Réseau routier de la Savoie

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Réseau routier de la Savoie
Carte du réseau routier national (autoroutes et routes nationales) dans le département de la Savoie
Carte du réseau routier national (autoroutes et routes nationales) dans le département de la Savoie
Géographie
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Savoie
Superficie 6 028 km2
Population 442 468 hab. (2021)
Caractéristiques générales
Longueur totale 8 282 km (2017) [1]
Densité de réseau 1.4 km/km2
Densité de réseau 2 19 km/1 000 hab.
Consistance
Autoroutes 163 km (2017)
Routes nationales 71 km (2017)
Routes départementales 3 125 km (2017)
Voies communales 4 923 km (2017)
Accidentalité routière
Nombre d'accidents 273 (2017) [2] ,[a]
dont mortels 34 (2017)
Tués 35 (2017)
13 % (2017/2010)
(France : - 14 %)
Blessés hospitalisés 198 (2017)
Blessés légers 103 (2017)
Carte du département et de ses principaux axes routiers.

Le réseau routier de la Savoie correspond à l'ensemble des routes situées dans le département français de la Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Du fait de l’importante présence de la montagne (près de 90 % du territoire), ce réseau routier est caractérisé par la présence de nombreux ouvrages d'arts tels que des tunnels ou des viaducs, mais aussi par une gestion tenant compte de la géographie et du relief du territoire : déneigement, éboulements, chutes de blocs, avalanchesetc.

Au , la longueur totale du réseau routier du département de la Savoie est de 8 282 kilomètres, se répartissant en 163 kilomètres d'autoroutes, 71 kilomètres de routes nationales, 3 125 kilomètres de routes départementales et 4 923 kilomètres de voies communales.

En outre, plus de 1 000 km de routes sont situées au-dessus de 1 000 mètres, dont 875 km de routes départementales[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

De 1750 à 1784, l’ensemble du réseau routier français est pour la première fois cartographié à grande échelle (au 86400e) et de manière complète par Cassini de Thury, à la demande de Louis XV. Ces cartes sont d’une grande richesse toponymique, mais d’une grande pauvreté quant à la figuration du relief et de l’altimétrie. De même, les chemins secondaires sont rarement représentés, du fait d’une part de leur état médiocre, d’autre part de leur faible importance économique.

La Savoie comptait à cette époque trois grands axes majeurs dont le point de rencontre était Chambéry. Il s'agissait de la route vers Annecy et Genève au nord (porte du Faubourg Reclus), la route vers Lyon à l'ouest (porte du Faubourg Maché) et la route vers Grenoble et l'Italie par les vallées à l'est (porte du Faubourg Montmélian).

Mais à cette époque, la Savoie appartient au royaume de Sardaigne (duché de Savoie) et non au Royaume de France. En 1792, les Français envahissent la Savoie et une Assemblée nationale des Allobroges réunie à Chambéry demande la réunion de la Savoie à la France. La Savoie et ses six provinces deviennent le département du Mont-Blanc le (une partie formera également avec Genève en 1798 le département du Léman).

Il n’y a donc pas de cartes de Cassini du département de la Savoie.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Certaines routes sont carrossables pour les diligences (ici à Lanslebourg en 1857).
Évocation de l'ancienne Route impériale n° 6 encore visible à Chambéry.

L’Atlas national illustré réalisé par Victor Levasseur est un précieux témoignage du XIXe siècle. Les cartes coloriées à la main sont entourées de gravures indiquant statistiques, notes historiques et illustrations caractéristiques des départements. Sur ces cartes sont représentées les routes, voies ferrées et voies d'eau. Par ailleurs, les départements sont divisés en arrondissements, cantons et communes.

Toutefois, en , à la suite du traité de Paris de 1815, Victor-Emmanuel Ier, frère de Charles-Emmanuel IV, rentre de son exil de Cagliari et récupère le Piémont et la Savoie.

Durant cette période, un certain nombre de routes sont carrossables, y compris pour les diligences parcourant le royaume de Sardaigne, notamment entre Chambéry et Turin.

