Réseau ferré secondaire de l'Allier

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Réseau ferré secondaire de l'Allier
Image illustrative de l’article Réseau ferré secondaire de l'Allier
Autorail tractant un fourgon à bagages en gare de Saint-Priest-en-Murat, sur la ligne Sancoins - Lapeyrouse.

Situation - Allier (Auvergne)
Type Chemin de fer d'intérêt local
Entrée en service 1886
Fin de service 1951
Longueur du réseau 367 km
Écartement des rails voie métrique
Propriétaire Département de l'Allier
Exploitant Sté gle des chemins de fer économiques (SE),
Chemin de fer de Dompierre à Lapalisse
Société des Chemins de fer du Centre
Réseaux connexes réseau du Cher
Train sur le pont de Digoin franchissant la Loire (ligne Varennes-sur-Allier - Digoin).
La gare d'Isserpent, sur la ligne de Lapalisse au Mayet-de-Montagne.
La gare du Mayet-de-Montagne, jonction entre la SE (ligne Lapalisse-Mayet) et les chemins de fer du Centre (ligne Vichy à Lavoine).

Le Réseau de l'Allier, surnommé populairement « Le Tacot », était un réseau de chemin de fer secondaire à voie métrique organisé par le département de l'Allier en complément des lignes des « grands réseaux » d'intérêt général entre 1886 et 1950, et dont la longueur maximale fut de 367 km.

Le réseau est concédé à l'origine à la Société générale des chemins de fer économiques (SE).

Il s'étendait dans tout le département de l'Allier et formait, avec le réseau du Cher, un ensemble appelé Réseau du Centre.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les lignes[modifier | modifier le code]

Gare de Fourilles.

Dès 1865, le Conseil général de l'Allier envisage de créer un réseau de chemin de fer secondaire à voie métrique pour relier le territoire au réseau ferroviaire des compagnies nationales desservant le département : la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (P.L.M.) et la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (P.O.)[1], à une époque où les déplacements étaient limités.

Ce réseau est établi sous deux régimes administratifs différents : un réseau d'intérêt local concédé par le département d'une longueur de 224 km et un réseau d'intérêt général comprenant une ligne d'une longueur de 88 km. Elle assure la jonction avec le réseau secondaire du Cher[2].

Un premier réseau, déclaré d'utilité publique par une loi du et concédé à la Société générale des chemins de fer économiques dirigée par M. Émile Level[3], est mis en service entre 1886 et 1892, comprenant les lignes suivantes :

Ligne d'intérêt général
Sancoins - Couleuvre, 19 km, ouverture le  ;
Couleuvre - Villefranche-d'Allier, 36 km, ouverture le  ;
Villefranche-d'Allier - Lapeyrouse, 33 km, ouverture le .
Lignes d'intérêt local
Moulins - Bourbon-l'Archambault, 26 km, ouverture le  ;
Bourbon-l'Archambault - Buxières-les-Mines, 19 km, ouverture le  ;
Buxières-les-Mines - Cosne-sur-l'Œil, 12 km, ouverture le .
Cette ligne assure l'accès à la station thermale de Bourbon-l'Archambault,non desservie par le grand réseau[4].
Varennes sur Allier - Chantelle, 28 km, ouverture le  ;
Chantelle - Bézenet, 37 km, ouverture le  ;
Bézenet - Marcillat, 38 km, ouverture le  ;
  • Chantelle -Ébreuil (embranchement), 22 km, ouverture le .

Un second réseau, exclusivement classé d'intérêt local[5] est mis en service entre 1906 et 1911. Sa construction est décidée à la suite de l'acquisition par la compagnie SE du chemin de fer de Dompierre à Lapalisse en 1900.

Il comprend les lignes suivantes

Varennes-sur-Allier - Le Donjon, 36 km, ouverture le  ;
Le Donjon - Digoin, 24 km, ouverture le  ;
Ancienne gare de Châtelperron.

Ces lignes étaient en contact avec le chemin de fer de Dompierre à Lapalisse en gare de Trézelles et Lapalisse.

La reprise de lignes d'autres exploitants[modifier | modifier le code]

En 1900, la SE reprend l'exploitation du Chemin de fer de Dompierre à Lapalisse[7], 43 km, initialement exploité par la Société anonyme du chemin de fer d'intérêt local de Dompierre-sur-Besbre à la Palisse [8],

En 1928, la SE reçoit l'affermage de la ligne Vichy Cusset à Lavoigne-Laprune[9], 41 km, de la société des Chemins de fer du Centre[6].

Les fermetures[modifier | modifier le code]

Le réseau de l'Allier subit au début des années 1930 d'importants déficits d'exploitation[10]. Le développement du réseau routier et l'exode rural provoquent une baisse des trafics voyageur et marchandise. Les recettes s'effondrent, passant de 6,7 à seulement 2,5 millions de francs entre 1930 et 1937.

