Procès et réalité

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Procès et réalité
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Procès et réalité

Auteur Alfred North Whitehead
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre essai
Lieu de parution New York ; Cambridge
Date de parution 1929
ISBN 0-226-75293-3

Procès et réalité : Essai de cosmologie[1] est une œuvre du philosophe et mathématicien britannique Alfred North Whitehead parue en 1929, traduite de l'anglais chez Gallimard par Daniel Charles, Maurice Élie, Michel Fuchs, Jean-Luc Gautero, Dominique Janicaud, Robert Sasso et Arnaud Villani, et rééditée en 1995 dans la collection « Bibliothèque de philosophie ». Il s'agit d'une version largement remaniée des conférences que Whitehead donna aux « Gifford Lectures » d'Édimbourg en 1927-1928, sous le titre original Le Concept d'organisme.

Cette œuvre, dans laquelle Whitehead rassemble sa philosophie spéculative, fait partie de ses travaux principaux, avec La science et le monde moderne (1925) et Aventures d'idées (1933). Elle fait suite à sa longue collaboration avec Bertrand Russell qui mena à leur coécriture des Principia Mathematica. Elle traite de questions très sophistiquées de métaphysique, d'ontologie et d'épistémologie. Whitehead y jette les bases de son « principe ontologique », rejetant le dualisme corps-esprit. Il vise à construire une cosmologie capable de rendre compte d'un univers en devenir, c'est-à-dire en perpétuel processus de transformation.

C'est dans Procès et réalité que se trouve la phrase souvent citée — voire simplifiée — : « La plus sûre caractérisation de la tradition philosophique européenne est qu’elle consiste en une série de notes au bas des pages de Platon. »[2].

La philosophie du procès[modifier | modifier le code]

Introduction[modifier | modifier le code]

Dans Philosophie spéculative, le premier chapitre, Whitehead stipule les conditions que doit, ou devrait, remplir tout système spéculatif : être cohérent, logique, applicable, adéquat et nécessaire afin de pouvoir interpréter toute notre expérience [3],[4]. Le livre se veut comme une enquête afin de développer, élargir la métaphysique par une série de questions religieuses et philosophiques, démontrant que cela ne se peut sans un système élaboré pour la compréhension de chaque science, et d'en extraire l'expérience[5].

Dans Procès et réalité, Whitehead expose sa philosophie de l'organisme, aussi appelée philosophie du processus. Cette philosophie y sert de toile de fond à un paradigme de la subjectivité[6], que Whitehead appelle aussi « un langage métaphysique complété ».

Schéma des catégories[modifier | modifier le code]

Le schéma des catégories est caractéristique de la philosophie de Whitehead, avec pour but d'exploiter le rapport de tout avec tout par argumentation, capitale pour rendre une notion de compréhension de base.

Le mouvement réel comme impulsion de l'existence[modifier | modifier le code]

Pour Whitehead, le monde se compose des êtres simples (dont l'origine provient des entités actuelles) Le mouvement réel sont les dernières choses réelles de celles dont est composé le monde. On ne peut se retourner sur elles afin d'y trouver quelque chose de plus réel encore. Dans tous les cas, la réalité veut dire que quelque chose survient, que cette chose demeure silencieuse, et que ni son être ni quoi que ce soit ne naît du rien. La réalité comprend, englobe l'espace[pas clair] L'impression de persistance résulte d'une suite de répétitions d'événements ; la matière aussi est constituée par une suite de mouvements sans rapport avec les choses

Réception et postérité[modifier | modifier le code]

