Philippe de Montaut-Bénac de Navailles

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 Philippe de Montaut-Bénac
Duc de Navailles
Philippe de Montaut-Bénac de Navailles
Philippe de Montaut-Bénac, duc de Navailles.
Portrait anonyme, Paris, BnF, département des estampes, XVIIe siècle.

Surnom Maréchal de Navailles
Naissance
Décès (à 65 ans)
Paris
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme infanterie
Dignité d'État Maréchal de France
Années de service 16351678
Commandement
Conflits
Faits d'armes
Distinctions
Autres fonctions

Philippe III (ou II) de Montaut-Bénac, vicomte puis duc de Navailles, né en 1619 et mort le , est un maréchal de France.

Il est pair de France, chevalier des Ordres du roi, deuxième duc puis vicomte de Lavedan[1], duc-pair de Montaut (duché-pairie sis à Lavalette par transfert du duché de Lavedan), marquis de Bénac, gouverneur-sénéchal de Bigorre etc.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Philippe III (ou II) est le fils puîné de Philippe II (ou Ier) de Montaut[2] (1579-1654 ; baron puis marquis de Bénac, seigneur/baron de Navailles, premier duc de Lavedan, pair de France[3], sénéchal de Bigorre), et de Judith de Gontaut, dame de Saint-Geniès et de Badefol[4],[5] ;

Sa famille possédait Montaut en Toulousain, et se rattachait probablement, mais pas assurément, à l'ancienne famille féodale de cette localité (sans doute issue des Noé) ; la parenté avec la famille de Montault[6] toujours subsistante (qui semble venue des Montaut en Armagnac) est possible, sans certitude.

Son père, Philippe II de Montaut[7],était le fils de Bernard de Montaut-Bénac, et Tabitha de Gabaston[8].

Ledit Bernard, sénéchal de Bigorre en 1578, était le fils de Jean-Marc de Montaut-Bénac et de Madeleine d'Andouins, dame de Navailles ; Bernard était aussi le frère cadet d'un autre Philippe (Ier) de Montaut-Bénac, sénéchal de Bigorre en 1599, époux sans postérité de Marie de Gontaut-St-Geniès-Badefol[9] (fille d'Armand de Gontaut et de Jeanne de Foix) qui fut aussi la femme de Jean-Jacques de Bourbon, vicomte de Lavedan, et la tante paternelle de Judith de Gontaut-St-Geniès ci-dessus (la mère de notre maréchal-duc Philippe) : ainsi, Marie de Gontaut était la grand-tante du maréchal-duc Philippe de Montaut, et sa grand-tante par alliance ; cette double parenté explique la dévolution de la vicomté de Lavedan aux Montaut-Bénac[10].

Il avait un frère : Henri de Montaut de Navailles Saint-Geniès qui fut Lieutenant Général des armées du roi.

L'enfant est élevé dans les principes de la religion réformée[11].

États de service[modifier | modifier le code]

Il devient à quatorze ans page du cardinal de Richelieu. À la demande de ce dernier, il abjure dix-huit mois plus tard, contrairement à son frère aîné Cyrus qui reste fidèle au protestantisme. En 1637, le cardinal le fit enseigne de la compagnie colonelle de son régiment de la Marine[12]. Il est en 1638 au siège de Saint-Omer et au combat de Polincove, en 1639 au siège d'Hesdin, et en 1640 au siège d'Arras. Le cardinal lui envoie alors une commission de capitaine. Mais il quitte le régiment de La Marine pour devenir en 1641[11] colonel du régiment d'infanterie de Navailles, mis sur pied 40 ans plus tôt par son oncle, Bernard de Montaut[13]. Il conduit son unité en Piémont, dans l'armée d'Italie que commande le comte d'Harcourt[14]. Il participe à la plupart des sièges[11]. Il se distingue à celui de Tortone, en novembre 1642[15]. En 1643, il sert notamment au siège de la citadelle d'Asti<[16].

Richelieu étant mort, il s'attache au cardinal Mazarin[17]. Le , il obtient du cardinal le régiment d'infanterie d'Artois, qu'il va conserver jusqu'en 1652[18]. Il sert au siège de Roses ()[19]. En septembre, il est envoyé en Flandre. Il sert au siège de Lens (septembre-octobre)[20].

