Pierre-Antoine Herwyn de Nevèle

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Pierre Antoine Herwyn, ou Pierre Antoine Herwyn de Nevèle, est un agronome et homme politique français né le à Hondschoote et décédé le à Paris.

Élu député du Tiers état du bailliage de Bailleul aux États généraux de 1789, il participe à la vie politique des différents régimes politiques successifs jusqu'à sa mort.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Pierre Antoine Herwyn naît le à Hondschoote, dans une famille bourgeoise. Fils d'Auguste Dominique Herwyn (1708-1777), natif de Bergues et premier échevin d'Hondschoote, et de Marie Cornil Van Loo, native de Furnes, il est issu d'une famille de juristes et de magistrats : son grand-père, Jacques Nicolas Herwyn, est avocat ; son arrière-grand-père, Maillard Herrewyn, échevin de Bergues.

Il est le benjamin d'une fratrie de quatre enfants :

  1. Augustin Louis (1739-), conseiller au présidial des Flandres ;
  2. Dorothée Louise (1747-1804) ;
  3. Philippe Jacques (1750-1836), échevin d'Hondschoote, membre du Corps législatif puis baron de l'Empire à partir de 1812.

Ses deux frères aînés sont par ailleurs témoins de son premier mariage.

Après avoir fait ses humanités au collège des Oratoriens à Furnes, il se rend à Douai pour y suivre des cours de philosophie et de droit, et joint à cette étude celle des sciences naturelles, notamment de la physique et de l'anatomie. Il y développe par ailleurs un goût pour l'agriculture.

À la date de son mariage en 1777, Pierre Antoine Herwyn occupe les fonctions de greffier de la prévôté Saint-Donatien de Bruges. De retour à Hondschoote, il est nommé conseiller pensionnaire de la ville.

Vie de famille[modifier | modifier le code]

Le à Hondschoote[1], Pierre Antoine Herwyn épouse Marie Josèphe Walburge Caigniez, fille de Charles François Joseph Caigniez, médecin des hôpitaux du roi et échevin de Saint-Omer, et d'Isabelle Charlotte Burez. Il semble que ce mariage ne produit pas de descendance. Marie Josèphe Walburge Caigniez meurt en janvier 1801.

Le à Furnes[2], il épouse en secondes noces Angèle Constance Persévérance Van der Meersch (1774-1849), fille de François Ignace van der Meersch Ce lien renvoie vers une page d'homonymie dit « de Névèle » (1750-1825). De cette union naissent trois enfants :

  1. Napoléon Pierre Marie (1806-1890), 2e comte Herwyn de Nevèle, pair de France ;
  2. Marie Josèphe Félicité (1807-) ;
  3. Constance Laëtitia Marie (1809-).

Par décret du , Napoléon Ier autorise Herwyn à joindre le nom « de Nevèle » au sien. Cet événement est d'ailleurs retranscrit en marge de son acte de naissance.

L'asséchement des marais[modifier | modifier le code]

Des vastes marais appelés moëres belgiques, situés sur la frontière de la Flandre française et de la Flandre autrichienne avait été concédés depuis longtemps par les souverains des deux pays, à charge de dessèchement ; mais les travaux considérables entrepris à cet effet n'avaient jamais réussi. Enfin, en 1780, les marais de la partie autrichienne ayant été cédés à M. Van der May aux mêmes conditions, Herwyn, avec l'agrément du concessionnaire, se charge de cette opération difficile et dispendieuse. Aidé de son frère aîné (le baron Herwyn), il fait construire des moulins à palettes et à vis d'Archimède pour élever les eaux ; il établit des digues, des saignées intérieures, des canaux de ceinture, des écluses, des ponts. Son entreprise est couronnée de succès et terminée en 1787. L'évacuation des eaux stagnantes, en assainissant le pays, rend à l'agriculture environ trois mille arpents, dont jusqu'alors on n'avait pu tirer aucun parti.

La Révolution française[modifier | modifier le code]

En 1789, il est conseiller pensionnaire de la ville d'Hondschoote et avocat au Parlement de Flandres. Le bailliage de Bailleul l'envoie comme député du Tiers-état aux États-Généraux, où il vote avec la majorité ; il fut nommé et constamment réélu, pendant toute la session, membre et secrétaire du comité d'agriculture et de commerce.

Revenu à Hondschoote, il obtient le commandement d'un bataillon de la garde nationale. Lors de la levée des trois cent mille hommes au commencement de 1793, il parvient à incorporer environ 30 % de volontaires supplémentaires par rapport au contingent qui lui avait été assigné.

Chargé des travaux de défense de la contrée, Herwyn protège la retraite de l'armée française, se tient à l'arrière-garde avec son bataillon qu'il ramène à Dunkerque dans le but de défendre cette ville.

Sur un ordre du comité révolutionnaire, il est arrêté à Hondschoote le alors qu'il vient d'être nommé commissaire des guerres. Il est conduit à Dunkerque puis à Arras, enfin à Douai, avec sa femme qui n'avait pas voulu se séparer de lui. Ses geôliers, craignant l'arrivée en ville d'une troupe révolutionnaire susceptible de s'en prendre à lui, le détiennent pendant sept jours dans un cachot. Après sept mois d'incarcération, Herwyn et sa femme comparaissent devant une commission militaire comme prévenus d'intelligence avec l'ennemi ; ils sont acquittés.

