Pierre Ier (roi de Chypre)

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Pierre Ier de Chypre
Illustration.
Portrait de Pierre Ier par Andrea di Bonaiuto
Titre
Roi de Chypre

(11 ans)
Prédécesseur Hugues IV
Successeur Pierre II
Biographie
Titre complet Roi de Chypre, comte de Tripoli
Dynastie Maison de Lusignan
Nom de naissance Pierre Ier de Lusignan
Date de naissance
Lieu de naissance Nicosie, Drapeau de Chypre Chypre
Date de décès (à 40 ans)
Lieu de décès Nicosie, Drapeau de Chypre Chypre
Père Hugues IV de Lusignan
Mère Alice d'Ibelin
Conjoint Echive de Montfort puis Eléonore d'Aragon
Enfants Pierre II (1357-1382)
Marguerite (1360-1397), fiancée à Charles Visconti, marié à son cousin germain Jacques de Lusignan ( 1396) comte de Tripoli
Héritier Pierre II (1368-1422)
Résidence Nicosie

Pierre Ier (roi de Chypre)
Rois de Chypre

Pierre Ier de Lusignan, né le à Nicosie et mort le dans la même ville, est roi de Chypre de 1358 à 1369. Il est le fils de Hugues IV (roi de Chypre) et d'Alice d'Ibelin.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ses mariages[modifier | modifier le code]

Pierre Ier, galant chevalier

Jeune, il reçut le titre de comte titulaire de Tripoli, titre totalement dénué de substance car Tripoli (du Liban) était conquis par les Mamelouks depuis près d'un demi-siècle. En 1342, il épousa Echive de Montfort, fille et héritière d'Onfroy de Montfort, connétable de Chypre et seigneur titulaire de Tyr et de Toron. Echive mourut avant 1350 quand Pierre était encore adolescent et le mariage fut sans enfant. En 1353, il épousa Éléonore d'Aragon, fille de l'infant Pierre d'Aragon, comte de Ribagorce, d'Ampuries et de Prades, et de Jeanne de Foix, et sœur d'Alphonse d'Aragon duc de Gandie et prétendant au trône d'Aragon.

Jeanne l'Aleman fut longtemps sa maîtresse.

Croisade alexandrine[modifier | modifier le code]

Prise d'Alexandrie
Ordre de l’Épée (1347)

Son père réfréna son désir de mener une nouvelle croisade et de reprendre Jérusalem, mais dès la mort de ce dernier, Pierre mit en place ses projets. L’appel à se croiser lancé conjointement par Urbain V et le roi de France avait motivé quelques monarques de la chrétienté. Le premier à répondre fut Valdemar IV Atterdag, roi du Danemark[1]. Le second fut Pierre Ier de Lusignan[2], roi de Chypre. À la mi-, il quitta Gênes et se dirigea vers Avignon en passant par la route du front de mer. Il arriva dans la cité des papes le . Pierre Ier arriva à Avignon, le mercredi des Cendres. Il était tout auréolé de la gloire d’avoir, quelques mois plus tôt enlevé aux Turcs la place forte de Satalie, en Asie Mineure. Comte de Tripoli, il avait été couronné roi de Chypre du vivant de son père Hugues IV, le . Ce dernier l’avait préféré à son aîné Gui, prince de Galilée. Le roi Hugues s’était ensuite éteint le [3].

Jean II ayant appris par Urbain V « que messire Pierre de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, devait venir en Avignon et avait passé mer, si dit le roi de France qu’il attendroit sa venue, car moult grand désir avoit de lui voir, pour les biens qu’il en avoit ouï recorder et la guerre qu’il avoit faite aux Sarrasins, car voirement avoit le roi de Chypre pris nouvellement la forte cité de Satalie »[4], l’attendit à Avignon avec le Maréchal Jean Ier le Meingre, dit « Boucicaut », pour prendre la croix.

Deux jours après, le vendredi saint, Urbain V renouvelait son solennel appel à tous les rois et princes chrétiens[N 1]. Il désignait Jean le Bon comme Capitaine général de la croiserie et le cardinal de Périgord comme son légat[N 2].