En 1646, il est nommé sergent de bataille[21]. Au printemps, il retourne en Italie. Il sert au siège d'Orbetello[22] (mai à juillet). La même année, il est maréchal de camp sous le duc de Modène qui vient de se rattacher à la France[23]. En 1648, il est gravement blessé au siège de Crémone[24].

Durant la Fronde (1648-1653), il reste fidèle au cardinal Mazarin[17]. En 1650, Louis XIV le fait lieutenant général. Il participe à la bataille de Rethel (), où il contribue à la défaite de Turenne[18]. En remerciement, le roi lui donne le gouvernement de Bapaume<[25]. En 1651, Navailles conduit Mazarin de la frontière de Flandre à Poitiers, où se trouve le roi[18]. En 1652, il combat les frondeurs dans l'Orléanais et l'Anjou[25].

En 1653, il obtient la charge de capitaine-lieutenant des chevau-légers de la garde[26]. Il devient duc de Navailles à la mort de son père, en 1654.

En 1658, en qualité de capitaine général, il commande les troupes du roi en Italie sous le duc de Modène[4]. Il a en même temps le titre d'ambassadeur extraordinaire vers les princes d'Italie. Après la mort du duc de Modène (), il commande en chef jusqu'à la paix, le [25].

Le , il est nommé gouverneur du Havre. En décembre, il fait transférer sur sa terre de La Valette, en Angoumois[27], les titre et dignité de duché-pairie, sous le nom de duché-pairie de Montaut[4]. Il est reçu chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le [4].

Il connaît une première disgrâce en 1664, du fait de son épouse (voir ci-dessous), et doit s'exiler sur ses terres, par exemple à Boucard[28] (château qu'il avait acquis en étant créancier d'un héritier de la famille de Boucard, à qui il avait vendu la charge de gouverneur de Bapaume mais qui n'avait pu en honorer entièrement le prix).

En 1666, il obtient le commandement de La Rochelle et du pays d'Aunis[29]. Il est envoyé au secours de Candie (juin-août 1669), mais n'y obtient aucun succès. Il est, à son retour, exilé une nouvelle fois dans ses terres, à Boucard, et pour trois ans[25].

Il rentre en grâce en 1673]. Il reçoit le commandement des troupes d'Alsace, de Lorraine, du Pays messin, de Bourgogne et de Champagne[30]. En 1674, il prend une part active et glorieuse à la deuxième conquête de la Franche-Comté. Son armée est regroupée le long du court tracé de la Saône (vers Pontailler-sur-Saône et Heuilley-sur-Saône) qui matérialise la frontière entre la Comté et la France. En février, il fait pénétrer son armée en Comté par un pont de bateaux installé au gué du Port-Saint-Pierre (Heuilley-sur-Saône) et par le pont de Pontailler. Puis il remonte vers le nord, pour prendre, le 28 du même mois, la ville de Gray, position très importante<[25] puis à la prise de Vesoul le 11 mars. Il contribue ensuite à la prise de Besançon en mai, et à la conquête totale de la province, achevée en juillet. Le , il commande l'aile gauche à Seneffe[25].

Il est créé maréchal de France le .

Il obtient le commandement de l'armée du Roussillon en 1676[31], en remplacement du comte de Schomberg. Il y arrive fin janvier[32]. Il franchit la frontière, entre dans l'Empordan et prend Figueres. Le , il prend Puigcerdà[33]. Après le traité de Nimègue, il quitte le service[34].

Il est nommé en gouverneur du duc de Chartres, le futur régent.

Il meurt à Paris, frappé d'apoplexie, le [34] et est inhumé au couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques.

