Système lymphatique

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Représentation simplifiée du système lymphatique humain.
Répartition schématique des zones de drainage lymphatique (qui explique certaines caractéristiques de la maladie de Hodgkin).
Représentation schématique de la juxtaposition du réseau lymphatique et du réseau sanguin (artériel en rouge et veineux en bleu) au niveau de l'alvéole pulmonaire.
Représentation schématique d'un capillaire lymphatique.
1. Intérieur (« lumière ») du capillaire.
2. Cellule et noyau.
3. Espace interstitiel.
4. Cellule endothéliale du capillaire lymphatique.
5. Ouverture dans l'endothélium.
6. Filament d'ancrage (« anchoring filament »).
Infection de type cellulite à la suite d'une blessure abrasive de la peau. On remarque la peau rougie sur le bras là où le système lymphatique réagit (inflammation).
L'un des dysfonctionnements du système lymphatique se traduit par l'éléphantiasis (ici, avec deux jambes concernées).

Le système lymphatique associe deux notions :

On avait observé[1] dès le début du XIXe siècle que la morphologie et la capacité de charge des vaisseaux lymphatiques varient cependant considérablement selon les organes (ex. : conjonctives[1], scrotum[1], glandes salivaires[1],[2]).

Situation anatomique des organes lymphatiques[modifier | modifier le code]

Les lymphocytes se développent surtout dans des tissus spécialisés dits organes lymphatiques primaires qui sont la moelle osseuse (le foie lors de la période fœtale) et le thymus. Des milliards de lymphocytes immunocompétents y seront produits, qui iront coloniser les tissus lymphatiques secondaires.

Les ganglions lymphatiques et les MALT sont situés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques, entre le commencement des vaisseaux dans les tissus et l'abouchement de ces vaisseaux dans la veine sous-clavière gauche.

Le réseau lymphatique draine la plupart des organes, dont les poumons et l'intestin : un capillaire lymphatique « en cul de sac », dit « chylifère central » est présent au sein de chaque villosité intestinale de l'intestin grêle. La circulation des cellules de l'intestin grêle est anastomosée au réseau lymphatique qui se draine dans les follicules lymphoïdes (élément important du système immunitaire) du tube digestif.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'étude du système vasculaire sanguin remonte au moins au VIe siècle av. J.-C., alors que celle de la vascularisation lymphatique ne date que de 1622 avec la découverte par Gaspare Aselli du réseau lymphatique dont l'importance semble être longtemps restée méconnue, probablement aussi parce que ce système est beaucoup plus discret que le système sanguin et parce que son fonctionnement est apparemment largement passif. Il joue pourtant un rôle essentiel pour l'immunité, le système hormonal et le retour des liquides extravasés, de certains déchets cellulaires et des protéines (albumine par exemple[3]) dans la circulation systémique. De plus, jusqu'à la presque fin du XXe siècle, on ne disposait pas de marqueurs moléculaires spécifiques de ce réseau[4]. Ceci explique les retards pris par l'étude de la vascularisation lymphatique.

Une hypothèse proposée par Sabin[5] est que le réseau lymphatique est constitué d'un groupe de cellules endothéliales dérivant directement de la veine cardinale[6].
Les vaisseaux lymphatiques se développent à partir de cellules endothéliales spécialisées des vaisseaux sanguins préexistants, mais les signaux moléculaires qui régulent cette différenciation sont inconnus bien qu'une protéine nécessaire ait été identifiée (protéine de signalisation hématopoïétiques SLP-76 ou Syk)[7].
Apparentées à celles des veinules, de nombreuses vésicules cytoplasmiques ont été signalées dans l'endothélium lymphatique initial[8],[9],[10],[11],[12],[13], mais le rôle de ces vésicules dans l'absorption du soluté n'est pas encore clairement élucidé à l'heure actuelle. Toutefois, si les vaisseaux lymphatiques possèdent des caractéristiques similaires à d'autres vaisseaux, certaines caractéristiques comme le glycocalyx leur manquent. Il existe des marqueurs spécifiques des cellules endothéliales du système lymphatique tels que le LYVE-1 (en)[14] ou la podoplanine[15].

Fonctions[modifier | modifier le code]

Les fonctions du système lymphatique sont multiples :

  1. Il draine les excès de liquides se trouvant au niveau des tissus et participe à la détoxication des organes et du corps ;
  2. Il contribue à la circulation de nutriments (mais moins que le sang) ;
  3. Il permet la circulation dans tout le corps et hors des vaisseaux sanguins des globules blancs, dans le processus d'activation de la réponse immunitaire spécifique. C'est un élément essentiel du système immunitaire et des processus cicatriciels ;
  4. Il contribue à la circulation des hormones.

Un manque d'activité musculaire ou une atteinte du système gérant les liquides (lymphangions) peut se traduire par une forme de cellulite et par des œdèmes.

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Tout le corps, à l'exception du système nerveux central (une thèse remise en cause par la découverte en 2015 par une équipe d'une université de Virginie d'un réseau lymphatique dans les méninges[16] — pour autant que l'on considère que les méninges en font partie), des muscles, du cartilage et de la moelle osseuse, dispose de réseaux de vaisseaux lymphatiques parallèles aux veines et accompagnant les artères.

