Pierre Nicole

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Pierre Nicole
Maison natale de Pierre Nicole
9 rue Noël Parfait, place Honoré d'Estienne d'Orves, Chartres.

Pierre Nicole est un théologien et un controversiste français, né le 19 octobre 1625 à Chartres, mort le 16 novembre 1695 à Paris. Il est considéré comme un des principaux auteurs jansénistes.

Biographie

Pierre Nicole est le fils d'un avocat de province, et le neveu du poète Claude Nicole. Le père de Pierre Nicole s'occupe lui-même de l'éducation et de l'instruction de son fils, qui est capable, à 14 ans, de lire dans le texte les ouvrages en grec et en latin. À 17 ans, en 1642, il se rend à Paris pour étudier la philosophie, devient maître ès-Arts en 1644 et suit des cours de théologie en 1645-1646. Il étudie également l'hébreu, mais renonce ensuite à cause de la faiblesse de sa vue.

Il entre en contact avec le monastère de Port-Royal des Champs par l'intermédiaire de sa tante, Marie des Anges Suireau, qui est un temps abbesse de Port-Royal. Il consacre une partie de son temps à enseigner dans les Petites écoles de Port-Royal. Il étudie également saint Augustin et saint Thomas, ce qui lui permet, en 1649, d'être reçu bachelier en théologie. Cependant il n'obtient pas sa licence en théologie, à cause des troubles qui agitent à ce moment-là l'Université au sujet des Cinq propositions tirées de l'Augustinus de Jansenius.

Il se retire alors à Port-Royal des Champs, à l'invitation des dirigeants jansénistes, particulièrement d'Antoine Arnauld, qui voyait en lui quelqu'un capable de l'aider. Pour vivre inconnu au milieu des troubles de la capitale, il prend le nom de Rosny. Pendant quelques années, il enseigne donc à de jeunes garçons établis et c'est ainsi qu'il apprit le grec au futur tragédien Racine, mais en même temps il prenait une grande part dans la collecte des matériaux qui devaient servir à Pascal pour écrire ses Provinciales qu'il traduisit en latin en 1658, pendant un voyage en Allemagne, sous le pseudonyme de William Wendrock, en y ajoutant des notes virulentes de son propre cru.

Si Nicole est associé naturellement à Port-Royal, il ne partageait cependant pas toutes les opinions des jansénistes. Il désirait par dessus tout éviter de jouer un rôle dans les guerres civiles. Cependant, lorsqu'il veut entrer dans les ordres en 1676, l'évêque de Chartres refuse, vraisemblablement à cause de ces relations, et il n'alla jamais plus loin que la simple tonsure. Il écrit en 1677 une lettre au pape Innocent XI pour soutenir les évêques de Saint-Pons et d'Arras, en lutte contre les casuistes. Cela lui crée des difficultés et il doit quitter la capitale. Il se cache un temps dans les environs de Chartres, puis de Beauvais, mais il décide finalement de quitter la France à la mort de la duchesse de Longueville, la plus ardente protectrice du jansénisme, en 1679. Il se réfugie alors aux Pays-Bas espagnols et vit un temps avec Antoine Arnauld à Bruxelles, puis à l'abbaye d'Orval, à Liège et dans d'autres villes, en changeant souvent de nom.

Vers 1683, Mgr de Harlay, l'archevêque de Paris, à qui il avait envoyé une sorte de rétractation, l'autorise à revenir secrètement à Chartres, puis à Paris, où il reprend ses occupations ordinaires. C'est alors qu'il achève ses Essais de morale, qui font sa réputation. Il participe aussi à deux controverses fameuses, celle du quiétisme où il soutient l'avis de Bossuet contre Fénelon, l'autre concernant les études monastiques, où il est du côté de Mabillon contre Rancé. Ses dernières années sont marquées par la maladie et l'infirmité et il meurt après une série d'attaques d'apoplexie à l'âge de 70 ans. Il a été enterré à l'église Saint-Médard. Son ami, l'érudit Henri-Charles de Beaubrun, fut son exécuteur testamentaire.

Œuvres

  • Avec Antoine Arnauld, La Logique, ou l'art de penser, première édition anonyme Paris, 1662, édition critique par Dominique Descotes, Paris: Honoré Champion, 2011.
  • Lettres sur l'hérésie imaginaire (Liège, 1667), inspirées des Provinciales, publiées en feuilles volantes à partir de 1664, donnent un exposé clair des démêlés entre jésuites et jansénistes autour des cinq propositions.
  • Essais de Morale, contenus en divers traités sur plusieurs devoirs importans,Paris, 1671, ont formé des générations de pieux laïcs jusqu'au XIXe siècle. édition moderne : Pierre Nicole, Essais de morale. Choix d’essais introduits, édités et annotés par Laurent Thirouin. Paris : PUF, coll. “Philosophie morale”, 1999 (442 p.).
  • Traité de la Comédie, publié pour la première fois en 1667, et repris dans le tome III des Essais de morale (1675), est une des pièces les plus importantes du réquisitoire contre le théâtre dans la France classique. (Pierre Nicole, Traité de la Comédie et autres pièces d’un procès du théâtre. Édition critique par Laurent Thirouin. Paris : éditions H. Champion, coll. “Sources classiques” no 9, 1998, 318 p.).

Bibliographie

  • James, Edward Donald, Pierre Nicole, Jansenist and Humanist. A Study of His Thought, La Haye, Martinus Nijhoff, 1972.
  • Pariente, Jean-Claude, L'Analyse du langage à Port-Royal. Six études logico-grammaticales, Paris, éditions de Minuit, 1985.

Hommages

« Ici est né le moraliste Pierre Nicole 1625 - 1695 ».
  • En 1864, la rue Pierre-Nicole dans le 5e arrondissement de Paris prend son nom en hommage.
  • Une plaque est apposée sur la maison natale de Pierre Nicole. La ville de Chartres a également donné son nom à l'une de ses rues.

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Source

« Pierre Nicole », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]