Hormone thyréotrope

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Hormone thyréotrope
Image illustrative de l’article Hormone thyréotrope
Structure de l'hormone thyréotrope.
Identification
Nom UICPA (2S)-N-[(2S)-1-[(2S)-2-carbamoylpyrrolidin-1-yl]-3-(1H-imidazol-5-yl)-1-oxopropan-2-yl]-5-oxopyrrolidine-2-carboxamide
Synonymes

thyréolibérine, TRH, protiréline

No CAS 24305-27-9
No ECHA 100.041.934
No CE 246-143-4
No RTECS TW3580000
Code ATC V04CJ01 (TRH), V04CJ02 (protiréline)
PubChem 638678
ChEBI 35940
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C16H22N6O4  [Isomères]
Masse molaire[1] 362,383 7 ± 0,016 7 g/mol
C 53,03 %, H 6,12 %, N 23,19 %, O 17,66 %,

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'hormone thyréotrope (TRH, de l'anglais : thyrotropin-releasing hormone), également appelée thyréolibérine ou protiréline sous sa forme synthétique, est une hormone peptidique produite par l'hypothalamus qui stimule la synthèse et la libération de la thyréostimuline (TSH) et de la prolactine par l'hypophyse antérieure. Il s'agit d'un tripeptide de 362,4 Da ayant pour séquence (pyro)GluHis-Pro-NH2[2].

L'hypophyse a une action sur la thyroïde par l'intermédiaire de la TSH. Elle-même est sous le contrôle d'un facteur hypothalamique : la TRH. TSH et TRH sont responsables de l'augmentation de la captation d'iode, de la synthèse des hormones thyroïdiennes et de leur mise en circulation dans le sang.

C'est à Roger Guillemin[3] et Andrew V. Schally que l'on doit la découverte en 1969 de la séquence peptidique de la TRH humaine ainsi que la première synthèse de l'hormone.

On peut également détecter la présence de TRH dans d'autres parties du cerveau, ainsi que dans l'appareil digestif et les îlots du pancréas. Des préparations médicales de TRH sont utilisées dans les tests diagnostiques des troubles de la thyroïde ainsi qu'en cas d'acromégalie.

Forme synthétique[modifier | modifier le code]

La forme synthétique de l'hormone thyréotrope est la protiréline, un tripeptide (L-pyroglutamyl-L-histidyl-L-prolinamide) dont la séquence est identique à celle de l'hormone naturelle.

Elle est commercialisée sous le nom de Stimu-TSH en France, TRH-Ferring en Allemagne par le laboratoire Ferring Pharmaceuticals et au Japon, sous forme de tartrate, sous le nom de Hirtonin par les laboratoires Takeda.

Elle est utilisée pour effectuer des tests à la TRH dans le cadre de l'exploration fonctionnelle pour le diagnostic des affections thyroïdiennes et dans l'étude de la sécrétion de la prolactine.

Pathologie[modifier | modifier le code]

Un anticorps dirigé contre le récepteur de la TSH ou une mutation activatrice du récepteur provoquent une hypersécrétion d'hormone thyroïdienne (thyroxine T4 et triiodothyronine T3), responsable d'une hyperthyroïdie qui peut être la cause de la maladie de Basedow.

Valeur normale[modifier | modifier le code]

  • La valeur normale de la concentration plasmatique en TSH est comprise entre 0,3 et 2,5 mUI/L.

Indications[modifier | modifier le code]

En France, la protiréline a pour indications :

« L'exploration dynamique de l’axe hypophyso-thyroïdien lorsque les examens hormonaux statiques ne permettent pas le diagnostic et le suivi thérapeutique des affections thyroïdiennes, en cas de :

  • dysthyroïdie d’origine hypothalamo-hypophysaire ;
  • traitement visant à freiner la sécrétion de TSH lors des cancers thyroïdiens évolutifs. »[4]

« L'exploration de la sécrétion de prolactine lorsque le diagnostic d’anomalie de la sécrétion est douteux. »[4],[5]


Diagnostic et surveillance biologiques de l’hyperthyroïdie[modifier | modifier le code]

Depuis l’apparition du dosage ultra-sensible de la TSH de 2e ou de 3e génération, il n’y a plus d’intérêt à utiliser la protiréline pour un test à la TRH pour établir le diagnostic d'hyperthyroïdie[4]. Toutefois, le test à la TRH peut être utile dans certaines circonstances comme le diagnostic :

  • des adénomes thyréotropes de l'antéhypophyse[Note 1] ;
  • du syndrome de résistance hypophysaire sélective ou préférentielle aux hormones thyroïdiennes[Note 2].