La lymphe, liquide interstitiel circulant dans les vaisseaux lymphatiques, se charge d'une partie des déchets de l'activité cellulaire via les tissus intercellulaires. La lymphe est épurée par le passage dans les ganglions. Elle circule ensuite vers la circulation sanguine qu'elle rejoint par le conduit thoracique au niveau des veines sous-clavières.

C'est le système lymphatique qui est chargé du transport d'une grande partie des graisses provenant de l'alimentation vers la circulation. Ainsi, ces dernières ne passent pas par le foie.

À la différence du réseau sanguin, le système lymphatique ne comporte pas d'organe unique jouant le rôle de pompe (cœur). La circulation résulte de la combinaison des mouvements du corps (respiration notamment), des contractions des muscles, des contractions des fibres lisses des parois des vaisseaux lymphatiques, et le fait que les plus gros vaisseaux possèdent des valvules pour empêcher le reflux. Si les mouvements du corps ou l'activité physique s'intensifient, la lymphe circulera plus rapidement : il circule approximativement 100 mL de lymphe par heure dans le conduit thoracique d'une personne au repos alors que durant un exercice, ce flux peut être 10 à 30 fois plus élevé. Au contraire, l'immobilité prolongée freine le drainage de la lymphe.

Les métastases de certains cancers peuvent rapidement se diffuser dans le corps par la lymphe.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Voir illustrations »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ) in The lymphatic system. An extract from Gray's Anatomy. Henry Gray (1821–1865). Anatomy of the Human Body. 1918.
  2. (en) Aukland K et Reed RK. Interstitial-lymphatic mechanisms in the control of extracellular fluid volume. Physiol Rev (en) 73: 1–78, 1993. PubMed.
  3. (en) Scallan JP et Huxley VH. In vivo determination of collecting lymphatic vessel permeability to albumin: a role for lymphatics in exchange. J Physiol (en) (London), 588: 243–254, 2010.
  4. (en) Cueni LN et Detmar M. The lymphatic system in health and disease. Lymphat Res Biol 6: 109–122, 2008. DOI 10.1089/lrb.2008.1008. (PubMed).
  5. (en) Sabin FR. On the origin of the lymphatic system from the veins, and the development of the lymph hearts and thoracic duct in the pig. Am J Anat 1: 367–389, 1902. DOI 10.1002/aja.1000010310.
  6. (en) Srinivasan RS, Dillard ME, Lagutin OV, Lin FJ, Tsai S, Tsai MJ, Samokhvalov IM et Oliver G. Lineage tracing demonstrates the venous origin of the mammalian lymphatic vasculature. Genes Dev 21: 2422–2432, 2007. DOI 10.1101/gad.1588407. PubMed.
  7. (en) Abtahian F, Guerriero A, Sebzda E, Lu MM, Zhou R, Mocsai A, Myers EE, Huang B, Jackson DG, Ferrari VA, Tybulewicz V, Lowell CA, Lepore JJ, Koretzky GA et Kahn ML. Regulation of blood and lymphatic vascular separation by signaling proteins SLP-76 and Syk. Science 299: 247–251, 2003. DOI 10.1126/science.1079477 (Résumé).
  8. (en) Albertine KH et O’Morchoe CC. Renal lymphatic ultrastructure and translymphatic transport. Microvasc Res 19: 338–351, 1980. DOI 10.1016/0026-2862(80)90053-9. PubMed.
  9. (en) Casley-Smith JR. The fine structure and functioning of tissue channels and lymphatics. Lymphology 13: 177–183, 1980. PubMed.
  10. (en) Leak LV. Electron microscopic observations on lymphatic capillaries and the structural components of the connective tissue-lymph interface. Microvasc Res 2: 361–391, 1970. DOI 10.1016/0026-2862(70)90031-2. PubMed.
  11. (en) Leak LV. Studies on the permeability of lymphatic capillaries. J Cell Biol 50: 300–323, 1971. DOI 10.1083/jcb.50.2.300. PubMed.
  12. (en) Leak LV. The transport of exogenous peroxidase across the blood-tissue-lymph interface. J Ultrastruct Res 39: 24–42, 1972. DOI 10.1016/S0022-5320(72)80004-2. PubMed.
  13. (en) O’Morchoe CC, Jones WR, 3rd, Jarosz HM, O’Morchoe PJ et Fox LM. Temperature dependence of protein transport across lymphatic endothelium in vitro. J Cell Biol 98: 629–640, 1984. DOI 10.1083/jcb.98.2.629. PubMed.
  14. (en) « J.Cell Biol: LYVE-1, a new homologue of the CD44 glycoprotein, is a lymph-specific receptor for hyaluronan 1 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur jcb.ord.
  15. (en) « Am. J. Pathol: Angiosarcomas express mixed endothelial phenotypes of blood and lymphatic capillaries: podoplanin as a specific marker for lymphatic andothelium 2 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur ajp.amjpathol.org date=.
  16. (en) Antoine Louveau, Igor Smirnov, Timothy J. Keyes, Jacob D. Eccles, Jonathan Kipnis et al. « Structural and functional features of central nervous system lymphatic vessels » Nature, 2015; DOI 10.1038/nature14432.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]