Rue Mercière (Lyon)

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Rue Mercière
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Quelques bouchons lyonnais de la rue Mercière
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Situation
Coordonnées 45° 45′ 45″ nord, 4° 49′ 58″ est
Ville Lyon
Quartier Les Cordeliers (2e arrondissement)
Début Place d'Albon
Fin Rue de Brest
Morphologie
Type Rue
Histoire
Création XIIIe siècle
Anciens noms Rue Marchire
Lieux d'intérêt Presqu'île de Lyon, bouchons lyonnais de la cuisine lyonnaise
Monuments Immeubles et hôtels particuliers Renaissance
Protection En partie ISMH
Site du centre historique
Site du Patrimoine mondial de l'UNESCO
Géolocalisation sur la carte : Lyon
(Voir situation sur carte : Lyon)
Rue Mercière
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Rue Mercière

La rue Mercière est une rue du quartier des Cordeliers dans le 2e arrondissement de Lyon, en France.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Rue piétonne orientée nord-sud, elle relie la place des Jacobins à la place d'Albon, entre les place Bellecour et place des Terreaux. Proche du Vieux Lyon et de l'Hôtel de ville, au cœur de la presqu'île, elle est avec quelques rues adjacentes, avec ses nombreux restaurants, bouchons lyonnais, brasseries, bistros, et bars, devenue un des hauts lieux touristiques institutionnel de la cuisine lyonnaise[1],[2]. En cela, elle présente les mêmes similitudes avec le Vieux Lyon, dont la Rue Saint-Jean.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

La rue Mercière se distinguait autrefois en petite rue Mercière au sud de la rue Dubois, et grande rue Mercière au nord. Étymologiquement, mercière désigne le terme « Mercier / Mercerie / marchand ». Au Moyen Âge, elle est également connue sous le nom rue Marchire[3].

Historique[modifier | modifier le code]

Elle serait l'une des plus anciennes rues de Lyon, attestée dès le XIIIe siècle[3]. Il est possible qu'elle reprenne le tracé d'une voie existante de l'époque de Lugdunum de l'antiquité tardive. Selon l'abbé Vachet, elle serait, à l'origine, un quai de la Saône de la presqu'île de Lyon ; c'est l'édification d'un rang de maisons aux dépens de la rivière qui l'aurait transformée en rue[4] (histoire de Lyon).

Moyen Âge et Renaissance[modifier | modifier le code]

Dès le XIIIe siècle, c'est l'artère principale de Lyon sur la rive gauche de la Saône, ce qu'elle sera jusqu'au XVIIIe siècle[5]. Cette voie principale traverse la cité en suivant l'axe formé par le pont du Rhône, les rues Bourchamin, Confort, Mercière et le pont de la Saône[6]. Elle fait alors partie des ilots les plus denses de la presqu'île, avec le quartier Saint-Nizier[7].

Rue très importante à la Renaissance, elle bénéficie la première de la prospérité retrouvée grâce aux foires après les épreuves de la guerre de Cent Ans. Dès les années 1468-1470, le consulat autorise des propriétaires à rénover et surélever des immeubles, bien avant d'autres rues lyonnaises[8],[9].

