Raymond Bussières

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Raymond Bussières
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Raymond Bussières en 1943 posant pour le studio Harcourt.
Nom de naissance Marcel Raymond Bussières
Naissance
Ivry-la-Bataille, Eure (France)
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 74 ans)
18e arrondissement de Paris (France)
Profession Acteur, scénariste, producteur
Films notables Les Portes de la nuit
Casque d'Or
Porte des Lilas
Taxi, Roulotte et Corrida

Raymond Bussières est un acteur, scénariste et producteur français, né le à Ivry-la-Bataille (Eure) et mort le dans le 18e arrondissement de Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Marcel Raymond Bussières naît le à Ivry-la-Bataille[1],[2] dans l'Eure. Il est le plus jeune enfant de parents originaires de Corrèze, Pierre Bussières et Marie Chataignier[2], tenant un bar-tabac dans la ville. Son père a été instituteur et s'est présenté à la députation de la Corrèze sous l'étiquette socialiste[3].

Raymond Bussières est élève au collège Rotrou de Dreux de 1920 à 1925[4] où il se lie d'amitié avec le futur peintre Maurice Buffet (1909-2000)[5], il loge chez les parents de son ami Maurice Bernard qui est au collège avec lui[6] et se lie d'amitié avec deux figures drouaises lesquels fréquentent aussi le même collège : Roger Lemonne et Louis Barbot qu'il va continuer à fréquenter pendant plusieurs décennies, notamment lors du tournage de La Carapate à Dreux, en avril 1978[7].

Théâtre[modifier | modifier le code]

À Dreux, Raymond Bussières monte de petites pièces de théâtre au Cercle laïque, notamment une parodie du Cid dans laquelle il incarne Rodrigue[6].

Il souhaite entreprendre des études de médecine mais sa mère n'a pas les moyens de les lui payer[8]. Il travaille dès lors chez un métreur qui l'incite à passer le concours de dessinateur topographe à la ville de Paris ; un examen qu'il réussit[9].

Avec quelques amis, il fonde une troupe de théâtre, politiquement impliqué à gauche : « On y faisait de la propagande révolutionnaire. On avait appelé ça « le groupe Octobre » du nom de la Révolution soviétique. Il y avait une grève quelque part, hop, on débarquait avec notre répertoire politique[6] ». Sur la suggestion de Paul Vaillant-Couturier au sujet de cette démarche théâtrale, il fait la connaissance de Jacques Prévert pour lui demander des textes à jouer. Quelque temps après, devenu son ami, celui-ci lui propose de faire de la figuration dans un film devant sortir en 1933, dont il a écrit le scénario : Ciboulette.

Engagement politique à gauche[modifier | modifier le code]

Le poète et scénariste Jacques Prévert, ami de longue date de Raymond Bussières

Raymond Bussières fait partie des fondateurs du groupe Octobre pour lequel Jacques Prévert écrit de nombreux textes d'agitprop dans les années 1930. Le nom de ce groupe est proposé par Lou Bonin/Tchimoukow, en hommage à la Révolution d'Octobre russe. Membre du Parti communiste français depuis 1926, Raymond se rend en 1933 en URSS avec Jacques Prévert et sa troupe de théâtre[10]. En Espagne, il rencontre en 1936 les communistes des Brigades internationales. À son retour, il démissionne du Parti communiste « car on souffrait déjà du stalinisme »[6] et il est « écœuré à tout jamais » par la façon dont se conduisent les communistes[11]. Il devient par la suite, militant syndicaliste actif du syndicat des comédiens.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Il obtient quelques petits rôles au cinéma tout en restant fonctionnaire à la ville de Paris. En 1936, il manque d'obtenir le rôle de Jacques, l'un des personnages du quatuor du fameux film de Julien Duvivier La Belle Équipe, aux côtés de Jean Gabin, Charles Vanel et Aimos ; il est finalement remplacé par un autre comédien du même âge que lui, Charles Dorat. Bussières, alors très engagé dans les événements du Front populaire de 1936, va toujours regretter de ne pas avoir participé à ce film qu'il adore.