Ce n’est qu’en 1860 que la Savoie est à nouveau annexée définitivement à la France. Il n’y a donc pas non plus de carte de Levasseur pour le département de la Savoie.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Routes à l'entrée de Villarodin vers 1915.

Réforme de 1930[modifier | modifier le code]

Devant l'état très dégradé du réseau routier au lendemain de la Première Guerre mondiale et l'explosion de l'industrie automobile, l'État, constatant l'incapacité des collectivités territoriales à remettre en état le réseau routier pour répondre aux attentes des usagers, décide d'en prendre en charge une partie. L'article 146 de la loi de finances du prévoit ainsi le classement d'une longueur de l'ordre de 40 000 kilomètres de routes départementales dans le domaine public routier national[4].

En ce qui concerne le département de la Savoie, ce classement devient effectif à la suite du décret du [5].

Réforme de 1972[modifier | modifier le code]

En 1972, un mouvement inverse est décidé par l'État. La loi de finances du prévoit le transfert dans la voirie départementale de près de 53 000 kilomètres de routes nationales[6]. Le but poursuivi est[7] :

  • d'obtenir une meilleure responsabilité entre l'État et les collectivités locales en fonction de l'intérêt économique des différents réseaux,
  • de permettre à l'État de concentrer ses efforts sur les principales liaisons d'intérêt national,
  • d'accroître les responsabilités des assemblées départementales dans le sens de la décentralisation souhaitée par le gouvernement,
  • d'assurer une meilleure gestion et une meilleure programmation de l'ensemble des voies.

Le transfert s'est opéré par vagues et par l'intermédiaire de plusieurs décrets publiés au Journal officiel. Après concertation, la très grande majorité des départements a accepté le transfert qui s'est opéré dès 1972. En ce qui concerne le département de la Savoie, le transfert est acté avec un arrêté interministériel publié au journal officiel le [8].

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Réforme de 2005[modifier | modifier le code]

Une nouvelle vague de transferts de routes nationales vers les départements intervient avec la loi du relative aux libertés et responsabilités locales, un des actes législatifs entrant dans le cadre des actes II de la décentralisation où un grand nombre de compétences de l'État ont été transférées aux collectivités locales. Dans le domaine des transports, certaines parties des routes nationales sont transférées aux départements et, pour une infime partie, aux communes (les routes n'assurant des liaisons d'intérêt départemental)[9].

Le décret en Conseil d’État définissant le domaine routier national[10] prévoit ainsi que l’État conserve la propriété de 8 000 kilomètres d’autoroutes concédées et de 11 800 kilomètres de routes nationales et autoroutes non concédées et qu'il cède aux départements un réseau de 18 000 kilomètres[11].

Dans le département de la Savoie, le transfert est décidé par arrêté préfectoral signé le [12]. 325 kilomètres de routes nationales sont déclassées. La longueur du réseau routier national dans le département passe ainsi de 397 kilomètres en 2004 à 72 en 2006 pendant que celle du réseau départemental s'accroît de 2 828 à 3 154 kilomètres.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Consistance du réseau[modifier | modifier le code]

La Savoie compte plus de 1 000 km de routes à plus de 1 000 m d'altitude, comme ici la RD 925 à 1 700 m sous le Cormet de Roselend .

Le réseau routier comprend cinq catégories de voies : les autoroutes et routes nationales appartenant au domaine public routier national et gérées par l'État[13], les routes départementales appartenant au domaine public routier départemental et gérées par les conseils départementaux[14] et les voies communales[15] et chemins ruraux[16] appartenant respectivement aux domaines public et privé des communes et gérées par les municipalités. Le linéaire de routes par catégories peut évoluer avec la création de routes nouvelles ou par transferts de domanialité entre catégories par classement ou déclassement, lorsque les fonctionnalités de la route ne correspondent plus à celle attendues d'une route de la catégorie dans laquelle elle est classée. Ces transferts peuvent aussi résulter d'une démarche globale de transfert de compétences d'une collectivité vers une autre.

