Robert de Roquebrune

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Robert de Roquebrune (1889-1978)
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Robert Laroque de Roquebrune, vers 1918
Nom de naissance Joseph Robert Hertel Laroque
Naissance
L'Assomption, Québec, Canada
Décès (à 88 ans)
Cowansville, Québec, Canada
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Français

Robert de Roquebrune, de son vrai nom Robert Laroque[1], né à L'Assomption le [2] et décédé à Cowansville le [3], est un écrivain, essayiste et journaliste québécois, chercheur aux Archives publiques du Canada.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Hertel La Roque et de Lilia de Salaberry, Roquebrune naît à L'Assomption le [2]. Il est baptisé à l'église paroissiale le 31 sous le nom de « Joseph Robert Hertel Laroque »[2]. Il quitte le manoir familial où il est né à l'âge de neuf mois[réf. nécessaire]. Après avoir suivi des études au Collège Mont-Saint-Louis, il aurait étudié au Collège de France et à la Sorbonne[4]. Le , il épouse Joséphine Angers à l'église Saint-Jacques de Montréal[5]. Il s'établit alors à Belœil, où il publie son premier récit. Il quitte la ville en 1919 pour s'installer à Paris[6].

Dans la perspective des Canadiens français, le premier lien important menant à la constitution d'un réseau « latin » des Québécois en France entre 1923 et 1939 apparaît comme étant celui entre Robert de Roquebrune et Gustave-Louis Tautain[7].

La position de Roquebrune à l'égard de Charles Maurras et de l'Action française n'est pas facile à trancher. Comme l'a souligné Dominique Garand, qui fut le premier à mettre cet aspect en évidence — dans « Par delà le régionalisme et l'exotisme » (2000) — Roquebrune a fréquenté des cercles maurrassiens à Paris, dont celui de Lesca, allant même jusqu'à rencontrer Léon Daudet et Charles Maurras lui-même. Son roman Les Habits rouges fut d'ailleurs publié en feuilleton dans Action française. Si ces faits témoignent d'une relative proximité, en revanche, Roquebrune note lui-même dans ses mémoires qu'il a fréquenté des salons et groupes affichant des positions politiques hostiles au mouvement de Maurras. Le seul endroit connu où il s'exprime clairement sur le maurrassisme est un article publié dans La Revue moderne en . Roquebrune concède que les « théories de Charles Maurras [...] ne manquent pas d'allures [sic] », mais juge que « le système de Maurras est fort discutable », entre autres parce que « la république est bien meilleure dans la réalité qu'elle ne l'est dans l'opinion de Maurras et des royalistes »[8].

Les Sept aux Archives nationales, Ottawa, décembre 1944
Deuxième rangée au centre : Robert de Roquebrune

Par la suite, chercheur au bureau des Archives canadiennes à Paris, Robert de Roquebrune passe la plus grande partie de sa vie à dépouiller des archives françaises pour y découvrir les sources de l'histoire canadienne. En 1939, il rentre au pays. Après la Seconde Guerre mondiale, il retourne à Paris comme directeur aux Archives publiques du Canada. Il prend sa retraite en 1958[6].

Tous les romans, les études historiques et les mémoires de Robert de Roquebrune évoquent le charme d'une époque révolue. Le souvenir et le document socio-historique sont à l'origine de ses récits. Qu'il s'agisse des romans à psychologie très simple (Les Habits rouges, Les Dames Le Marchand, D'un océan à l'autre), ou des mémoires présentés sous forme de saynètes (Testament de mon enfance, Quartier Saint-Louis, Cherchant mes souvenirs), tout un passé se reconstitue sous la plume de Roquebrune, plein de voix anciennes et de poésie exquise. Romancier, mémorialiste, conteur, l'auteur l'est toujours dans ses écrits dont l'action renvoie le lecteur au monde de ses ancêtres.

Archives[modifier | modifier le code]

Un fonds d'archives Robert de Roquebrune est conservé à Bibliothèque et Archives Canada[9]. Il y a également un fonds d’archives Robert De Roquebrune (MSS45) au centre d’archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[10].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

  • Les Habits rouges, 1923 (rééditions en 1930, 1948, 1955, 1960, 1978 et 1992)
  • D'un océan à l'autre, 1924 (réédité chez Fides en 1958)
  • Les Dames Le Marchand, 1927
  • La Seigneuresse, 1960 (réédition en 1977)

Recueils de contes ou nouvelles[modifier | modifier le code]

  • L'Invitation à la vie, 1913
  • Contes du soir et de la nuit, 1942
  • L'Invitation à la vie, suivi de Paysages et autres proses (2002), publication posthume

Mémoires[modifier | modifier le code]

  • Testament de mon enfance, 1951 (rééditions en 1958, 1965 et 1979)
  • Quartier Saint-Louis, 1966 (réédition en 1981)
  • Cherchant mes souvenirs, 1911-1940, 1968

