Prince du sang

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Représentation héraldique de la couronne des Fils de France.
Représentation héraldique de la couronne des Princes du Sang de France.

Les princes et princesses du sang de France sont les princes et princesses issus légitimement par les mâles d'un petit-fils de France. En abrégé, on parle de princes du sang.

Origine du terme de prince du sang de France

L'expression « prince du sang de France » ne fut officielle qu'avec un édit donné à Blois par Henri III en décembre 1576 qui leur accordait à tous la qualité de pairs de France dès leur naissance et le droit de précéder les autres pairs tant laïcs qu'ecclésiastiques en toutes cérémonies.

Par le même édit, le roi abolissait toute préséance entre les princes du sang et ordonnait qu'ils tiennent rang selon leur degré de consanguinité[1].

L'expression « prince du sang » apparut néanmoins au XVe siècle, pour qualifier les membres des lignages descendants de saint Louis qui appartiennent donc au lignage royal français et sont aptes à succéder à la Couronne en cas d'extinction de la famille royale, c'est-à-dire du roi, de ses fils, et des fils de ses fils. Elle succéda aux expressions « princes des fleurs de lys » et « princes du sang de France ».

Les princes du Sang étaient aptes à occuper le trône en cas d'extinction de la famille royale. C'est ce qui se produisit en 1589 après la disparition des Valois. En revanche, Philippe VI qui succéda à Charles IV et fut le premier Valois n'était pas un prince du sang mais un petit-fils de France au moment de son accession au trône (encore que ces distinctions et l'expression de prince du sang soient postérieures à cet événement).

Au début de la Restauration, le duc d'Orléans protesta contre le fait que la Charte de 1814 et le roi Louis XVIII distinguent les princes du sang de la famille royale, cette dernière n'étant composée que du roi de France, des enfants et petits-enfants de France ; selon lui, cette distinction de la Maison de France en plusieurs familles était une innovation qui n'existait pas sous l'Ancien Régime[2].

Patronyme des princes du sang de France

Les princes et princesses du sang portaient généralement comme patronyme le nom du fief principal de leur apanage comme le petit-fils de France dont ils étaient issus[3]. Ainsi, les enfants de Charles de France, duc de Berry, portèrent-ils pour patronyme de Berry et non de France[3].

Prédicat des princes du sang de France

Les princes du Sang de France étaient altesses sérénissimes. Charles X, au lendemain de la mort de Louis XVIII et afin de faire plaisir à son cousin Louis-Philippe d'Orléans, attribua aux membres de la famille de ce dernier le prédicat d'altesse royale par décision du 21 septembre 1824, publiée dans le Moniteur universel du 22 septembre 1824[1].

Statut de premier prince du sang de France

Premier prince du sang fut un titre officiel de l'ancienne monarchie française à partir de 1595[4]. Il était attribué au prince du sang situé juste après les fils de France et les petits-fils de France, selon l'ordre dynastique prévu par les lois fondamentales du royaume de France. Ainsi, Louis d'Orléans, fils du Régent Philippe d'Orléans, fut-il nommé premier prince du sang à la mort du Prince de Condé.

Après les renonciations d'Utrecht, le titre continua d'être conféré aux ducs d'Orléans descendants du Régent, jusqu'à l'avènement de Louis-Philippe en 1830. En effet, en vertu des Lois fondamentales du royaume de France, il aurait dû perdre le titre le 13 juin 1747 au profit de Philippe de Bourbon (1747-1777), prince royal des Deux-Siciles et duc de Calabre (premier arrière-petit-fils du Grand Dauphin qui ne soit pas fils de France), mais en vertu des renonciations d'Utrecht en 1713, Louis XV laissa le titre de premier prince du sang à Louis d'Orléans et le titre resta donc à l'aîné des Orléans et non à un petit-fils de Philippe V. La maison d'Orléans le porta donc jusqu'en 1830.

Anecdotes

Titres de « Monsieur le Prince » et de « Monsieur le Duc »

Quand le premier prince du sang était le prince de Condé, il avait le droit à l'appellation spécifique de « Monsieur le Prince », son fils étant appelé « Monsieur le Duc ». Quand le titre de Premier prince du sang passa à la Maison d'Orléans, avec la mort du Prince de Condé, le nouveau prince de Condé abandonna le titre de « Monsieur le Prince », mais son fils aîné conserva l'appellation de « Monsieur le Duc ». Quant aux ducs d'Orléans, premiers princes du sang, ils ne prirent pas l'appellation de « Monsieur le Prince »[5].

