Rire

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Theodore Roosevelt en train de rire.

Le rire est un réflexe, exprimant généralement la surprise, qui se manifeste par un enchaînement de petites expirations saccadées accompagné d'une vocalisation inarticulée plus ou moins bruyante. Ces mouvements concernent en premier lieu la musculature respiratoire et le larynx et sont accompagnés d'une mimique provoquée par la contraction de muscles faciaux, entraînant notamment l'ouverture de la bouche. D'autres mouvements plus ou moins contrôlés peuvent accompagner le rire.

Le rire est essentiellement causé par une situation comique, le chatouillement ou le rire lui-même. Paradoxalement, le rire est étroitement lié à son contraire émotionnel, les pleurs, avec qui il peut parfois se retrouver mélangé[1].

Il apparait chez l'homme aux alentours du quatrième au cinquième mois[1].

Causes

Le rire peut être causé par le comique en général et par l'humour en particulier, comme dans un spectacle, un sketch, une représentation. Le rire est réputé pour être communicatif, c'est-à-dire transmissible : une personne qui rit amène le rire, c'est le rire social, le rire de groupe. Il peut également être provoqué par le chatouillement. Le stress, un surcroit de sentiments difficiles à gérer peuvent entrainer un rire nerveux qui servira à échapper au quotidien et reprendre une bouffée d’oxygène. Mais la consommation d'alcool ou de drogues peuvent aussi conduire au rire, même en l'absence de stimulus externe. Enfin, le protoxyde d'azote est appelé gaz hilarant car il peut provoquer aussi le rire.

Aujourd'hui, on commence à comprendre ce qui confère au rire cette dimension de partage irrésistible. Il s'agit probablement de phénomènes d'empathie assez fondamentaux, faisant intervenir les systèmes miroirs du cerveau, probablement les neurones miroirs : le psychologue Leonhard Schilbach, de l'Université de Cologne en Allemagne, a ainsi montré qu'une personne qui commence à rire suscite auprès de ceux qui l'observent une activité des neurones impliqués dans la contraction des muscles zygomatiques (impliqués dans le rire), même quand l'observateur ne rit pas lui-même. Il se produirait ainsi une préactivation de l'activité neurologique liée au rire par simple observation. L’être humain serait en quelque sorte « précâblé » pour le rire, et plus particulièrement en situation sociale ou communautaire[2].

Conséquences

Le rire est en général anodin et n'a souvent que peu de conséquences sur la santé bien qu'il permettrait, selon son intensité, d'augmenter fortement le taux de sérotonine et de dopamine de telle sorte qu'il aurait un effet antidépresseur immédiat. Il renforcerait les muscles de la sangle abdominale due aux contractions musculaires rythmés et souvent intenses.[réf. souhaitée].

Cependant, le rire peut dans de très rares cas être mortel. Des cas de mort causée par l'hilarité ont en effet été relatés dès l'antiquité. L'une des mentions les plus anciennes est la mort de Chrysippe de Soles, bien que la véracité de l'épisode soit incertaine. Des cas plus récents ne font quant à eux que peu de doutes. L'expression « mourir de rire » n'est donc pas totalement dénuée de fondement.

Significations

Rire ne s'apprend pas, contrairement aux langues. C'est inné chez l'espèce humaine. L'humain rit 12 fois moins seul qu'en présence d'autres personnes[réf. souhaitée], ce qui tend à prouver que le rire a un rôle social. Le rire est dit « communicatif ». Les chercheurs en psychologie cognitive ont trouvé que les mêmes parties du cerveau étaient activées lorsqu'une histoire drôle est racontée ou lorsqu'un rire est entendu. Un sujet qui entend un rire à la suite d'une blague et qui se mettra à rire attribuera à la blague le fait qu'il ait ri. Cette expérience justifie l'utilisation de rires enregistrés dans les émissions de télévision.

Quand le rire a été déclenché une fois, il aura tendance à être plus facilement déclenché, très peu de temps après. Dans un spectacle comique, les acteurs auront parfois du mal à déclencher les premiers rires chez les spectateurs, mais par la suite, ils les enchaînent facilement. Le rire est en général déclenché lorsqu'un individu accumule une tension (ou une peur) et qu'il s'aperçoit d'un coup qu'il n'y avait en fait aucun danger.

