Raymond Viviès de La Prade

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Raymond Viviès de La Prade
Raymond Viviès de La Prade

Naissance
Sainte-Colombe-sur-l'Hers (Aude),
Décès (à 49 ans)
Wilna (actuelle Vilnius)
Origine Drapeau de la France France
Arme Infanterie
Grade Général de brigade
Années de service 1793 – 1813
Commandement 43e Régiment d'Infanterie de Ligne, 46e & 57e de Ligne, 16e & 60e de Ligne, 37e & 67e de Ligne
Faits d'armes Austerlitz, Iéna, Eylau, Essling, Wagram
Distinctions Officier de la Légion d'honneur, Chevalier de la Couronne de Fer
Hommages Baron de La Prade et de l'Empire

Guillaume Raymond Amant Viviès, baron de La Prade, (né le à Sainte-Colombe-sur-l'Hers, décédé le à Vilnius, Lituanie) est un général français de la Révolution et de l'Empire.

Biographie

Raymond Viviès fait partie de ces officiers français engagés volontaires dont l'audace et la loyauté seront les atouts indispensables aux succès militaires de Napoléon Ier. "Un oublié de la Grande Armée" : c’est ainsi que Jean Tulard conclut la brève notice qu’il consacre à Raymond Viviès dans son "Dictionnaire Napoléon" (Éditions Fayard, 1978). Sous la plume de cet éminent expert du Premier Empire, c’est un commentaire qui en dit long. Né dans le Quercorb, aux confins de l’Aude et de l’Ariège, fils de Thomas Viviès (1724-1799), négociant-drapier, et de Jeanne Escolier, Raymond est aspiré par le tourbillon de l’histoire en 1793. Il a 30 ans et va passer les 20 prochaines années de sa vie au service des idéaux révolutionnaires et de l’Empire jusqu’au sacrifice suprême et parcourir ainsi toute l’Europe. Parmi les premiers membres de la Légion d’honneur, il est nommé chevalier le 11 décembre 1803 et promu officier de l’Ordre 6 mois plus-tard, son aigle d'or lui est remise lors de la fastueuse cérémonie du Camp de Boulogne le 14 juin 1804. Viviès participera à toutes les campagnes majeures de la période. Six ans après son engagement, il est Chef de Brigade (colonel) et commande un an plus-tard une unité composée de près de 2 000 hommes : le 43e Régiment d'Infanterie de Ligne. Pour le récompenser de sa conduite pendant la campagne d’Italie qui installe Napoléon sur le trône, l’Empereur le fait chevalier de la Couronne de Fer à l’instar des maréchaux Bernadotte, Augereau, Masséna, Berthier

Remise de la Légion d'honneur au camp de Boulogne, 14 juin 1804
Remise de la Légion d'honneur au Camp de Boulogne, 14 juin 1804

À l'armée d'Angleterre à partir de 1801, Viviès sert sous les ordres du général Saint-Hilaire qui écrira à son propos "exerce son autorité avec la dignité et la fermeté du bon chef et de l'homme éclairé". C’est à Austerlitz qu’il gagne ses étoiles, puisqu’il intervient avec son régiment au moment critique de l’assaut du plateau de Pratzen. Son régiment sera même cité dans le Bulletin (no 31) de la Grande Armée relatant la bataille. Ainsi se réalise la prédiction de Soult commentant ses états de service : "Bon colonel, mène bien son régiment, se rend digne d'un nouveau grade".

Napoléon à Austerlitz, par François Gérard
Napoléon à Austerlitz, par François Gérard

Pendant la campagne de Pologne, le général de Brigade Viviès s’illustre à Iéna, et surtout Eylau, où la prise du cimetière par son unité est décisive dans la conclusion de cette sanglante bataille. Pour ce fait d’armes, il est cité par l’Empereur dans le Mémorial de Sainte-Hélène (Tome I, chapitre huitième). Ce qui n’est pas le moindre des hommages.

Napoléon à Eylau, par Gros
Napoléon à Eylau, par Jean-Antoine Gros

En juin 1807, Viviès participe activement à la bataille d’Heilsberg, prélude à Friedland, et il y est blessé.

Pendant sa convalescence, il est fait baron de l’Empire sous le nom de Viviès de La Prade, du nom d’une propriété héritée de son père. En 1809, il repart en campagne car une 5e coalition est organisée contre Napoléon : l’Autriche, avec le soutien de l’Angleterre, a reconstitué une armée et pénétré en Bavière. Sous les ordres du général Molitor, il s'empare de l'île de Lobau sur le Danube le 18 mai. Prologue des combats acharnés que se livreront 40 000 Français et 95 000 Autrichiens autour des villages d'Aspern et d'Essling. Le maréchal Lannes, compagnon d'armes des premiers jours de Viviès y laissera sa vie.