Au , la longueur totale du réseau routier du département de la Savoie est de 8 078 kilomètres, se répartissant en 163 kilomètres d'autoroutes, 72 kilomètres de routes nationales, 3 146 kilomètres de routes départementales et 4 697 kilomètres de voies communales. Il occupe ainsi le 73e rang au niveau national sur les 96 départements métropolitains quant à sa longueur et le 85e quant à sa densité avec 1,3 kilomètre par kilomètre carré de territoire[17].

Trois grandes réformes ont contribué à faire évoluer notablement cette répartition : 1930, 1972 et 2005.

L'évolution du réseau routier entre 2002 et 2017 est présentée dans le tableau ci-après.

Évolution du réseau routier entre 2002 et 2017[18].
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Autoroutes 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163 163
Routes nationales 397 397 397 67 72 69 72 72 72 72 72 72 72 71 71 71
Routes départementales 3 118 2 824 2 828 2 825 3 154 3 153 3 146 3 146 3 146 3 146 3 139 3 134 3 126 3 126 3 126 3 125
Voies communales 4 559 4 555 4 574 4 574 4 578 4 624 4 624 4 676 4 697 4 697 4 788 4 835 4 835 4 842 4 912 4 923
TOTAL 8 237 7 939 7 962 7 629 7 967 8 009 8 005 8 057 8 078 8 078 8 162 8 204 8 196 8 202 8 272 8 282

Autoroutes[modifier | modifier le code]

Routes nationales[modifier | modifier le code]

Routes départementales[modifier | modifier le code]

Ouvrages particuliers[modifier | modifier le code]

Quinze ouvrages routiers souterrains de longueur supérieure à 300 mètres sont présents en Savoie : les tunnels du Fréjus (12 895 m), d'Orelle (3 684 m), de l'Épine (3 182 m), du Siaix (1 619 m), de Dullin (1 550 m), du Chat (1 488 m), de Ponserand (1 371 m), d'Hurtière (1 198 m), d'Aiguebelle (926 m), des Monts (872 m), de l'Arvant (499 m), du Chevril (456 m), du Franchet (415 m), des Sorderettes (372 m) et de St Étienne de Cuine (300 m).

Routes de montagne[modifier | modifier le code]

RD 1212 dans les gorges de l'Arly.

Le Département de la Savoie compte plus de 1 000 km de routes sont situées au-dessus de 1 000 mètres, dont 875 km de routes départementales[3].

Ces routes sont généralement plus vulnérables aux aléas naturels tels les éboulements, glissements de terrain, avalanches, crues torrentielles ou encore le gel. Ces évènements peuvent conduire à des coupures de routes sur plusieurs centaines de mètres avec des fermetures lors de travaux pouvant s'étendre sur de plus longues distances de manière à sécuriser l'amont ou l'aval. Ces travaux peuvent être la purge de montagnes, l'installation de filets de protection contre les éboulements, la création de tunnels ou de paravalanches. En 2024, les routes de Savoie sont équipées de 1 720 équipements de protection (filets, merlons), 221 dispositifs de protection contre les avalanches et 48 galeries contre les chutes de rocs ou d'avalanches[19].

Route départementale 213 sous le col de la Madeleine en hiver, fermée et transformée en piste de ski.

En Savoie, la route la plus souvent sujette aux aléas naturels et en particulier aux éboulements est la portion de la Route départementale 1212 dans sa partie traversant les gorges de l'Arly entre Ugine et Megève en Haute-Savoie. En raison du nombre important et conséquent de travaux réalisés régulièrement par le Conseil départemental de la Savoie, cette portion de route est dès lors parfois considérée comme « la plus chère de France »[20]. Ainsi, entre 2019 et 2020, le Département entreprend de nouveaux travaux de sécurisation comprenant d'un tunnel de 240 mètres, d'un pont de 30 mètres et de nouveaux murs de soutènement pour un coût total de 21 millions d'euros[21]. Entre 2006 et 2021, l'entretien de la route a nécessité la mobilisation de 60 millions d'euros de travaux[22].

