Romance ruritanienne

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Frontispice du Prisonnier de Zenda, d'Anthony Hope, le prototype de la romance ruritanienne.

Une romance ruritanienne est un genre littéraire créé à la fin du XIXe siècle, qui tire son nom de la Ruritanie, un pays imaginaire créé par Anthony Hope dans son roman Le Prisonnier de Zenda. Il s'agit le plus souvent de romans d'amour et d'aventures ayant pour cadre de petites monarchies perdues dans les montagnes d'Europe centrale. Le genre était en vogue au tournant du XXe siècle avec de notables extensions jusqu'à nos jours, notamment dans la bande dessinée.

Bases historiques et géographiques[modifier | modifier le code]

L'action se situe invariablement dans des petits pays germaniques ou balkaniques évoquant les micro-États du Saint-Empire précédant la construction de l'unité allemande[1], et plus près de nous le Liechtenstein ou le Luxembourg.

La principauté du Liechtenstein en reste l'archétype : État minuscule, germanique, montagneux, dirigé sur un mode aristocratique et au nom compliqué voire imprononçable.

L'histoire de Louis II de Bavière est une source d'inspiration pour les auteurs : roi romantique, refusant l'évolution du monde qui l'entoure avec une opposition démocratique qui parvient à déposer le roi. Il faut aussi sans doute citer Élisabeth de Wittelsbach dite Sissi, impératrice d'un État bien réel, mais à la vie romantique qui influença de nombreux auteurs.

Le terme péjoratif de « Royaume d'opérette » définit assez précisément ses caractéristiques politiques. Il vient probablement de La Grande-duchesse de Gérolstein, l'opéra-bouffe d'Offenbach.

Caractères récurrents[modifier | modifier le code]

Les auteurs insistent souvent sur la rusticité des habitants, leurs mode de vie pittoresque et archaïque. Le plus souvent, une partie de la population reste fidèle au régime politique traditionnel tandis qu'une opposition démocratique représente souvent une menace à la survivance d'un monde ancien, monarchique et idéalisé, voire anachronique (Prince Othon, Le Roi des Zôtres, QRN sur Bretzelburg).

La petite taille de l'État est un atout évident pour tous les aventuriers cherchant à devenir premier ministre (voire roi pour les plus ambitieux) (Prince Othon, Le Roi des Zôtres, QRN sur Bretzelburg).

La proximité du pouvoir due à un protocole réduit permet souvent à un héros audacieux ou imprudent d'entrer directement en contact avec le souverain et d'en devenir un ami proche (Duck Soup, Le Prisonnier de Zenda, Le Sceptre d'Ottokar, QRN sur Bretzelburg). La solitude du souverain le rend souvent favorable à un tel rapprochement (Le Prisonnier de Zenda, Le Sceptre d'Ottokar, QRN sur Bretzelburg).

Un État jumeau de même taille est souvent un rival dangereux, gouverné par des militaires belliqueux (QRN sur Bretzelburg, Le Sceptre d'Ottokar) ou au contraire une proie facile (Prince Othon).

Un héros appartenant au monde occidental est souvent le lien nous faisant découvrir ce pays mal connu (Le Roi des Zôtres, QRN sur Bretzelburg, Le Sceptre d'Ottokar). Il arrive que ce héros découvre qu'il est le souverain de cet État (Le Roi des Zôtres).

Histoire du genre[modifier | modifier le code]

La Grande-duchesse de Gérolstein, l'opéra-bouffe d'Offenbach, date de 1867 et contient déjà quelques-uns des standards du genre, à commencer par un petit État belliqueux, en même temps qu'un peu ridicule. Pourtant, l'action, censée se dérouler vers 1720, précède largement l'époque contemporaine de l'auteur, alors qu'un des éléments importants de la romance ruritanienne est le goût des Occidentaux pour cette catégorie de petits États anachroniques — sentiment très répandu à la période romantique.

La première œuvre créant véritablement le genre est le roman d'aventures Prince Othon de Robert Louis Stevenson, publié en 1885. Le prince règne sur l'État du Grunewald, en conflit avec son petit voisin, le duché de Gerolstein, reprenant comme un hommage le nom de l'opéra d'Offenbach. Prince Othon est pourtant considérée comme une œuvre mineure de Stevenson.

L'écrivain britannique Anthony Hope installe le genre avec Le Prisonnier de Zenda, autre roman d'aventures publié en 1894, qui obtient rapidement un grand succès et donne lieu à quantité d'imitations, dont les plus connues sont celles de l'écrivain américain George Barr McCutcheon prenant place dans la principauté de Graustark. McCutcheon introduit un élément supplémentaire dans son roman : le héros est un Américain pure souche qui triomphe des obstacles pour épouser la belle princesse. L'expression « romance graustarkienne » est parfois utilisée comme synonyme de « romance ruritanienne ».

Le succès du Prisonnier de Zenda conduit à l'écriture de nombreux autres livres sur le même thème. En 1906, on estime que plus de cent ont déjà été écrites[2].

Après la Seconde Guerre mondiale, les romances ruritaniennes s'inspirent de la Guerre froide et les États sont sous l'influence de grandes puissances[2].

Quelques exemples[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Dessins animés[modifier | modifier le code]

  • 1983 : Inspecteur Gadget épisode 45 - Le Prince des gitans (Romanovie)
  • 1994 : Mort & Phil épisode 1 - Le Sulfate atomique (République de Tyranie)

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Aurélien Bellanger et David Jacubowiez, « L'Europe est le seul continent qui ne peut exister vraiment qu’à l’état de fiction », sur radiofrance.fr, .
  2. a et b (en) Nicholas Daly, « A Traveller’s Guide to Ruritania », sur historytoday.com, .