Pterygotus

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Pterygotus
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428–372.2 Ma
59 collections
Classification
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Chelicerata
Ordre  Eurypterida
Super-famille  Pterygotioidea
Famille  Pterygotidae

Genre

 Pterygotus
Agassiz, 1839

Espèces de rang inférieur

Synonymes

Pterygotus est un genre éteint de grands euryptérides, un groupe aujourd'hui disparu d'arthropodes aquatiques, ayant vécu dans une période allant du Silurien moyen au Dévonien inférieur. L'espèce type, P. anglicus, est décrite par le naturaliste suisse Louis Agassiz en 1839, qui lui donne ce nom qui se traduit par « l'ailé ». Agassiz croyait au départ qu'il s'agissait des restes d'un poisson de grande taille, ce dernier se rendant compte de son erreur que cinq ans plus tard, en 1844. Les fossiles de Pterygotus sont connus des gisements des actuels Australie, Europe, Amérique du Nord et du Sud, suggérant que le genre aurait pu avoir une distribution presque cosmopolite.

Pterygotus est l'un des plus grands euryptérides connues. Les restes fossiles isolés d'un grand chélicère suggèrent que la plus grande espèce connue, P. grandidentatus, atteindrait une longueur corporelle de 1,75 m. Plusieurs autres espèces sont également de taille imposantes, notamment P. impacatus et P. anglicus, qui mesurent respectivement 1,65 m et 1,6 m de long. Cependant, Pterygotus est surpassé en taille par d'autres euryptérides, notamment Acutiramus, dont les plus grands représentants sont capable de dépasser les 2 m, et Jaekelopterus, dont le plus grand spécimen aurait atteint 2,6 m. De nombreuses espèces sont également considérablement plus petites que les plus grandes espèces connues, comme P. kopaninensis, qui mesure 50 cm.

Comme son proche parent Jaekelopterus, Pterygotus était un grand prédateur actif, connu pour ses pinces chélicérales robustes et élargies qui lui auraient permis de percer et de saisir ses proies, et possédant une acuité visuelle comparable à celle des arthropodes prédateurs actuels.

Description[modifier | modifier le code]

Morphologie[modifier | modifier le code]

Reconstitution de P. anglicus.

Avec la plus grande espèce connue, P. grandidentatus, qui atteint une longueur de 1,75 m, Pterygotus figure parmi les plus grands euryptérides ayant été identifiés à ce jour, bien que certains de ses proches parents tels qu’Acutiramus et Jaekelopterus le surpassent en terme de mensurations[1]. Bien qu’il y ait d'autres espèces imposantes, nombreux autres sont de taille considérablement plus réduite. La plus petite espèce, P. kopaninensis, mesure seulement 50 cm de long[2].

Pterygotus est classé dans la famille des ptérygotidés, auquel il incarne le genre type, un groupe d'euryptérides hautement dérivés ayant vécu durant les périodes du Silurien au Dévonien qui diffèrent des autres groupes par un certain nombre de caractéristiques, peut-être plus particulièrement dans les chélicères et le telson. Les chélicères des ptérygotidés sont élargies et robustes, clairement adaptées pour être utilisées pour la capture active de proies et ressemblant davantage aux griffes de certains crustacés actuels, avec des dents bien développées sur les pinces, qu'aux chélicères d'autres groupes d'euryptérides[3]. Contrairement à la majeure partie du reste du corps, qui est recouvert d'une ornementation en forme d'écailles comme les autres ptérygotidés, les pinces sont dépourvues de tout type d'ornementation[4]. De plus, les extrémités des pinces sont rondes et courbées, contrairement aux pointes acérées présentes aux extrémités des pinces de l'apparenté Erettopterus (en)[5]. Une autre caractéristique distinguant les ptérygotidés des autres euryptérides sont leurs telsons aplatis et élargis, probablement utilisés comme gouvernails lors de la nage[6]. Leurs pattes sont petites et minces, sans épines[7], n'étant probablement pas capables de marcher sur la terre ferme[1].

Pterygotus se distingue des autres ptérygotidés par le bord distal incurvé des pinces. Le prosome, qui constitue la tête, est de forme de trapèze aux coins arrondis, avec des yeux composés situés près du bord des coins antérieurs. Le telson a une crête dorsale prononcée qui descend en son centre et se termine par une courte épine[7].

Taille[modifier | modifier le code]

Taille comparée de P. grandidentatus (en rouge clair) et de P. kopaninensis (rouge foncée) par rapport à un humain.

Les ptérygotidés comprennent les plus grands arthropodes connus, plusieurs espèces de cette famille dépassant les deux mètres de long (comme Jaekelopterus rhenaniae mesurant 2,5 m et Acutiramus bohemicus atteignat 2,1 m)[1]. Bien que Pterygotus ne soit pas le plus grand des ptérygotidés connues, plusieurs espèces sont de grandes tailles, dépassant un mètre de long[2].

