Polyhalite

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Polyhalite
Catégorie VII : sulfates, sélénates, tellurates, chromates, molybdates, tungstates[1]
Image illustrative de l’article Polyhalite
Bloc de polyhalite découvert dans le Comté d'Eddy (Nouveau-Mexique).
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique K2MgCa2(SO4)4•2H2O
Identification
Couleur incolore, blanc, gris, souvent en masse grise, jaunâtre, rose chair ou saumon, rouge brique à incarnat, voire rosâtre ou rougeâtre par les traces d'hématite
Système cristallin triclinique
Réseau de Bravais maille de base a = 6,95 Å, b = 8,88 Å, c = 6,95 Å ; α = 104,06°, β = 113,94°, γ = 101,15° ; Z=4
Classe cristalline et groupe d'espace Pinacoïdale ; P 1
Clivage parfait sur {101}, parfait pinacoïdal sur {001} ; distinct sur {010}
Cassure conchoïdale
Habitus cristaux tabulaires rares et petits, masses très finement granulaires, oolithiques ou aphanitiques, fibreuses, en couches feuillées ou lamellaires
Jumelage macles fréquentes, souvent polysynthétiques caractéristiques en {010}, {100}
Échelle de Mohs 3-3,5
Trait blanc (parfois blanc rouge)
Éclat vitreux pour le cristal ; résineux, sinon soyeux pour les masses fibreuses
Propriétés optiques
Indice de réfraction polyaxe nα = 1,546 à 1,548,
nβ = 1,558 à 1,562,
nγ = 1,567
Biréfringence Biaxial (-) ; δ = 0,021
2V = 60 à 62° (mesuré)
Transparence Transparent (à translucide pour les masses)
Propriétés chimiques
Densité 2,78 (2,8 pour la roche), parfois 2,77
Solubilité se dissout facilement dans l'eau, précipite en gypse et parfois en syngénite
Comportement chimique goût amer
Propriétés physiques
Magnétisme aucun

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

La polyhalite est un corps minéral, un sulfate hydraté naturel de potassium, de calcium et de magnésium, de formule brute K2MgCa2(SO4)4•2H2O. Les cristaux tabulaires de maille triclinique, incolores à blancs ou gris, sont rarement observables, car le minéral apparaît le plus souvent en formation litée, massive, lamellaire ou fibreuse. Il forme ainsi une roche très souvent colorée en rouge par des traces d'hématite, ni tendre car sa dureté Mohs correspond à 3,5, ni légère avec une densité approchant 2,8.

La formule peut s'écrire de façon développée en K2SO4•MgSO4•2 CaSO4•2H2O : elle dévoile un assemblage intime de plusieurs sels de sulfates doublement hydratés, respectivement sulfate de potassium et sulfate de magnésium vis-à-vis de deux sulfates de calcium[2]. D'où le nom de polyhalite.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'eau dissout facilement les sels de potassium et de magnésium, et laisse une structure minérale résiduelle correspondant à du gypse. Lorsqu'on chauffe ce précipité jusqu'à sec, le résidu est de l'anhydrite.

Il faut protéger les échantillons de polyhalite, hygroscopique, soluble et facilement décomposable avec l'eau, de l'humidité de l'air environnant. Elle n'est véritablement stable que sur une courte plage de température ambiante entre °C et 25 °C, ainsi qu'à plus hautes températures qu'entre 255 et 343 °C.

Formation et gisement[modifier | modifier le code]

Il s'agit essentiellement d'un minéral de formation secondaire, qui se forme dans des milieux chauds de roches évaporites marines lités, riches en sulfates. L'anion sulfate et le cation magnésium sont apportés par la kiesérite et l'epsomite, le cation potassium par la sylvite ou carnallite ou des sels de potassium remis en circulation, le cation calcium par des sulfates de calcium fortement hydratés. Les couches de gypse et surtout d'anhydrite, pénétrées et imprégnées des solutions salines riches en K et Mg, se transforment progressivement en roche polyhalite[3].

La polyhalite peut être aussi formée par précipitation primaire : elle est aussi un des derniers minéraux à précipiter dans les saumures riches en cations potassium, calcium et magnésium, et en ions sulfate et alcalins sur une gamme de température de 0 à 80 °C[4].

