Royaume ostrogoth

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Royaume ostrogoth

493–553

Description de cette image, également commentée ci-après
Situation du Royaume ostrogoth en Europe.
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Ravenne (jusqu'en 540)
Langue(s) Latin et gotique
Religion Arianisme
Histoire et événements
493 Création
535-553 Guerre contre Byzance
553 Bataille du Vésuve

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le Royaume ostrogoth est un des royaumes goths fondés en Europe par une branche des Goths, les Ostrogoths. C'est le seul à proprement parler qui puisse se dénommer royaume barbare d'Italie, puisqu'il succède à l'Empire romain sur son sol natal à un moment où les Grandes invasions sont dans une phase de mouvement et non de sédentarisation. Il s'agit donc de l'un des premiers royaumes à succéder à l'Empire.

Il est fondé sous le règne de Théodoric le Grand, (à ne pas confondre avec Théodoric Ier, roi wisigoth qui fonde les bases du royaume de Toulouse).

Sa capitale était Ravenne et non Rome.

Caractéristiques

Le domaine des Ostrogoths était alors aussi grand et bien plus munificent qu'il ne le fut jamais au temps d'Ermanaric ; mais il était surtout d'un caractère complètement différent.

Les deux nations, différentes par leurs coutumes, leur langue et leur religion, vivaient côte à côte sur le sol de l'Italie. Chacune était dirigée par un souverain unique mais sous le régime de la personnalité des lois.

C'est cette image du règne de Théodoric, surtout, qui apparaît à travers les ordonnances élaborées en son nom et en celui de ses successeurs : dans l'ensemble, les Goths restèrent concentrés dans le nord de l'Italie. Dans le sud, ils ne formèrent guère plus que des garnisons.

Selon la conception de Théodoric, les Goths étaient les protecteurs armés des paisibles Romains ; le roi Goth avait la difficile charge de gouverner alors que le consul romain en recevait les honneurs. De même, toutes les formes de l'administration romaine subsistèrent sous le règne de Théodoric. La politique et la culture romaine eurent même une grande influence sur les Goths. C'est là que la double culture du roi barbare joua à plein.

Notamment, la souveraineté sur des nations distinctes mais établies sur le même sol était nécessairement une conception romaine du pouvoir, qui avait ses contraintes pesant lourdement sur la liberté des troupes germaniques. Mais un tel système avait besoin d'un pouvoir fort, tenu par une personnalité comme celle de Théodoric ; à sa mort l'édifice s'effondra.

En 526, Ostrogoths et Wisigoths furent de nouveau séparés. Les quelques exemples à travers lesquels ils agissent encore de concert portent sur des affaires espacées et sans importance réelle. Amalaric hérita du royaume wisigoth en Hispanie, Septimanie et Occitanie. La Provence fut ajoutée au domaine du nouveau roi ostrogoth, Athalaric, petit-fils de Théodoric par sa mère, Amalasonte.

Aucun des deux souverains ne put régler les conflits qui survinrent au sein des élites gothiques. Théodat, cousin d'Amalasonte et neveu de Théodoric par la sœur de ce dernier, leur succéda après les avoir massacrés. Cependant, cette usurpation déclencha encore plus de carnages. Trois rois Goths se succédèrent sur le trône en l'espace de cinq ans.

La reconquête de l'Italie par les Byzantins

Sous le règne de l'empereur Justinien, le général Bélisaire dirigeant l'armée byzantine met fin aux royaumes ostrogoth et vandale et se bat en Andalousie contre le royaume wisigoth.

La faiblesse de la position des Ostrogoths en Italie devint alors évidente. L'empereur byzantin Justinien s'était toujours efforcé de restaurer autant que possible le pouvoir impérial sur la totalité du bassin méditerranéen : il ne rata pas cette occasion d'intervenir.

En 535, il chargea son meilleur général et ami, Bélisaire, d'attaquer les Ostrogoths. Bélisaire envahit rapidement la Sicile, prit Palerme puis débarqua en Italie où il prit Naples, puis Rome en 536. Puis il marcha vers le nord et prit Mediolanum (Milan) et Ravenne, la capitale des Ostrogoths, en 540.

