Polyxène

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Polyxène
Néoptolème s'apprête à sacrifier Polyxène devant le tombeau d'Achille. Gravure d'après un ancien camée, Berlin.
Biographie
Père
Mère
Fratrie
Polyxène sacrifiée par Néoptolème sur la tombe d'Achille. Amphore tyrrhénienne à figures noires, 570-550 av. J.-C. British Museum (GR 1897.7-27.2)

Dans la mythologie grecque, Polyxène (en grec ancien Πολυξένη / Polyxénê, « qui reçoit beaucoup d'hôtes, très hospitalière »), est une princesse troyenne. Fille de Priam, roi de Troie et d'Hécube, elle est la sœur cadette de Cassandre, d'Hector, de Déiphobe et de Pâris. Elle mourut immolée sur le tombeau d'Achille.

Mythe[modifier | modifier le code]

L'helléniste Pierre Commelin résume ainsi son mythe[1]:

« Polyxène (...) fut aimée d'Achille, qui la vit pendant une trêve lors de la Guerre de Troie. Il la fit demander en mariage à Hector. Le prince troyen la lui promit, s'il voulait trahir le parti des Grecs ; mais une condition si honteuse ne put qu'exciter l'indignation d'Achille, sans cependant diminuer son amour.

En effet, on dit que le prince grec renouvela sa demande, et consentit même à aller secrètement épouser Polyxène, en présence de sa famille, dans un temple d'Apollon qui se trouvait entre la ville et le camp des Grecs. Pâris et Déiphobe, son frère, s'y rendirent avec leur père Priam, et, au moment où Déiphobe tenait Achille dans ses bras, Pâris lui porta un coup mortel[Note 1].

Polyxène, au désespoir de la mort d'un prince qu'elle aimait, et d'en être la cause innocente, se retira au camp des Grecs où elle fut reçue avec honneur par Agamemnon.

Sur la fin malheureuse de cette princesse, il y a deux versions bien différentes. Selon les uns, s’étant dérobée pendant la nuit, elle se rendit sur le tombeau de son époux et se perça le sein. Une autre tradition plus connue rapporte que Polyxène fut immolée par les Grecs sur le tombeau d'Achille. »

Sources[modifier | modifier le code]

La seconde version est celle adoptée par Euripide dans sa tragédie intitulée Hécube et par Ovide dans Les Métamorphoses, livre XIII, v. 439-532.

Polyxène dans les arts[modifier | modifier le code]

Le personnage de Polyxène a inspiré plusieurs artistes, durant l'Antiquité et aussi, à partir de la Renaissance, dans les arts en France.

Antiquité[modifier | modifier le code]

Littérature grecque[modifier | modifier le code]

Dans la Grèce antique, Sophocle lui a consacré une tragédie, aujourd'hui perdue, intitulée Polyxène[2], et les événements autour de la tombe d'Achille sont le sujet de différentes céramiques grecques antiques.

Dans l'Hécube d'Euripide, sa mort domine la première moitié de la pièce. Euripide met en scène la vieille reine Hécube, terrassée par les malheurs qui la frappent : captive des Grecs et promise à l'esclavage, ayant perdu son mari Priam et leur fils Hector, elle apprend coup sur coup — lors d'une escale des Grecs en Thrace chez le roi Polymestor — que sa fille Polyxène a été choisie pour être sacrifiée sur le tombeau d'Achille (dont le tombeau est en Thrace), et que son fils Polydore a été assassiné par Polymestor. Au cours d'un long échange poignant entre Ulysse (qui vient porter la nouvelle que les Grecs ont nommé Polyxène pour être la victime), Hécube et Polyxène, celle-ci fait preuve d'un très grand courage devant le sort qui l'attend. Finalement, Polyxène, tuée par Ulysse et Diomède, est immolée par le fils d'Achille, Néoptolème[3].

Littérature latine[modifier | modifier le code]

Durant la Rome antique, Ovide lui consacre un long développement (près d'une centaine de vers) dans Les Métamorphoses[4].

