Philippe de Chérisey

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Philippe de Chérisey
Nom de naissance Philippe Louis Henri Marie de Chérisey
Surnom Amédée
Naissance
9e arrondissement de Paris, France
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès (à 62 ans)
20e arrondissement de Paris, France
Profession Acteur
Films notables Jeux interdits

Philippe Louis Henri Marie de Chérisey, né le dans le 9e arrondissement de Paris et mort le dans le 20e arrondissement de Paris, est un comédien et écrivain français.

Comme humoriste à la radio et acteur au théâtre et au cinéma, il est connu sous le pseudonyme d'« Amédée ». Comme écrivain, il s'est illustré dans la création de faux documents et dans l'élaboration d'un canular concernant l'histoire des Templiers.

Biographie[modifier | modifier le code]

Originaire d'une illustre et vieille famille de Lorraine, né à Paris le , le (9e) marquis de Chérisey décide de devenir comédien contre la volonté de sa famille et intègre le cours Simon en 1946. Comme acteur de cinéma, Jeux interdits en 1952 reste le film le plus notable dans lequel il a joué — un second rôle, comme pour le reste de sa filmographie. À partir de 1953, il crée pour la radio en tandem avec Roland Dubillard les sketchs de « Grégoire et Amédée ». Écrits et interprétés par lui-même (sous le pseudonyme d'Amédée) ou son complice (sous celui de Grégoire), ces sketchs passent quotidiennement sur Paris Inter et remportent un grand succès qui rendent célèbres leurs deux auteurs. Ceux-ci en font un spectacle de cabaret, joué entre autres à La Tomate et à la Fontaine des Quatre Saisons (aujourd’hui Musée Mayol), jusqu’en 1955.

En marge de son métier de comédien, Philippe de Chérisey, qui passait beaucoup de temps dans les bibliothèques, s'amusa, dans l'esprit du dadaïsme à tendance ésotérique (ou en tant que surréaliste, membre qu'il fut du Collège de Pataphysique[1]), à forger de faux documents pour son ami Pierre Plantard, le présentant comme descendant du roi Dagobert II. Il confectionna aussi pour ce dernier, dans le cadre de leur élaboration commune de la supercherie dite du Prieuré de Sion, liant Templiers et trésor de Rennes-le-Château, plusieurs « documents sur le Prieuré » qui furent déposés, avec ceux relatifs aux Mérovingiens, à la Bibliothèque nationale à Paris durant les années 1960 en tant que Dossiers secrets d'Henri Lobineau. Il fabriqua aussi deux parchemins, dits de l'abbé Saunière, reproduits en 1967 dans l'ouvrage ésotériquement fondateur de Plantard[2]. Le « petit parchemin » fut copié du Codex Bezae, un manuscrit en latin et grec du Ve siècle dont Chérisey avait trouvé la reproduction d'un folio dans l'ouvrage de Fulcran Vigouroux, Dictionnaire de la Bible (tome premier, Paris : Letouzey et Ané Éditeurs, 1895). Chérisey avait trouvé ce texte via Vigouroux, car ce dernier était un prêtre en rapport avec l'église Saint-Sulpice, un des endroits qui avaient été définis comme faisant partie du mythe du Prieuré de Sion tel que Plantard et Chérisey l'avaient imaginé. Bien que polyglotte — parlant anglais, espagnol, latin et chinois —, Chérisey, qui n'était pas paléographe, fit quelques erreurs dans la copie du texte du Codex Bezae, de même que sa mémoire le trahit quand il déclara en 1979, en se trompant de référence : « Les parchemins ont été fabriqués par moi, j’ai pris le texte en onciale à la Bibliothèque nationale sur l’œuvre de dom Cabrol, L’Archéologie chrétienne »[3] (s'il a certes aussi pu utiliser pour ses forgeries le Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie de Ferdinand Cabrol et al., ce n'est pas là du moins qu'il avait trouvé la reproduction du Codex Bezae). Le « grand parchemin » aurait quant à lui, d'après l'enquête de l'émission d'information américaine qui s'y intéressa au début des années 1980, été inspiré par une édition de la Vulgate latine (John Wordsworth et Henry J. White éds, Novum Testamentum Domini Nostri Iesu Christi latine secundum sancti Hieronymi, Oxford : Clarendon Press, 1889–1954).