Dans sa Préface au Lexique whiteheadien de John B. Cobb, Michel Weber écrit : « D’un point de vue européen, il y eut une influence remarquable et souvent précoce sur le travail de penseurs de haut vol : Henri Bergson (1859–1941), Émile Meyerson (1859–1933), Louis Couturat (1868–1914), Jean Wahl (1888–1974), Robin George Collingwood (1889–1943), Philippe Devaux (1902–1979), Hans Jonas (1903–1993), Dorothy M. Emmet (1904–2000), Maurice Merleau-Ponty (1908–1961), Enzo Paci (1911–1976), Charlie Dunbar Broad (1887–1971), Wolfe Mays (1912–2005), Jean Ladrière (1921–2007), Gilles Deleuze (1925–1995), Wolfhart Pannenberg (1928–) et Reiner Wiehl (1929–2010), mais tous ont conservé leur indépendance intellectuelle (le cas de Bertrand Russell étant d’autant plus complexe que Whitehead l’a accusé de plagiat à l’occasion de la publication de Our Knowledge of the External World en 1914). » [7]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le titre original est Process and Reality. Dans l'édition française, publiée chez Gallimard, le mot process, qui signifie « processus » dans le langage courant, est traduit par « procès » dans son acception philosophique, cf. [1].
  2. A. N. Whitehead, Process and Reality, 1929, p. 63 — cf. dans la traduction française de 1995, p. 39.
  3. „ein kohärentes, logisches und notwendiges System allgemeiner Ideen zu entwerfen, auf dessen Grundlage jedes Element unserer Erfahrung interpretiert werden kann.“ Kapitel I, Prozess und Realität
  4. Bouckaert Bertrand, « Alfred North Whitehead, Procès et réalité. Essai de cosmologie. Traduit de l'anglais par D. Charles, M. Elie, M. Fuchs, J.-L. Gautero, D. Janicaud, R. Sasso, A. Villani », Revue Philosophique de Louvain, vol. 93,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Kapitel I, Prozess und Realität
  6. Nous divergeons des idées de Descartes en retenant que ce qu'il a décrit comme les attributs primaires des corps physiques, sont en réalité les formes de relations internes entre occasions actuelles. Ce changement de concept est la charnière entre ‘'matérialisme et Réalisme Organique comme idée des sciences du physique. - Process and Reality, p. 471 de l'édition anglophone.
  7. Lexique whiteheadien. Les catégories de Procès et réalité (Louvain-la-Neuve, Les Éditions Chromatika) traduit de l'anglais par Henri Vaillant ; traduction relue par Emeline Deroo, éditée et préfacée par Michel Weber, pp. xiii sq.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Process and Reality: An Essay in Cosmology (1929). 1978 édition corrigée, éditée par David Ray Griffin & Donald W. Sherburne, Free Press. (ISBN 0-02-934570-7) (Part V. Final Interpretation)

  • Biacino L., and Gerla G., 1991, "Connection structures," Notre Dame Journal of Formal Logic 32: 242-247.
  • Clarke, Bowman, 1981, "A calculus of individuals based on 'connection'," Notre Dame Journal of Formal Logic 22: 204-18.
  • ------, 1985, "Individuals and Points," Notre Dame Journal of Formal Logic 26: 61-75.
  • Cobb, John Boswell, Jr., Lexique whiteheadien. Les catégories de Procès et réalité, traduction de Henri Vaillant, relue par Emeline Deroo, éditée et préfacée par Michel Weber, Louvain-la-Neuve, Les Éditions Chromatika, 2010 (978-2-930517-06-3). [Whitehead Word Book, Claremont, P&F Press, 2008]
  • Elie, Maurice, Procès et réalité. Whitehead, Paris, Ellipses, 1998.
  • André Gounelle, Le Dynamisme créateur de Dieu. Essai sur la théologie du Process, Paris, Van Dieren, 2000
  • Lowe, Victor, 1962. Understanding Whitehead. Johns Hopkins Univ. Press.
  • Nicholas Rescher, 2000. Process Philosophy: A Survey of Basic issues. Univ. of Pittsburgh Press.
  • Bertrand Saint-Sernin, Whitehead. Un univers en essai, Paris, Vrin, 2000
  • Sherburne, Donald W., 1966. A Key to Whitehead's Process and Reality. Macmillan.
  • Simons, Peter, 1987. Parts. Oxford Univ. Press.
  • Isabelle Stengers, Penser avec Whitehead. Une libre et sauvage création de concepts, Paris, Seuil, 2002
  • Jean-Claude Dumoncel et Michel Weber, Whitehead ou Le Cosmos torrentiel. Introductions à Procès et réalité, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2010.
  • Weber, Michel, Whitehead’s Pancreativism. The Basics. Foreword by Nicholas Rescher, Frankfurt / Paris, Ontos Verlag, 2006.
  • Weber, Michel, La dialectique de l'intuition chez A. N. Whitehead : sensation pure, pancréativité et contiguïsme [Introduction à la lecture de Process and Reality (1929)]. Préface de Jean Ladrière. Mémoire couronné par la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie Royale de Belgique (2000) et publié avec le concours de la Commission des publications de l’Institut supérieur de Philosophie (Université catholique de Louvain), Frankfurt / Paris / Lancaster, ontos verlag,
  • Weber, Michel and Will Desmond (eds.), Handbook of Whiteheadian Process Thought, Frankfurt / Lancaster, ontos verlag, 2008.
  • Van Wyk, Alan and Weber, Michel (eds.), Creativity and Its Discontents. The Response to Whitehead's Process and Reality, Frankfurt / Lancaster, ontos verlag, 2009.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]