Diagnostic et surveillance biologiques de l’hypothyroïdie[modifier | modifier le code]

L’intérêt principal du test à la TRH par la protiréline est le diagnostic d’hypothyroïdie secondaire ou tertiaire. Depuis la mise sur le marché des dosages ultra-sensibles de la TSH de 2e ou de 3e génération, il n’y a plus d’intérêt à utiliser la protiréline pour un test à la TRH dans le diagnostic d'hypothyroïdie primaire[4]. Son intérêt pour diagnostiquer une hypothyroïdie fruste n’est pas établi[6].

Traitement visant à freiner la sécrétion de TSH lors des cancers thyroïdiens évolutifs[modifier | modifier le code]

Dans le traitement des cancers thyroïdiens évolutifs, la stimulation de la TSH par la protiréline n’a plus aucune utilité dans la confirmation du caractère freinateur d’un traitement par les hormones thyroïdiennes. Le test à la TRH est maintenant remplacé par les dosages ultrasensibles de TSH[6].

Action de la TRH sur la sécrétion de prolactine[modifier | modifier le code]

D’après la littérature et les avis d’experts, les techniques d’imagerie à haute résolution (IRM notamment) ont rendu l'utilisation de la protiréline pour un test à la TRH par la protiréline obsolète pour distinguer les prolactinomes des hyperprolactinémies idiopathiques[4],[7],[8].

Effets indésirables[modifier | modifier le code]

Les effets indésirables, assez fréquemment rapportés en fin d'injection, sont : céphalée, nausée, sensation vertigineuse, lipothymie, flush et miction impérieuse[9]. Les données de pharmacovigilance recueillies de 1996 à 2005 montrent que les effets indésirables observés sont rares[4].

Cependant, trois cas graves de nécrose hémorragique de macroadénomes hypophysaires ont été observés avant 2005[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans ce cas, la TSH n'est théoriquement pas stimulable par la TRH.
  2. Dans ce cas, la TSH répond à la stimulation de la TRH.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. Pr A. Raisonnier avec la collaboration de F. Wright Molécules informationnelles - Objectifs au cours de Biochimie PCEM2 - Biochimie métabolique et Régulations C1 2002 - 2003.
  3. (en) Bruno Latour et Steve Woolgar (1986) Laboratory Life Princeton University Press. (ISBN 978-0-691-02832-3).
  4. a b c d e f et g Evaluation et recommandation HAS, avis du 30 novembre 2005.
  5. Christiane Coussieu, « Prolactine : pièges et difficultés pour le laboratoire », Revue Francophone des Laboratoires, Elsevier Masson, vol. 2009, no 414,‎ , p. 41-49 (ISSN 1773-035X, résumé).
  6. a et b Charrié A., Mesnard X., Tourniaire J., « Analytical evaluation of third generation TSH assay. Application to the exploration of thyrotropin suppression in differentiated thyroid cancer », Annales d'endocrinologie, vol. 60, no 1,‎ , p. 40-44 (PMID 10374014, lire en ligne [html], consulté le ) modifier.
  7. (en) Le Moli R., Endert E., Fliers E., Prummel M.F., Wiersinga W.M., « Evaluation of endocrine tests. A: the TRH test in patients with hyperprolactinaemia », The Netherlands journal of medicine, vol. 61, no 2,‎ , p. 44-48 (PMID 12735420, lire en ligne [html], consulté le ) modifier
  8. (en) G. Faglia, « The clinical impact of the thyrotropin-releasing hormone test », Thyroid, vol. 8, no 10,‎ , p. 903-908 (PMID 9827657, lire en ligne [html], consulté le ) modifier.
  9. (en) Eandi M., Signorile F., Rubinetto M.P., Genazzani E., « Evaluation of the efficacy and tolerability of protirelin. Results of a multicenter study in Italy », Annali italiani di medicina interna, vol. 5, no 3 Pt 2,‎ , p. 270-278 (PMID 2127689, lire en ligne [html], consulté le ) modifier.

Voir aussi[modifier | modifier le code]