Pierre Kohlmann

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Pierre Kohlmann

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Biographie
Nationalité Drapeau de la France France
Naissance ,
Paris
Décès (à 25 ans),
versant italien du mont Blanc
Carrière
Disciplines Alpinisme
Compagnons de cordée Pierre Mazeaud
Ascensions notables Ouverture de la voie Kohlmann sur le versant sud de l'aiguille du midi, première de la voie directe de la face sud de l'aiguille du Pouce (voie des Français)

Pierre Kohlmann[1] est un alpiniste français né en 1935 et mort d'épuisement le à l'âge de 25 ans sur le versant italien du mont Blanc. Originaire de région parisienne, Pierre Kohlmann a réalisé plusieurs premières ascensions importantes dans les Alpes et a été ami et compagnon de cordée de Pierre Mazeaud.

Biographie[modifier | modifier le code]

À la fin des années 1940, Pierre Kohlmann découvre l'escalade en forêt de Fontainebleau avec René Desmaison, de cinq ans son ainé, alors qu'ils habitent Antony en région parisienne[B 1]. Au printemps 1958, Pierre Kohlmann fait la connaissance de Pierre Mazeaud[A 1], ils deviennent amis et grimpent ensemble notamment dans Le Saussois où ils ouvrent plusieurs voies. C'est là qu'ils préparent en 1959 la première qu'ils réussiront avec René Desmaison et Bernard Lagesse dans la face nord surplombante de la Cima Ovest dans les Dolomites (voie Couzy)[A 2]. Pierre Kohlmann réalise plusieurs premières dans les Alpes (souvent en compagnie de Pierre Mazeaud) mais aussi dans le Hoggar.

Au cinéma, Pierre Kohlmann double à plusieurs reprises Jean Marais dans des scènes acrobatiques et il mène en 1961 l'équipe d'alpinistes qui participent dans les gorges de la Jonte au tournage du film de cape et d'épée le Miracle des loups[A 3].

Pierre Kohlmann est d'un caractère altruiste et généreux[A 4],[D 1] ; chrétien pieux, il a l'habitude de prier en montagne le soir au bivouac[A 5]. Il s'occupe d'une association pour jeunes aveugles à qui il fait découvrir l'escalade à Fontainebleau et la marche en montagne[B 2],[A 6]. Pierre Kohlmann est mal-entendant et a besoin d'un appareil auditif ; cela le handicape en montagne pour communiquer avec ses compagnons de cordée, en particulier lorsque son appareil auditif est défaillant[A 7].

En , avec les Français Pierre Mazeaud, Antoine Vieille et Robert Guillaume et rejoints par les Italiens Walter Bonatti, Andrea Oggioni et Roberto Gallieni, Pierre Kohlmann tente la première ascension du pilier central du Freney sur le versant italien du mont Blanc. L'orage interrompt l'ascension alors qu'ils ont déjà dépassé l'altitude de 4 500 mètres. Immobilisés au milieu des éclairs, la foudre les frôle et touche Pierre Kohlmann au niveau de son appareil auditif qui sera désormais inopérant. Ils attendent une amélioration mais l'amélioration ne vient pas et la tempête qui s'installe contraint les alpinistes à une retraite de plusieurs jours qui se transforme en tragédie. D'abord Antoine Vieille puis Robert Guillaume meurent d'épuisement. Alors que Pierre Mazeaud reste au pied du versant nord du col de l'Innominata aux côtés d'Andrea Oggioni agonisant, Pierre Kohlmann, sourd, est pris de démence à cause de la fatigue et de la déshydratation[D 2] : Walter Bonatti et Roberto Gallieni sont contraints de laisser Pierre Kohlmann devenu fou au pied du versant sud du col. Ils rejoignent alors rapidement dans la nuit le refuge Gamba où ils alertent les secours. Pierre Mazeaud est sauvé in extremis mais les secours ne pourront rien pour Pierre Kohlmann qu'ils retrouvent mourant le dimanche [D 3],[A 8].

Pierre Kohlmann est enterré au cimetière d'Antony.

