Reinhard Woltman

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Reinhard Woltman, ou plus rarement Woltmann[1] (né le à Axstedt; † à Hambourg) est un ingénieur de la navigation allemand. Inventeur de différentes techniques de jaugeages, il a donné son nom aux compteurs d'eau modernes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Woltman est fils de l'agriculteur Johann Woltman et de sa femme Adelheit, née Jacobsen à Henriettenhof. Jusqu'en 1779 il fut employé dans son village comme instituteur, puis fut secrétaire et contrôleur-adjoint des garde-côtes du secteur de Ritzebüttel (aujourd'hui un quartier de Cuxhaven), dépendant du service littoral de Hambourg. Grâce à l'intercession de ses chefs de service, von Grumkow et Heinrich Zitting, il obtint en 1780 d'étudier les mathématiques et l'hydraulique à l'Akademisches Gymnasium de Hambourg, où enseignait Johann Georg Büsch, qui l'autorisait à utiliser sa bibliothèque. Là, il obtint une promesse d'embauche de l'Amirauté de Hambourg (de), conditionnée par le fait qu'il resterait 5 ans en poste. Après avoir suivi le cours de Johann Nikolaus Tetens sur la construction des digues à l’université de Kiel, il entreprit en 1784 un voyage d'études à l'université de Göttingen, Francfort-sur-le-Main, Strasbourg et Paris. Il embarqua à Cherbourg, visita Londres et de là repartit au Pays-Bas.

Avant la fin de l'année, il était de retour à Ritzebüttel, et prit la succession de Zitting comme délégué de Grumkow, avec le grade de conducteur de travaux[2]. Reconnu pour ses vastes connaissances, il était pratiquement (mais non encore officiellement) responsable des travaux de berge. Ses essais commençaient à le faire connaître des cercles scientifiques bien au-delà du bassin de Hambourg, et la réputation de ses chantiers lui valut en 1790 l'offre d'intendant des digues d'Oldenbourg, qu'il refusa pourtant après que le service maritime de Hambourg eut accepté d'étendre ses domaines d'intervention. Parmi ses principaux chantiers, on doit citer les épis de Glameyer-Stack, permettant l'engraissement des berges de l'Elbe ; le curage des rigoles d'alimentation du canal maritime de l'Elbe ; une nouvelle écluse maritime pour le port de Cuxhaven et la défense des côtes de l'île de Neuwerk ; mais bientôt on se mit aussi à le consulter pour le dessin des digues de protection des environs de Hambourg.

En 1803, il succéda à von Grumkow comme directeur du service côtier de Ritzebüttel. De 1810 à 1814, il fut commis par l'occupant français aux levés topographiques en vue d'un projet de canalisation de l'Elbe au Weser jusqu'à Hambourg, retardant de plusieurs années ses travaux d'endiguement. Les autorités françaises le choisirent comme maire le 10 mars 1811. Enfin, à la libération en 1814, il prit les fonctions de directeur des berges et canaux de Hambourg, poste qu'il conserva jusqu'à sa retraite[3] en 1836.

Vers 1815, il était conseiller de la ville de Lübeck pour le creusement du canal de Stecknitz. Il rédigea avec Neumeister un rapport d'expertise sur le projet de lac de plaisance artificiel à Cuxhaven. Il participa à la correction hydraulique de l'Elbe par des épis.

Ses livres, et en particulier son Architecture Hydraulique (1791-99) dont le titre reprend celui du prestigieux ouvrage de Belidor, l'ont fait connaître à travers l'Europe du Nord et l'Europe centrale. Élu membre de l'Académie des sciences de Haarlem, et de la Société batave de Philosophie Expérimentale de Rotterdam en 1792, il a été ensuite élu par la Société des sciences de Bohême de Prague, membre correspondant de l'Académie des sciences de Göttingen et de l'Académie royale des sciences de Prusse.

