Rouge cerise

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Le cerise ou rouge cerise est un nom de couleur en usage en teinturerie depuis le XVIIe siècle au moins, qui désigne, en France, un rouge vif, d'après la couleur la plus commune des fruits cerise, quoiqu'il puisse s'en écarter notablement[1].

Nuanciers[modifier | modifier le code]

En peinture, on trouve cerise griotte[2] ; en fil à broder, 815 Cerise[3].


Cerise en anglais[modifier | modifier le code]

En anglais, la couleur cerise n'est pas la couleur « cherry », qui s'inspire de celle du fruit, vu comme moins violacé, tandis que cerise est un nom exotique, qui renvoie à une couleur de la mode, qui s'en écarte notablement, du côté du mauve et du violet. Le fuchsia nommé Hollywood en 1922 a été renommé Cerise Hollywood dans les années 1940[4]. C'est ainsi qu'on trouve, pour les arts graphiques, 180 Cerise[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Répertoire de couleurs, de la Société des chrysanthémistes, publié en 1905, précise qu'il s'agit de celle des variétés « anglaise hative, anglaise tardive, Montmorency à longue queue et Montmorency à courte queue », non sans indiquer que « le Cerise des modes et des étoffes est, la plupart du temps, mal dénommé ». Quant à la couleur, comparée par des regards experts, elle est identique à celle du Rouge de Chine des peintures Ripolin et de la Laque brillante no 46 du marchand de couleurs Lefranc[6]. La couleur cerise des teinturiers diverge en effet de longue date de celle des fruits.

Au XIXe siècle, Michel-Eugène Chevreul a entrepris de repérer les couleurs entre elles et par rapport aux raies de Fraunhofer. Le Cerise de l’Instruction générale sur la teinture des laines de 1671 est Rouge 10 ton ouRouge 9 ton comme celui du teinturier Guignon, celui sur laine de Villaret, d'Amiens, est Rouge 11 ton[7], c'est-à-dire de même teinte que le rouge rubis. Le Cerise est pour Chevreul la dénomination vulgaire du vrai rouge, et c'était aussi, avant lui, l'opinion de Castel[8]. Le Rouge turc sur coton du teinturier Steiner est coté aussi à rouge 10 ton. Mais Chevreul a aussi évalué le Cerise sur soie de Tuvée, à 5 violet-rouge 8 ton, quand le Cramoisi-cerise de Villaret, déjà cité, est 5 violet-rouge 11 ton[9].

Le rouge cerise des forgerons[modifier | modifier le code]

Ce sont là des points de vue de spécialistes étudiant les couleurs. Mais on peut rapprocher leurs vues de celles d'un artilleur, qui, discourant sur le tir incendiaire à boulets rouges écrit « en le chauffant rouge cerise une dilatation bien plus forte que celle qui résulte du rouge brun[10] ». En effet, on disait chauffer au rouge-brun (signifiant rouge sombre), au rouge cerise, à blanc. Quand on chauffe le fer sans le fondre, donc à moins de 1 800 K, la couleur du rayonnement est toujours un rouge des longueurs d'onde les plus longues du spectre visible[11], c'est-à-dire exactement celles que désigne Chevreul pour le rouge, vulgairement appelé Cerise.

Comme cette nuance ne se reproduit pas aisément avec des colorants, on mélangeait à ceux-ci (kermès ou garance) du bleu. C'est d'ailleurs aussi nécessaire pour obtenir la teinte de certaines variétés de cerises.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. C'est un « rouge plus ou moins vif à rose très vif » selon Mollard-Desfour 2009.
  2. « Nos couleurs », sur duluxvalentine.com.
  3. « Nuancier DMC », sur club-point-de-croix.com.
  4. (en) Aloys John Maerz et M. Rea Paul, A Dictionary of Color, New York, McGraw-Hill, . Voir les couleurs Cerise et Hollywood ; Index p. 196 (formulation 1922); Couleur Hollywood, Page 33, Plate 5, K5
  5. « Marqueur Promarker » (consulté le ).
  6. Henri Dauthenay, Répertoire de couleurs pour aider à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits : publié par la Société française des chrysanthémistes et René Oberthür ; avec la collaboration principale de Henri Dauthenay, et celle de MM. Julien Mouillefert, C. Harman Payne, Max Leichtlin, N. Severi et Miguel Cortès, vol. 1, Paris, Librairie horticole, (lire en ligne), p. 91.
  7. Michel-Eugène Chevreul, « Moyen de nommer et de définir les couleurs », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 33,‎ , p. 120, 130, 141 (lire en ligne). Le 1 rouge est tangent à la raie C, correspondant à une teinte CIE Lab de 20,4°. Dans cette région du nuancier, on passe d'une teinte à l'autre par pas de 2,3°. Le rouge correspond donc à une teinte de 18.1 °. La chromaticité de 80 % est à la limite de ce qui peut se faire en couleurs de surface, et les clarté de 55 et 50 % correspond aux 9 et 10 ton de Chevreul, où 0 est le blanc et 21 le noir. La valeur obtenue est convertie en CIE XYZ puis en sRGB. La teinte effectivement présentée sur l'écran dépend de sa conformité aux primaires et au réglages sRGB.
  8. Dans Louis Bertrand Castel, L'optique des couleurs : fondée sur les simples observations & tournée sur-tout à la pratique de la peinture, de la teinture & des autres arts coloristes, Paris, Briasson, (lire en ligne), d'après (Chevreul 1861, p. 59).
  9. Chevreul 1861, p. 176 ; mêmes calculs pour les couleurs informatiques.
  10. Charles Tronson du Coudray, Discussion nouvelle des changemens faits dans l'artillerie depuis 1765, Paris, (lire en ligne)
  11. Voir Robert Sève, Science de la couleur : Aspects physiques et perceptifs, Marseille, Chalagam, , p. 36.