Liste des vicomtes et ducs de Thouars

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Armes de Ville de Thouars : d'azur semé de fleurs de lys d'or, au franc-quartier de gueules

Liste des vicomtes et ducs de Thouars.

Vicomtes de Thouars[modifier | modifier le code]

Maison de Thouars[modifier | modifier le code]

Armes de Famille de Thouars : d'or semé de fleurs de lys d'azur, au franc-quartier de gueules
Armes de Famille de Thouars : d'or semé de fleurs de lys d'azur, au franc-quartier de gueules
  • Avant 876-903 : Geoffroy Ier. Ses successeurs Savary et Aimery et leur frère Adhémar Ier abbé de Saint-Maixent (vers 903-928), étaient sans doute ses fils ou ses neveux : en fait et jusqu'à Aimery II, les personnages et leurs parentés ne sont pas bien connus ; de plus la succession vicomtale se fait souvent, mais pas forcément, de frère à frère, avec retour ensuite au fils de l'aîné des frères.
  • 903-929 : Savary Ier. Ce fut un fidèle du comte de Poitou Ebles Manzer. Il participa aux assemblées et plaids tenus par le comte de Poitiers. Ainsi en 903, Ebles le récompensa en lui donnant la tutelle de l'abbaye de Saint-Maixent.
  • 929-936 (ou vers 933/934) : Aimery Ier. Frère du précédent, il possédait des biens près de Poitiers, il était avoué de l'abbaye de Saint-Maixent (qui était très riche). Il épousa Aremburge (Aremburgis) et ils eurent deux fils : Savary II et Aimery II.
  • 936-943 : Savary II. Fils supposé du précédent ; il n'eut aucun fils.
  • 943- vers 960 : Aimery II. Fils supposé d'Aimery Ier, il est le frère de Savary II. Il fut un fidèle allié de son suzerain Geoffroy Grisegonnelle comte d'Anjou, celui-ci lui attribua des biens à Chavagné près du monastère de Saint-Maixent, à Faye-l'Abbesse près de Bressuire, et à Missé au sud de Thouars. En 955 il fit don de terres, toujours à Faye-l'Abbesse, au bénéfice de l'abbaye Saint-Jean de Bonneval-lès-Thouars. Aimery II épousa Aliénor (Adénor)[1] en 935, avec qui il eut un fils, Herbert Ier.
  • Vers 960-vers 987 : Herbert Ier (Arbert Ier), fl. notamment de 959 à 976. Il était le fils d'Aimery II. Geoffroy Grisegonnelle, comte d'Anjou, apparaît comme suzerain et protecteur du vicomte Herbert (il en sera de même, d'ailleurs, vis-à-vis de son fils Aimery III). Depuis environ 973, Geoffroy était en possession des points forts de Loudun et Mirebeau et enserrait donc les domaines du vicomte de Thouars. Herbert épousa en 956 Aldéarde (ou Hildegarde), fille de Cadelon/Chalon Ier, vicomte d'Aulnay, et de Sénégonde de Marcillac. En 971, Aldéarde fonda l'église d'Airvault, elle mourut après l'an mil ; elle s'était remariée à Arnaud Manzer d'Angoulême. Herbert et Aldéarde eurent plusieurs enfants : Aimery III, Savary III, Raoul Ier, Thibault et Geoffroy.

Aldéarde est restée célèbre par la mésaventure qui lui arriva vers les années 980. Ayant eu une liaison avec le comte de Poitiers Guillaume Fier à Bras, elle se trouva exposée à la vindicte de la femme de ce dernier, Emma de Blois, sœur du comte de Blois Eudes. Emma se vengea en faisant rudoyer et violer sa rivale lors d'une rencontre. Emma se réfugia alors dans le château de Chinon, où elle attendit que son mari lui pardonnât cette action[2].

