, qui y lorgne sur sa voisine interprétée par Jacqueline Bisset, au point de l'imaginer en héroïne glamour de ses romans d'espionnage de gare à ses côtés…). La femme de ménage campée par Monique Tarbès y passe parfois, l'électricien Jean Lefebvre aussi, sans divulguer des scènes dans le remarquable escalier « à cascades » minimales (belmondiennes), ni surtout la scène finale du film, tournée dans la cour alors non ravalée (vieille enseigne défraîchie d'entreprise…), entre certain nouveau couple et les « méchants » éditeur et consort…[pas clair]. Une scène de morne embouteillage automobile sous la pluie se situe sur la place de la Bastille toute proche, autour de la colonne de Juillet.
  • No 18 : cour et escalier.
  • No 21 : synagogue classée[1], appelée « synagogue de la rue des Tournelles », construite de 1861 à 1863, incendiée en 1871, et restaurée en 1875. Gustave Eiffel a construit l'ossature intérieure en fer. Cet édifice fait partie avec celui de la rue de la Victoire des deux plus beaux temples israélites de Paris.
  • No 28 : hôtel « Mansart », ou « de Sagonne »[1], édifié de 1674 à 1685, par et pour Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, surintendant et architecte du roi. L’hôtel resta dans cette famille jusqu'à sa vente en 1767. Il fut vendu à la famille de Noailles. La comtesse Philippe de Noailles, dame d'honneur de la reine Marie Lesczynska, puis de la dauphine Marie-Antoinette, y vécut. L'intérieur de cet hôtel fut décoré par Le Brun, Mignard et Allegrain. La façade orientale se trouve au fond d'un jardin dont la grille de l'entrée est située au no 23 du boulevard Beaumarchais. Hôtel et jardin sont classés.
  • No 32 : on remarquera qu'il n'y a qu’une fenêtre par étage.
  • No 33 : maison du XVIIe siècle, porte.
  • No 35 : emplacement d’un couvent fondé en 1624 pour les filles pauvres et malades, sous la protection d’Anne d’Autriche. Cette maison fut appelée « couvent des Hospitalières de Notre-Dame » après avoir été dénommée « des Hospitalières près les Minimes de la place Royale ». De 1660 à 1664, Françoise d’Aubigné, veuve Scarron, future madame de Maintenon, y fit retraite. Le couvent fut supprimé à la Révolution et plusieurs institutions de bienfaisance y prirent place jusqu'en 1906.
  • No 36 : maison de 1642, construite pour le procureur du Châtelet, Louis du Baille. Cette demeure fut louée puis vendue à Ninon de Lenclos, en 1684. Fille d'un gentilhomme de Touraine, elle fut la maîtresse notamment du Grand Condé et du duc d'Estrées. La rue des Tournelles acquit alors une réputation de rue galante. Plus tard Ninon de Lenclos ouvrit un salon littéraire fréquenté par Molière (qui y présenta Tartuffe), le jeune Voltaire, la reine Christine de Suède, madame de Sévigné. Elle mourut en cette maison en 1705 à 85 ans.
  • Nos 40-44 : ferronneries.
  • No 48 : hôtel du XVIIIe. Pompe à eau en cuivre sur la droite dans la première cour.Porte, mansarde, escalier.
  • No 50 : hôtel du XVIIIe. Escalier avec rampe superbe à balustre de chêne. Façade avec balcons à pilastres en pierre, bel hôtel au fond de la cour.
  • No 56 : maison construite en 1684, par l'architecte Jacques Gabriel, grand-père de l'architecte de la place de la Concorde. Pompe à eau en cuivre sur la gauche dans la cour.
  • No 58 : une plaque explique : « Merlin de Thionville. Député à l'Assemblée législative, à la Convention, au Conseil des 500, représentant aux Armées, est mort ici le à l'âge de 71 ans ».
  • No 64 : maison du XVIIe.
  • Nos 64-68 : maisons du XVIIe.
  • No 70 : demeure de Félix Pyat, journaliste républicain, membre de la Commune de 1871, surnommé par certains « le mauvais génie » de la Commune.
  • No 72 : maison du XVIIe siècle.
  • No 88 : demeure de Charles Beslay, nommé commissaire de la République dans le Morbihan par le gouvernement provisoire en 1848, délégué au Comité central républicain des vingt arrondissements pendant le siège de 1870, puis délégué de la Commune auprès de la Banque de France.
  • Accès au jardin Arnaud-Beltrame.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m et n Nomenclature officielle des voies publiques et privées de Paris, rééditée périodiquement par la Mairie de Paris, ici dans sa version au 1er novembre 2004, disponible à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, aux Archives de Paris, etc.
  2. Début et fin dans le sens croissant des numérotations parisiennes d'immeubles, à partir de la Seine dans les rues qui sont peu ou prou perpendiculaires à cette dernière.
  3. 15,5 mètres (moindre) entre les rues Saint-Antoine et de la Bastille ; 10 m le surplus, "majoritaire" en longueur, etc.
  4. Cvp.
  5. Surprenant dans un cri ou rire gêné, aux beaux jours, plus d'une passante en jupe ou robe souvent soulevée à la Marilyn dans Sept ans de réflexion et Duperey dans Un éléphant ça trompe énormément ; et amusant plus d'un enfant malgré la toxicité relative des effluves ainsi rejetées.
  6. Alexandre Gady, Le Marais: guide historique et architectural, Carré, (ISBN 978-2-908393-09-5).
  7. Auguste Jal : Dictionnaire critique de biographie et d'histoire , Paris, Plon, 1872, p. 436.
  8. Exelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute.

Bibliographie[modifier | modifier le code]