La rue Mercière, à elle seule, concentre les familles lyonnaises Le Maistre, Syvrieu, et Thomassin. Au passage entre le XVe et le XVIe siècle, elle prospère du commerce du drap, des fourrures, et des parchemins[10]. Progressivement, de nombreux imprimeurs s'y installent pour devenir au XVIe siècle, la rue des libraires et imprimeurs. Le roman historique, La Colline aux corbeaux, premier tome d’une saga dont le titre « Les Dents noires » centré sur le monde du livre et de l’imprimerie à Lyon au XVIe siècle coécrit par Heliane Bernard & Christian-Alexandre Faure, évoque ces minuscules caractères de plomb maculés d’encre dont on se servait pour imprimer les livres[11]. Elle accueille notamment l'atelier de Sébastien Gryphe, à l'angle de la rue Thomassin au début du XVIe siècle. À un angle de la rue Mercière et de la rue Ferrandière se trouve la librairie de Jean Caffin et François Plaignard, et à l'autre angle, l'atelier de l'imprimeur Antoine Pillehotte[5]. Intimement lié aux imprimeurs et libraires, le dernier grand enlumineur lyonnais Guillaume II Le Roy vit dans la rue, à l'angle de la rue Thomassin. Il travaille pour le libraire Étienne Gueynard[12] et l'imprimeur Simon Vincent[13]. Cette partie de la rue Mercière est, durant le XVIe siècle, le lieu où se tient la nation flamande lyonnaise, représentée par de nombreux artistes. En plus de Guillaume Le Roy, y vivent Jean de Crane, Liévin Van der Meer, Mathieu d'Anvers, tous peintres[14].

Du côté de la place des Jacobins, à la Renaissance, un hôpital pour les veuves et les pauvres femmes est fondé par Jean Dorieu et Isabelle Ciron. Son administration est confiée à la municipalité en 1584[4]. C'est à cette époque que certaines des plus belles habitations sont construites, dont la « maison de la Rose », possédée par le conseiller[N 1] Ennemond de Syvrieu, puis par Jacques Cœur[15].

Époque moderne[modifier | modifier le code]

À partir de la Renaissance et jusqu'à la Révolution, la rue Mercière est le centre lyonnais de l'imprimerie. Dans la rue elle-même se tiennent les plus importants libraires, éditeurs et imprimeurs, tandis que dans les rues avoisinantes se rassemblent le reste de la profession et les fondeurs de lettres[16].

En 1694, l'écrivain Le Grand fait jouer une comédie dénommée « La rue Mercière ou les maris dupés », dont la scène se déroule dans la rue[4].

Époque contemporaine[modifier | modifier le code]

Tombée dans un état d'insalubrité au cours des XIXe et XXe siècles, elle fait l'objet de plusieurs projets de ré-aménagement, notamment le projet Moncorgé, Transformation et embellissement de Lyon, en 1909[17]. En 1925, le concours de la SEL vise déjà la transformation du quartier. Il faut notamment mentionner le projet de F. Chollat qui, avec son 5e prix, voulait en lieu et place de la rue Mercière, édifier un quartier moderne, écrasé par un gratte-ciel d'une cinquantaine d'étages[18]. En 1958, le conseil municipal prend la décision de rénover le quartier Mercière-Saint-Antoine. La partie nord de la rue est rasée entre la rue et le quai pour faire place à un projet immobilier d'envergure : M. Marot, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux élabore un projet remanié à dix-huit reprises afin de « respecter la variété d'aspect et la fantaisie qui faisait les charmes du vieux quartier ». La partie sud de la rue est alors un haut-lieu de la prostitution et des hôtels de passe jusqu'aux années 1970.

