Renaud de Beaujeu

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Blason « d'azur au lion d'hermine » des seigneurs de Bâgé.

Renaut de Beaujeu est le nom sous lequel est connu Renaut de Baugé, auteur d'un roman arthurien de 6266 octosyllabes à rimes plates, composé aux alentours de 1200, Le Bel Inconnu.

Biographie

Renaut de Beaujeu, ou plus exactement Renaut de Bâgé ou de Baugé, selon l'orthographe ancienne[1], seigneur de Saint-Trivier, est né en 1165 et mort en 1230[2]. Il est le troisième fils de Renaud (ou Raynald) III, seigneur de Baugé de 1153 à 1180, mort au cours d'une des guerres qui l'opposait aux sires de Beaujeu et au comtes du Mâconnais[1], jaloux de la domination de la puissante seigneurie de Baugé sur la Bresse. Son frère aîné, Ulrich III, seigneur de Baugé de 1180 à 1220, eut d'un premier mariage un fils, Guy, mort au cours de la cinquième croisade et épousa en seconde noce Alexandrine de Vienne, fille de Géraud de Mâcon.

Renaut est connu des médiévistes en tant qu'auteur du roman en vers Le Bel Inconnu, qu'il signe à la fin du nom de « Renals de Baujieu ». Il a aussi écrit des poèmes courtois dont l'un est cité dans Le Roman de la Rose de Jean Renart (v. 1456-1469). Il y est appelé « Renaut de Baujieu, / De Rencien[N 1] le bon chevalier » (v. 1451-1452)[N 2]. Au XIXe siècle Gaston Paris en conclut que cette citation montre au moins qu'il est chevalier et que ce poème était bien connu au début du XIIIe siècle[3].

Le Bel Inconnu

Le Bel Inconnu[4], ou Guinglain fils de messire Gauvain et de la Fée Blanchemal est un poème de la matière de Bretagne appartenant plus particulièrement au cycle arthurien. Guinglain de Tintagel, un héros sans mémoire qui ne connaît ni ses origines, ni son nom, après être devenu à la cour du roi Arthur un noveaus chevaliers en quête d'exploits, après avoir hésité entre l'amour d'une fée (la fée aux Blanches Mains, châtelaine du château merveilleux de l'Ile d'Or) et celui d'une reine (qu'il épousera et dont il recevra la couronne), découvre qu'il est le fils que Gauvain a eu avec une fée, et qu'il est le meilleur chevalier du monde après son père. Ce roman, dont le thème court dans toute l’Europe (Allemagne, Angleterre, Italie) est extrêmement moderne dans sa conception : par sa fin décevante (le héros n’épouse pas celle qu’il aime, mais celle qui le fera roi), une fin "ouverte", non conclusive, qui participe de ce que Roger Dragonetti [5] a appelé "l’esthétique de l’inachevé", et par ses interventions d’auteur, où, en une forme de métalepse, fusion de la temporalié de l’auteur et de celle du personnage, au sens où l’entend Gérard Genette [6] le narrateur, mêle sa propre histoire à celle de son personnage, faisant de la satisfaction de son amour la condition de celle de son héros.

Il n'en existe qu'un manuscrit, conservé dans les collections de la Bibliothèque[7] du Château de Chantilly, sous la cote 472 et la référence f. 134ra-153bis ra[8].

Notes et références

Notes

  1. « Rencien » est interprété de deux façons distinctes, comme voulant dire soit de la région de Reims, soit plus vraisemblablement de Rancy (dans la Bresse, la même région donc que Bâgé).Cf. Guerreau (Alain), "Renaud de Bâgé, Le bel inconnu : structure symbolique et signification sociale", Romania, 103, 1982, p. 28-82, en l'occurrence p. 31-33.
  2. Si l'orthographe de son nom, Baugé ou Baugey l'a fait croire membre de la Maison de Beaujeu, qui, d'ailleurs, n'est pas champenoise, mais bourguignonne, les deux familles, longtemps rivales, se sont liées de son vivant : sa petite nièce, Marguerite, fille de Guy de Baugé, épouse en 1219 Humbert V de Beaujeu.

Références

  1. a et b Histoire des Sires de Bagé
  2. Jean Renart (trad. Jean Dufournet), Le Roman de la Rose ou de Guillaume de Dole, Champion Classiques, , p. 432
  3. William Henry Schofield, Studies on the Libeaus Desconus, 1895, Ginn and Company, Boston, p. 2
  4. « Le Bel Inconnu (bibliographie) », sur Arlima (consulté le )
  5. Roger Dragonetti, Le gai savoir dans la rhétorique courtoise, Flamenca et Joufroi de Poitiers, Paris, Seuil, 1982 pp 28 et 80
  6. Gérard Genette, Figures III, Paris, Seuil, 1972, pp. 243 et suiv.
  7. « Les manuscrits de la Bibliothèque et Archives », sur Bibliothèque-Condé
  8. « Manuscrit 472 de la Bibliothèque du château de Chantilly », sur Artlima

Liens externes

Articles connexes