Sorti de prison, Herwyn reprit ses fonctions de commissaire des guerres ; il sert sous Pichegru et sous Moreau.

Après la conquête de la Hollande, il réside pendant quatre ans, en qualité de commissaire-ordonnateur, dans la ville de Bruges. Il est, durant quelques mois, commissaire du Directoire près le département de la Lys. Dans ces fonctions, il fait preuve de clémence, notamment en rendant la liberté aux prêtres qu'on avait arrêtés et en s'opposant à l'enlèvement des otages qu'on voulait prendre à Bruges.

Consulat et Empire[modifier | modifier le code]

En 1799, il est élu représentant du département de la Lys au Conseil des Anciens dont il devient secrétaire. À la suite du coup d'État du 18 Brumaire, il est appelé au Sénat conservateur, où il siège avec la minorité opposée à Napoléon[3].

Vers cette époque, il se réunit encore à son frère pour recommencer les travaux de dessèchement des moëres belgiques, que les ravages de la guerre avaient entièrement ruinés, et en rétablir l'exploitation. Ils y consacrent de nouveau une partie de leur fortune, et terminent en deux ans cette entreprise, pour laquelle une médaille d'or leur est décernée, en 1802, par la société d'agriculture de la Seine, dont ils deviennent tous les deux membres.

Sous la Restauration[modifier | modifier le code]

En 1814, il vote comme sénateur la déchéance de Napoléon, et entre à la Chambre des pairs dès sa création.

Louis XVIII le nomme comte héréditaire le , mais ses lettres patentes ne sont expédiées que le . Le 20 à midi, le roi avait déjà quitté sa capitale et on attendait Bonaparte aux Tuileries : Herwyn se présente à la cour royale pour prêter son serment de fidélité au roi entre les mains du premier président Séguier.

Pendant les Cent-Jours, Herwyn qu'on croyait en Belgique, mais qui n'avait pu suivre Louis XVIII à Gand, se tient à l'écart. À son retour, le roi lui fait remettre son portrait orné d'une légende qui consacrait l'action du , et le nomma grand officier de la Légion d'honneur[4].

À la chambre haute, Herwyn vote pour la déportation dans le procès du maréchal Ney.

Mort[modifier | modifier le code]

Atteint de goutte, il mène une vie retirée. Il meurt le à Paris, dans l'ancien 11e arrondissement.

Solennités[modifier | modifier le code]

Titres[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes des Herwyn « de Nevèle »

Coupé : au 1, d'or, au lion de sable, lampassé de gueules; au 2, de sable, à trois molettes mal-ordonnées d'or.[7]

Supports
deux licornes, au naturel[7].
Armes du comte Herwyn et de l'Empire
Selon ses lettres patentes
Écu parti, coupé à sénestre en courbe, lion de sable lampassé de gueules, sur un fond d'or ; trois étoiles d'or sur fond de sable ; à dextre au troisième quartier croix de gueules sur fond d'argent, petit merle sur l'angle supérieur de la croix.[8],
Ou
Écu parti, coupé à sénestre en courbe de sable et d'or, sur l'or un lion passant de sable lampassé de gueules, sur le sable, trois étoiles d'or posées deux et une ; à dextre le premier de sénateur, le second d'argent à la croix attachée de gueules accostée à dextre en chef d'un merle de sable[9],[8],[10].
Armes du comte Herwyn de Nevèle, pair de France,

Écartelé : au 1 d'or, au lion de sable, lampassé de gueules ; au 2 d'argent, à la croix de gueules cantonnée en chef d'une « molette » [merlette] de sable ; au 3 de sable, à trois molettes d'or ; au 4 d'azur, à la fasce d'or, accompagnée en chef de deux pigeons affrontés d'argent, et en pointe, d'un serpent d'or mis en pal.[5]

Hommages[modifier | modifier le code]

En 2014, la commune d'Hondschoote nomme une rue d'après Pierre Antoine Herwyn[11].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Archives départementales du Nord, registres paroissiaux d'Hondschoote, 1767-1781, vues 628 et 629, cote 5 Mi 030 R 031 », sur archivesdepartementales.lenord.fr (consulté le )
  2. « Pierre Antoine Herwyn de Névèle », sur roglo.eu (consulté le )
  3. Henri Piers, Histoire de la ville de Bergues-Saint-Winoc : notices historiques sur Hondschoote, Wormhoudt, Gravelines, Mardick, Bourbourg, Watten, etc.., Imprimerie de Vanelslandt, (lire en ligne), p. 91
  4. a et b « Herwyn de Nevèle (Pierre-Antoine-Charles, comte) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  5. a et b François Velde, « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », Lay Peers, sur www.heraldica.org, (consulté le )
  6. « Cote LH/1297/63 », base Léonore, ministère français de la Culture
  7. a et b Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
  8. a b et c « BB/29/974 page 58. », Titre de comte accordé à Pierre, Antoine Herwy. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
  9. Meersch (van der) dit « de Nevele » : D'argent, à la croix de gueules, acc. au 1 d'une merlette de sable ou d'un perroquet de sinople.
    Source
    Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
  10. a et b Michel Laisnez, « Héraldique napoléonienne », département du Nord, sur passepoil.fr, (consulté le )
  11. « Hondschoote : Pierre-Antoine Herwyn, acteur oublié de la Révolution, aura bientôt une avenue à son nom », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]