Robert Walser (écrivain)

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Robert Walser
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
HerisauVoir et modifier les données sur Wikidata
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Famille
Trogen) Walser (Herisau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Autres informations
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Archives conservées par
Archives littéraires suisses (CH-000015-0: SLA-RWA-RW)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Le Brigand (d), Les Enfants Tanner (d), Le Commis (d), L'Institut Benjamenta (d), La Promenade (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Robert Walser, né le à Bienne (Suisse) et mort le à Herisau (Suisse), est un écrivain et poète suisse de langue allemande.

Biographie[modifier | modifier le code]

Walser est né en 1878 dans la ville bilingue de Bienne, dans la maison (démolie en 1926) sise au 3 de la rue du Général-Dufour[2], dans le canton de Berne. Il est l'avant-dernier des huit enfants d'Adolf Walser, relieur et commerçant (1833-1914) et d'Elisabeth « Elisa » Marti (1839-1894)[3]. Sa mère décède alors qu'il a quatre ans[4].

En 1892, en raison du lent déclin des affaires paternelles et en dépit de ses bons résultats scolaires, Walser quitte l'école et accomplit un apprentissage de commis à la Banque cantonale bernoise. En 1895, à dix-sept ans, il quitte le domicile familial. Il séjourne et travaille à Bâle, puis à Stuttgart. Passionné par le métier d'acteur, il s'essaie sans succès au théâtre. De 1896 à 1905, il mène une vie nomade[5]. Il vit principalement à Zurich, prenant des emplois alimentaires qu'il quitte dès qu'il a suffisamment d'argent pour se consacrer à la création poétique.

De 1905 à 1913, il vit à Berlin, en partie chez son frère Karl. Durant cette période berlinoise, il écrit ses trois premiers romans. Il rentre ensuite en Suisse et s'installe d'abord à Bienne (1913-1921), puis à Berne (1921-1929). En 1919, son frère Hermann se suicide. Durant ces années, sa propre santé mentale se dégrade peu à peu, il se renferme de plus en plus sur lui-même et souffre notamment d'hallucinations auditives et visuelles. Il passe le reste de sa vie en institution psychiatrique, à la Waldau (de 1929 à 1933), puis à Herisau (1933-1956)[4].

Lors de son séjour à la Waldau, Walser poursuit son activité littéraire, mais sous une forme radicalement différente. Il s'est mis à écrire, sur des supports très divers, des textes très décousus rédigés dans une calligraphie minuscule. Il nomme cette manière d'écrire des «Mikrogramm ». À Herisau, Walser cesse toute activité littéraire et travaille dans les ateliers de l'institution. Il devient de plus en plus mutique et continue de souffrir d'hallucinations auditives, notamment des voix auxquelles il répond. Il refuse à plusieurs reprises la proposition qui lui est faite de quitter l'hôpital psychiatrique d'Herisau pour vivre dans sa parenté[4].

Écrivain[modifier | modifier le code]

Ses premiers poèmes paraissent dans le supplément dominical du journal Der Bund en 1898. À la suite de cette publication, Walser, grâce à l'éditeur et linguiste Franz Blei, entre en contact avec les milieux d'avant-garde de Munich autour de la revue Die Insel. Il y publie des poèmes et de brefs drames en vers qu'il nomme des « dramolets ». Ainsi paraissent Poètes en 1900, Blanche-Neige et Cendrillon en 1901, et Les Garçons en 1902. C'est aux éditions Insel, à Leipzig, que sort son premier livre en 1904Les Rédactions de Fritz Kocher (Fritz Kochers Aufsätze). L'ouvrage, malgré un accueil critique favorable, est un échec commercial.

