Quart (marine)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sur un bateau ou dans l'armée, un quart (Watch en anglais), est la fraction de temps pendant laquelle une équipe est de service ou de faction aux commandes, aux manœuvres, à la veille et la sécurité d'un navire[1] ou à son entretien.

Division du temps[modifier | modifier le code]

Sur un bateau en route en permanence, la nécessité d'assurer une veille constante pour éviter les abordages et surveiller la météo a toujours imposé à l'équipage de se répartir les tâches.

Une journée est souvent découpée en 6 quarts (périodes de quatre heures) par tranche de 24 h :

  • 0-4 h du matin
  • 4-8h du matin
  • 8h-midi
  • 12-16h
  • 16-20h
  • 20h-Minuit

Ces quarts ont ensuite désigné pour chaque personne sa partie de travail (je vais prendre mon quart). Au temps de la marine à voile, les équipages étaient répartis en deux quarts, celui de bâbord (les bâbordais) et celui de tribord (les tribordais) afin de les différencier aisément, sous la direction d'un chef de bordée ou chef de quart.

Les durées et nombres de "quarts" dans la marine moderne sont très variables en fonction de la taille de l'équipage et du type de navire. Lorsqu'un quart est de repos on parle de "quart en bas"[1].

Dans la Marine nationale (France)[modifier | modifier le code]

Le quart de 12-16h est divisé en deux quarts de deux heures 12-14h et 14-16h dans le but de répartir les quarts sur tout l'équipage. L'équipage est divisé en deux bordées, les tribordais et les bâbordais; chaque bordée est divisée en trois :

  • le quart 0-4h : tribordais 1
  • le quart 4-8h : bâbordais 2
  • le quart 8-12h : tribordais 3
  • le quart 12-14h : bâbordais 4
  • le quart 14h-16h : tribordais 5
  • le quart 16h-20h : bâbordais 6
  • le quart 20-0h : tribordais 1

Règlement et usages[modifier | modifier le code]

La Cloche de quart de la frégate russe Shtandart (« L'Étendard »)

Le règlement international pour prévenir les abordages en mer[2] énonce clairement l'exigence du quart dans la règle 5 : Tout navire doit en permanence assurer une veille visuelle et auditive appropriée, en utilisant également tous les moyens disponibles qui sont adaptés aux circonstances et conditions existantes, de manière à permettre une pleine appréciation de la situation et du risque d'abordage[3]. On peut noter que des courses de plusieurs jours en solitaire du type Vendée Globe, Route du Rhum sont pourtant organisées malgré l'évidente contradiction à la règle. Les courses sont tolérées par les autorités.

Changement de quart[modifier | modifier le code]

Détails d'une passation de quart typique sur un navire.

  • Situation de la navigation
  1. Position sur la carte
  2. Cap, vitesse, tirant d'eau
  3. Marée, courant, météo, visibilité
  4. Allure moteur
  5. Routes à suivre pendant le prochain quart
  6. Navires et amers en vue (situation)
  • Variation compas gyroscopique - compas magnétique
  • Situation radar
  • Situation des communications satcom B/C
  • Situation sécurité/ sûreté
  • Ordres particuliers du commandant

Cloche de quart : tradition de la marine à voile[modifier | modifier le code]

La cloche de quart est l'une des pièces les plus symboliques de la marine à voile. Elle rythmait la vie à bord des navires toutes les demi-heures jour et nuit, un coup par demi-heure, deux coups brefs par heure, à chaque demi-heure un sablier était retourné pour mesurer le temps :

  • Première demi-heure du quart : 1 coup
  • Première heure du quart : 2 coups brefs
  • 1h et demi : 2 coups brefs + 1 coup
  • 2h : 2 coups brefs + 2 coups brefs
  • 2h et demi : 2 coups brefs + 2 coups brefs + 1 coup
  • 3h : 2 coups brefs + 2 coups brefs + 2 coups brefs
  • 3h et demi : 2 coups brefs + 2 coups brefs + 2 coups brefs + 1 coup
  • 4h : 2 coups brefs + 2 coups brefs + 2 coups brefs + 2 coups brefs.

Ce signal annonçait le changement de quart, et le cycle de sonneries reprenait.

Renard : tradition de la marine à voile[modifier | modifier le code]

Pour la marine à voile ancienne, un plateau de bois appelé renard était un mémorandum qui permettait à l'homme de quart ou le timonier de noter pour chaque demi-heure les conditions de navigation.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Guide des termes de marine (Le Chasse Marée, 1997), p. 103
  2. Ripam
  3. code des transports (Français)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Parïs Bonnefoux et De Bonnefoux, Dictionnaire de marine à voiles, Editions du Layeur, 1999 (réédition d'un ouvrage du xixe siècle), 720 p.
  • Georges DEVILLERS, Manuel de matelotage et de voilerie à l'usage des marins professionnels et des plaisanciers, Editions Maritimes et d'Outres-Mer (Paris), , 445 p.
  • Collectif, Guide des termes de marine : Petit dictionnaire thématique de marine, Le Chasse Marée - Armen, , 136 p. (ISBN 2-903708-72-X).
  • Cours des Glénans 8e édition Editions du Seuil 2017 , 1071p (ISBN 978-2-02-128826-1).
  • RIPAM (règlement international pour prévenir les abordages en mer 1972.
  • Code des transports français.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]