Dans les années 1980, la municipalité lyonnaise réhabilite totalement le quartier, avec entre autres, un plan d'aménagement urbain aux abords de la place des Jacobins. Le patrimoine architectural Renaissance de cette très ancienne rue de Lyon est rénové, embelli, et mis en valeur de façon spectaculaire. Proche du quartier de l'Hôtel de ville de Lyon, il est réhabilité avec quelques rues adjacentes en rue piétonne touristique, avec une importante concentration de restaurants, bouchons lyonnais, brasseries, bistros, et bars, pour devenir un des hauts lieux de la cuisine lyonnaise, très prisé des lyonnais et du tourisme international lyonnais. En 1998, cette rue pittoresque des vieux quartiers historiques lyonnais participe à l’inscription de Lyon au patrimoine mondial de l'Humanité, catégorie site urbain reconnu avec ses vieux quartiers historiques préservés comme « une des plus belles villes du monde »[2],[19].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abbé Adolphe Vachet, À travers les rues de Lyon, Marseille, Laffitte Reprints, (1re éd. 1902), 500 p. (ISBN 2-7348-0062-4)
  • Louis Maynard, Histoires, légendes et anecdotes à propos des rues de Lyon : avec indication de ce qu'on peut y remarquer en les parcourant, Brignais, Éditions des traboules, coll. « Mémoires de la ville », (1re éd. 1922), 412 p. (ASIN B000IQ9GJM)
  • Nicole Gonthier, Lyon et ses pauvres au Moyen Âge : 1350-1500, Lyon, L'Hermès, coll. « Les Hommes et les lettres. Documents », , 271 p. (ISBN 2-85934-057-2, BNF 34613782)
  • Nicole Gonthier, « Une esquisse du paysage urbain lyonnais aux XIVe et XVe siècles », Le paysage urbain au Moyen-Âge. Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 11e congrès, Presses universitaires de Lyon,‎ , p. 253-277 (DOI 10.3406/shmes.1980.1367, lire en ligne)
  • Gilbert Gardes, Lyon, l'art et la ville, t. 1 : Urbanisme Architecture, Paris, Centre national de la recherche scientifique, , 188 p. (ISBN 2-222-03797-2)
  • Maurice Vanario et Henri Hours (dir.), Rues de Lyon à travers les siècles : (XIVe – XXIe siècles), Lyon, Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 333 p. (ISBN 2-84147-126-8)
  • André Pelletier, Jacques Rossiaud, Françoise Bayard et Pierre Cayez, Histoire de Lyon : des origines à nos jours, Lyon, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, , 955 p. (ISBN 978-2-84147-190-4 et 2-84147-190-X, lire en ligne)
  • Jeanne-Marie Dureau (dir.) et Bernard Gauthiez, « La topographie de Lyon au XVIe siècle », dans Lyon, les années Rabelais (1532-1548), Lyon, Archives municipales de Lyon, coll. « Dossier des archives municipales » (no 6), (ISBN 2-908949-07-5, BNF 35704218)
  • Charles Delfante et Agnès Dally-Martin, 100 ans d'urbanisme à Lyon, éditions LUGD,


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Voir la liste des conseillers lyonnais fournie par [1]

Références[modifier | modifier le code]

  1. www.lyon-france.com/Decouvrir-Lyon/Gastronomie/Rue-Merciere
  2. a et b www.patrimoine-lyon.org/la-presqu-ile/centre-ville-2/rue-merciere
  3. a et b Vanario et Hours 2002, p. 192
  4. a b et c Vachet 1982, p. 313
  5. a et b Maynard 2003, p. 218
  6. Gardes 1988, p. 42
  7. Gonthier 1980, p. 256
  8. Dureau et Gauthiez 1994, p. 23.
  9. ADR, 10 G 860.
  10. Gonthier 1978, p. 207
  11. « La Colline aux corbeaux | Editions Libel : Maison d'édition – Lyon » (consulté le )
  12. notice BNF
  13. Elizabeth Burin, « Les livres illuminés lyonnais à la fin du Moyen Âge », Manuscrits médiévaux : de l'usage au trésor ; "Images du Moyen Âge". Exposition réalisée dans le cadre du 13e Mois du patrimoine écrit, Fédération française de coopération entre les bibliothèques, 2002, Paris, (ISBN 2-907420-94-1), pages 40 à 43
  14. Anne Dubois de Groër, Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon, Paris, Arthena, , 311 p. (ISBN 2-903239-21-5, BNF 36163213), p. 16
  15. Pelletier et al. 2007, p. 289
  16. Françoise Bayard, Vivre à Lyon sous l'Ancien régime, Paris, Perrin, coll. « Vivre sous l'Ancien régime », , 352 p. (ISBN 2-262-01078-1, BNF 37064557), p. 93 & 294
  17. Delfante et Dally-Martin 1994, p. 128
  18. Delfante et Dally-Martin 1994, p. 138
  19. www.patrimoine-lyon.org/accueil/situation-contexte

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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