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Il épouse le Suzanne de Beaudéan-Parabère (1627 - ), fille de Charles de Beaudéan, comte de Neuillan[34], gouverneur de Niort. Celle-ci, fille d'honneur d'Anne d'Autriche, gagne la confiance du cardinal Mazarin. En 1660, elle est nommée dame d'honneur de la reine Marie-Thérèse[25]. Cette charge fait d'elle la surveillante des filles d'honneur. Elle la perd en juin 1664, par un zèle qui contrarie les écarts amoureux de Louis XIV, et par une calomnie[35],[36]. Son mari est alors contraint de se démettre de son gouvernement du Havre et de sa compagnie de chevau-légers de la garde, et de renoncer à ses pensions. Deux ans plus tard, en mourant, Anne d'Autriche obtient du roi le pardon du duc et de la duchesse[37]. Le couple a sept enfants :

Mémoires[modifier | modifier le code]

Le duc de Navailles laisse des Mémoires couvrant les années 1630 à 1682[43]. Il emploie une partie du livre quatrième à justifier son départ de Candie[25].

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes de Philippe de Montault-Benac (1619-1684), vicomte de Navailles, puis duc de Lavedan et pair de France, puis duc de Montault et pair de France, seigneur du duché de La Valette, maréchal de France, chevalier du Saint-Esprit (reçu le )
  • Écartelé :
  • au I, contre-écartelé d'or et de gueules (Gontaut-Biron) ;
  • au II, de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au naturel (de Navarre) ;
  • au III, d'or aux trois pals de gueules (de Foix) ;
  • au IV, d'or aux deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d'azur, passant l'une sur l'autre (de Béarn) ;
  • sur le tout, écartelé :
    • aux I et IV, parti :
      • A, d'azur à deux mortiers de guerre d'argent, posés en pals, l'un sur l'autre (Montault de la branche de Saint-Sivier),
      • B, de gueules, à quatre otelles d'argent, posées en sautoir (Comminges),
    • aux II et III, d'azur aux deux lièvres d'or courant l'un sur l'autre (Bénac)[44].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. En mai/décembre 1650, le jeune Louis XIV érige la vicomté de Lavedan et la baronnie de Baussens en duché-pairie de Lavedan (non enregistré) pour Philippe Ier de Montaut marquis de Bénac, baron de Navailles en Béarn, sénéchal et gouverneur de Bigorre, qui tenait le Lavedan de sa femme Judith de Gontaut de St-Geniès et Badefol, fille d'Hélie de Gontaut et de Jacqueline de Béthune sœur du grand Sully, et petite-fille paternelle de Jeanne de Foix (fille de Frédéric de Foix et de Françoise de Silly). Confirmation en septembre 1654 pour notre Philippe II de Montaut, mais avec transfert du duché-pairie, sous le nom de Montaut, à Lavalette en décembre 1660 (le futur maréchal de Navailles venait d'acquérir Villebois-Lavalette sur Bernard de Nogaret de La Valette, le fils de Bernard, Louis-Charles-Gaston de Nogaret, étant prédécédé sans postérité en 1658), le Lavedan retrouvant alors son statut de vicomté.
  2. À distinguer des seigneurs de Montaut en Astarac ; et des barons de Montaut en Armagnac (baronnie du Fezensac aux confins de la Lomagne), qui eurent aussi Augnax, Nougaroulet, Tourrenquet, Bajonette, Castelnau (avec le château de Quinsac), Gramont..., encore qu'il semble y avoir une origine commune par les de Noé (Noé et L'Isle-de-Noé ; blason losangé d'or et de gueules) dont descendraient les Montaut d'Armagnac (losangé d'argent et d'azur), et dont sont issus les seigneurs toulousains de Montaut (d'azur à deux mortiers de guerre d'argent allumés de gueules posés en pal) et de Noé. Le maréchal-duc de Navailles représente la branche bigourdane et béarnaise de la famille toulousaine de Montaut, qui d'ailleurs conserva les seigneuries de Montaut et Noé au sud de Toulouse et Muret, et eut également Sarriac-Bigorre, Saint-Sivié(s)/Saint-Sivier et Broilh(s) au Barri de Bénac, plus la vicomté de Saumont-en-Brulhois ; il y avait aussi une branche ariégeoise (d'or au pin de sinople arraché, accosté de deux vautours/faucons de sable sur un monceau du même), fieffée à Brassac, Labat à Saint-Paul, Puydaniel, Hauterive, Miremont.
