Riothamus

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Riothamus
Image illustrative de l'article Riothamus
Folio du BnF ms. lat. 2782 compilant les lettres de Sidoine Apollinaire ; ici, la lettre III, IX adressée à Riothamus.

Autres noms Ambrosius Aurelianus selon Léon Fleuriot
Titre Roi des Bretons
Allégeance Empire Romain d'Occident
Grade militaire Dux bellorum
Conflits Conquête wisigothique des Gaules
Colonisation de la Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons
Faits d'armes Bataille de Déols
Biographie
Naissance
Britannia (supposément)
Décès
Province d'Aquitaine première (supposément)
Alliés Anthémius
Comte Paul
Syagrius
Childéric Ier
Adversaires Royaume wisigoth

Riothamus (parfois Riothame, Riothime, Riotime) est un roi et chef de guerre du milieu du Ve siècle. En tant que « roi des Bretons »[1] (dont on ne sait vraiment s'il s'agit des Bretons d'Armorique ou de Grande-Bretagne, ou d'un royaume situé sur les deux[2]), il fut appelé en 468-469 par l'empereur Anthémius à former une coalition avec les forces romaines contre les Wisigoths d'Aquitaine qui avaient rompu le foedus.

Étymologie[modifier | modifier le code]

L'étymologie de Riothamus, en langue brittonique *rigo-tamos, est selon Léon Fleuriot « roi suprême »[3].

Dans les sources[modifier | modifier le code]

Chronique de Jordanès[modifier | modifier le code]

On ne connaît rien de sa vie avant l'appel d'Anthémius. Il vint, selon l'historien byzantin Jordanès, par la mer avec 12 000 hommes. À la suite de l'affaire de la lettre d'Arvandus, les Wisigoths du roi Euric avertis vainquirent les Bretons en 469 à la bataille de Déols, près de Châteauroux, avant qu'ils aient pu se joindre aux forces impériales.

« Or, Euric, roi des Visigoths, voyant ces fréquents changements d'empereurs romains, entreprit d'étendre son autorité sur la Gaule entière. Informé de ses desseins, l'empereur Anthémius demanda aussitôt des secours aux Bretons. Leur roi Riothime en amena douze mille, et fut reçu dans la ville de Bourges à sa sortie des vaisseaux qui l'avaient porté sur l'Océan. Euric, roi des Visigoths, à la tête d'une armée innombrable, marcha à leur rencontre ; et, après un long combat, Riothime, roi des Bretons, fut défait avant que les Romains eussent pu se joindre à lui. Après avoir perdu une grande partie de son armée, il s'enfuit avec ceux qu'il put sauver, et se retira chez les Burgundions, nation dont il se trouvait rapproché, et qui, en ce temps, était alliée des Romains »

— Jordanès, Getica (XLV, 237)

Lettres d'Apollinaire[modifier | modifier le code]

Défait, il trouva refuge avec le reste de ses troupes chez les Burgondes, encore fédérés de Rome. Sidoine Apollinaire, nommé évêque de Clermont en 471 et chargé de la défense de la ville avec Ecdicius, obtint son aide et lui adressa une lettre pleine de respect[4] au sujet de la légère indiscipline de ses troupes dans la région.

« Sidonius à son cher Riothamus, salut.

Voici encore une lettre dans le style ordinaire, car je mêle les compliments aux plaintes. Ce n'est pas, certes, que je m'étudie à prendre un ton officieux dans le titre, rude et âpre dans les pages qui le suivent; mais chaque jour il arrive des choses dont un homme de ma naissance ou de mon rang ne saurait parler sans déplaire, qu'il ne peut cacher sans se rendre coupable. Du reste, j'ai égard à vos sentiments d'honneur, qui furent toujours tels que vous rougissez même des fautes d'autrui.

Le porteur de ma lettre, humble, obscur et d'un caractère à se laisser fouler impunément, se plaint que ses esclaves ont disparu, débauchés en secret par les Bretons. J'ignore si sa plainte est fondée; mais, pourvu que vous confrontiez avec impartialité les parties adverses, je pense que ce malheureux établira facilement ce qu'il allègue : toutefois j'appréhende qu'au milieu de gens subtils, armés, turbulents, remplis d'une confiance hautaine à cause de leur force, de leur nombre et de leurs compagnons, un homme isolé, faible, sans crédit, sans usage du monde, étranger et pauvre, ne puisse être entendu avec justice et bonté. Adieu. »

— Sidoine Apollinaire, Epistolae (III, IX)

L'empereur d'Occident d'origine grecque, Procopius Anthémius. À sa demande, Riothamus débarqua en Gaule pour rétablir l'autorité impériale sur la Loire.

Alors qu'Arvernum (Clermont-Ferrand) ensuite assiégée par Euric tombe en 475, Riothamus disparait complètement des sources.

Identifications en historiographie[modifier | modifier le code]

Des chroniques et des vies de saints bretonnes font état d'un « Riatham », roi de la Domnonée, fils de Deroch au début du VIe siècle. Son identification avec Riothamus n'est chronologiquement guère possible, mais n'avancerait pas beaucoup la recherche, étant donné que la Domnonée, royaume de l'Armorique, fondée par Riwal s'étendait peut-être sur une partie de l'île de Bretagne donc il était originaire.

D'après Léon Fleuriot, le nom de Riothamus n'est qu'un terme signifiant "grand roi", et derrière lui se cacherait une autre personne, le britto-romain Ambrosius Aurelianus. D'autres pensent que son histoire, amplifiée et romancée (son expédition, et sa mort en Bourgogne, peut-être à Avallon), ont constitué un des éléments de la figure aux multiples traits du Roi Arthur.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Roi des Bretons et des Francs d'après Fleuriot ; commandant de forces auxiliaires romaines pour C. de La Lande de Calan.
  2. lire aussi l'introduction de l'article Matière de Bretagne à propos d'un royaume légendaire sur chaque cote de la Manche;
  3. Mark Adderley et Alban Gautier, Les origines de la légende arthurienne : six théories, Médiévales, 59, automne 2010, mis en ligne le 20 mars 2013, consulté le 23 octobre 2020
  4. J. F. Grégoire & F. Z. Collombet, Œuvres de C. Sollius Apollinaris, Paris, Poussielgue-Rusand, (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Peter Bartrum, A Welsh classical dictionary : people in history and legend up to about A.D. 1000, Aberystwyth, National Library of Wales, , p. 652 Riothamus (Sidonius) or Riothimus (Jordanes).
  • Léon Fleuriot, Les Origines de la Bretagne : l'émigration, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique » (no 34), (1re éd. 1980), 353 p. (ISBN 2-228-12711-6, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Émilienne Demougeot, La formation de l’Europe et les invasions barbares: II De l'avènement de Dioclétien (284) à l'occupation germanique de l'Empire romain d'Occident (début du VIe siècle), Paris, 1979.
  • (en) J. du Quesnay Adams "Sidonius and Riothamus : a glimpse of the historical Arthur ?" in J. P. Carley (dir.) Arthurian literature XII, Woodbridge, 1993.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]