En 1905, Walser s'établit à Berlin, où il loge chez son frère aîné Karl Walser, peintre et décorateur de théâtre, qui illustrera plusieurs de ses livres. En septembre 1905, Walser fréquente une école de domestique, puis s'engage d'octobre à décembre comme laquais au château de Dembrau (Haute-Silésie). De retour à Berlin, grâce aux relations de Karl, il se fait en quelques mois un nom dans les milieux artistiques d'avant-garde. Il est brièvement secrétaire de la Sécession berlinoise. Entre 1907 et 1909, il rédige et publie trois romans chez le prestigieux éditeur Bruno Cassirer : Les Enfants Tanner (Geschwister Tanner) en 1907, L' Homme à tout faire (Der Gehülfe) en 1908 et L'Institut Benjamenta (Jakob von Gunten) en 1909. Un recueil des poèmes de jeunesse paraît, également en 1909. Il place régulièrement ses textes dans les revues berlinoises les plus réputées, comme Die Schaubühne, die Neue Rundschau, ou encore Die Zukunft fondée et dirigée par Maximilian Harden. Walser a rassemblé un grand nombre de ces proses dans deux recueils parus en 1913 et 1914: Rédactions (Aufsätze) et Histoires (Geschichten). Quelques-uns des plus grands écrivains de l'époque, Christian Morgenstern, Max Brod, Kurt Tucholsky, Robert Musil et, plus tard, Walter Benjamin, saluent cette œuvre. Le jeune Franz Kafka se dit fasciné, impressionné. Entre 1910 et 1912, les publications se raréfient, Walser se détourne de ses fréquentations et de la vie littéraire, et travaille comme secrétaire auprès de sa logeuse.

Walser fuit Berlin pour s'installer à Bienne en 1913. Les raisons de son retour en Suisse sont mystérieuses. Il l'explique par son besoin de calme et de sérénité pour écrire. Pendant les sept années biennoises, Walser publie neuf livres, essentiellement des recueils de proses brèves ou de nouvelles — Histoires (Geschichten) en 1914, Vie de poète (Poetenleben) en 1917, La Promenade (Der Spaziergang, intégré au recueil Seeland en 1920). En 1921, Robert Walser s'installe à Berne. Même s'il vit en marge de la société en général et de la vie littéraire en particulier, les années 1924 à 1933 comptent parmi les plus fécondes de l'écrivain. De Berlin à Prague et Zurich, des centaines de ses petites proses, poèmes et scènes dialoguées paraissent sous forme de feuilleton dans la plupart des grands journaux du monde germanophone, notamment le Berliner Tageblatt et la Prager Presse (en). Durant ces années d'intense productivité, il développe une méthode d'écriture en deux temps, les « microgrammes ». Un dernier recueil de proses, La Rose (Die Rose), paraît en 1925. La grande masse des textes de Walser reste éparpillée, et est rassemblée après la mort de l'écrivain.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

En 1929, il entre spontanément dans la clinique psychiatrique de la Waldau, à Berne[3], où il poursuit son travail de « feuilletoniste ». Il cesse d'écrire en 1933, après avoir été transféré contre son gré dans la clinique psychiatrique d'Herisau dans le demi-canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures. Dans cet établissement il est très lié avec la lingère, Frieda Mermet, avec laquelle il correspond et qui est sa fidèle amie-amoureuse[6], muse et confidente[7].

Il reste hospitalisé dans cette clinique psychiatrique jusqu'à son décès en 1956. Son ami Carl Seelig (son représentant légal depuis 1944[3]) a rendu compte des conversations menées avec l'écrivain pendant ces années de silence dans ses Promenades avec Robert Walser.

