Royaume bamoun

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Royaume Bamoun

13841884

Drapeau
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Localisation du royaume
Informations générales
Capitale Foumban
Langue(s) bamoun
Religion religions traditionnelles, islam, christianisme
Histoire et événements
1384 Fondation du royaume
1884 Intégration à la colonie allemande du Kamerun
1918 Le Bamoun devient Sultanat

Entités précédentes :

  • Pa Mben

Entités suivantes :

Le royaume Bamoun, situé dans les montagnes de l'ouest du Cameroun, a forgé son unité au cours des sept siècles d’existence du royaume depuis la fin du XIVe siècle. Le roi des Bamouns est de la dynastie de Nchare Yen, venue de Rifum (Mbankim). Les croyances religieuses en vigueur dans cette région sont aujourd’hui l’islam, venu du nord, et le christianisme, venu du sud.

Géographie[modifier | modifier le code]

Avec une superficie de 7 700 km2 environ et 2 000 000 habitants[1], la région du Noun couvre plus de la moitié de l’actuelle Région de l’Ouest.

Le royaume est constitué d’un haut plateau (700 m) à l’ouest, surmonté de trois massifs alignés – Mbapit (1 910 m), Nkogham et Mbam (2 200 m) – et d’une plaine encaissée au pied de la falaise à l'est de Foumban ; cette plaine longe la rive du Mbam jusqu'au point de confluence avec le Noun près de Bafia.

Le pays est limitrophe du Royaume de La'djo et en est séparé par le Noun.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Palais du sultan Roi des Bamouns à Foumban

L’actuel territoire des Bamouns a été unifié par une dynastie d'origine Tikar en plusieurs étapes.

On suppose que vers la fin du XIVe siècle, 200 à 300 personnes ont franchi le fleuve Mapé à la suite du prince Nchare Yen qui soumit sept principautés dont le peuple Pangié qui habitait le site de Magba actuel avant de s’établir dans un premier temps à Njimom. L’État Bamoun y est proclamé et Njimom devient la première capitale du royaume. Le pacte fondamental stipule que : « L'État Bamoun est né et Nchare en est le roi. Il désignera librement son héritier parmi ses fils. »

Les sept compagnons Kom, cosignataires, sont les conseillers intronisateurs du roi, chargés de garder la loi fondamentale en l’état et de veiller à son application. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes.

De Njimom, Nchare soumet une dizaine d’autres ethnies et établit sa nouvelle capitale à Foumban après y avoir vaincu les Pa M'ben qu’il réinstalle dans un quartier de la ville.

Le royaume a alors une dimension presque allant de Magba en passant par Njimom jusqu'à Kundùm. La population se situe autour de 25 000 personnes.

Quand Mbuombuo Mandù devint le onzième monarque vers la fin du XVIIIe siècle, il entreprend de grandes conquêtes aux frontières naturelles du Mbam, de la Mapè du côté de Malentouen et du Noun. Le territoire est multiplié par quatre.

Le Roi Njoya (1876-1933) et l’écriture royale[modifier | modifier le code]

Monument du Sultan bamoun Njoya

Njoya commence à gouverner vers 1892/1896, vers l’âge de 19 ans (il est né en 1876). À cette époque, progressivement, les religions monothéistes se substituent aux cultes traditionnels africains, ce qui préserve plus ou moins les convertis de la traite négrière. Arrivé sur le trône, Njoya a écarté du palais comme le veut la tradition le 1er grand officier du palais, Gbetnkom, hérité de son père. Ce dernier, ne l’entendant pas de cette oreille, se soulève contre Njoya. Le jeune souverain décide de faire appel aux Peuls du lamidat de Banyo à quelque 200 km du pays bamoun. Leur soutien et celui de leur cavalerie sera décisif puisqu’ils permettent à Njoya de gagner la bataille. Impressionné, Njoya décide de se doter des éléments qui forgent selon lui la puissance de ceux qui l’ont aidé à gagner : une force armée dotée d'une cavalerie, des armes à feu, l’écriture et une religion monothéiste. Njoya forgea une religion inspirée à la fois de l’islam et du christianisme (prenant Ibrahim comme prénom, d’après le patriarche Abraham) et une écriture de 500 signes syllabiques. À son titre de Mfon (roi) il ajoute celui de Sultan.

