Redacted

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Redacted

Titre québécois Redacted, revu et corrigé
Réalisation Brian De Palma
Scénario Brian De Palma
Sociétés de production The Film Farm
HDNet Films
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Canada Canada
Genre guerre
Durée 90 minutes
Sortie 2007

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Redacted est un film américano-canadien écrit et réalisé par Brian De Palma et sorti en 2007. Il a été présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2007 où il obtient le Lion d'argent du réalisateur.

Le film, tourné en Jordanie sous la forme d'un faux documentaire, traite de la guerre d'Irak et revient sur des faits réels tels que les enlèvements, les attentats suicides aux barrages ou encore le viol d'une fillette irakienne en par des soldats américains qui tuent ensuite ses parents et sa petite sœur.

En anglais, « to redact » signifie « éditer » ou « rendre propre à la publication ». Éditer une image ou un document consiste à supprimer ou censurer toute information personnelle. Les documents autour de la guerre publiés dans les médias sont souvent victimes de ce procédé.

Synopsis[modifier | modifier le code]

En , un petit groupe de soldats américains en poste à un point de contrôle de Samarra en Irak. La succession de leurs points de vue différents permet de confronter l'expérience de ces jeunes soldats sous pression, avec ceux de journalistes ou collaborateurs des médias, des relations avec la communauté irakienne locale… Tout cela dans le but de faire la lumière sur les conséquences désastreuses du conflit actuel.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

« L'une des raisons pour lesquelles on ne voit pas tant que ça de personnes dans les rues aux États-Unis pour protester contre cette guerre, c'est parce que l'on ne voit pas chez nous les images des pertes civiles et des soldats tués ou blessés, contrairement à ce que l'on voyait pendant la guerre du Viêt Nam. Dans le conflit irakien, on ne voit malheureusement que des images que le Pentagone et George Bush veulent bien nous faire voir, destinées à plus ou moins nous rassurer en nous disant : “Ne vous inquiétez pas, tout va bien, nous sommes en train de progresser”[2]. »

Brian De Palma

Genèse et développement[modifier | modifier le code]

La société HDnet Films contacte Brian De Palma durant le festival international du film de Toronto 2006 et lui propose de réaliser un film budgeté à 5 millions de dollars, tourné exclusivement avec caméras numériques haute définition. Le réalisateur explique : « J'ai répondu que cela m'intéresserait si je pouvais trouver un sujet qui gagnerait à être traité par ce média. J'ai lu un article sur un incident qui a eu lieu pendant la guerre en Irak au cours duquel des soldats de l'armée américaine auraient violé une adolescente de 14 ans, massacré sa famille, lui auraient tiré dans la figure et auraient brûlé son corps. Comment ces jeunes hommes avaient-ils pu en arriver là ? Pour essayer de trouver des réponses, j'ai lu des blogs de soldats, des livres, j'ai regardé des films amateurs tournés par des soldats en vidéo pendant la guerre, j'ai surfé sur leurs sites, regardé leurs contributions sur YouTube. Tout y était et tout était en vidéo »[3],[2].

Tournage[modifier | modifier le code]

Le film a été tourné à Amman en Jordanie en seulement 18 jours. Cela a été rendu possible par l'utilisation exclusive de caméras numériques HD.

Le réalisateur a fait répéter les acteurs longuement pour ce film, jusqu'au point où ils auraient même pu « jouer les scènes à l'envers[3]. » Il estime que la structure même du film exigeait qu'ils aient répété jusqu'à ce qu'ils soient épuisés[3]. De très nombreuses prises sont tournées, notamment dans la scène où ils jouent au poker[3].

Accueil[modifier | modifier le code]

Le film est présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2007, puis au Festival international du film de Toronto, au Festival du nouveau cinéma de Montréal, au New York Film Festival et à l'Independent Film Festival de Buenos Aires. Le film sort d'abord en Espagne, puis connait une sortie limitée aux États-Unis (15 salles) le .

Le film est peu apprécié par la critique aux États-Unis, où on lui reproche de faire de la propagande anti-américaine[4]: le film fera un échec au box-office. Les critiques sont plus enthousiastes en France : le film est encensé par les Cahiers du cinéma, Chronic'art et Les Inrockuptibles[5]. Il est même classé premier dans le "Top ten 2008" des journalistes des Cahiers du cinéma[6].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Commentaire[modifier | modifier le code]

Ce film est considéré par le réalisateur comme le « prolongement » de l'un de ses précédents films, Outrages, un film de guerre sorti en 1989. Il explique cette sorte de répétition : « Les Français ont appris les leçons de leur guerre d'Indochine. Nous autres Américains n'en avons finalement pas été capables avec notre guerre du Viêt Nam. Courageusement, vous n'avez pas marché dans les pas de George Bush. Et pour cela, on s'est livré dans mon pays au French Bashing. Toutes les personnes qui étaient soupçonnées d'être contre la guerre étaient considérées comme anti-patriotiques. On disait alors que ces personnes étaient comme la vieille Europe, usée et fatiguée. Ce sont les termes même de Donald Rumsfeld »[2].

À la suite de son rôle dans ce film, l'actrice irakienne Zahra Zubaidi incarnant Fahra, de son vrai nom Abeer Qasim Hamza, victime de viol et de meurtre par les quatre soldats américains, a été victime de menaces de mort par sa propre famille, ses amis et voisins. Sa participation au film est d'après eux pornographique. L'artiste Taryn Simon a décidé d'en faire une œuvre violente (utilisant l'image du film de Brian De Palma) et très documentée, témoignant des conséquences de ce film sur la vie de Zahra Zubaidi, avec 3 textes remis à jour (2008, 2009, 2011). L'actrice a dû s'enfuir aux États-Unis où elle a demandé l'asile politique, qu'elle a obtenu en 2011, au même moment où le film était montré à la Biennale de Venise.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Release info » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  2. a b et c Secrets de tournage - Allociné
  3. a b c et d Fernando Gonzo, « La Vie de Brian », So Film, no 16,‎ , p. 34-36
  4. « Redacted » [vidéo], sur metacritic.com (consulté le ).
  5. « Redacted : Les critiques presse » [vidéo], sur Allociné (consulté le ).
  6. Les Cahiers du cinéma, n°641, janvier 2009, p.6

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Sylvain Louet, « L’œil sensible aux jeux de surface : la provocation comme appel à juger l’apparence des images dans Hi, Mom! et Redacted de Brian De Palma », Les chantiers de la création [en ligne], no 6,‎ (lire en ligne)
  • Jocelyn Dupont, « Play it again, Brian. De Palma et les c/douleurs du remake », dans Représentations dans le monde anglophone, CEMRA, (lire en ligne), p. 42-54
  • Alain Zind, « Redacted (Brian de Palma, 2007) : le terrorisme en vidéo », CinémAction, no 170 « Révoltes armées et terrorisme à l’écran »,‎

Liens externes[modifier | modifier le code]