  3. Navailles 1861, liv. 1, p. 2, note 1.
  4. a b c et d François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois et Jacques Badier, Dictionnaire de la Noblesse, t. XIV, Paris, Schlesinger, , col.83. (voir aussi la version de 1775, t. X, chez Antoine Boudet, à Paris, 260-270).
  5. Judith de Gontaut de Saint-Geniès
  6. Henri Jougla de Morenas, Grand armorial de France, tome 5 Tome 5
  7. Les barons de Bénac, sénéchaux et gouverneurs de Bigorre des guerres de Religion au rattachement à la couronne
  8. Un Gascon, maréchal de France : Fracard (M. L.), Philippe de Montaut-Bénac, duc de Navailles, maréchal de France (1619-1684)
  9. « Marie de Gontaut », sur Geneanet, arbre de Henri FREBAULT
  10. « Le Lavedan et les Montaut-Bénac, p. 258, note 2 », sur Essais historiques sur le Bigorre, t. II, par Marie-Armand Davezac-Macaya, chez Jean-Marie Dossun à Bagnères, 1823
  11. a b et c Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, t. XXX, Paris, Desplaces, 1843-1865, p.247.
  12. Navailles 1861, liv. I, p. 4-5.
  13. Bernard II de Montaut, seigneur de Puntous, tué le au premier siège de La Mothe.Navailles 1861, liv.I, p. 6, note 2.
  14. Navailles 1861, liv. I, p. 7.
  15. Navailles 1861, liv. I, p. 12.
  16. Navailles 1861, liv. I, p. 15.
  17. a et b Louis de Rouvroy de Saint-Simon, Mémoires, t. I, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », , p.707.
  18. a b et c Général Susane, « Régiments d'Artois », sur ancestramil.fr.
  19. Navailles 1861, liv. I, p. 18.
  20. Navailles 1861, liv. I, p. 20.
  21. Grade alors au-dessus de mestre de camp. Navailles 1861, liv. I, p. 21.
  22. Navailles 1861, liv. I, p. 22-27.
  23. Navailles 1861, liv. I, p. 30.
  24. Navailles 1861, liv. I, p. 45.
  25. a b c d e f g et h Michaud 1843-1865, t.XXX, p. 248.
  26. « Compagnie des chevau-légers de la garde », sur cour-versailles.fr.
  27. Il avait acheté cette terre au duc d'Épernon. Navailles 1861, liv. V, p. 196.
  28. Saint-Simon, p. 709.
  29. Navailles 1861, liv. III, p. 138.
  30. Navailles 1861, liv. IV, p. 173.
  31. Dr Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale, Copenhague, Rosenkilde et Bagger, 1968, t. XXXVII, col. 536.
  32. Navailles 1861, liv. V, p. 197.
  33. Navailles 1861, liv. V, p. 212.
  34. a b c d e et f La Chesnaye Des Bois et Badier 1869, t.XIV, col.84.
  35. Michaud 1843-1865, t.XXX, p. 248-249.
  36. Navailles 1861, liv. III, p. 136.
  37. Saint-Simon, p. 708-709.
  38. Gonzague Truc, dans Saint-Simon, t.I, p. 1197, notes 56 et 57.
  39. Il a levé le un nouveau régiment de Navailles, à l'origine du 70e régiment d'infanterie de ligne « Création du régiment de Navailles », sur ancestramil.fr.
  40. Gonzague Truc dans Saint-Simon, t.I, p. 1197, notes 52 et 53.
  41. Gonzague Truc dans Saint-Simon, t.I, p. 1197, note 54.
  42. La Chesnaye Des Bois et Badier 1869, t.XIV, col.85.
  43. Mémoires du duc de Navailles et de La Valette ; Amsterdam, Malherbe ; Paris, Barbin ; 1701. Réédité en 1861, op. cit.
  44. Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arnaud Vendryes, Les Amaurandes, Pratz et Lamartine in Société d'Emulation du Jura, Travaux 2010 p. 173-203 (évoque le duc de Navailles à l'occasion de la conquête de la Franche-Comté en 1674).
  • Duc de Navailles, « Mémoires », dans Mémoires du marquis de Chouppes suivis des Mémoires du duc de Navailles et de La Valette, Paris, Techener, (lire en ligne).

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]