Lors d’un banquet, Urbain V plaça le roi Jean à son côté. Comme celui-ci priait le roi de Chypre de s’asseoir près de lui, Pierre de Lusignan lui dit : « Très cher Sire, il ne m’appartient pas de seoir jouxte vous, qui estes le plus noble roy des crestiens, car, au regart de vous, je ne suis qu’ung vostre chevalier »[4].

Le , Pierre Ier de Lusignan quitta Avignon et remonta vers l’Europe du Nord pour convaincre d’autres princes chrétiens de Flandre et du Brabant de se joindre à eux[5]. Il fut de retour à Avignon le , accompagné de Jean le Bon. Les deux rois s’installèrent dans la « noble maison de Saint-Ouen »[N 3]. Le roi de Chypre avait peu à peu convaincu le roi de France de changer l’objectif de leur « croiserie ». Le port d’Alexandrie fut dès lors préféré à Andrinople[2] et le Souverain Pontife, lui-même, donna son aval à la défense des saintes affaires du roi Pierre[N 4].

À l’approche de l’hiver, on parlait toujours du « saint voyage » quand Jean II apprit que son fils Louis, prisonnier sur parole des Anglais à Calais, avait fui. Il dut quitter de toute urgence l’Hôtel du Dauphin à Villeneuve-lès-Avignon. Le , le roi de France fit étape dans la ville du Saint-Esprit et regagna les pays de langue d’Oïl.

Le une vague de froid s’abattit sur tout le pays[N 5]. Jean le Bon fut surpris par ce froid glacial à Amiens où il avait réuni les États Généraux de langue d’Oïl[N 6]. À leur clôture, le roi annonça qu’il allait retourner en Angleterre se constituer prisonnier en lieu et place de son fils Louis[N 7].

La défection du roi de France n’empêcha point cette « croiserie » d’avoir lieu. Elle ne fut que retardée jusqu’en 1365. Cette année-là, le , d’Avignon, Urbain V écrivit au roi de Chypre, pour hâter son départ de Venise vers l’Égypte. Il venait d’embarquer avec ses troupes vers Rhodes et Alexandrie. Aux côtés du roi se trouvaient, entre autres, Jean de La Rivière, chancelier du roi de France, Philippe de Mézières, chancelier du roi de Chypre[N 8], le vicomte de Turenne, Guillaume III Roger de Beaufort, et Gantonnet d'Abzac, neveu du patriarche de Nicosie. Avec eux, près de huit mille croisés étaient prêts à aller combattre les Infidèles à Alexandrie[N 9].

Une flotte de quelque cent soixante-cinq navires arriva à Alexandrie le et le , l'offensive terrestre était lancée. Le port égyptien fut pris le . Les installations portuaires furent consciencieusement pillées durant une semaine[2]. Ce que ne savait pas Urbain V qui, le , écrit à Marco Cornaro, le doge de la Sérénissime. Dans sa lettre, il se plaignit des difficultés qu’éprouvaient les croisés pour se rendre de Venise à Chypre ou Rhodes.

Pierre Ier avait fondé en 1347 l'Ordre de l’Épée, un ordre de chevalerie chargé de reconquérir Jérusalem.

Assassinat[modifier | modifier le code]

Assassinat de Pierre de Lusignan, roi de Chypre
Jean Froissart, Chroniques, Brugges, XVe siècle (BNF, FR 2645)

À Rome, il a reçu un appel des barons de l'Arménie, le nommant comme Roi et le suppliant de délivrer leur patrie. Il revint dans le royaume de Chypre pour répondre à leur demande d'aide. Son royaume, en son absence, a été secoué par les intrigues et les complots dus en partie à l'infidélité de la reine Aliénor durant ses longues absences en Europe. Sa réaction lui met à dos sa noblesse. Il fut assassiné au Palais de La Cava, à Nicosie, par une faction de nobles le , probablement sur ordre de ses propres frères Jean de Lusignan, prince d'Antioche, et Jacques de Lusignan[réf. nécessaire].