Le moulinet en laiton de Woltman pour le jaugeage des rivières, avec son boîtier recouvert de cuir noir (Musée historique de Hambourg)

Le jaugeage au moulinet, qu’il a décrit dès 1790, a depuis été remplacé avantageusement par un instrument de principe similaire, le micromoulinet. Le compteur d'eau Woltman équipe la plupart des réseaux d'eau domestiques.

Woltman, qui s'intéressait aux applications de l'astronomie à la navigation et avait publié sur le repérage en mer en 1819 un manuel très utilisé, était souscripteur pour la fondation d'un observatoire à Hambourg. Le premier directeur de cet établissement , Johann Georg Repsold de Wremen, avait été en 1788 l'un de ses élèves[4] en mathématique et topographie. Woltman subventionna également l’École de Navigation[5] dont l'un des futurs directeurs, Karl Rümker, rééditera son manuel.

De par ses travaux sur les berges, Woltman s'est naturellement intéressé à la mécanique des sols : il a développé, indépendamment des idées de Coulomb, sa propre théorie de la poussée des terres[6] : l'angle de frottement interne qui intervient dans son mécanisme d'équilibre dépend de l'angle de talus naturel maximum des terres du remblai. Il fit pour cela plusieurs expériences, au terme desquelles il attribua la différence entre la poussée des terres mesurée contre un mur de revêtement et celle prédite par sa théorie, à la rugosité du mur[7]

Il avait épousé en 1797 Johanna Elizabeth Schuback, fille de Jacob Schuback (de) (président de la Stackdeputation de Hambourg). De leurs cinq enfants, Wilhelmine sera la mère de l'urbaniste Reinhard Baumeister (de). En hommage à 50 ans de service, le Sénat de Hambourg lui remit en 1834 un prix de 3 000 Marks[8].

Hommages publics[modifier | modifier le code]

La vedette bathymétrique Reinhard Woltman sur l'Elbe
  • Une rue porte son nom à Hambourg depuis 1843.
  • La Woltmankaje à Cuxhaven a été ainsi baptisée 1927.
  • Plusieurs navires comme le remorqueur à vapeur Woltman (1904) et la vedette bathymétrique Reinhard Woltman[9],[10] (1980) ont porté son nom.
  • Sa patrie Axstedt a une rue WOltman depuis les années 2000.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Theorie und Gebrauch des hydrometrischen Flügels oder eine zuverlässige Methode, die Geschwindigkeit der Winde und strömenden Gewässer zu beobachten. Hamburg 1790. doi:10.3931/e-rara-16684
  • Beyträge zur hydraulischen Architectur. Band 1–4, Johann Christian Dieterich, Göttingen 1791–1799.
  • Beyträge zur Baukunst schiffbarer Kanäle, Heinrich Dieterich, Göttingen 1802, version digitalisée
  • Theory and description of a ventilator for airing vessels, vaults, mines, coal-pits. Perthes, Hambourg 1805
  • Geschichte und Beschreibung der Wasserbauwerke im Amte Ritzebüttel. Nestler, Hamburg 1807
  • Über das öffentliche Bauwesen, und die zweckmässigen Einrichtungen, nach welchen Staats-Bauten und Arbeiten mit Sparsamkeit auszuführen sind. Ed. Bohn, Hambourg 1814
  • Karte und Beschreibung des Fahrwassers der Elbmündung, der dortigen Seesignale und des Lotsenwesens. 1816, éd. revue et augm. 1826, 1831
  • Ueber das baurechtliche Verfahren bey Verbesserungen der Flüsse, Hambourg, Perthes,
  • Bemerkungen über die gegenwärtige Epidemie in den Marschländern an der Nordsee, insonderheit auch im Amte Ritzebüttel. Perthes, Hambourg 1826
  • Kurzgefaßte Geschichte und Beschreibung der Uferbauwerke auf der Insel Neuwerk, als sechster Abschnitt zur Beschreibung der Ritzebüttelschen Wasserbauwerke von 1807, Hambourg, Langhoff, (Staats- und Universitätsbibliothek Hamburg, Digitalisat)
  • Beyträge zur Schiffbarmachung der Flüsse. In Commission der Heroldschen Buchhandlung, Hamburg 1826[11], (éd. de 1835).
  • Einige Bemerkungen und Erörterungen über die Stellung und Standhaftigkeit fester Körper, wenn sie auf dem Wasser schwimmen. In: Abhandlungen der Königlichen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, aus 1827, Berlin 1830, p. 115 et suiv.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Norbert Fischer (de), Hamburgs regulierter Strom. Über Reinhard Woltman und die Macht der Infrastrukturen an der Niederelbe im frühen 19. Jahrhundert. In: Andreas Martin, Norbert Fischer (éd.): Die Elbe. Über den Wandel eines Flusses vom Wiener Kongress (1815) bis zur Gegenwart. Universitätsverlag, Leipzig 2018 (= Schriften zur Sächsischen Geschichte und Volkskunde. Band 58), (ISBN 978-3-96023-205-6), p. 141–156.
  • Norbert Fischer, Reinhard Woltman. In: Jan Lokers, Heike Schlichting (Hrsg.): Lebensläufe zwischen Elbe und Weser. vol. 2 (= Schriftenreihe des Landschaftsverbandes der ehemaligen Herzogtümer Bremen und Verden. vol. 35), Stade 2010, (ISBN 978-3-931879-46-4), p. 347–350.
  • (de) Hermann Joachim (de), « Woltman, Reinhard », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 44, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 192-199
  • Moritz Rühlmann (de), Vorträge über Geschichte der technischen Mechanik. Baumgärtner, Leipzig 1885, p. 280 ff.
  • (de) Hans Schröder, Lexikon der hamburgischen Schriftsteller bis zur Gegenwart., vol. 8, Zylius, Westphalie, , « 4507. Woltmann (Reinhard). », p. 168 et suiv.
  • Friedrich Adolf Becker, Cuxhaven und das Amt Ritzebüttel. Hambourg 1880.

