Production d'acier

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La production d'acier est un sous-secteur d'activité, au sein du secteur d'activité de la métallurgie qui regroupe les activités de production de l'acier.

L'acier[modifier | modifier le code]

L'acier est la matière fabriquée à partir de minerai de fer et de minerai de charbon. Sa fabrication en grande quantité requiert la maîtrise à la fois de réactions chimiques complexes et de très grandes unités de production.

Il faudra attendre le XIXe siècle pour que l'acier, alors fabriqué en faible quantité connaisse un développement spectaculaire et s'impose comme le métal-roi de la révolution industrielle.

L'acier a de nombreuses applications dans l'industrie. Il est utilisé dans la construction navale, la construction automobile, le bâtiment, l'emballage et bien d'autres secteurs.

L'acier est facilement récupérable au milieu d'autres déchets au moyen d'un tri magnétique. Son caractère magnétique lui permet en effet d'être attiré par un aimant. L'acier est recyclable à l'infini. Le recyclage permet de faire des économies de minerai, de chaux et d'énergie. La part de production d’acier issue du recyclage de ferrailles avoisine, selon les années, 40 % de la production mondiale d’acier.

Les ferrailles recyclées constituent jusqu'à 20 % de l'origine du fer élaboré par les procédés modernes en filière fonte. En effet, la ferraille sert d'agent refroidissant dans un convertisseur à oxygène.

Histoire[modifier | modifier le code]

Évolution de la fabrication d'acier pendant le XXe siècle[modifier | modifier le code]

Évolution de la production d'acier brut
Sources :
*International Iron & Steel Institut (http://www.worldsteel.org/) * Jacques Astier, Sidérurgie, Techniques de l'ingénieur, Matériaux métalliques page M7000, juin 2001

Définition :
Acier brut : acier liquide ou acier sous forme de demi-produit (brame, billette ou blooms). Il ne s'agit pas de produits finis (tôle, fil...).

Production mondiale d'acier en 1939[1].

Répartition géographique de la production[modifier | modifier le code]

Les chiffres de consommation sur dix ans montrent une très forte augmentation de la demande d'acier par la Chine. En 2004, la demande chinoise entraîne des fortes augmentations de prix de l'acier (de 20 à 50 %). Elle crée également des tensions pour l'approvisionnement. Un fait symptomatique, le fabricant automobile japonais Nissan a fermé pendant une semaine (du au ) trois usines sur les quatre qu'il possède au Japon à cause de rupture d'approvisionnement en acier (et probablement d'une politique d'achat trop agressive). Ces fermetures ont entraîné un déficit de fabrication de vingt-cinq mille voitures soit une perte de quarante-quatre millions d'euros.

courbes relatives à plusieurs pays
Part de la production mondiale d'acier par pays. Avant 1750, les données sont essentiellement des conjonctures.

Production en fonction du développement économique[modifier | modifier le code]

La production d'acier n'est strictement proportionnelle au Produit intérieur brut qu'en période d'industrialisation. Comme beaucoup de commodités (ciment, papier, etc.), les besoins, donc la production, décroissent généralement lorsque la croissance est tirée par des techniques de pointe, les servicesetc.[2].

courbes relatives à plusieurs pays
Lien entre production d'acier et PIB pour différents pays.
Pour la plupart des pays, la production d'acier s'infléchit après avoir atteint un PIB donné, signe que la croissance se poursuit sur d'autres principes.

Les acteurs[modifier | modifier le code]

Les principaux producteurs au monde sont les entreprises suivantes : Arcelor-Mittal, JFE Holdings, Nippon Steel, POSCO, Corus, ThyssenKrupp AG, Baosteel, Riva, Sumitomo, Erasteel.

Production mondiale[modifier | modifier le code]

La production mondiale recule de 0,9% en 2020, à 1,86 milliard de tonnes.

Pays Production, 2019
(en millions de tonnes)
1 Drapeau de la République populaire de Chine Chine 996,3
2 Drapeau de l'Inde Inde 111,2
3 Drapeau du Japon Japon 99,3
4 Drapeau des États-Unis États-Unis 87,9
5 Drapeau de la Russie Russie 71,6
6 Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud 71,4
7 Drapeau de l'Allemagne Allemagne 39,7
8 Drapeau de la Turquie Turquie 33,7
9 Drapeau du Brésil Brésil 32,2
10 Drapeau de l'Iran Iran 31,9
11 Drapeau de l'Italie Italie 23,2
12 Drapeau de Taïwan Taïwan 22,1
13 Drapeau de l'Ukraine Ukraine 20,8
14 Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam 20,1
15 Drapeau du Mexique Mexique 18,6
16 Drapeau de la France France 14,5
17 Drapeau de l'Espagne Espagne 13,6
18 Drapeau du Canada Canada 12,8
19 Drapeau de la Pologne Pologne 9,1
20 Drapeau du Bangladesh Bangladesh 9,0
Source : WorldSteel 1WorldSteel 2

Impact environnemental[modifier | modifier le code]

La sidérurgie est une industrie à fort impact sur le climat : en 2021, elle concentre à elle seule 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 11 % des émissions de CO2[3],[4].