Dans certains pays, comme au Japon, les gens se forcent à rire lorsqu'ils sont soumis à une peur qu'ils savent irrationnelle[3] ou lorsqu'ils viennent d'avoir peur. En occident, le rire est souvent associé à la moquerie ; la moquerie est une forme d'humour qui consiste à signifier qu'une personne veut se donner de grands airs sans en avoir l'envergure. La moquerie se raccroche donc au principe du danger qui se révèle faux. La caricature consiste à pousser un trait de caractère tellement loin qu'il devient irréaliste, et donc faux.

Le rôle du rire serait double : pour celui qui rit, le cerveau relâcherait des hormones destinées à contrer les effets du stress qui s'est révélé faux. Contrairement à une idée reçue, le rire n'exprime pas la joie, mais le rire rend joyeux ; pour ceux qui entendent le rire, celui-ci indique l'absence de danger. Ceux qui entendent le rire peuvent à leur tour déclencher un rire et relâcher ces mêmes hormones au niveau du cerveau. Le rôle du rire pour un animal social comme l'homme est donc très important. Il permet de faire savoir quand et où il n'y a plus de danger pour le groupe pour pouvoir s'amuser et se relaxer.

Quelqu'un qui rit sans raison ou à contre-sens, c'est-à-dire en présence d'un danger réel, sera vu comme un fou. Le stéréotype du savant fou popularisé par le cinéma hollywoodien utilise ce principe pour le rire machiavélique. Se moquer de quelqu'un en riant consiste à communiquer qu'il ne représente aucun danger[réf. nécessaire].

Pour un animal social comme l'homme, il est effectivement très dangereux d'avoir dans son groupe un individu envoyant de faux signaux. Le rire sans raison pourrait provoquer de la méfiance et du rejet[réf. nécessaire].

Types

Le « rire nerveux » est une accumulation de tension qui se relâche pour éviter la panique. Proche de lui, le fou rire est un rire incontrôlé, inapproprié et qui dure bien au-delà du rire classique. Il existe une forme de pathologie, le fou rire prodromique, qui est associé à plusieurs syndromes neuropsychiatriques, décrit pour la première fois par Féré[4]. Ce rire pathologique est rencontré après des lésions de certaines parties du cerveau, en particulier l'hypothalamus, le gyrus cortical antérieur ou le lobe temporal. L'acide valproïque en injection intraveineuse peut aussi provoquer cet état de rire prodromique.

Le « rire jaune » est en fait un rire forcé ou un faux rire, utilisé lorsqu'un individu veut se faire percevoir positivement, alors que celui-ci n'a pas envie de rire. Les « rires en boîte » sont des rires enregistrés utilisés dans le monde du spectacle pour déclencher le rire chez le spectateur.

Selon l'expression populaire, « Femme qui rit, à moitié dans ton lit » : il ne s'agirait pas d'un rire lié à l'humour, mais plutôt lié à la tension sexuelle montante que la femme a besoin de relâcher. Ainsi le rire de la femme, chez deux personnes en phase de séduction, montrerait à l'homme qu'il est sur la bonne voie pour la séduire complètement.[réf. nécessaire]

Sémiologie

En sémiologie, le rire a été interprété non seulement comme un moment de rupture de l'ordre social[5], sinon comme un renforcement de celui-ci en ordre d'appartenance[6]. Exemples de ce phénomène de renforcement de l'ordre social établi à travers le rire sont les films comiques, dans lesquels la nourriture étrangère est toujours immangeable et objet de moquerie (Le père Noël est une ordure, 1982 ; Along Came Polly, 2004), ainsi que, toujours dans les films du même genre comique, les blind dates dans lesquelles les prétendants sont plus fous les uns que les autres, par opposition au héros en tant que « juste milieu », renforcé encore celui-ci dans ce rôle d'« exemple[7] » par le fait qu'il soit toujours accompagné d'amis excessivement excentriques (Coup de foudre à Notting Hill, 1999).

La Philosophie du rire et la Maison du Rire

Angelo Fortunato Formiggini.