Principales ascensions[modifier | modifier le code]

  • Hiver 1957-1958 : dans le Hoggar, réalisation de 18 premières[A 9], en particulier :
    • avec Adrien Billet, la voie Billet-Kohlmann sur la face nord-est du Tizouyag Nord le [C 1]
    • avec C. Roussy, la voie Kohlmann-Roussy ou Face ouest directissime au Clocher des Tizouyag le [C 2]
    • avec Adrien Billet, la voie Billet-Kohlmann sur la face sud-est du Tizouyag Nord le [C 1]
    • avec Adrien Billet, la voie Billet-Kohlmann au Tizouyag Nord le [C 3]
    • avec Claude Dufourmantelle, la voie Face sud directe à l'Ihaghen (ou Iharen) le [C 4]
  • 1959 : dans le Saussois, ouverture avec Pierre Mazeaud du Pilier de l'Échelle et d'une voie entre le pilier de l'Échelle et la Super-échelle[A 10]
  •  : participation à l'ouverture de la voie Couzy à la Cima Ovest dans les Dolomites (la cordée de Pierre Kohlmann et Bernard Lagesse apporte soutien et ravitaillement à la cordée de tête de Pierre Mazeaud menée René Desmaison)[B 3],[A 11]
  •  : première, avec B. Mevel, G. Dassonville et M. Bréban, de la voie Kohlmann sur le versant sud de l'aiguille du midi (massif du Mont-Blanc)[A 12],[D 4]
  • 25 et  : première, avec Pierre Mazeaud et Philippe de Saint-Amand, de la voie directe à la face sud de l'aiguille du Pouce dans les aiguilles Rouges (voie des Français)[A 13],[D 5]
  •  : première avec Pierre Mazeaud de l'intégrale de l'aiguille du Peigne par le versant de Chamonix dans le massif du Mont-Blanc[A 14]
  •  : première hivernale, avec Pierre Mazeaud, du couloir Nord du Piz Cengalo dans la chaîne de la Bernina[A 15]

Hommage[modifier | modifier le code]

Une rue d'Antony porte le nom de Pierre Kohlmann.

Son nom a également été donné à une association antonienne d'aide aux jeunes et d'accompagnement éducatif ; cette association a été fondée en 1976 par Charles Ferment et Paul Roze (parrain de René Desmaison[B 4]) avec qui Pierre Kohlmann avait découvert la montagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale[D 6].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le patronyme de Pierre Kohlmann est souvent orthographié Kohlman. C'est notamment le cas dans le livre de Pierre Mazeaud Montagne pour un homme nu (Arthaud, 1971) ou dans celui de Walter Bonatti Montagnes d'une vie (Arthaud, 1997 (ISBN 2-7003-1144-2)). C'est la graphie avec deux n qui semble correcte puisque c'est notamment celle qui est inscrite sur la tombe de Pierre Kohlmann au cimetière d'Antony.

Références[modifier | modifier le code]

A - Pierre Mazeaud, Montagne pour un homme nu, Arthaud, 1971

  1. p. 45
  2. p. 47 et 48
  3. p. 127 et 128
  4. p. 87
  5. p. 131 et 136
  6. p. 114
  7. p. 46, 110 et 111
  8. chapitre 11 « Le pilier central du Frêney » p. 129 à 156
  9. p. 235
  10. p. 48
  11. p. 47 à 78
  12. p. 178
  13. p. 107 à 109
  14. p. 110 à 114
  15. p. 121 à 126

B - René Desmaison, Les forces de la montagne, mémoires, Hoëbeke, Paris, 2005 (ISBN 2-84230-229-X)

  1. p. 26 et 27
  2. p. 141
  3. p. 102 à 114
  4. p. 23 et 24

C - Thomas Dulac, Escalade au Sahara, 2005 (ISBN 2-9523 566-0-2) (topo d'escalade)

  1. a et b p. 71
  2. p. 72
  3. p. 69
  4. p. 36

D - Autres sources

  1. René Desmaison, « Pierre Kohlmann », La montagne et alpinisme (revue du Club alpin français et du Groupe de haute montagne), no 38, juin 1962, p. 261
  2. Mazeaud et la loi de la survie, par Charlie Buffet Le Monde
  3. Walter Bonatti, Montagnes d'une vie, chapitre XII « La grande tragédie du pilier central (1961) », Arthaud, Paris, 1997 (ISBN 2-7003-1144-2)
  4. Pilastre SE de l'aiguille du Midi consulté le 15 juin 2011
  5. Le Pouce : Voie des Français sur camptocamp.org
  6. site de l'association Pierre Kohlmann