Bien que le comte de Soissons, cousin d'Henri IV de France, puis ses descendants, se fussent fait appeler « Monsieur le Comte »[6], il ne s'agissait que d'une appellation honorifique, et non un titre.

Droit d'« avoir le Pour »

Lorsque la Cour se déplaçait dans les palais royaux, les princes de sang ou légitimés, et quelques importants seigneurs proches du roi, bénéficiaient du droit d'« avoir le Pour », que les fouriers des logis royaux inscrivaient à la craie sur la porte des appartements qui leur étaient destinés dans le château de villégiature. Ici on inscrivait « Pour Monsieur », là « Pour Monsieur le Prince », là encore « Pour Monsieur le Duc de N... ». À l'arrivée de leurs « maisons » particulières, avec meubles et effets, l'appartement désigné était investi, meublé, rangé afin que tout soit prêt lorsqu'ils arriveraient avec la Cour. Les autres, sans ce droit, s'installaient où ils pouvaient dans le reste des bâtiments, le temps du séjour[7].

Lignages de princes du sang de France

Ces diverses branches légitimes ont été étudiées par les légistes du roi dès le XVIe siècle et leurs généalogies imprimées dans la notable Histoire généalogique de la maison royale de la France et des grands officiers de la couronne du Père Anselme à partir de 1674. Les familles de princes du Sang furent nombreuses mais la plupart sont aujourd'hui éteintes en ligne légitime.

Les lignages de princes du Sang sont au XVIe siècle :

Liste des princes du sang en 1789

Portrait et écu Nom
Louis Philippe II d'Orléans (1749 † 1793), duc d'Orléans, premier prince du sang
Louis Philippe III d'Orléans (1773-1850), duc de Chartres, futur duc d'Orléans et roi des Français
fils du précédent
Louis Antoine Philippe d'Orléans (1775-1807), duc de Montpensier
frère du précédent
Louis Charles d'Orléans (1779-1808), comte de Beaujolais
frère du précédent
Louis V Joseph de Bourbon (1736-1818), prince de Condé.
Louis VI Henri de Bourbon (1756-1830), duc de Bourbon, futur prince de Condé
fils du précédent
Louis Antoine de Bourbon (1772-1804), duc d'Enghien
fils du précédent et de Louise Marie Thérèse Bathilde d'Orléans, sœur de Louis Philippe II d'Orléans
Louis François Joseph de Bourbon (1734-1814), prince de Conti
fils de Louise d'Orléans, grand-tante de Louis Philippe II d'Orléans

Liste des princes du sang en 1589

Portrait et écu Nom
Charles de Bourbon (1523 † 1590), cardinal de Bourbon.
Henri de Bourbon (1588 † 1646), prince de Condé
petit-neveu du précédent
François de Bourbon (1558-1614), prince de Conti
oncle du précédent
Charles de Bourbon (1562-1594), cardinal de Vendôme
frère du précédent
Charles de Bourbon (1566-1612), comte de Soissons
frère du précédent
Henri de Bourbon (1573-1608), duc de Montpensier.

Notes

  1. a et b Philippe de Montjouvent, Éphéméride de la Maison de France de 1589 à 1848, éd. du Chaney, 1999, p. 38.
  2. Hervé Robert, Les princes d'Orléans, Une famille en politique, éd. Economica, 2007, p. 56-58.
  3. a et b Philippe de Montjouvent, Éphéméride de la Maison de France de 1589 à 1848, éd. du Chaney, 1999, p. 11.
  4. Philippe de Montjouvent, Éphéméride de la Maison de France de 1589 à 1848, éd. du Chaney, 1999, p. 48.
  5. Philippe de Montjouvent, Éphéméride de la Maison de France de 1589 à 1848, éd. du Chaney, 1999, p. 51.
  6. François Velde, « The French Royal Family: Titles and Customs », Heraldica.org (consulté le )
  7. Jean Pinson de La Martinière, L'état de la France..., 1697, p.  645-646. Lire l'original ; Marcel Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1923, rééd. 1968 p. 351 ; Sophie de Laverny, Les domestiques commensaux du roi de France au XVIIe siècle, 2002, p. 37.

Articles connexes