Rif

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Rif
Carte topographique du Maroc montrant le Rif au nord.
Carte topographique du Maroc montrant le Rif au nord.
Géographie
Altitude 2 450 m, Adrar Tidirhine
Massif Arc de Gibraltar
Longueur 360 km
Largeur 80 km
Administration
Pays Drapeau du Maroc Maroc
Régions Tanger-Tétouan, Taza-Al Hoceïma-Taounate
Géologie
Roches Roches métamorphiques et sédimentaires
Le Rif à côté d'Al Hoceima. Au loin la mer Méditerranée

Le Rif — en amazigh « Arrif / ⴰⵔⵔⵉⴼ » (« rivage, bord ») est la région septentrionale du Maroc, bordée par la mer Méditerranée au nord, l'Algérie à l'est, le Moyen Atlas au sud et l'océan Atlantique à l'ouest. Composé de montagnes et de plaines, il s'étend de la péninsule tingitane (Tanger) jusqu'à la petite région de Kebdana (frontière entre l'Algérie et le Maroc), irriguée par la Moulouya[1]. Ainsi, la grande région du Rif se subdivise en Rif occidental (Jbala), s'étendant de Tanger à Targuist, et Rif oriental (Riyafa) qui s'étend d'Alhoceima à Ghazaouet (Algérie). Dans le cadre de l'organisation territoriale du Maroc, son territoire fait partie de deux régions administratives : Tanger-Tétouan et Taza-Al Hoceïma-Taounate.

Géographie

Situation, topographie

La partie occidentale du Rif correspond aux provinces de Tanger, Tétouan et Taounate. Le Rif occidental, Nord-Ouest du Maroc, est habité par les Jbala. Le Rif oriental correspond quant à lui aux provinces de Alhoceima, Driouch, Nador et Berkane ainsi qu'aux moitiés nord des provinces de Taza et Guercif. Le Rif oriental, Nord-Est du Maroc, est habité par les Rifains (Irifien/Riyafa). Alors que les montagnes sont imposantes au Rif occidental (avec notamment l'Adrar Tidirhine), au Rif oriental la terre est composée de grandes plaines et de montagnes nettement moins imposantes.

Le Rif est une région de 7 millions d'habitants[réf. nécessaire]. Les plus grandes villes rifaines (Rif oriental) sont Nador, Alhoceima, Berkane, Midar, Driouch et Melilla. Les villes du Rif oriental sont très appréciées des touristes, telles que Alhoceima, Melilla, Cala Iris (50 km à l'ouest d'Alhoceima), Ras El Ma (à proximité de la frontière algérienne), Mar chica (plus grand station balnéaire marocaine - en construction), le Cap des trois fourches (10 km au nord de Melilla), Saïdia, ou encore la source de Tala Tazegwaght (située sur la route entre Nador et Taza).

Actuellement, le Rif est réparti en trois régions administratives : Tanger-Tétouan, Taza-Alhoceima-Taounate et L'Oriental. Avec la nouvelle régionalisation (2013), une nouvelle région « Rif Oriental » devrait voir le jour et englober les provinces d'Alhoceima, Driouch, Nador et Berkane.

Géologie

Nées de la collision des plaques continentales d'Afrique et d'Europe, les montagnes rifaines font écho aux sierras andalouses.

L'argile et le schiste dominent, donnant des reliefs progressifs et arrondis. Quelques massifs calcaires abritent de superbes canyons (région de Tahar-Souk notamment).

En 2004, un violent tremblement de terre a dévasté les environs d'Al Hoceima.

Climat et végétation

Vue des montagnes du Rif près de Chefchaouen

Les parties occidentale et centrale, exposées à la fois aux perturbations océaniques et méditerranéennes, sont très arrosées (jusqu'à 150 cm d'eau par an vers Ketama), avec un enneigement prolongé au-dessus de 1 800 mètres d'altitude (le Jbel Tidirine est généralement enneigé de novembre à mars).

Le cèdre, arbre exigeant en eau et en lumière, forme de vastes forêts au-dessus de 1 500 mètres, le sapin s'étend sur une surface de 3 500 hectares au parc national de Talassemtane, à Tissuka et Tassaout près de Chefchaouen(Chaouen). Plus bas, c'est le domaine du chêne vert, et plus à l'est, résistant à la sècheresse, celui du pin.

La culture du cannabis est intensive dans la partie centrale, entre Chefchaouen et Taounate.

Histoire

Le Rif compte plusieurs sites préhistoriques, notamment des habitats récemment étudiés par des missions archéologiques.

Entre le début du VIIIe siècle et le debut du XIe siècle, le royaume de Nekor occupait une partie du Rif, autour de la baie d'Alhoceima.

Dès la chute du royaume de Nekor, le Rif fut sous le contrôle des différentes dynasties qui gouvernèrent le Maroc, et les côtes subissent régulièrement les assauts espagnols et portugais dès le XVe siècle.

Entre 1912 et 1956, le Rif fit partie du protectorat espagnol du nord du Maroc.