La plus grande espèce connue est P. grandidentatus, avec les plus grands fragments de chélicères isolés connus suggérant une longueur de 1,75 m. L'éstonien P. impacatus est la deuxième plus grande espèce connue, les plus grands restes fragmentaires suggérant une longueur de 1,65 m[2]. P. anglicus, l'espèce type, a atteint 1,6 m de long, sur la base d'un grand tergite découvert par Henry Woodward entre 1866 et 1878. Mesurant un peu plus de 40 cm de longueur et 10,5 cm de large, le tergite suggère un euryptéride d'une longueur totale de 1,6 m du début de la carapace à l'extrémité du telson, si les chélicères étendues sont comptées (ce qui normalement l'est pas) le total la longueur dépasserait 2 m[8]. P. carmani, datant du Dévonien de l'Ohio, aurait probablement atteint des longueurs supérieures à 1,5 m[4].

Les espèces P. cobbi (1,4 m), P. barrandei (1,26 m) et P. denticulatus (1,2 m) dépassaient également 1 m de long. Les espèces plus petites comprennent P. floridanus à 90 cm, P. lightbodyi à 75 cm, P. arcuatus à 60 cm, P. bolivianus à 55 cm et la plus petite espèce connue, P. kopaninensis, mesurant 50 cm de long[2].

Classification[modifier | modifier le code]

Le cladogramme ci-dessous est basé sur les neuf espèces de ptérygotidés les plus connues et deux taxons classés en dehors du groupe (Slimonia acuminata et Hughmilleria socialis (en)). Le cladogramme contient également les tailles maximales atteintes par les espèces en questions, qui sont suggérées comme étant peut-être un trait évolutif du groupe selon la règle de Cope (« gigantisme phylétique »)[1],[9] :

Pterygotioidea

Hughmilleria socialis (en) (20 cm)




Slimonia acuminata (100 cm)



Pterygotidae

Ciurcopterus ventricosus (en) (70 cm)





Erettopterus waylandsmithi (en) (60 cm)



Erettopterus osiliensis (en) (90 cm)




Erettopterus serricaudatus (en) (60 cm)



Erettopterus bilobus (en) (70 cm)






Pterygotus anglicus (160 cm)




Jaekelopterus rhenaniae (250 cm)




Acutiramus macrophthalmus (200 cm)



Acutiramus bohemicus (210 cm)










Pterygotus dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Un Pterygotus est représenté par la BBC dans la partie consacrée au Silurien du deuxième épisode de la série Sur la terre des géants, où il tue un Brontoscorpio. Dans la séquence, il est décrit comme atteignant environ 3 m de long[10], mais la plus grande espèce connue, P. grandidentatus, n'atteint que seulement qu'environ la moitié de cette taille. L'unique euryptéride connu qui atteignait une taille comparable à celui présenté dans le documentaire est Jaekelopterus, dont la plus grande espèce atteint 2,6 m[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pterygotus » (voir la liste des auteurs).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) Simon J. Braddy, Markus Poschmann et O. Erik Tetlie, « Giant claw reveals the largest ever arthropod », Biology Letters, vol. 4, no 1,‎ , p. 106-109 (PMID 18029297, PMCID 2412931, DOI 10.1098/rsbl.2007.0491 Accès libre)
  2. a b c et d (en) James C. Lamsdell et Simon J. Braddy, « Cope's rule and Romer's theory: patterns of diversity and gigantism in eurypterids and Palaeozoic vertebrates », Biology Letters, vol. 6, no 2,‎ , p. 265–269 (ISSN 1744-9561, PMID 19828493, PMCID 2865068, DOI 10.1098/rsbl.2009.0700 Accès libre, lire en ligne)
  3. (en) O. Erik Tetlie, « Distribution and dispersal history of Eurypterida (Chelicerata) », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 252, nos 3–4,‎ , p. 557–574 (DOI 10.1016/j.palaeo.2007.05.011, S2CID 140594048, lire en ligne [archive du ] [PDF])
  4. a et b (en) Erik N. Kjellesvig-Waering, « Eurypterids of the Devonian Holland Quarry shale of Ohio », Fieldiana Geology, vol. 14,‎ , p. 79-98 (lire en ligne [PDF])
  5. (en) John Mason Clarke, « The Eurypterida of New York », Memoir (New York State Museum and Science Service), vol. 14,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Roy E. Plotnick et Tomasz K. Baumiller, « The pterygotid telson as a biological rudder », Lethaia, vol. 21, no 1,‎ , p. 13-27 (DOI 10.1111/j.1502-3931.1988.tb01746.x, S2CID 128398348)
  7. a et b (en) Leif Størmer, Part P Arthropoda 2, Chelicerata, coll. « Treatise on Invertebrate Paleontology », , « Merostomata », p. 30-31
  8. (en) Erik N. Kjellesvig-Waering, « A Synopsis of the Family Pterygotidae Clarke and Ruedemann, 1912 (Eurypterida) », Journal of Paleontology, vol. 38, no 2,‎ , p. 331-361 (JSTOR 1301554)
  9. (en) Gina C. Gould et Bruce J. MacFadden, « Chapter 17: Gigantism, Dwarfism, and Cope's Rule: "Nothing in Evolution Makes Sense without a Phylogeny" », Bulletin of the American Museum of Natural History, vol. 285,‎ , p. 219-237 (DOI 10.1206/0003-0090(2004)285<0219:C>2.0.CO;2 Accès libre, S2CID 73556985)
  10. (en) Tim Haines et Paul Chambers, The Complete Guide to Prehistoric Life, Buffalo, Firefly Books, (ISBN 1-55407-125-9, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 25

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]