  • 987-997 : Aimery III. Il était le fils d'Herbert Ier et d'Aldéarde (ou Hildegarde) d'Au(l)nay. Vassal du comte de Poitiers, il se reconnaissait aussi vassal du comte d'Anjou Foulques III Nerra qui était très présent dans cette partie du Poitou. En 992 le vicomte assiste Foulques contre les Bretons pour la possession du comté de Nantes, en particulier lors de la bataille de Conquereuil. Foulques confie la garde de Nantes à Aimery pendant la minorité du petit comte Judicaël. En 994 pourtant, Aimery s'éloigne durablement de l'alliance angevine et Foulques construit une forteresse à Passavant pour le contrôler. Il épousa Elvise (Eluis) mais ils n'eurent pas d'enfants ; [cependant Aimery eut un fils naturel, Haimon ou Aymon de Dinan, né vers 975, qui fut seigneur de Dinan, dit le Vicomte, comte en Domnonée : ?].
  • 997-1004 : Savary III. Frère du précédent, [il se maria à deux reprises : du premier lit il eut Geoffroy II, du second Hugues, né vers 995 ? Mais l'historien Jacques Duguet dit qu'on ne sait même pas s'il était marié, ni avec certitude si Geoffroy II était bien son fils]. Pour s'être emparé d'un domaine appartenant aux Lusignan, Savary fut toujours en situation de conflit avec son voisin Hugues IV de Lusignan.
  • 1004-1015 : Raoul. Frère du précédent, il lui succéda. Sa femme s’appelait Aremburge (dite aussi Asceline ; Aremburgis, alias Ascelina), il en eut plusieurs enfants, dont Aimery (plus peut-être Thibault), et une fille, Aldegarde. Le duc d'Aquitaine et comte de Poitiers Guillaume le Grand pratiqua une politique d'équilibre (avec beaucoup de duplicité) entre Raoul et le sire de Lusignan afin de les neutraliser. Guillaume fit échouer un mariage entre la fille de Raoul et Hugues de Lusignan en proposant à ce dernier la veuve de Josselin Ier de Parthenay (qui n'avait laissé qu'un fils en bas âge). Mais en fait, le duc s'arrangea pour que ce mariage échouât lui aussi et provoquât la guerre entre le vicomte de Thouars d'une part, et le sire de Lusignan et le duc lui-même d'autre part]. Le vicomte Raoul mourut à la fin de l'année 1014 alors qu'il ravageait les terres d'Hugues de Lusignan.
  • 1015-vers 1045/1055 : Geoffroy II. Neveu du précédent, il était probablement le fils de Savary III (ou d'Aimery III) ; marié à Adénor ( Adenordis, Adenorde, Ainor, Aynor)) . Père d'Aimeri IV, Savari, Raoul de Mauléon[3], Geoffroy (selon l'historien Jacques Duguet, c'est ce Geoffroy qui, vicomte associé, épouse une Ameline et engendre Aimeri V : voir plus bas) et Godenor[4].
  • 1055-1093 : Aimery IV. Fils du précédent, marié à Arégarde (Arengardis, Orengardis) qui est communément dite (sans aucune certitude) fille de Geoffroy de Mauléon et sœur de Raoul de Mauléon sur la base du Testament d'Herbert II fils d'Aimery qui cite « Radulfus de Malo Leone, avuctuns prefati Herbertus… », et beaucoup ont supposé qu'il était oncle maternel d'Herbert. Mais Jacques Duguet[5], spécialiste du Moyen Age dans la région du Bas-Poitou, apporte la preuve que Raoul et Aimery sont frères. « Le premier Raoul figure, toujours avec le surnom de Mauléon, dans l'acte du 7 décembre 1099 et on le retrouve en 1107, avec le même surnom, contrôlant l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm avec le vicomte Geoffroy III, frère d'Arbert II ; il est alors dit oncle du vicomte (36). Il est vrai qu'on a affirmé que ce Raoul de Mauléon était un oncle maternel d'Arbert II. Or en 1091 il a confirmé les concessions du vicomte Aimeri IV à Saint-Florent de Saumur et à Saint-Nicolas de la Chaise (37) et on le voit en 1107 tenir Saint-Michel-en-l'Herm avec Geoffroy III. Il est évident qu'il s'agit d'un Thouars, en l'occurrence le frère puîné d'Aimeri IV. Nous ignorons comment il a obtenu Mauléon mais il ne nous paraît pas douteux que les seigneurs de Mauléon, ses descendants, qui reçoivent des noms de la Maison de Thouars, constituent une branche cadette de cette maison[6]… » Aimery IV épousa en secondes noces Ameline (Amelina). Père d'Arbert/Herbert II et Geoffroy III, et de deux filles : Hildegarde (transmet-elle Soubise à son mari Hugues VI de Lusignan ?) et Adénor (femme de Boson II de Châtellerault).
  • 1093-1104 : Herbert/Arbert II. Fils aîné du précédent, il mourut lors de la première Croisade à Jaffa (Palestine) en 1104 ; avec son frère et successeur Geoffroi III, il accompagnait le duc Guillaume en Terre sainte. C'était le fils aîné d'Aimery IV (et de sa 1re femme ?). Il succéda immédiatement à son père Aimery IV. Le , l'évêque de Poitiers Pierre restaura l'abbaye d'Airvault, avec l'accord de Herbert, vicomte de Thouars, fils du vicomte Aimery défunt. Le , sa famille entoura Herbert lors de la dédicace de l'église Saint-Nicolas de la Chaise, commencée par son père et qu'il acheva ; alors auprès de lui se trouvaient son frère Geoffroy III, dit de Tiffauges, sa sœur Audéarde (ou Hildegarde) qui était l'épouse de Hugues VI de Lusignan, et son oncle Raoul, dit de Mauléon.