Après des essais, il obtient en 1941 un rôle un peu plus consistant, pour le film Nous les gosses du réalisateur Louis Daquin[12].

Embauché chez Pathé pour une durée de trois ans, il démissionne de la fonction publique[13].

Très tôt surnommé Bubu dans sa carrière[14], l'acteur apparaît dans plusieurs films populaires parmi lesquels on distingue d'Henri-Georges Clouzot, en 1941 L'assassin habite au 21 et en 1947 Quai des Orfèvres, ou encore de Jacques Becker, en 1951 Casque d'Or et en 1952 Les Belles de nuit, et de René Clair en 1956 Porte des lilas. Avec ces rôles marquants, il acquiert une certaine notoriété, notamment en Italie où il s'essaie dans quelques films, sans grand succès toutefois.

Sa gouaille, son accent de titi parisien font de lui parmi les acteurs les plus populaires des années 50 et 60, toujours employé en second rôle fort distingué. À la fin de sa carrière, dans Les Sous-doués, il interprète un vieil homme dont le rêve consiste à obtenir son baccalauréat ou encore dans L'Aile ou la Cuisse, dans lequel il est le chauffeur de Louis de Funès, dont il avait déjà partagé l'affiche dans Taxi, Roulotte et Corrida ; ces rôles lui procurent un certain regain de popularité.

En , quelques mois avant sa mort, il déclare : « On commence à se tasser mais la tête marche. On n'est pas des vieux cons. Je dois tout au hasard... Quand on était môme on était raide, il fallait marner. Moi j'ai grandi au milieu des prolos. Je leur dois beaucoup car c'est au contact de ces parigots qui réinventaient la langue française que j'ai créé mon personnage. C'est du mimétisme[6]. »

Vie privée[modifier | modifier le code]

Raymond Bussières a pour épouse l’actrice Annette Poivre[2], qu'il surnomme « Poivron », rencontrée en 1943 sur la scène du théâtre où ils répétaient Une femme qu'a le cœur trop petit de Fernand Crommelynck[15]. Son épouse joue très souvent dans les mêmes films que lui.

Raymond Bussières est le père adoptif de la comédienne Sophie Sel, née d'un premier mariage d'Annette Poivre avec Jean-Marie Cassel, dont elle a divorcé le .

Ils habitent le 17e arrondissement de Paris, au 27 rue Cardinet[2], dans le quartier de la Plaine-Monceau. Son ami d'enfance Maurice Bernard vit dans un appartement du même immeuble; une proximité amicale qui va durer soixante années[16].

Il est amateur de pêche et pratique la chasse.

Mort[modifier | modifier le code]

Après trois semaines de coma consécutif à une crise cardiaque, Raymond Bussières meurt à l'hôpital Bichat[2], le , dans le 18e arrondissement de Paris[1]. Il est inhumé à Marchenoir dans le Loir-et-Cher.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Acteur[modifier | modifier le code]

Années 1930[modifier | modifier le code]

Années 1940[modifier | modifier le code]

Années 1950[modifier | modifier le code]

Années 1960[modifier | modifier le code]

Années 1970[modifier | modifier le code]

Années 1980[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Producteur[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Raymond Bussières est né à proximité de la Maison Henri IV à Ivry-la-Bataille