Une écriture créée pour le peuple[modifier | modifier le code]

Écriture bamoun
Njoya, roi des Bamouns, en 1915

En 1907, des missionnaires européens découvrent que le jeune roi Njoya, roi des Bamoun, a créé une écriture. Ils racontent que, ayant vu un coran, Njoya voulait non seulement inventer une manière de consigner les paroles, mais aussi répandre l’écriture pour qu’elle soit accessible à tous.
L’écriture royale (ou écriture bamoun), qui comptait au départ plus de 500 signes, connaîtra plusieurs évolutions jusqu'en 1918.
La simplification - et notamment la réduction du nombre de signes à 80 caractères - assura une meilleure diffusion de l’écriture et amena l'augmentation des textes rédigés en écriture royale, qui était enseignée dans les écoles. Njoya institua un bureau d’état civil pour enregistrer les naissances et les mariages. Les jugements du tribunal royal étaient également consignés par écrit.
Le livre d’histoire, de lois et de traditions des Bamouns, qui compte plus de 1 100 pages, est alors rédigé au moyen de l’écriture royale. Sa réplique se trouve actuellement au Pitt-Rivers museum d’Oxford.
Lors de sa tournée du pays, le roi imposa de nouvelles lois et modifia une grande partie des lois coutumières, abolissant certains privilèges.
Njoya négocia habilement avec les colonisateurs allemands et parvînt à préserver son autonomie. Mais après la défaite des colons allemands, les administrateurs français, le considérant comme un « allié des Boches », le privent de ses pouvoirs traditionnels vers 1924-1925. Il sera exilé à Yaoundé en 1931 où il mourra deux ans plus tard.
L'administration française interdit alors l’usage de l’écriture bamoun, qui cessera progressivement d’être utilisée. Toutefois l'héritier Njimoluh Njoya et ses successeurs maintiennent la dynastie sur le plan coutumier.

 

Symboles[modifier | modifier le code]

Le serpent à deux têtes, emblème bamoun est créé pour célébrer le triomphe du roi Mbuembue pour sa victoire sur les guerriers Pou et Mgbètnka[2].

Ainsi, le serpent à deux têtes symbolise la puissance. L'araignée symbolise le travail et la sagesse. La double cloche symbolise l'unité et le patriotisme du peuple Bamoun

Dynasties[modifier | modifier le code]

Monarque Début de règne Fin de règne
1er Nchare Yen 1394 1418
2e Ngouopou 1418 1461
3e Monjou 1461 1498
4e Mengap 1498 1519
5e Ngouh I 1519 1544
6e Fifen 1544 1568
7e Ngouh Ii 1568 1590
8e Ngapna 1590 1629
9e Ngouloure 1629 1672
10e Kouotou 1672 1757
11e Mbuembue 1757 1814
12e Gbetkom 1814 1817
13e Mbiekouo 1817 1818
14e Ngouhouo 1818 1863
15e Ngoungoure 1863 1863
16e Nsangou 1863 1889
17e Ibrahim Njoya 1889 1933
18e Seidou Njimoluh Njoya 1933 1992
19e Ibrahim Mbombo Njoya 1992 2021
20e Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya[3],[4],[5],[6],[7] 2021 -

Titres nobiliaires[modifier | modifier le code]

Titre de noblesse Traduction Rôle/Fonction Nominations/Successions
Mfon Roi Souverain Charge héréditaire
Kom Ministre (cofondateur) Conseillers intronisateurs Nommé, puis héréditaire
Na FomM Mère du roi ou reine mère Equilibre du pouvoir Nommé
Nji Ngbetgni Nji adjoint Vice-roi Héréditaire
Pom Mafon Frère ou sœur Utérin du roi héréditaire
Nji Fon Fon Nji des rois Premier Ministre Nommé
Tita Nfon Père du roi ? Nommé
Tita Ngu Père du pays Chef de la justice Nommé
Tupanka Tête de Panka Chef de l’armée royale Nommé
Kom Shu Mshut Compagnon gardien du palais Conseiller du roi Héréditaire
Man Shut Grand du palais Personnalité du royaume Nommé
Mfon Tue Roi soumis Chefs Vassaux Héréditaire
Shu Mshut Gardien du palais Divers services Héréditaire
Kpen Esclave Serviteur ?

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alexandra Loumpet-Galitzine, Njoya et le royaume bamoun : Les archives de la société des missions évangéliques de Paris, 1917-1937, Karthala, 2006, 580 p. (ISBN 9782845867864)
  • Emmanuel Matateyou, Paroles sapientiales du royaume Bamoun (nkù nsa nsa), Oralistique, 1990, 94 p.
  • Claude Tardits, Le Royaume bamoum, A. Colin, Paris, 1980, 1078 p. (ISBN 2-85-944023-2) (d’après une thèse de l’Université de Paris 1, 1978)

Discographie[modifier | modifier le code]

  • Cameroun : Royaume Bamum : musiques du palais et des sociétés secrètes, Maison des Cultures du Monde, Paris ; Auvidis, Antony, 1997-2001

Liens externes[modifier | modifier le code]