Voir également[modifier | modifier le code]

(de) Reinhard Woltman (Wikisource germanophone) (de) Reinhard Woltman (Wikisource germanophone)

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette cacographie se trouve sur le premier volume de son Architecture Hydraulique  ; les volumes suivants donnent : Woltman.
  2. En 1792, il put s'attacher, à sa requête, le titre de directeur.
  3. Cf. (de) Norbert Fischer et Jan Lokers et Heike Schlichting (dir.), Lebensläufe zwischen Elbe und Weser, vol. 2, Stade, coll. « Landschaftsverband der ehemaligen Herzogtümer Bremen und Verden, n° 35 », (ISBN 978-3-931879-46-4), « Reinhard Woltman », p. 347–350.
  4. D'après la notice publiée en 2003 dans Hamburgische Biografie, l'ingénieur chargé de la rectification du Rhin, Johann Gottfried Tulla, aurait aussi été l'un de ses élèves.
  5. (de) Histoire de l’École de Navigation
  6. Dans ses Beiträgen zur hydraulischen Architektur : voyez à ce sujet (de) Achim Hettler et Karl-Eugen Kurrer, Erddruck, Berlin, Ernst & Sohn, (ISBN 978-3-433-03274-9), p. 19–23
  7. évoqué brièvement dans (en) Reint de Boer, The engineer and the scandal, Springer, , p. 127 et suiv., ou dans sa contribution à l'Hommage au Pr Nendza, Essen (1988).
  8. Norbert Fischer op. cit., p. 349
  9. (de) « Messschiff-Hafenmessfahrten », sur Institut für Hygiene und Umwelt
  10. (de) « REINHARD-WOLTMAN », sur vesselfinder
  11. Recension dans Christian Daniel Beck (éd.), Allgemeines Repertorium der neuesten in– und ausländischen Literatur für 1827, vol. 3, Leipzig, Carl Cnobloch, , p. 280 et suiv.,

Liens externes[modifier | modifier le code]