La guerre du Rif

Abdelkrim al-Khattabi, originaire du petit village d'Ajdir de la tribu d'Aït Ouriaghel, il fut enseignant et journaliste à Mritch, ville où il travaillait, avec les Espagnols. Il était instruit selon les rites islamiques traditionnels et enseignait aux espagnols la langue Arabe. Il pensait ainsi faire rapprocher les deux peuples culturellement. Mais découvrant les travaux forcés dans les mines rifaines qui alimentaient l'industrie milliataire espagnole, et les travaux forcés dans les champs, Abdelkrim retourne dans son village natal pour soulever les tribus rifaines et entamer la Résistance et la rébellion pour un peuple souverain[2].

En 1921, la tribu berbère des Aït Ouriaghel, sous la conduite du jeune Abd el-Krim, suivie par le reste des tribus du Rif, se soulèvent contre les Espagnols. Le général Manuel Fernández Silvestre dispose alors d'une puissante armée, forte de 60 000 soldats espagnols, pour contrer la guérilla rifaine. En juin, l'armée de Fernández Silvestre fut écrasée lors de la bataille d'Anoual. Face à cette défaite, le général se suicide.

En juillet 1921, Abdelkrim al-Khattabi proclame la République confédérée des Tribus du Rif. Les Rifains espèrent alors rallier les tribus de la zone sous protectorat français.

En 1925, Moulay Moh'and lance une offensive vers le sud contre les forces françaises du général Lyautey, qui sont battues et doivent se replier sur Fès et Taza. Paris envoie alors Philippe Pétain en lui accordant les moyens qui avaient été refusés à Lyautey. Le vainqueur de Verdun, allié au général Primo de Rivera, lance une vaste offensive. Le conflit, extrêmement dur, pousse les hommes d'Abdelkrim à demander à leur chef d'engager des négociations.

Des pourparlers s'engagent à Oujda mais, face à l'intransigeance des Français et des Espagnols, Abdelkrim al-Khattabi est contraint à la reddition et est exilé à la Réunion pendant 20 ans. Autorisé à se rendre en France, il rejoint Marseille d'où il parviendra à s'échapper et à rejoindre Le Caire en Égypte, où il meurt en 1963.

Depuis l'indépendance

En 1958, 30 000 soldats marocains, avec à leur tête le futur Hassan II, alors chef d'état-major des Forces armées, répriment un soulèvement au Rif (près de 3 000 morts)[3]. La région se retrouvera de fait exclue de la vie politique marocaine durant tout le règne de Hassan II. Un second soulèvement se produisit dans la région en 1984[4] et causa, selon les différentes sources, des dizaines de morts et des emprisonnements à de lourdes peines.

En dépit de l'isolement relatif de cette région, l'émigration massive vers des pays européens (Pays-Bas, Belgique, France, et récemment Espagne) a permis une amélioration relative des conditions de vie des populations locales.

Depuis l'accession au trône de Mohammed VI, il n'y a eu que peu d'avancées de la part du Maroc[réf. nécessaire]. Quelques routes ont été ouvertes, mais plusieurs grands sites touristiques comme le Club Med d'Al Hoceima, accueillant des touristes anglais, allemands, espagnols ou français, ont fermé.

Une majeure partie de la population rurale est analphabète. Mais la population des grandes villes du Rif fait partie de la classe moyenne, pour certains aisée, pour tous cultivée. De ce fait, le taux d'analphabétisme dans les villes (pas les zones reculées) du Rif est un des plus faibles du Maroc.[réf. nécessaire]

Économie

L'économie de la région du Rif est basée essentiellement sur[réf. nécessaire] :

  • les revenus des Rifains résidant à l'étranger
  • le trafic de résine de cannabis (Rif occidental) car la région est le premier fournisseur du marché européen ;
  • la contrebande à Nador avec les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta ;
  • la région est la 2e place de dépôts bancaires liquides après la région de Casablanca.

Folklore, musique

La Aarfa (Imadiazane) est à l'origine une danse guerrière des tribus rifaines. Cette danse a donné naissance à la musique reggada qui est très populaire au Rif mais également dans tout le Maroc. Dans la aarfa, les guerriers dansaient en signe de victoire sur l'ennemi, d'où l'usage du fusil ; les frappes de pieds au sol se font au rythme de la musique et symbolisent l'appartenance à la terre. Cette musique est fortement rythmée par le adjoune (bendir), la ghaïta, le gallal, la tamja (gasba) ou le zamr (sorte de flûte à deux cornes). On la danse avec des mouvements d'épaules, un fusil (ou un bâton), en frappant des pieds contre le sol au rythme de la musique. Chaque groupe musical possède son cheikh (Ancien) qui dirige la danse. Parmi les plus célèbres on peut citer Cheikh Mohand (Midar), Cheikh Moussa (Aknoul), Cheikh Amre (Nador), Cheikh Majid (Berkane) ou encore Cheikh Mabrouk (Aknoul).

Références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Notes et mémoires du service géologique du Maroc, no. 278
  2. Germain Ayache, la Guerre du rifon l'appela le héros du rif[réf. incomplète]
  3. Creative State: Forty Years of Migration and Development Policy in Morocco ... By Natasha Nefertiti Iskander,p.44
  4. Au-dessous du volcan, L'Humanité, .

http://www.universalis.fr/encyclopedie/T302661/RIF.htm