Elle est très souvent associée à la glaubérite Na2Ca(SO4)2, mais aussi avec la halite et la thénardite, le gypse et l'anhydrite dans les dépôts évaporites lités. Minéral rare, la syngénite K2Ca(SO4)2·H2O peut être insérée dans la roche polyhalite.

Il existe des gisements sans doute connus depuis la haute Antiquité, par exemple Varangéville en Lorraine, près de Bad Ischl dans le Salzkammergut et à Hallstatt en Autriche.

Le gisement de Stassfurt, exploité au XIXe siècle, possède un étage de polyhalite situé entre les couches de l'anhydrite et celles de la kieserite, étage important qui était estimé globalement à 7 % en volume de l'ensemble des dépôts salins. Les mines de sel de Saratov représenteraient un gisement salin à environ 85 % de polyhalite.

Aux États-Unis, il existe les dépôts de polyhalite de Carlsbad au Nouveau-Mexique ou ceux des confins du bassin permien entre le Texas et le Nouveau-Mexique.

Associations minérales[modifier | modifier le code]

Minéraux associés (évaporites) : gypse, halite, anhydrite, sylvine, autres sels de potassium et de magnésium, glaubérite, thénardite

Quelques gisements remarquables[modifier | modifier le code]

  • Allemagne
Gisements salins d'Allemagne du Nord
Gisement saxon de Stassfurt
  • Angleterre : Le projet Woodsmith, lancé en 2016, a pour but d'exploiter un gisement situé à 1500 mètres de profondeur[5]
  • Autriche
Mines de Bad-Ischl, Sazkammergut, druses de cristaux
Hallstadt
  • France
Varangéville, Saulnois lorrain
  • États-Unis
Bassin Permien, Texas
Carlsbad, Nouveau-Mexique
  • Mexique
  • Russie
Saratov

Description minéralogique[modifier | modifier le code]

La polyhalite a été décrite dans la littérature minéralogique par l'excellent chimiste allemand Friedrich Stromeyer en 1818 à partir d'échantillons de la montagne saline du Salzberg en Autriche[6]. Le nom grec scientifique signifie qu'elle contient plusieurs sels, de poly ou polus , plusieurs et hals, halos, sel. Le suffixe -ite indique le minéral.

Usage[modifier | modifier le code]

La roche broyée est utilisée comme engrais potassique et calco-magnésien, quand elle ne contient que des quantités infimes de halite (sel gemme). Il semble que cet engrais-amendement, source de K, Mg, Ca et S, au goût amer, soit connu depuis l'Antiquité.

En association avec des sources d'azote et de phosphore assimilables, il constitue un engrais complet.

Références[modifier | modifier le code]

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. D'un point de vue de verrier, elle représente en masse 15,6 % de K2, 6,6 % de MgO, 18,6 % de CaO, 53,2 % de SO3 et 6 % de H2O
  3. Dans la série de formation des roches sédimentaires évaporitiques, les sulfates précipitent après les carbonates de calcium et de magnésium, mais avant les chlorures. La dissolution des calcites magnésiennes instables, soumises à décarbonatation, peut aussi jouer un rôle dans cette formation minérale secondaire.
  4. La polyhalite est un des derniers minéraux à précipiter dans l'eau salée, selon Philippe Rossi, op. cit.
  5. Site uk.angloamerican.com
  6. F. Stromeyer, De Polyhalite, nova e salium classe fossilium specie, Göttingische gelehrte Anzeigen: unter der Aufsicht der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften, Stück, vol. 209 (31 December 1818) p. 2081–2084.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arthur-Clive Bishop, William-Roger Hamilton, Arthur-R. Woolley, Guide des minéraux roches et fossiles, Les guides du naturalistes, Delachaux et Niestlé, Lausanne-Paris, 2001, 336 p.,trad.  Abigail Caudron et Dominique Maurel du guide Hamlyn Minerals, rocks and Fossils (ISBN 2-603-01207-X), en particulier p. 82-83.
  • Philippe Rossi, « Polyhalite  », Encyclopædia Universalis, 2001, article

Liens externes[modifier | modifier le code]