L'association Les marches normandes consacre à l'acteur une exposition dans l'ancienne distillerie d'Ivry-la-Bataille pour ensuite faire procéder à la pose d'une plaque commémorative sur la façade de sa maison natale, située non loin de la maison Henri IV, dans cette même commune, le [17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Insee, « Marcel Raymond Bussières dans le fichier des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. a b c d et e Les Gens du cinélma, « Fiche de Marcel Raymond Bussières », sur lesgensducinema.com (consulté le )
  3. « Une plaque pour Raymond Bussières, grand nom du cinéma né à Ivry-la-Bataille », sur paris-normandie.fr, (consulté le )
  4. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « Quand j'ai eu passé mon certificat d'études, ma mère a décidé de m'envoyer au collège le plus près. J'y allais par le train. On changeait à Bueil. C'était en 1920. »
  5. Journal L'Action Républicaine du 20 octobre 1981 : « La IIIe biennale d'Arts 28. « Bubu » était là… il y a soixante ans, il prêtait ses tubes de peinture à Maurice Buffet. »
  6. a b c d et e Journal L'Action républicaine du mardi 22 septembre 1981 : « Raymond Bussières et son « frangin » de Saint-Germain-sur-Avre » - portrait-interview de Raymond Bussières. Cette amitié va durer soixante ans. Les deux amis vivant dans le même immeuble parisien.
  7. L'Écho républicain, 14 avril 1978
  8. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « J'ai pensé, en étant à Ivry, que je voulais être toubib. Bon, il a fallu, comme ma mère n'avait tout de même pas de fortune, pour payer mes études que je gagne ma vie. »
  9. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « Je me suis donc présenté au concours de dessinateur topographe à la préfecture de la Seine. Tu sais, les plans du métro, les passages cloutés, les souterrains, etc. J'ai été brillamment reçu, et je suis allé bosser. J'avais vingt ans, un peu avant d'aller au service militaire. J'étais donc fonctionnaire à la ville de Paris. »
  10. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « Je suis allé en Russie en 1933 avec ma troupe de théâtre. (…) Jacques Prévert était avec nous dans le groupe. »
  11. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « C'est la façon dont j'ai vu les communistes se conduire là-bas qui m'a écœuré à tout jamais, qui m'a fait donner ma démission du parti. »
  12. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « Un beau jour, Louis Daquin, le metteur en scène, a demandé à un de mes amis : « Est-ce que tu connais quelqu'un qui pourrait jouer un rôle comme ça et comme ça ? » Mon pote a répondu : « J'ai un copain qui ne manque pas de personnalité, c'est un marrant, tu devrais lui faire un bout d'essai ; c'est un gars qui peut faire sûrement quelque chose. » C'est ainsi qu'un dimanche matin j'ai tourné un bout d'essai. Deux jours plus tard j'ai reçu un coup de téléphone de Daquin, à l'Hôtel de Ville : « C'est votre essai qui est le meilleur, et c'est vous que j'engage. » J'ai pris mon mois de congé à l'Hôtel de Ville pour faire le film. Mon mois de congé annuel puisque j'étais fonctionnaire, j'y avais droit. »
  13. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « Au bout de dix ou douze jours de tournage, les pontes de la maison Pathé, qui faisait le film, sont venus voir les projections, tout ce qu'on avait fait pendant dix jours, et ils m'ont trouvé tellement génial, tellement merveilleux, tellement extraordinaire qu'ils m'ont proposé un contrat d'exclusivité de trois ans. Ce qui fait que je suis passé de fonctionnaire de la Ville de Paris à fonctionnaire chez Pathé. Mais pas au même prix car, alors que je gagnais 17 francs par mois à l'Hôtel de Ville, on m'a offert 10 000 francs pour faire du cinéma. »
  14. Site encinematheque.fr, fiche sur Raymond Bussière, consulté le 2 novembre 2019
  15. Paris-Presse, L'Intransigeant, 24 août 1969, p. 15
  16. L'Écho républicain, 3 avril 1981 : « Il s'est trouvé que dans l'immeuble que j'habite à Paris un appartement soit à vendre. J'ai téléphoné à Bernard en lui disant : « Il y a un appartement de libre dans l'immeuble. » Il a dit : « Bouge pas, j'arrive. » Il l'a acheté. Ce qui fait que même à Paris on crèche dans la même maison. C'est formidable, c'est même extraordinaire. C'est rare que des copains soient ensemble au bout de soixante berges s'en s'être jamais quittés. »
  17. Site de l'office de tourisme de Dreux, page "Hommage à l'acteur Raymond Bussières", consulté le 2 novembre 2019.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Préface[modifier | modifier le code]

  • Fernande Bussières, Paul Vaillant-Couturier ou Histoire d'une amitié, préfacé par Raymond Bussières. Subervie Ed. 1979

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Barrot et Raymond Chirat, Noir et Blanc - 250 acteurs français du cinéma français 1930-1960, Paris, Flammarion, 2000, p. 112–114

Liens externes[modifier | modifier le code]

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