Virgile dans l'Énéide, met dans la bouche d'Andromaque — sa belle-sœur — ces paroles, qui vont dans le même sens qu'Euripide et, plus tard, d'Ovide[5] : « Ah, la plus heureuse de toutes, c'est la fille de Priam [càd Polyxène] qui a été condamnée à mourir près du tombeau d'un ennemi au pied des hauts remparts de Troie! Elle n'a pas eu à subir de tirage au sort et n'a pas touché au lit d'un vainqueur, son maître. »

Enfin, Sénèque, dans sa pièce Les Troyennes, nous présente sa version du mythe et du sacrifice de Polyxène fait par les grecs sur le tombeau d'Achille. Toute la pièce tourne autour de la volonté du héros de voir sa femme le rejoindre dans l'autre monde, puisque dès le début de celle-ci le fantôme d'Achille apparaît aux autres Achéens et réclame le sacrifice de celle qui devait être sa femme[6].

Sculpture[modifier | modifier le code]

Polyxène est également le sujet d'un sarcophage découvert à Gümüşçay (province de Çanakkale, Turquie) en 1994, connu depuis sous le nom de Sarcophage de Polyxène (en) et datant probablement de la fin du VIe siècle av. J.-C. Il s'agit d'une œuvre importante de la fin de la période archaïque[7]. Ses faces A (grand côté) et B (petit côté) font, à l'évidence, partie d'une même scène narrative, celle du sacrifice (Voir « Galerie » ci-dessous)[7].

Littérature française[modifier | modifier le code]

Peinture française[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Prénom contemporain[modifier | modifier le code]

Le prénom Polyxène ou Polixène est rare mais attesté[11] en France. Il est aussi le nom d'une sainte du Ier siècle, disciple de Paul, fêtée le 23 septembre[12]. Il a surtout été porté par la reine de Sardaigne Polyxène de Hesse-Rheinfels-Rotenbourg.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Une autre tradition veut qu'Achille ait été tué au combat par une flèche tirée par Pâris, et guidée par Apollon vers son talon.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, Paris, Pocket, (1re éd. 1907), 544 p. (ISBN 978-2-266-28617-6), p. 414-415
  2. Didier Pralon, « La Polyxène de Sophocle ». In Reconstruire Troie. Permanence et renaissances d'une cité emblématique, Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, coll. « ISTA », 2009, p. 187-208. [lire en ligne (page consultée le 1 avril 2021)]
  3. (en) Charles Segal, « Violence and the Other: Greek, Female, and Barbarian in Euripides' Hecuba », Transactions of the American Philological Association, vol. 120,‎ , p. 109-131 (V. p. 111) (lire en ligne)
  4. Livre XIII, v. 439-532 [lire en ligne (page consultée le 2 avril 2022)]
  5. Chant III, v. 320 ss. Trad. Paul Veyne (qui précise en note que la fille de Priam est Polyxène), Paris, Le Livre de Poche, n° 34222, 2016 [2012], p. 127-128.
  6. Sénèque, Les Troyennes, Épisode 1
  7. a et b Francis Croissant, « Observations sur le sarcophage de Polyxène et les styles de l'Ionie du nord à la fin de l'archaïsme », Revue Archéologique,‎ , p. 259-292 (V. p. 259; 265-6) (lire en ligne)
  8. Gaudefroy-Demombynes, 2009 (v. Bibliographie)
  9. 1706 Polyxène et Pyrrhus
  10. Sandra Bernard, « "Le sacrifice de Polyxène" un tableau de Le Brun découvert au Ritz. », sur Toutelaculture, (consulté le )
  11. Prénoms Polyxène et Polixène sur Geneanet
  12. « Saintes Xanthippe et Polyxène », sur nominis.cef.fr (consulté le )

Source[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine [détail des éditions] [lire en ligne].
  • Géraldine Gaudefroy-Demombynes, « Achille et Polyxène (1687) : l'inauguration du cycle troyen à l'Académie royale de musique », dans Reconstruire Troie. Permanence et renaissances d'une cité emblématique, Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité (no 1147), (lire en ligne), p. 329-367
  • France Marchal-Ninosque, « Polyxène, une figure mythique sur la scène française », dans Reconstruire Troie. Permanence et renaissances d'une cité emblématique, Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité (no 1147), (lire en ligne), p. 301-312

Lien externe[modifier | modifier le code]

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