Philippe de Chérisey fut un mystificateur mais surtout un blagueur, amateur de jeux de mots et d'énigmes langagières. Le meilleur exemple se trouve dans son petit texte ésotérique parodique Circuit (1968), truffé de calembours[4]. Plantard, lui, prenait tout cela beaucoup plus au sérieux, car ces mystifications servaient directement ses intérêts mythomaniaques, et un schisme épistémologique se produisit entre les deux hommes au milieu des années 1980, qui vit Chérisey choisir plutôt de se lier d'amitié avec Paul Rouelle, son dentiste[réf. nécessaire].

Philippe de Chérisey était sur le point de terminer plusieurs travaux – L'Encyclopédie du tréma[5] et une biographie de Balzac, ouvrages à ce jour non publiés – quand il mourut à Paris (20e), le .

Au dire de son ami Paul Rouelle[6] : « il a surtout réussi à faire ce que tant de nous rêvent de faire parfois : vivre son rôle au quotidien, devenir puis être son propre personnage dans un scénario qui, à l’époque, s’écrivait encore presque au jour le jour. À sa manière, c’était un philosophe de l’absurde, un adepte de la pataphysique, cette « science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité », comme disait Alfred Jarry. Il en fut un expérimentateur exceptionnel, mais avec cette distance qui fait que l’entomologiste qui dissèque un papillon ne croit pas nécessairement au papillon ».

Filmographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • 1949 (non publié) : "Un mauvais quart d'heure à passer, (ou) La Vengeance de la grosse molaire, (pseudo-drame radiophonique en 3 actes, un prologue et un épilogue) archive BnF
  • 1957 : Grégoire (= Roland Dubillard) et Amédée, Livre à vendre, Paris : Éditions de Paris (rééd. Paris : J.-C. Simoën, 1977).
  • 1958 : Anacharsis à l'Exposition : Textes d'Amédée, présentés par Philippe Dasnoy, Bruxelles: Éditions Jeune Belgique (billets lus par l'auteur dans l'émission radio « Étoile 58 » couvrant l'exposition universelle à Bruxelles).
  • 1960 (non publié) : Amédée, "Le pied à coulisse" archive BnF
  • 1968 : Circuit, Liège : Ph. de Cherisey.
  • 1975 : L'Or de Rennes pour un Napoléon, Paris : Ph. de Cherisey.
  • 1978 : L'énigme de Rennes, Paris : Ph. de Cherisey.
  • 1979 : "Jarry lecteur de Poe et de Shakespeare", AARevue 115 (janvier-février), Liège.
  • 1979 : "Catalogue des circonflexes communs", "Circonflexe des propres" et "Circonflexe et Tréma", AARevue 123 ("Absolu 107", sept.-oct.), p. 3–21, 23-26, 27-28.
  • 1980 : Lettre ouverte à monsieur Laurent Dailliez, Paris : Ph. de Cherisey.
  • 1983 : Court-circuit de Paul Rouelle ; avec un feu d'artifice de Ph. de Cherisey, Liège : P. Rouelle (rééd. augmentée Paris, l'Œil du Sphinx, 2010).
  • 1983 : "Jésus Christ, sa femme et les Mérovingiens", Nostra - L'Actualité Insolite no 584.
  • 1984 : L'Affaire Jean-Luc Chaumeil, Courbevoie : Ph. de Cherisey.
  • 2008 (posthume) : Un veau à cinq pattes: notes sur l'œuvre de l'abbé H. Boudet, sur ses sources, son tempérament, son idéal et sa vie, Brugelette (Belgique) - Serpaize-Le-Valeron : France secret.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]