À cette époque on pouvait mesurer l'étendue de la vicomté de Thouars par les fiefs qui relevaient d'elle. C'étaient Bressuire, Doué, Passavant, Argenton le Château, Airvault, La Forêt-sur-Sèvre, Montaigu, La Roche-sur-Yon, Tillé, Châteaumur, Pouzauges, Les Essarts, Lezay, Commequiers, et d'autres encore.
Comme beaucoup de ses contemporains, le vicomte Herbert se rendit en Palestine, la première fois en 1098. Il repartit avec son frère Geoffroy en 1102 lors de la croisade conduite par le duc Guillaume IX d'Aquitaine. Sa bannière était d'or semé de fleur de lys d'azur au franc quartier de gueules. Ces armoiries restèrent celles de sa maison, elles furent ensuite celles de la ville de Thouars. Beaucoup de pèlerins moururent pendant le trajet de Constantinople à Jérusalem. Au moment où Herbert voulut repartir en France, il mourut à Jaffa en 1104. Il fut inhumé près de l'église Saint-Nicolas de Jaffa. Il avait épousé vers 1095 Agnès, dont il eut deux fils, Aimery VI et Herbert.

Famille d'Amboise[modifier | modifier le code]

À la mort de Peronnelle de Thouars, sa sœur Isabeau de Thouars, comtesse de Dreux (veuve de Guy de Nesle, seigneur de Mello et maréchal de France) était mariée avec Ingelger Ier d'Amboise et de Berrie. Elle en eut deux filles et deux fils, Pierre et Ingelger II d'Amboise ; l'aîné de ceux-ci, Pierre II d'Amboise, prit la succession de la vicomté.

Maison de France[modifier | modifier le code]

En mai 1470, faute d'héritier direct mâle, le roi Louis XI attribua la vicomté de Thouars à sa fille Anne[8] qui était alors fiancée à Nicolas d'Anjou.

  • 1470-1473 : Anne de France et Nicolas d'Anjou. Anne, fille du roi de France, Louis XI, fiancée à Nicolas d'Anjou. Celui-ci trahit le roi et se rapprocha du duc de Bourgogne; il mourut à 25 ans le [9]. Louis XI récupéra alors la vicomté.
  • 1473-1483 : Louis XI, roi de France. Louis XI finit par engager l'attribution de la vicomté de Thouars à Louis de La Trémoille mais le roi mourut () avant la restitution effective de cette vicomté.