Enfin, c’est la funeste campagne de Russie. Son ultime combat. Affecté au 2e Corps de la Grande Armée sous le commandement du maréchal Oudinot, il ne verra pas brûler Moscou puisque ses troupes sont cantonnées au nord pour verrouiller la route de Saint-Petersbourg. Il fera cependant partie de l’ingénieux dispositif qui permet à Napoléon d’éviter la capture et de s’échapper de la souricière de la Bérézina. Couvrant les arrières des débris de la Grande Armée, il est capturé par les Russes aux abords de Wilna (aujourd’hui Vilnius, Lituanie) et meurt de fièvre et à bout de force en janvier 1813 au milieu du chaos indescriptible qui règne dans la ville. Il y repose au milieu de ses camarades morts de maladie, d’épuisement et de faim. Les restes de certains d’entre eux ont d’ailleurs été exhumés il y a quelques années lors d’un chantier. Sa dépouille n’a jamais été rapatriée en France.

Le passage de la Bérézina, par Hess
Le passage de la Bérézina, par Hess

Seul, sur le caveau familial dans le cimetière de Sainte-Colombe-sur-l'Hers, l’hommage rendu par les siens, alors qu’il n’a pas eu de postérité connue, perpétue son souvenir sous la forme d’une épitaphe invitant à la prière. Georges Rivollet lui consacre une notice dans son ouvrage "L'Arc de Triomphe et les oubliés de la gloire" (Paris, J. Peyronnet et Cie, 1969), qu'il clôt par "Encore un soldat d'Austerlitz oublié". Son nom aurait en effet amplement mérité de figurer sur la pierre de ce sanctuaire des héros de la Grande Armée, au milieu de ceux de ses 660 compagnons d’armes dont il a partagé les campagnes. Il faut croire qu’en 1841 (28 ans après sa mort) au moment où la Commission réunie pour décider des noms supplémentaires à inscrire, le petit nombre de ses proches, loin de Paris, n’a pu faire entendre sa voix.

Son parcours, jalonné par les grandes étapes de l’épopée napoléonienne (l’Italie, Austerlitz, Iéna, Eylau, Essling, Wagram, la Bérézina), fait de lui l’exemple-type de ses officiers généraux sur qui Napoléon a pu appuyer ses traits de génie tactiques et asseoir ses victoires fondées sur l’anticipation et la vitesse d’exécution.

Raymond Viviès incarne l’engagement de ces hommes qui ne peut s’expliquer simplement par leur dévouement à un chef charismatique et leur soif d'aventures, mais aussi et surtout parce qu’ils se sentaient les hérauts de valeurs qui dépassaient leurs ambitions personnelles. "C’est par le réel qu’on vit, c’est par l’idéal qu’on existe", écrira Victor Hugo

Environnement familial

Thomas, le père de Raymond Viviès, né en 1724, mort le 8 août 1799 (21 Thermidor An VII) était négociant-drapier établi à Sainte-Colombe-sur-l'Hers. L'industrie textile est en plein développement dans le Quercorb. Il avait épousé le 23 juin 1756, à Sainte-Colombe-sur-l'Hers, Jeanne Escolier, dont la dot s'élevait à 3200 livres. Ils eurent :

  • Marguerite Viviès, morte le 10 mars 1822 à Sonnac-sur-l'Hers, qui épousa le 28 novembre 1786, Pierre Bezard (né le 4 mars 1754, mort le 6 juillet 1826). Ils eurent 6 enfants : Paul Bezard-Viviès (1787-1814), Thomas Bezard (1789-1789), Henri Bezard (1790-1861), Emmanuel Bezard (1792-1854), Sophie Bezard (1794-?), Jean-Pierre Bezard (1797-1798).
  • Guillaume Raymond Amant Viviès, qui avait épousé la fille de Me Brousse, notaire impérial à Limoux (Aude). Sans postérité connue, Raymond Viviès, s'était pris d'affection pour ses neveux Paul et Henri, qu'il avait encouragés à intégrer l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Tous deux seront officiers d'infanterie. L'aîné Paul, que Raymond avait voulu adopter, sera tué à la bataille d'Orthez avec le grade de capitaine.
  • Emmanuel Viviès