C'est alors que Justinien offrit aux Goths un arrangement généreux – de loin trop généreux aux yeux de Bélisaire : le droit de maintenir un royaume indépendant dans le Nord-Ouest de l'Italie, mais à la condition qu'ils s'acquittent d'un tribut de la moitié de leur trésor à l'Empire.

Bélisaire transmit le message aux Goths, bien que lui-même ne l'approuvât pas. Les Goths, qui ne faisaient pas confiance à Justinien, craignaient un piège, mais parce que Bélisaire s'était si bien comporté à leur égard lors de sa reconquête de l'Italie, ils acceptèrent de reconnaître cet arrangement si Bélisaire donnait son approbation. Cette situation conduisit à une impasse.

Une faction de la noblesse gothique trancha : décrétant que leur propre roi qui venait d'être vaincu, Vitigès, était un lâche et qu'ils avaient besoin d'un nouveau souverain, ils se tournèrent vers Bélisaire. Éraric, leur chef, offrit la couronne à ce dernier. Bélisaire était un soldat fidèle à Justinien et non un homme d'État. Il fit comme s'il acceptait l'offre, se rendit à Ravenne pour s'y faire couronner, mais il fit promptement arrêter les chefs goths. Ensuite, il réclama l'intégralité de leur royaume pour Byzance.

Justinien était furieux : les Perses avaient attaqué l'Empire d'Orient à l'Est et il désirait qu'un État neutre et stable serve de tampon entre la frontière de ses possessions occidentales et le royaume des Francs. Ces derniers, en effet, étaient étranges et paraissaient hostiles à l'égard de la cour orientale.

Bélisaire fut alors rappelé et envoyé en Orient contre les Perses. Il laissa un nommé Jean, officier byzantin, gouverner temporairement l'Italie.

En 545, quand il put enfin retourner en Italie il trouva une situation considérablement changée : Éraric avait été assassiné et la faction pro-romaine de l'élite gothe avait été renversée.

En 541, les Ostrogoths avaient élu un nouveau chef Totila ; ce « nationaliste » goth, brillant général, avait repris toute l'Italie du Nord et avait chassé les Byzantins hors de Rome.

Bélisaire reprit alors l'offensive : il dupa Totila pour reprendre Rome, mais perdit à nouveau la cité après que Justinien, jaloux et craintif de sa puissance, lui supprima approvisionnements et renforts. Le général, vieilli, fut alors contraint d'assurer la défense par ses propres moyens.

En 548 Justinien le remplaça par le général eunuque Narsès en qui il avait plus confiance. Narsès ne déçut pas Justinien.

Totila fut massacré lors de la bataille de Taginae (Gualdo Tadino) en juillet 552 et ses partisans Teia, Aligern, Scipuar et Gibal furent tous tués ou se rendirent lors de la bataille de Mons Lactarius en octobre 552 ou 553.

Widhin, le dernier chef attesté de l'armée gothique se révolta à la fin des années 550 avec une aide militaire minimale des Francs et des Alamans. Le soulèvement fut sans conséquences : les Ostrogoths se soulevèrent à Vérone et à Brescia mais la révolte prit fin avec la capture de son chef, en 561. Widhin fut finalement conduit à Constantinople pour y être exécuté en 561 ou en 562. Une minorité, soumise aux byzantins et convertie au christianisme nicéen, survécut à Ravenne.

Une partie des Ostrogoths survivants aurait quitté l'Italie. Au Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle au moins, les habitants du canton d'Uri en Suisse, et particulièrement ceux de la vallée d'Urseren, se disaient descendre des Ostrogoths contraints de quitter l'Italie dans les années 550, lorsque leur royaume fut définitivement détruit par Narsès[1].

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Références

  1. Johann Georg Altmann, État et délices de la Suisse ou Description historique et géographique des treize cantons suisses et de leurs alliés, S. Fauche, 1778. Extrait

Liste des souverains ostrogoths

Voir aussi

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