Maison de La Trémoille[modifier | modifier le code]

En Françoise d'Amboise (fille aînée de Louis d'Amboise) se fit religieuse Carmélite et céda tous ses droits à son neveu Louis II de La Trémoille, fils de sa sœur Marguerite. C'est donc de droit que la vicomté de Thouars revint à ce dernier en 1483. Grâce à sa fidélité complète pour Louis XI puis Anne de France, régente, il réussit à restituer cette vicomté.

Ducs de Thouars[modifier | modifier le code]

Louis III participa aux Guerres de religion ; pour le récompenser, le roi Charles IX de France érigea au mois de la vicomté de Thouars en duché (pairie en 1595).

Maison de La Trémoille[modifier | modifier le code]

Carte de la vicomté de Thouars en 1753 par Jean-Frédéric Poisson.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Christian Settipani: La noblesse du Midi carolingien, Etudes sur quelques grandes familles d'Aquitaine et du Languedoc du IXe au XIe siècles, Ed. Linacre College, P&G, Oxford, 2004, pp. 282-283.
  2. Monographie du cartulaire de Bourgueil M. Dupont 1962 page 12
  3. Settipani 2004, p. 283.
  4. Settipani, op.cit., p. 283.
  5. « Jacques Duguet » (consulté le )
  6. Jacques Duguet, « La question de la succession dans la famille de Thouars aux XIe et XIIe siècles », Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres, troisième série, vol. II,‎ 1er semestre 1994, p. 11-20 (lire en ligne)
  7. « Maison de Rouault, p. 3 et 4 », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2021
  8. Bibliothèque nationale, Fr.20494, folio 22 ; vérifié et publié par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome III, p.173-174, note no 1, Société de l'histoire de France et Librairie Renouard, Paris 1887
  9. Joseph Vaesen et Étienne Charavay, le même document

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Philippe Collet, Les vicomtes de Thouars (IXe-1154) : l'irrésistible ascension d'un lignage aux temps des principautés, entre comtes du Poitou et comtes d'Anjou, Mémoire de Maîtrise de l'Université de Poitiers sous la direction de Martin Aurell, 1998.
  • Jean-Philippe Collet, « le combat politique des Plantagenêt en Aquitaine : l'exemple des vicomtes de Thouars (1158-1199) », dans Martin Aurell (dir.), Noblesses de l'espace Plantagenêt (1154-1224), Poitiers, CESCM, 2001, p. 139-164. [lire en ligne]
  • Géraldine Damon, Naissance d'une tétrarchie nobiliaire en Poitou : les vicomtes de Thouars et les seigneurs de Lusignan, Parthenay et Mauléon, Mémoire de DEA de l'université de Poitiers sous la direction de Martin Aurell, 2004, 2 vols.
  • Géraldine Damon, « Stratégies nobiliaires et politiques familiales dans le Poitou médiéval : L'ascension des vicomtes de Thouars, des seigneurs de Lusignan, de Parthenay et de Mauléon (IXe-milieu du XIIIe siècle) », Revue historique du Centre-Ouest, t. 5, 2006, p. 7-29.
  • Géraldine Damon, « Jeux seigneuriaux en Poitou au temps des Plantagenêts. L’exemple des vicomtes de Thouars, des Lusignan, des Parthenay-Larchevêque et des Mauléon », Martin Aurell et Frédéric Boutoulle, (dir.), Les Seigneuries dans l’espace Plantagenêt (c.1150-c. 1250), Bordeaux, Ausonius, 2009, p. 285-307. [lire en ligne]
  • Hugues Imbert, « Notice sur les vicomtes de Thouars de la famille de ce nom », Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. XXIX, 1864, p. 321-431. [lire en ligne]

Articles connexes[modifier | modifier le code]