Le 28 février 1907, le philosophe italien Angelo Fortunato Formiggini (1878-1938) passe à l'université de Bologne une thèse universitaire en philosophie sur la Filosofia del ridere (Philosophie du rire). Où il affirme que le rire rend fraternellement solidaire les hommes. Et que l'humour est la massima manifestazione del pensiero filosofico (la plus haute manifestation de la pensée philosophique). Par la suite, de 1912 à 1938, en tant qu'éditeur, il publie 105 volumes dans sa collection des Classici del ridere (Classiques du rire)

Il crée la Casa del Ridere (Maison du Rire), bibliothèque et musée du Rire. Léguée à la Bibliothèque Estense de Modène, la collection rassemblée par Angelo Fortunato Formiggini pour la Casa del Ridere comprend notamment 4581 livres rassemblés au cours des années. Des traités italiens et d'autres pays sur le rire, le comique, le grotesque, l'humour, datant du XIXe siècle et du XXe siècle, des éditions originales dont certaines remontent à la fin du XVIe siècle, 195 journaux et périodiques humoristiques, anciens ou modernes, publiés en Italie ou dans d'autres pays. Una specie di biblioteca e di museo di tutto ciò che è attinente al Ridere, senza limiti di tempo e di geografia (Une espèce de bibliothèque et de musée de tout ce qui concerne le Rire, sans limites dans le temps et la géographie) comme l'a définit Formiggini[8].

Chez les autres animaux

Malgré l'observation de Rabelais selon laquelle le rire est le propre de l'Homme, des observations scientifiques récentes montrent que certains animaux (primates, rats[9],[10]) connaissent également le rire. L'observation de Rabelais est peut-être une manière de se moquer de cette perspective, classique en philosophie, d'identifier ce qui distingue l'Homme de l'animal.

Certains psychologues comportementaux objectent que le vrai rire nécessite des prérequis tels que la conscience de soi ou l'aptitude à s'identifier à autrui, et qu'en conséquence les animaux ne rient pas vraiment de la même manière que l'humain. Cette conception du rire se rapporte plus particulièrement à l'humour qu'au rire en général et que, c'est donc l'humour qui est le propre de l'Homme et non le rire en lui-même.

Des études soulignant la similarité du rire chez divers primates (l'homme, le gorille, l'orang-outan…) tendraient à prouver que leur rire provient d'une même origine et qu'il aurait par la suite évolué chez les différentes espèces[11].

Galerie

Notes et références

  1. a et b C. W. Hess, Neurologie du rire, Revue médicale suisse, n° 179, 12 novembre 2008.
  2. « "Le Rire thérapeutique" - L'Essentiel Cerveau & Psycho n°14, mai-juillet 2013 ».
  3. voir le film Tonari no Totoro de Hayao Miyazaki
  4. Féré C. Le fou rire prodromique. Rev Neurol 1903; 11:353-358.
  5. Henri Bergson, Le rire - Essai sur la signification du comique, 1900 ; Mikhail Bakhtin, L'œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, 1965
  6. Norbert-Bertrand Barbe, Deux essais sur le Rire, 2004
  7. Aristote, Poétique.
  8. A. F. Formiggini, La ficozza filosofica del fascismo, Roma, Formiggini Editore, 1924, p. 321.
  9. (en) "Laughing" rats and the evolutionary antecedents of human joy?, Panksepp J, Burgdorf J, Department of Psychology
  10. L'article rire sur ratoupédia
  11. (en) "Tickled apes yield laughter clue", BBC, 4 juin 2009
  12. http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-09-22/ce-que-bill-clinton-n-a-jamais-dit/924/0/379273

Annexes

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Bibliographie

  • Henri Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique (1900), Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2011 (ISBN 9782228907149)
  • Philippe Heuzé et Christiane Veyrard-Cosme (dir.), La Grâce de Thalie ou la beauté du rire (actes de colloque), Presse Sorbonne nouvelle, , 207 p. (ISBN 978-2-87854-425-1)
  • Daniel Ménager, La Renaissance et le rire, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Perspectives littéraires », , 235 p. (ISBN 2-13-046852-7)
  • Georges Minnois, Histoire du rire et de la dérision, Paris, Fayard, , 637 p. (ISBN 2-213-60696-X)
  • Éric Smadja, Le Rire, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je » (no 2766), , 4e éd. (1re éd. 1993), 127 p. (ISBN 978-2-13-059081-1)

Articles connexes

Lien externe