Robert Conquest

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Robert Conquest
Portrait de Robert Conquest
Robert Conquest en 1987.
Biographie
Nom de naissance George Robert Ackworth Conquest
Naissance
Malvern, Royaume-Uni
Décès (à 98 ans)
Stanford (Californie), États-Unis
Nationalité Britannique
Américaine
Thématique
Formation Winchester College
Université de Grenoble
Magdalen College (Oxford)
Profession Historien
Employeur Université ColumbiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Approche histoire de l'URSS
Œuvres principales La Grande Terreur : les purges staliniennes des années 30, Paris, 1970 (New York, 1968)
Distinctions Michael Braude Award for Light Verse (en), Jefferson Lecture (en), prix Antonovitch, compagnon de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (d), médaille présidentielle de la Liberté, prix Dan-David, membre de la British Academy, Fellow de la Royal Society of Literature (d), membre de l'Académie américaine des arts et des sciences (d), commandeur de l'ordre du Mérite de la république de Pologne (d), officier de l'ordre de l'Empire britannique (en), ordre du prince Iaroslav le Sage, 5e classe (d) et prix national Taras-ChevtchenkoVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de Académie américaine des arts et des sciences, British Academy et Royal Society of LiteratureVoir et modifier les données sur Wikidata

George Robert Ackworth Conquest, né le [1] à Malvern dans le Worcestershire, et mort le [2], est un historien britanno-américain. Ses travaux portent sur l'URSS, en particulier sur l'histoire de l'URSS sous Staline. Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, la Royal Society of Literature, la British Academy (1994) ainsi que de la British Interplanetary Society.

Biographie[modifier | modifier le code]

Robert Conquest, fils d'une Britannique et d'un homme d'affaires américain, a étudié au Winchester College, à l'université de Grenoble et à Magdalen College (Oxford), où il a soutenu sa thèse sur l'histoire soviétique. En 1937, après une année à l'université de Grenoble au cours de laquelle il voyage en Bulgarie, il retourne à Oxford et rejoint le Parti communiste de Grande-Bretagne.

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il s'engage en tant qu'officier du renseignement, signe de sa prise de distance avec le Parti communiste. En 1942, il obtient un poste à la School of Slavonic Studies, puis vit en Bulgarie de 1942 à 1948.

De retour en Angleterre, Conquest rejoint le ministère des Affaires étrangères de l'Information Research Department (IRD), une unité créée dans le but de lutter contre l'influence communiste et de promouvoir activement les idées anti-communistes, en favorisant les relations avec les journalistes, les syndicats et autres organisations culturelles et politiques[3]. En 1956, Conquest quitte officiellement l'IRD et devient écrivain indépendant et historien. Certains de ses livres ont été en partie distribués par Praeger Press, une société américaine qui a publié un certain nombre de livres à la demande de la CIA.

En 1962-1963, il a été directeur littéraire du Spectator, mais a démissionné après avoir découvert que celui-ci critiquait ses écrits historiques. Ses premiers livres, Pouvoir et politique en URSS et Déportation des nationalités en Union soviétique, ont été publiés en 1960. En 1967 et 1968 il publie un ensemble remarquable d'ouvrages (non traduits en français) rendant compte de tous les aspects du système soviétique.

Il a été une des figures, avec Philip Larkin et Kingsley Amis, du mouvement littéraire connu sous le nom de « The Movement », il a aussi publié des poèmes ainsi qu'un roman de science-fiction[4].

Robert Conquest souhaitait éviter l’écueil qui consiste à idéaliser la révolution, « habitude à laquelle les Anglais qui n’en ont pas connu eux-mêmes sont peut-être particulièrement enclins[5] ». À partir de la fin des années 1970, Conquest rapporte qu'il a « conseillé Margaret Thatcher lorsqu’elle était chef de l’opposition puis Premier ministre, rédigeant même l’ébauche de son premier discours [sur les relations internationales] »[6].

Robert Conquest (à gauche) reçoit la médaille présidentielle de la Liberté aux côtés d’Aretha Franklin (au centre) et Alan Greenspan en 2005 à la Maison-Blanche.

En 1994, il reçoit le Prix national Taras-Chevtchenko pour le livre Sanglantes Moissons : la collectivisation des terres en URSS écrit en 1986 (The Harvest of Sorrow: Soviet Collectivisation and the Terror-Famine) consacré au Holodomor. En 1996, il est décoré de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. En 1997, on lui attribue le prix littéraire de l'Académie américaine des arts et des lettres. En 2005, George W. Bush lui remet la médaille présidentielle de la Liberté.

Polémiques[modifier | modifier le code]

Le travail de Conquest a été remis en cause par plusieurs historiens[7], qui lui reprochent une exagération du nombre des victimes de la répression stalinienne ou une analyse biaisée de certains faits historiques. Par exemple, sa lecture de l'assassinat de Sergueï Kirov en (« le crime du siècle » selon Conquest) l'a longuement opposé à Alla Kiralina, auteur d'un ouvrage fouillé sur l'assassinat de Kirov. Dans la nouvelle édition de La Grande Terreur, Conquest, qui a eu connaissance des critiques de l'historienne russe, annonce qu'il maintient son interprétation[8].