Enfin, les routes en Savoie font l'objet de plans de viabilité hivernale conséquents. Outre leur déneigement, cela inclut également dans le département la fermeture en hiver de plusieurs cols routiers souvent situés à plus de 1 000 m d'altitude. Certaines routes sont par ailleurs utilisées comme pistes de ski dans les domaines skiables, à l'instar de celle du col de la Madeleine (2 000 m) dans les stations de Saint-François-Longchamp et de Valmorel.

Réalisations ou événements récents[modifier | modifier le code]

Cette section a pour objet de recenser les événements marquants concernant le domaine de la Route dans le département de la Savoie depuis 1990. Seront ainsi citées les déclarations d’utilité publique, les débuts de travaux et les mises en service. Seuls les ouvrages les plus importants soit par leur coût soit par leur impact (déviation de bourgs) seront pris en compte. De même il est souhaitable de ne pas recenser les projets qui n’ont pas encore fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les statistiques d'accidents recensent les accidents s'étant produits sur les réseaux publics (autoroutes, routes nationales, routes départementales et voies communales) mais aussi hors réseau public, sur les parkings publics et sur les autres voies.
  1. Ministère de la transition écologique et solidaire, « Mémento des transports urbains et routiers 2017 », sur statistiques.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).
  2. Ministère de la transition écologique et solidaire, « Les accidents corporels de la circulation 2017 - Recueil de données brutes », sur securite-routiere.gouv.fr (consulté le ).
  3. a et b Conseil général de la Savoie, « La Savoie en chiffres », sur savoieactu.typepad.fr (consulté le ).
  4. Jacques Borredon, Code de la voirie routière et textes annexes : explicitations et commentaires, Editions du Papyrus, , 645 p. (lire en ligne), p. 22-23-87.
  5. Fac-simile du décret signé par le Président de la République Gaston Doumergue, publié au Journal officiel en date du , classant une partie du réseau routier national dans le domaine public routier départemental, sur le site de Wikisara
  6. « Projet de loi relatif aux libertés et aux responsabilités locales - Chapitre 1 - la voirie », sur le site du Sénat (consulté le ).
  7. Rapport sur le transfert du réseau de la voirie nationale secondaire dans la voirie départementale, Conseil général du Loiret, séance du 6 décembre 1972
  8. Fac-simile de l'arrêté interministériel publié au Journal officiel en date du , déclassant une partie du réseau routier national dans le domaine public routier départemental, sur le site de Wikisara
  9. « La décentralisation : acte II », sur vie-publique.fr, (consulté le ).
  10. Décret no 2005-1499 du 5 décembre 2005 relatif à la consistance du réseau routier national
  11. « Rapport d'information sur la mise en application de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales. », sur le site de l'Assemblée nationale, (consulté le ) p. 42
  12. Fac-simile de l'arrêté préfectoral signé le , déclassant une partie du réseau routier national dans le domaine public routier départemental, sur le site du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire
  13. Art. 123-1 du Code de la voirie routière
  14. Art. 131-1 du Code de la voirie routière
  15. Art. 141-1 du Code de la voirie routière
  16. Art. 161-1 du Code de la voirie routière
  17. « Mémento de statistiques des transports, Chapitre 3 : Transports urbains et routiers, 1re partie : 3.3 Réseaux »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur le site Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire / Économie et statistiques. (consulté le ).
  18. « Mémento 2017 de statistiques des transports, Chapitre 3 : Transports urbains et routiers, 1re partie : 3.3 Réseaux », sur le site du Ministère de la transition écologique et solidaire (consulté le ).
  19. Conseil départemental de la Savoie, « Nos routes face à la nature », Savoie Mag, no 70,‎ 1er trimestre 2024, p. 16 (ISSN 1631-4794)
  20. Guillaume Armand, Le Dauphiné libéré, « Savoie : 21 millions d'euros pour sécuriser la route des gorges de l'Arly, la plus chère de France », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  21. Anabelle Gallotti, France Bleu Pays de Savoie, « Présentation publique des futurs travaux colossaux sur la route des Gorges de l’Arly », sur francebleu.fr, .
  22. Christophe Van Veen, France Bleu Pays de Savoie, « Elections départementales : les routes, un enjeu majeur en Savoie », sur francebleu.fr, (consulté le ).