Il fut été enterré dans l'église de Saint-Dominique de Nicosie, le lieu de sépulture traditionnelle des rois de Chypre. Son successeur fut son fils Pierre II de Lusignan.

Descendance[modifier | modifier le code]

De sa seconde épouse, il avait eu :

  • Pierre II (1357-1382)
  • Marie, dite Mariette, incorrectement appelée Marguerite (1360-1397), fiancée à Charles Visconti, marié à son cousin germain Jacques de Lusignan (mort en 1396), comte de Tripoli, fils de Jean de Lusignan et de sa deuxième femme Alix d'Ibelin
  • Echive, morte jeune avant 1369

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Lors de ce vendredi , Urbain V autorisa son frère Anglic de Grimoard, Grand Vicaire d’Avignon, à recevoir des fidèles de ses cités et diocèse « les usures, rapines et biens mal acquis, de les relever de l’excommunication et de convertir l’argent en subsides pour la Terre Sainte ». Il le chargea de transmettre, sous deux mois, à la Révérende Chambre Apostolique la décime accordée à Jean le Bon pour la croisade. Le , le jour de Pâques, le roi de Chypre quittait Avignon pour aller recruter dans toutes les Cours d’Europe pour le « sainct passage d’oultre-mer » qui avait été fixé au .
  2. En prévision de son départ Jean le Bon nomma alors le Dauphin « Lieutenant Général en toutes les parties de la langue d’Oïl ».
  3. La noble maison de Saint-Ouen (villa Clipiacum) était le siège de l’Ordre de l’Étoile. Il semblerait donc qu’elle ait eu une succursale à Avignon.
  4. Le port égyptien faisait concurrence à Famagouste, le grand havre chypriote. Porte de l’Orient, l’île de Chypre était un maillon essentiel dans l’économie marchande des flottes européennes. Comme l’a analysé J. C. Hocquet « Chypre grâce à sa position avancée dessinait à son profit la géographie des itinéraires commerciaux dans les eaux de la Méditerranée ». Ses salines, propriétés domaniales des Lusignan, permettaient notamment aux nefs de se lester de sel gros (le sel du Roy), le plus apprécié au Moyen Âge, en échange de sel fin (le sel de la Reine).
  5. Les grandes gelées de détruisirent oliviers et vignes. À partir de l’année 1364, il y eut pénurie générale d’huile d’olive et de vin.
  6. Les États d’Oïl avaient été convoqués précisément le . Le roi fit adopter par les trois ordres un impôt permanent de trois francs par feu. C’était une première dans la fiscalité française.
  7. Jean le Bon quitta Amiens le en compagnie de Jean d’Artois et du Maréchal Boucicaut. Il partit de Boulogne pour Douvres où il débarqua le avec une cagnotte de 100 000 écus pour ses faux-frais. Il arriva le 15 à Londres où Édouard III serinait sa Cour en répétant que de sa vie il n’avait rencontré prince plus loyal que son « frère Jean de France ».
  8. Dès l’âge de vingt ans, lors du combat de Smyrne, Philippe de Mézières s’était fait remarquer par sa bravoure. Pierre Ier de Lusignan lui avait alors demandé de le suivre à Chypre. Il y avait été nommé chancelier en 1352 puis ambassadeur en Europe.
  9. Malgré l’interdiction pontificale de commercer avec Alexandrie, théoriquement en vigueur depuis 1314, les Républiques Maritimes y faisaient faire régulièrement escale à leurs convois. Les capitaines vénitiens ou génois savaient « qu’il y avait beaucoup d’épices qui les attendaient » ainsi que du sel pour lester leurs galées. La Sérénissime République de Venise, qui avait acheté à Clément VI le droit de commercer avec l’Égypte, était entrée en conflit dès 1351 – 1352 avec la Superbe République de Gênes. Par un traité signé le , les deux Républiques s’étaient partagé la Méditerranée. Le port d’Alexandrie, en dépit du séisme qui avait fait totalement effondrer son antique phare en 1349, était devenu un concurrent redoutable pour Famagouste, le grand port chypriote sous protectorat génois.

Références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]