États de service

  • 13/04/1793 est nommé quartier-maître trésorier au 8e Bataillon des Volontaires de l'Aude ;
  • 1793-1795 sert à l'armée des Pyrénées orientales ;
  • 17/09/1793 à Peyretortes ;
  • 01/10/1793 Adjoint à l'adjudant général Garin ;
  • 04/10/1793 participe à la prise de Campredon ;
  • 07/12/1793 est à l'affaire de Villelongue ;
  • 19/12/1793 prend part à l'attaque des hauteurs de Villelongue ;
  • 31/03/1794 combat à Monteilla ;
  • 05/1794 participe au siège de Collioure ;
  • 26/06/1794 est réintégré dans ses fonctions de quartier-maître à la 1re Demi-Brigade Provisoire de l'Aude ;
  • 23/07/1794 est nommé capitaine-adjudant-major ;
  • Fin 1795-1797 est à l'Armée d'Italie ;
  • 19/06/1795 est incorporé dans la 8e Demi-Brigade provisoire de l'Aude qui devient 1re Demi-Brigade de l'Aude, 1er de Ligne ;
  • 11/01/1797 est aide-de-camp du Général Point ;
  • 12/01/1798 sert à l'Armée d'Angleterre à Boulogne ;
  • 10/11/1798 porte l'ordre à la garnison de Mondovi d'opérer sa retraite. Cette place était débordée et il dut traverser les postes ennemis. Il remplit heureusement cette mission et la garnison eut le temps de rejoindre l'armée sans perdre un seul homme. Le Généra en Chef le nomma provisoirement Chef de Brigade par arrêté de ce jour en le maintenant dans ses fonctions d'aide-de-camp ;
  • Fin 1798 Armée de Rome ;
  • 12/1798 sert à la Division Lemoine ;
  • 29/01/1799 Armée de Naples : chef de Bataillon et aide-de-camp du Général Championnet ;
  • 06/02/1799 Aide de camp de Championnet jusqu'à la mort de ce général ;
  • 11/11/1799 est nommé Chef de Brigade par Championnet et maintenu aide-de-camp ;
  • 05/01/1800 Armée d'Italie : est employé à l'État-major général de l'Armée d'Italie ;
  • 26/10/1800 est nommé Chef de Brigade titulaire du 43e de Ligne ;
  • 25/12/1800 se signale au combat de Pozzolo ;
  • 1801-1803 est en garnison à Caen ;
  • 1803-1805 au Camp de Saint-Omer ;
  • 30/08/1805 est à la 1re Division (Saint-Hilaire) du 6e Corps de la Grande Armée ;
  • 09/10/1805 se signale au combat d'Aicha ;
  • 02/12/1805 se distingue à Austerlitz ;
  • 24/12/1805 est promu général de Brigade ;
  • 13/03/1806 Commandant la 2e Brigade de la 2e Division (Vandamme puis Leval) du 4e Corps de la Grande Armée à la place de Schiner ;
  • 1806-1807 Prusse-Pologne ;
  • 14/10/1806 Iéna ;
  • 07/02/1807 Eylau : s'empare du cimetière au combat du Ziegelhof (à la tête du 2e Régiment de Ligne) ;
  • 08/02/1807 à Eylau, à la tête de la 1re Brigade sous les ordres du Général Leval (4e Corps de Soult) ;
  • 24/02/1807 sert à la 2e Division (Carra-Saint-Cyr) du 4e Corps ;
  • 01/04/1807 commande la 1re Brigade de la même Division à la place de Schiner ;
  • 10/06/1807 est blessé au combatd'Heilsberg ;
  • 26/11/1808 commande la 2e Brigade (16e et 60e de Ligne) de la Division Molitor ;
  • 21,22/05/1809 sert à Essling ;
  • 5,6/07/1809 est à Wagram ;
  • 22/12/1810 commande le département des Bouches-de-la-Meuse à Rotterdam ;
  • 25/10/1811 est employé dans les camps des 17e et 31e Divisions militaires réunies à Munster ;
  • 25/12/1811 commande la 1re Brigade de la 8e Division (Verdier) du 2e Corps d'Observation de l'Elbe (qui devint le 2e Corps de la Grande Armée en 1812) ;
  • 12/1812 Campagne de Russie : il sert à la Division Loison, 2e Corps d'Oudinot ;
  • 10/12/1812 est fait prisonnier pendant la retraite à 2 lieux en arrière de Wilna

(Source : Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l'Empire, G. Six, G. Saffroy éditeur, 1934)

Titres, distinctions, honneurs…

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du baron de Laprade et de l'Empire

Coupé; le premier parti d'argent à une foy de sable, et de gueules au signe des barons militaires, le deuxième d'azur chappé d'or et chargé d'un fer de lance d'argent; pour livrées : les couleurs de l'écu.[2].

Sources

  • Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l'Empire, par Georges Six (G. Saffroy éditeur, 1934)
  • Dictionnaire Napoléon, sous la direction de Jean Tulard (Fayard, 1999)
  • L'Arc de Triomphe et les oubliés de la gloire, par Georges Rivollet (J. Peyronnet et Cie, Paris, 1969)
  • Liste des membres de la noblesse impériale dressée d'après les registres de lettres patentes conservées aux archives nationales, par Émile Campardon en 1889
  • Le général Raymond Viviès de La Prade : un oublié de la Grande Armée, par Arnaud Bezard-Falgas (La Cohorte, revue trimestrielle de la Société des Membres de la Légion d'honneur, no 198, novembre 2009)[3]
  • Raymond Viviès de La Prade : héros oublié de la Grande Armée, par Arnaud Bezard-Falgas, http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/static/6700

Notes et références