Province autonome de Bosnie occidentale

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Province autonome de Bosnie occidentale
(bs) Autonomna pokrajina Zapadna Bosna
(bs) Аутономна Покрајина Западна Босна

19931995

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de la municipalité de Velika Kladuša, dont le territoire correspond approximativement à celui de la Province autonome de Bosnie occidentale
Informations générales
Capitale Velika Kladuša
Langue(s) Bosnien
Religion Islam
Monnaie Mark convertible
Démographie
Population 52 908 (1991)
Superficie
Superficie 176 km²

Entités suivantes :

La province autonome de Bosnie occidentale (bosnien : Autonomna Pokrajina Zapadna Bosna) était une entité autoproclamée de Bosnie-Herzégovine durant la guerre d'indépendance de la Bosnie-Herzégovine et peuplée en majorité de Bosniaques musulmans. Pendant une courte période du au , elle était connue sous le nom de République de Bosnie occidentale (bosnien : Republika Zapadna Bosna).

Histoire[modifier | modifier le code]

Mosquée à Velika Kladuša.

Le [1], les autorités de la municipalité de Velika Kladuša font sécession vis-à-vis de la Bosnie-Herzégovine et proclament la création de la « province autonome de Bosnie occidentale » avec pour capitale Velika Kladuša. Son président était Fikret Abdić « Babo », directeur de l'usine agroalimentaire Agrokomerc et candidat à la présidence de la Bosnie-Herzégovine.

Agrokomerc a fait faillite en 1987 dans l'un des plus grands scandales financiers de l'ex-Yougoslavie , et Abdic a été emprisonné pour fraude. Mais du fait de l'augmentation du niveau de vie lors des bonnes affaires d'Agrokomerc, Abdić gagna les faveurs des habitants de cette région, qui l'appelèrent "Babo" et le suivirent aveuglément[2]. Pour l'ancien homme d'affaires corrompu, l'argent était tout. Voyant une belle occasion de contrebande en ces temps de guerre, il conclut un accord d'échange de marchandises avec la Serbie et la Croatie, qui le soutient dans ses aspirations séparatistes[3].

La Serbie et la Croatie ont noté avec satisfaction que ce conflit inter-bosniaque affaiblit l'État bosnien et contribue à la réalisation des plans de partition de la Bosnie, déjà convenus à Karđorđevo et Graz[4]. Ils aident Abdić à créer et armer son armée. Dans le même temps, ils profitent en se procurant de l'essence et des armes passées en contrebande par Abdic, et qui sont interdites par l'embargo établi. Comme Abdić s'est vu accorder une zone de libre-échange dans le port croate de Rijeka et le libre-échange avec les territoires sous contrôle serbe, le commerce entre la Croatie et la Serbie s'est poursuivi sans problème pendant la guerre[5].

Sous la pression des États-Unis, les Croates de Bosnie et les Bosniaques ont signé l’Accord de Washington (1994), de sorte que Fikret Abdić ne peut plus compter sur l'aide financière ou militaire d'un de ses protecteurs (Croatie).

L'armée de la république de Bosnie-Herzégovine commence alors à affronter les autorités et l'armée dissidentes (5 000 hommes environ[6]) et gagne du terrain. Le , le territoire est reconquis par les autorités de Bosnie-Herzégovine.

Cependant, plus tard cette année-là, avec une aide significative de la Serbie dans le cadre de l'"opération Araignée" ("operacija Pauk")[7], la province autonome de Bosnie occidentale a été rétablie. L'"opération Araignée " a été lancée en tant qu'opération militaire conjointe des forces serbes de la république serbe de Krajina et de la république serbe de Bosnie autoproclamées, et des soldats renégats de Fikret Abdić, dirigés par des unités spéciales ("Bérets rouges" et "Arkan") du Service de sécurité Serbie. Milošević a donné des armes à Abdić et des formations paramilitaires[8]. En retour, Fikret Abdić était censé fournir du carburant qu'il tirait du commerce avec la Croatie et des fonds qu'Abdić avait acquis grâce à la contrebande avec le district de Bihać.

Le , la province autonome de Bosnie occidentale est restaurée après l'expulsion des troupes de l'armée régulière bosnienne à l'Ouest de Bihać, le long de la frontière avec la république serbe de Krajina. Jusqu'à sa disparition, son territoire se limitera à une étroite bande.

Le , la province autonome s’autoproclame « République de Bosnie occidentale »[9], et a duré jusqu'au .

Début , elle sert de dernière ligne de défense pour les Serbes de la république serbe de Krajina en Croatie dont la capitale tombe aux mains des Croates le 5 août. L'armée croate avec l'aide de l'armée bosniaque dissout la république de Bosnie occidentale le [10] qui sera incorporée jusqu'à aujourd'hui au canton d'Una-Sana de la fédération de Bosnie-et-Herzégovine.

Fikret Abdić a été accusé de la mort de 121 civils et de trois prisonniers de guerre[3]. Arrêté en Croatie, il a été condamné à 20 ans de prison pour crimes de guerre. La Cour suprême croate a réduit la peine à 15 ans, et il a été libéré de prison le , après avoir purgé dix de ses 15 ans de peine[11].

Géographie[modifier | modifier le code]

La république de Bosnie occidentale était située à l'extrême Nord-Ouest de la Bosnie-Herzégovine, dans les Alpes dinariques et son territoire correspondait à peu près à la municipalité de Velika Kladuša.

Elle était peuplée en majorité par des Bosniaques musulmans. Ses frontières n'ont cessé de varier au gré des avancées et des retraites des troupes serbes, croates et bosniaques.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Sciences politiques - Chronologie de la guerre en Bosnie-Herzégovine
  2. (en) Anthony Loyd, My War Gone By, I Miss It So, Penguin, (ISBN 978-2-738-49525-9, lire en ligne), p. 214-215
  3. a et b (en) Paul Bartrop, A Biographical Encyclopedia of Contemporary Genocide: Portraits of Evil and Good, ABC-CLIO, (ISBN 978-0313386787, lire en ligne), p. 1-2
  4. (en) Emir Habul, « A Man who Divided the People of Krajina »
  5. (en) Tim Judah, The Serbs: History, Myth and the Destruction of Yugoslavia, Yale University Press, (ISBN 978-0300085075, lire en ligne), p. 244-247
  6. L'Humanité - Article de novembre 1994
  7. (en) Milica Stojanovic, « Covert Operations: Unravelling Serbian Officials’ Links to Paramilitaries »
  8. (en) Filip Svarm, « In the Spider’s Web »
  9. Site de vexillologie
  10. Encyclopédie sur les chefs d'État
  11. « Bosnian ex-warlord Abdic released after 10 yrs », http://www.khaleejtimes.com

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]