Une commission départementale, composée de quelques conseillers généraux est créée pour trouver une solution à ces déficits récurrents.Les avis divergent: certains sont partisans du maintien du réseau mais en rationalisant son exploitation, d'autres pour la suppression pure et simple de tout le réseau secondaire. Certains revendiquent le maintien de certaines lignes, leur choix est influencé par des considérations politiques locales[10].

Des conseillers généraux se déplacent dans quatre départements ayant intégralement supprimé leur réseau secondaire pour en mesurer l'impact[Note 1].

Il est décidé que l'ensemble du réseau départemental soit abandonné[10]. Cette décision entre en vigueur en 1939.

Deux lignes sont conservées : Moulins - Cosne-sur-Œil (aujourd'hui Cosne-d'Allier) annoncée non déficitaire[11] et la ligne Vichy-Lavoine du fait de la difficulté de la circulation routière en Montagne bourbonnaise, surtout pour assurer un service sûr d'autocars[10].

La ligne Sancoins-Lapeyrouse[Note 2], protégée par son statut de ligne d'intérêt général.

La fermeture des lignes intervient alors dans l'ordre suivant :

  • le , les sections :
Varennes - Chantelle ;
Chantelle - Bézenet ;
Bézenet - Commentry - Marcillat ;
Chantelle - Ébreuil ;
Dompierre - Lapalisse ;
Lapalisse - Le Mayet-de-Montagne ;
Varennes - Le Donjon ;
  • Le , Vichy à Lavoine-Laprugne (service des marchandises);
  • Le , la section Villefranche-d'Allier - Lapeyrouse ;
  • Le , Vichy à Lavoine-Laprugne (service voyageurs)
  • Le , Moulins - Cosne-d'Allier ;
  • Le , les sections :
Sancoins - Couleuvre ;
Couleuvre - Villefranche-d'Allier.

Infrastructures[modifier | modifier le code]

Une gare typique d'un réseau secondaire, celle de Lurcy-Lévis, sur la ligne Saincoins-Lapeyrouse, avec son bâtiment combinant le bâtiment des voyageurs et la halle aux marchandises, la voie unique de la ligne se dédoublant pour permettre le croisement des trains, plus deux voies destinées aux marchandises.

Les lignes étaient à voie métrique.

Gares de jonction[modifier | modifier le code]

Moulins (lignes de Moret - Veneux-les-Sablons à Lyon-Perrache et de Moulins à Mâcon) ;
Varennes-sur-Allier (Ligne de Moret - Veneux-les-Sablons à Lyon-Perrache) ;
Dompierre-Sept-Fons (Ligne de Moulins à Mâcon) ;
Lapalisse - Saint-Prix (Ligne de Moret - Veneux-les-Sablons à Lyon-Perrache) ;
Digoin (Ligne de Moulins à Mâcon) ;
  • avec le PO :
Villefranche d'Allier (Ligne de Montluçon à Moulins) ;
Bézenet (Ligne de Montluçon à Moulins) ;
Commentry (Lignes (Montluçon-Moulins et Commentry-Gannat) ;
Marcillat (Ligne de Montluçon à Gouttières) ;
Saint-Bonnet-de-Rochefort (Ligne de Commentry à Gannat) ;
Le Mayet de Montagne.

Ouvrages d'art[modifier | modifier le code]

Pont de fer franchissant l'Allier à Moulins utilisée par la ligne de Moulins à Cosne ; aujourd'hui passerelle piétonne et cyclable.

Trois ouvrages d'art importants existaient sur le réseau d'intérêt local :

  • le pont de Chazeuil sur l'Allier sur la ligne Varennes-Marcillat ;
  • le pont de Digoin sur la Loire sur la ligne Varennes-Digoin.

Ces deux ouvrages étaient mixtes, pour le rail et la route, la voie encastrée dans la chaussée routière.

Exploitation[modifier | modifier le code]

Tableau horaires des lignes Varennes à Digoin et Lapalisse au Mayet-de-Montagne en mai 1914…
…ainsi que Moulins à Cosne-sur-l'Œil et Sancoins à Lapeyrouse
…et Varennes à Marcillat ainsi que Chantelle à Ebreuil à la même date.

La Société générale des chemins de fer économiques assure l'exploitation du réseau conformément aux conventions de concession des et , annexées aux deux lois déclarant d'utilité publique le réseau[3],[5].

Le matériel roulant[modifier | modifier le code]

Le matériel roulant comprend tous les véhicules du réseau du Centre attribués au réseau de l'Allier.

À son apogée, le réseau de l'Allier utilisera une cinquantaine de locomotives à vapeur à 2 ou 3 essieux moteurs, 123 voitures voyageurs, 39 fourgons, 5 grues roulantes et 1098 wagons à marchandises[12].

Après la Première Guerre mondiale, l'exploitant introduit des autorails afin de gagner en productivité et en attractivité, pour lutter contre la concurrence routière.

Ce matériel est entretenu aux ateliers de Cosne-sur-l'Œil (aujourd'hui Cosne d'Allier) où la SE employait 150 personnes[12].