Les manuscrits de Robert Walser ont été déménagés de Zurich à Berne, et sont aujourd'hui conservés au sein des Archives littéraires suisses, à la Bibliothèque nationale suisse. Au cœur de la vieille ville, le Centre Robert Walser est ouvert aux chercheurs et au public.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Adaptations[modifier | modifier le code]

Au cinéma[modifier | modifier le code]

Au théâtre[modifier | modifier le code]

Adaptations musicales[modifier | modifier le code]

  • Schneewittchen (Blanche-Neige), opéra de Heinz Holliger (1997-1998), livret de Heinz Holliger
  • Liebe, poème mis en musique par Jeanne Added sur son 1er EP (Carton Records, 2011)[13]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.helveticarchives.ch/detail.aspx?ID=290046 » (consulté le )
  2. Robert Walser.
  3. a b et c Lucas Marco Gisi (trad. Pierre-G. Martin), « Robert Walser » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  4. a b et c (de) S. Partl, B. Pfuhlmann, B.Jabs et G.Stöber, « „Meine Krankheit ist eine Kopfkrankheit, die schwer zu definieren ist” : Robert Walser (1878-1956) in seiner psychischen Erkrankung », Nervenartzt, vol. 82,‎ , p. 67-78 (lire en ligne, consulté le )
  5. (de) Lucas Marco Gisi (éd.), Robert Walser Handbuch, Stuttgart, Verlag J. B. Metzler, , 456 p. (ISBN 978-3-476-04594-2), p. 13-15
  6. Isabelle R. Robert Walser, l'écrivain qui adressait ses lettres "au monde entier", Le Temps, 23 XI 2012 [1]
  7. Robert Walser, Lettres de 1897 à 1949, traduction Marion Graf, Éditions Zoé [2]
  8. Note du traducteur., postface à L’Homme à tout faire de Robert Walser (1970). In : revue Agone 43/2010.
  9. Voir sur koerferfilm.com.
  10. Présentation sur le site du distributeur (eddistribution.com) à l'occasion de la ressortie en 2019.
  11. Ainsi se laissa-t-il vivre, TNS.
  12. « L’Étang – Gisèle Vienne » (consulté le )
  13. Liebe, poème écrit avant 1900, traduction Amour par Marion Graf dans Poèmes (Zoé, 2008) reproduite dans Robert Walser poète germanophone.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Walser, Paris/Lausanne, Éditions L'Âge d'Homme, coll. « dossiers pro helvetia », 1987
  • Marie-Louise Audiberti, Le Vagabond immobile (Robert Walser), Paris, Éditions Gallimard, 1996
  • Peter Utz (trad. de l'allemand par Colette Kowalski), Robert Walser: Danser dans les marges [« Tanz auf den Rändern : Robert Walsers "Jetztzeitstil" »], Genève, Éditions Zoé, , 576 p.
  • Catherine Sauvat, Robert Walser, Paris, Éditions du Rocher, 2002 (ISBN 978-2268042312)
  • Robert Walser, Europe, n° 889, mai 2003. Études et textes de Marion Graf, Peter Utz, Jochen Greven, Jean-Bernard Vuillème, Claudio Magris, Dominik Müller, Marie-Louise Audiberti, Heinz Schafroth, Marion Gees, Wolfram Groddeck, Claude Mouchard, Fernand Cambon, Fleur Jaeggy, Daniel de Roulet, François Debluë.
  • Marion Graf, Robert Walser, lecteur de petits romans sentimentaux français, Éditions Zoé, 2015 (ISBN 978-2-88182-956-7)
  • Carl Selig (trad. de l'allemand par Marion Graf, préf. Lukas Gloor, Reto Sorg et Peter Utz), Promenades avec Robert Walser [« Wanderungen mit Robert Walser »], Genève, Éditions Zoé, , 224 p. (ISBN 978-2-88927-869-5).
  • (de) S. Partl, Bruno Pfuhlmann, Burkhard Jabs et Gerald Stöber, « „Meine Krankheit ist eine Kopfkrankheit, die schwer zu definieren ist” : Robert Walser (1878-1956) in seiner psychischen Erkrankung », Der Nervenartzt, Springer Medizin Verlag, vol. 82, no 1,‎ , p. 67-78 (ISSN 0028-2804, e-ISSN 1433-0407, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes[modifier | modifier le code]


Liens externes[modifier | modifier le code]