Quatre êtres nobles

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Les quatre êtres nobles (sanskrit : caturāryapudgala, en pâli catur-ariya-puggala, en chinois : 沙门四果 / 沙門四果, shāmén sìguǒ, les quatre fruits des śrāvakas) est un terme bouddhique du courant theravāda désignant les quatre catégories des pratiquants ayant atteint des niveaux élevés dans la pratique du bouddhisme en se libérant de leurs entraves (en pâli IAST): Sotāpanna, Sakādāgamī, Anāgāmī et Arahant[1]. Dans le jaïnisme, le mot arhat est utilisé dans le même sens[2].

Pour bouddhistes du courant mahāyāna ces quatre catégories sont moins importantes puisqu'ils ne cherchent pas à entrer au nirvāṇa mais à pratiquer la voie du bodhisattva pour aider les autres à se libérer. Ils ont pour leur part cinquante-deux étapes à parcourir pour atteindre l'éveil correct et parfait (sk: samyaksambodhi) c-à-d devenir bouddha.

Dans le courant du Chan (Zen) du mahāyāna, le subitisme, c'est-à-dire l'idée d'un éveil obtenu de manière subite, est très présent. Cela brouille évidemment la piste d'un ensemble d'étapes graduelles, mais on convient en général que l'acte subitiste pour cette vie est le résultat de la pratique d'innombrables vies antérieures et qu'en fin de compte les moyens graduels sont toujours d'actualité.

Les quatre êtres nobles

On parle d'êtres nobles (ārya-pudgala) par opposition aux « êtres ordinaires » (sanskrit: pṛthagjana, pali : puthujjana) qui sont pris dans le samsara parce qu'ils ne connaissent pas les trois caractéristiques de l'existence (impersonnalité : Anātman; impermanence : Anitya ; insatisfaction : Duḥkha).

Les êtres nobles sont assurés d'atteindre l'Éveil final.

Sotapanna

Le sotāpanna (pāli), srotāpanna en sanskrit, 入流, rùliú en chinois pour la traduction littérale, signifiant l'entrée dans le courant, désigne la première catégorie des êtres nobles parmi les auditeurs (śrāvakas) du bouddha, il ne connaîtra que sept vies au plus (en comptant la vie actuelle) et ne renaîtra plus jamais dans les plans d'existence inférieurs.

Il est considéré comme ayant réalisé les quatre nobles vérités. Il a éliminé la vision du moi, le doute ainsi que l'attachement aux rituels et croyances - soit les trois premières des Dix Entraves.

Selon le Visuddhimagga, il existe un statut moins avancé « cula sotapanna » (sotapanna junior), qui correspond aux méditants vipassana ayant obtenu les deux connaissances suivantes :

  • nâma-rûpa pariccheda ñâna : la séparation entre les choses matérielles et la conscience qu'on en a (c'est-à-dire entre nâma, l'esprit, et rûpa, la matière) ; par la pureté de sa vue (ditthi visuddhi), le méditant voit qu'il existe seulement des phénomènes physiques et des phénomènes mentaux, ceci excluant tout « soi » (ātman);
  • paccaya pariggaha ñâna : la connaissance percevant le processus de cause et effet entre les états mentaux et les états physiques (qui se conditionnent entre eux).

Ces « sotapanna juniors » sont assurés de ne pas renaître dans les mondes inférieurs, mais ils n'ont pas encore franchi le premier stade d’Éveil.

Sakadagamin

Sakadagamin (pāli) , se dit d'une personne noble qui ne renaîtra qu'au plus une fois (dans le monde humain), 一来, yìlái en chinois pour la traduction littérale, désigne la deuxième catégorie des êtres nobles. Il a éliminé les trois premières des Dix Entraves et considérablement affaibli les deux suivantes.

Anagamin

L' Anāgāmī (pāli) , celui qui ne revient plus dans le monde humain, bùhuán 不还 en chinois pour la traduction littérale, désigne la troisième catégorie des êtres nobles. Il a complètement éliminé les cinq premières des Dix Entraves. Cependant, il ne peut être considéré comme un arhat car il souffre encore de l'ignorance. Il atteindra l'éveil dans le Rūpaloka.

Arahant

Dans le bouddhisme theravâda, arahant (terme pâli; en sanskrit : arhat, chinois : 阿罗汉 / 阿羅漢, ēluóhàn ou 阿罗汉 / 羅漢, luóhàn, japonais rakan (羅漢?)) désigne le dernier échelon de la sagesse. Celui qui y est parvenu est un arhat. En sanskrit, le terme est le participe présent du verbe arh-, «  mériter  ». C'est donc proprement un «  méritant  », sa traduction littérale en chinois est 应供, yìnggòng. Une étymologie populaire veut en faire un mot composé de ari-, «  ennemi  » et de la racine han-, «  tuer  ». Ce serait alors « (celui qui a) vaincu l'ennemi », c'est-à-dire ici la cupidité, la colère et les illusions, l'ignorance. Cette étymologie a posteriori s'explique par une confusion possible avec un autre terme sanskrit, arihan-, qui est bien composé de ari- et han-.

Dans les anciens textes indiens et dans le bouddhisme theravâda, l'état d'arhat est le but de la pratique bouddhique : l'atteinte du nirvāṇa, ce qui signifie l'élimination des afflictions et des Dix Entraves, la fin des renaissances dans le monde de la souffrance saṃsāra et l'accession à l'état « où il ne reste rien à apprendre ».

C'est la quatrième et dernière étape du śrāvaka, le disciple du bouddhisme theravâda. Selon certaines interprétations, il existe une différence entre un arhat et un bouddha en ce que l'arhat a atteint l'Éveil suite à un enseignement, alors qu'un bouddha l'a atteint par lui-même.

Dans les textes du bouddhisme mahâyâna, l'idéal de l'arhat est délaissé au profit de celui du bodhisattva considéré comme plus altruiste et plus accessible pour les laïcs. Il est en quelque sorte un état intermédiaire, étape sur la voie du parfait éveil. L'arhat hīnayāniste trouve son équivalent au niveau d'avancement dans le Bodhisattva chez la tradition Mahāyāniste.

Le terme arhat est aussi une des dix épithètes du Bouddha et par conséquent dans certains textes, il sert à désigner le Bouddha lui-même.

Références

  1. The Princeton dictionary of buddhism par Robart E. Buswell Jr et Donald S; Lopez Jr aux éditions Princeton University Press, ISBN 0691157863, pages 65 et 66
  2. Encyclopedia of Hinduism par C.A. Jones et J.D. Ryan publié par Checkmark Books, page 43, ISBN 0816073368

Source

Voir aussi

Articles connexes