Essais historiques[modifier | modifier le code]

  • Hommage à Charles-Michel de Salaberry, héros de Châteauguay, 1913
  • La Guerre et l'amour au Canada d'autrefois, 1945
  • Faussaires et faussetés en histoire canadienne, 1948
  • Les Canadiens d'autrefois, 1966

Citations[modifier | modifier le code]

  • « Le mensonge a souvent plus de force que la vérité, surtout auprès des femmes. » - Quartier Saint-Louis
  • « L'art culinaire est plus important que l'art littéraire. Et on peut très bien vivre sans savoir lire tandis qu'il faut manger. » - Quartier Saint-Louis
  • « Certains hommes sont ainsi. Une seule femme existe pour eux. Et si cette femme devient inaccessible, ils sont incapables de la chasser de leur souvenir. Elle demeure en eux, ne changeant pas, ne vieillissant pas. » - La Seigneuresse
  • « Quand on aime on est toujours malheureux. » - Les Habits rouges
  • « Les Anglais sont un peuple d'une ténacité presque surhumaine. Ils ne s'avouent jamais vaincus. Et ils finissent toujours par ne pas l'être. » - La Seigneuresse
  • « Jamais une haute civilisation n'est si proche de son terme que lorsqu'elle a atteint son apogée. » - La Seigneuresse
  • « On devient rebelle quand les siens sont en cause. » - Les Habits rouges
  • « Quand un homme amuse une femme, il est bien près d'en être aimé. » - Les Habits rouges
  • « Les histoires qui sont arrivées ne finissent jamais comme dans les romans, par le bonheur. Car les humains ne connaissent pas le bonheur. » - La Seigneuresse
  • « L'homme est un animal conservateur. » - Quartier Saint-Louis

Revues et journaux[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Son extrait de naissance et de baptême indique "Joseph Robert Hertel" fils de "Louis Rémi Hertel La Rocque". Selon les époques, on retrouve les graphies La Roque, LaRoque, La Rocque, Laroque, LaRocque. Il signe son passeport émis en 1974 "Robert Hertel La Roque de Roquebrune". Normand Cazelais, Robert de Roquebrune : l’art de la fabulation, éditions XYZ, 2011
  2. a b et c Gabriel Drouin (Généalogiste compilateur), Institut généalogique Drouin, Registre présenté par Messire Ferréol Dorval Prêtre, Curé de la Paroisse de L'Assomption dans le Comté de L'Assomption Contenant quarante feuillets [...] pour servir à l'enregistrement des actes de Baptême, Mariage et Sépulture qui se feront dans la dite Paroisse pendant l'année Mil huit cent quatre-vingt-neuf, Montréal, Québec, Canada, coll. « Collection Drouin », 40 feuillets (lire en ligne), B[aptême]54 Jos. Robert Hertel Laroque, p. 18e feuillet, verso
  3. Avis de décès paru dans La Presse du 12 juillet 1978 en page 19 de Robert Laroque de Roquebrune. Il est décédé à Cowansville le 4 juillet. Sur le site de la BAnQ.
  4. L'historien Normand Cazelais n'a trouvé aucune trace d'inscription à son nom à la Sorbonne. En fait, rien n'indique qu'il aurait terminé son secondaire. http://www.lapresse.ca/la-voix-de-lest/arts-spectacles/201111/21/01-4470187-un-premier-recit-biographique-pour-normand-cazelais.php
  5. Gabriel Drouin (Généalogiste compilateur), Institut généalogique Drouin, [R]egistre contenant cent cinquante feuillets [...] présenté par Messire S. CHARRIER, Prêtre, Curé de la paroisse St-Jacques de Montréal, pour servir d'enregistrement des Actes de Baptêmes, Mariages et Sépultures, qui se feront dans la dite paroisse pendant l'année mil neuf cent onze, Montréal, Québec, Canada, coll. « Collection Drouin », 150 feuillets (lire en ligne), M. 88 J. R. H. La Roque de Roquebrune et M. L. Joséphine Angers, folio 108
  6. a et b Pierre Gadbois, Robert de Rocquebrune de Beloeil, http://www.shbmsh.org/capsules.php?capsule=150
  7. Michel Lacroix, « Lien social, idéologie et cercles d'appartenance : le réseau "latin" des Québécois en France, 1923-1939 », Études littéraires, Volume 36, numéro 2, 2004, p. 51-70, « Réseaux littéraires France-Québec (1900-1940) », sous la direction de Denis Saint-Jacques et Anne-Marie Fortier, Éditions du Département des littératures de l'Université Laval, (ISSN 0014-214X) (imprimé) 1708-9069 (numérique)
  8. André Gaucher, L'Honorable Léon Daudet, 1921, p. 33.
  9. Bibliothèque et Archives Canada, « Fonds Robert de Roquebrune (R6186) » (consulté le )
  10. Fonds Robert De Roquebrune (MSS45) (MSS77) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]