Trois règles de la politique[modifier | modifier le code]

Il a énoncé sur un ton semi-humoristique trois règles de la politique, selon lesquelles[9],[10]:

  • Tout individu est conservateur sur le sujet qu'il connaît le mieux.
  • Toute organisation qui n'est pas explicitement de droite, devient tôt ou tard de gauche[11]. Il donne comme exemple l'Église d'Angleterre et Amnesty International[12].
  • La façon la plus simple d'expliquer le comportement de toute organisation bureaucratique est de supposer qu'elle est contrôlée par une cabale de ses ennemis. L'écrivain de science-fiction Jerry Pournelle en tire un corollaire appelé La loi de fer de la bureaucratie qui énonce[9]: « Dans n'importe quel système bureaucratique, les gens qui servent la bureaucratie elle-même prennent inévitablement le contrôle du système, tandis que ceux qui servent le but initial que l'organisation était censé accomplir ont de moins en moins d'influence, parfois jusqu'à leur élimination complète. »

Ces règles sont parfois attribuées au journaliste britannique John O'Sullivan.

Distinctions[modifier | modifier le code]


Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Robert Conquest », sur timenote.info (consulté le )
  2. (en) « Robert Conquest, Historian Who Documented Soviet Horrors, Dies at 98 », sur le New York Times, Modèle:Accèès payant
  3. (en-GB) Eric Homberger, « Robert Conquest obituary », sur The Guardian, (ISSN 0261-3077, consulté le ).
  4. (en) « Stanford historian Robert Conquest, expert on Soviet Union, dies at 98 », sur le site info de l'Université Stanford, (consulté le ).
  5. La Grande Terreur, p. 412.
  6. Le Féroce XXe siècle, p. 161.
  7. Dans Le Livre noir du communisme, p. 217-218, on trouve un bref compte rendu de ces querelles.
  8. Conquest 1987, p. 424.
  9. a et b Mark Stoler, « Things Have Changed: Conquest's Three Laws », sur Things Have Changed, (consulté le )
  10. (en-GB) « Tracking down Conquest’s law on organisations », sur Vogel Wakefield, (consulté le )
  11. (en-US) Tyler Cowen, « How and why is Conquest's Second Law true? », sur Marginal Revolution, (consulté le )
  12. (en-US) « Robert Conquest’s Three Laws of Politics « Isegoria » (consulté le )

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Traduits en français[modifier | modifier le code]

  • La Grande Terreur : les purges staliniennes des années 30, Paris, — New York, 1968.
  • Sanglantes Moissons : la collectivisation des terres en URSS, Paris, — New York, 1986.
  • Staline, Paris, Odile Jacob, (ISBN 2-7381-0174-7).
    Catherine De Montlibert, « Robert Conquest. Staline », Politique étrangère, vol. 59, no 1,‎ , p. 310–310 (lire en ligne, consulté le ).
  • Le Féroce XXe siècle. Réflexions sur les ravages des idéologies (préf. Guy Sorman), Paris, Les Syrtes, , 319 p..
  • La Grande Terreur, précédée de Sanglantes moissons (trad. de l'anglais par Marie-Alyx et Claude Seban), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2e éd. (1re éd. 1968), 1046 p.

Non traduits[modifier | modifier le code]

  • (en) Power and Politics in the USSR, 1960.
  • (en) Soviet Deportation of Nationalities, 1960.
  • (en) Courage of Genius : The Pasternak Affair, 1961.
  • (en) Industrial Workers in the USSR, 1967.
  • (en) Soviet Nationalities Policy in Practice, 1967.
  • (en) Agricultural Workers in the USSR, 1968.
  • (en) The Soviet Police System, 1968.
  • (en) Religion in the USSR, 1968.
  • (en) The Soviet Political System, 1968.
  • (en) Justice and the Legal System in the USSR, 1968.
  • (en) The Nation Killers : The Soviet Deportation of Nationalities, 1970.
  • (en) Where Marx Went Wrong, 1970.
  • (en) Lenin, 1972.
  • (en) Kolyma : The Arctic Death Camps, 1978.
  • (en) Inside Stalin's Secret Police : NKVD Politics, 1936-1939, 1985.
  • (en) What to Do When the Russians Come : A Survivor's Guide, 1985.
  • (en) Tyrants and Typewriters : Communiques in the Struggle for Truth, 1989.
  • (en) Stalin and the Kirov Murder, 1989.
  • (en) Stalin: Breaker of Nations, 1991.
  • (en) History, Humanity, and Truth, 1993.
  • (en) The Dragons of Expectation, 2004.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]