Vestiges et matériels préservés[modifier | modifier le code]

Le wagon tombereau U 3723 de la SE est préservé par le Musée des tramways à vapeur et des chemins de fer secondaires français (MTVS)[6].

Autres réalisations ferroviaires[modifier | modifier le code]

Une ligne entre Cusset et Lavoine par le Mayet-de-Montagne sur les souhaits du département, après réalisation de la ligne de Lapalisse au Mayet-de-Montagne. Le réseau ferré secondaire va desservir la Montagne bourbonnaise.

Cette ligne est reliée au réseau du département la Loire des chemins de fer du Centre[Note 3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les quatre départements ayant supprimé leur réseau secondaire et visités alors par les conseillers généraux de l'Allier sont le Loiret, la Marne, la Sarthe et la Vienne.
  2. la ligne Sancoins-Lapeyrouse, longue de 88 km bien qu'ayant ses terminus dans le Cher (Sancoins, commune limitrophe du nord de l'Allier) et dans le Puy-de-Dôme, Lapeyrouse, commune des Combrailles, limitrophe du sud de l'Allier, traversait tout le département passant par Couleuvre et Villefranche-d'Allier.
  3. Cette ligne est concédée à la Société des Chemins de fer du Centre (CFC) créée pour l'occasion par Émile Lapeyre, qui avait créé et exploitait le tramway entre Cusset et Vichy, et l'entrepreneur en travaux publics François Mercier.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Marc-André Dubout, page citée en lien externe.
  2. Wirth et Kessler et 2013 p. 10.
  3. a et b « Loi du 20 août 1883, qui déclare d'utilité publique l'établissement d'un réseau de chemins de fer d'intérêt local à voie étroite dans le département de l'Allier, ainsi que la convention du 15 mai 1883 de concession à la SE et le cahier des charges de la concession », Bulletin des lois de la République française, no 810,‎ , p. 857-881 (lire en ligne).
  4. Jacques Poisson, « Le voyage aux eaux : Histoire de la desserte ferroviaire des stations thermales », Revue d'histoire des chemins de fer, no 31,‎ , p. 201-234 (ISSN 0996-9403, lire en ligne).
  5. a et b « Loi du 29 décembre 1903, ayant pour objet de déclarer d'utilité publigue l'établissement, dans le département de l'Allier, des Chemins de fer d'intérêt local, à voie étroite, de Varennes à Trézelles, de Trézelles au Donjon et de Lapalisse au Mayet-de-Montagne, ainsi que la convention du 6 novembre 1903 de concession à la SE », Bulletin des lois de la République française, no 2502,‎ , p. 659-662 (lire en ligne).
  6. a b et c Les Chemins de Fer Secondaires de France (Allier), page mentionnée en lien externe.
  7. Décret du 26 avril 1900, portant substitution à la Société anonyme du chemin de fer d'intérêt local de Dompierre-sur-Besbre à la Palisse de la Société générale des chemins de fer économiques, comme concessionnaire de ladite ligne (Bulletin des lois, 2nd semestre 1900, Bull. 2192, p. 840.
  8. Cette ligne avait été déclarée d'utilité publique par une loi du 29 juillet 1889 à l'initiative de la Société des mines de Bert (Bulletin des lois du 2nd semestre 1889, no 1278, page 605). La Société anonyme du chemin de fer d'intérêt local de Dompierre-sur-Besbre à Lapalisse avait repris les engagements de la Compagnie des mines de Bert, ce qui avait été avalisé par décret du 26 février 1890 (Bulletin des lois du 1er semestre 1890, bulletin 1821 page 780).
  9. Cette partie de la ligne Vichy-Regny est située dans le département de l'Allier.
  10. a b c et d Pierre Laederich, Les Tacots du Bourbonnais, Valignat, éditions de l'Ormet, , 136 p. (ISBN 2-906575-14-3), p. 44 à 45.
  11. En fait, après révision comptable, il s'avèrera qu'elle l'était et de manière importante.
  12. a et b Wirth et Kessler et 2013 p.10.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ministère des travaux publics, Répertoire de la législation des chemins de fer français : Lignes secondaires d'intérêt général, chemins de fer d'intérêt local et tramways, Paris, , 453 p. (lire en ligne), p. 44-46
  • Henri Domengie, Les petits trains de jadis - Sud-Est de la France, Éd. du Cabri, Breil-sur-Roya, 1985 (ISBN 2-903310-34-3)
  • Jacques Rouby, Le Tacot Cusset-Lavoine, Amis de la Montagne Bourbonnaise, Numéro Spécial no 32, 1990.
  • « Les Economiques de l’Allier (Numéro spécial) », Connaissance du Rail, no 305,‎ (ISSN 0222-4844)
  • Thierry Wirth et Patrick Kessler, Gares et Trains, Vichy, Les Trois roses, coll. « Mémoire d'Allier », , 356 p. (ISBN 978-2-919431-06-9), p. 10