En raison des températures élevées à atteindre durant la fabrication et des émissions inhérentes au procédé, la décarbonation de la sidérurgie est plus difficile que celle du secteur de l'énergie[3]. Elle est pourtant nécessaire pour atteindre la neutralité carbone[3]. En 2020, l'industrie est en retard sur le scénario de neutralité carbone de l'agence internationale de l'énergie, l'intensité des émissions de la sidérurgie (par tonne d'acier produite) n'ayant que faiblement baissé depuis 2010[5]. Au début de la décennie 2020, les perspectives prévoient une poursuite de l'augmentation des émissions du secteur, en raison du cadre législatif en vigueur et du rythme de l'industrie : les volumes de production augmentent plus vite que les gains d'efficacité[4].

Le procédé de fabrication de l'acier par four à arc électrique (production secondaire, à partir de rebuts) est significativement plus économe en énergie et en GES que celui par haut-fourneau (production primaire, à partir du minerai de fer)[4],[5]. La principale contrainte à l'utilisation du four à arc électrique est la disponibilité de la ferraille[5].

En 2022, les pays ayant les émissions intensives de CO2 les plus faibles sont l'Italie, les États-Unis et la Turquie en partie grâce à une forte proportion de fours à arc électrique, tandis que l'Ukraine, l'Inde et la Chine occupent la fin du classement à cause de l'utilisation plus élevée de hauts-fourneaux[4].

Dès le début de la décennie 2020, l'agence internationale de l'énergie constate que — bien que nécessaires — les actions d'efficacité énergétique et d'amélioration de la collecte des produits en fin de vie ont une portée insuffisante[5]. Pour atteindre des réductions d'émissions plus importantes, de nouvelles technologies devront être mises en place : production à partir d'électricité décarbonnée, utilisation d'« hydrogène vert », captage du carboneetc.[5]

En 2022, trois projets de nouvelles technologies sont particulièrement suivis : le projet Hybrit du suédois SSAB (remplacement du coke de charbon par de l'hydrogène), le projet d'ArcelorMittal en France « 3D Carbon Capture » (captage du carbone) et le procédé HIsarna[5]. D'autres projets sont en cours chez ArcelorMittal (en Europe), chez Thyssenkrupp (sur son site de Duisbourg), et Voestalpine (sur son site de Linz). Au total, l'association des sidérurgistes européens Eurofer a identifié 54 projets de décarbonation, qui permettraient de réduire les émissions d'un tiers en Europe durant la décennie 2020-2030, au prix d'une augmentation du coût de l'acier estimée dans une fourchette de +35 à +100 % à l'horizon 2050[6].

En septembre 2023, la start-up suédoise H2 Green Steel, créée en 2021, parvient à réunir 1,5 milliard  de fonds propres pour construire la première aciérie 100 % décarbonée à Boden, dans l'extrême nord de la Suède ; ces fonds propres lui permettent de sécuriser 3,5 milliards  de dettes, notamment auprès de Société Générale et BNP Paribas, afin de financer son investissement estimé à 5 milliards . L'usine doit démarrer sa production fin 2025 avec un objectif de 2,5 Mt/an au départ, puis 5 Mt/an en 2030, en utilisant la technologie de la réduction directe du minerai de fer par de l'hydrogène vert, produit par électrolyse de l'eau grâce à l'hydroélectricité locale. L'éponge de fer quasiment pure obtenue grâce à la réduction directe sera fondue dans un four électrique pour obtenir de l'acier. L'aciérie consommera 10 TWh/an et bénéficiera du coût très compétitif de l'hydroélectricité disponible dans le nord de la Suède (entre 25 et 35 euros/MWh). H2 Green Steel a déjà signé de nombreux contrats de cinq ou sept ans avec de futurs clients, surtout dans l'automobile (BMW, Mercedes, Scania, ...), représentant 50 % de sa production future[7].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Françoise Berger, La France, l’Allemagne et l’acier (1932-1952) : De la stratégie des cartels à l’élaboration de la CECA, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, , 1257 p. (lire en ligne), p. 316
  2. (en) Ivan Roberts, Trent Saunders, Natasha Cassidy et Gareth Spence, « China's Evolving Demand for Commodities », Reserve Bank of Australia,
  3. a b et c Faustine Delasalle, « This is how the steel industry is forging a path to net-zero », sur weforum.org, (consulté le )
  4. a b c et d Ali Hasanbeigi, « Steel Climate Impact », sur globalefficiencyintel.com, (consulté le )
  5. a b c d e et f « Iron and Steel - Tracking report », sur iea.org, (consulté le )
  6. « Acier vert » : le défi du siècle de la sidérurgie, Les Échos, 11 octobre 2021.
  7. H2 Green Steel va construire la première aciérie (verte) en Europe depuis 50 ans, Les Échos, 15 septembre 2023.

Articles connexes[modifier | modifier le code]