Philippe Solari

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Philippe Solari
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Naissance
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Sépulture
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italienne ( - )
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activité

Philippe Solari, né le à Aix-en-Provence, mort dans la même ville le , est un sculpteur provençal, d'origine italienne naturalisé français[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Né dans une famille peu fortunée comptant sept enfants, dont six filles, Philippe Solari doit son éducation à la pension Notre-Dame, où il fait la connaissance d'Émile Zola. Les deux hommes deviendront très amis. Chaque jeudi soir, entre 1860 et 1865, Zola accueille chez lui Cézanne et Solari pour des causeries artistiques[2].

Très attiré par l'art, et la sculpture en particulier, Solari fréquente alors l'école de beaux-arts d'Aix-en-Provence avant de poursuivre sa formation à l'Académie suisse à Paris.

Il épouse Thérèse Strempel en 1867, avec qui il a deux enfants, une fille née en 1867 et un fils, Émile Solari né en 1873, dont Émile Zola sera parrain.

Carrière[modifier | modifier le code]

Tombe d'Émile Zola, sculptée par Philippe Solari.
Buste de Johan Barthold Jongkind par Philppe Solari

Lauréat du prix Granet, il peut partir pour Paris, où il fréquente l'Académie suisse, mais a bien du mal à survivre comme artiste. Le peintre Achille Emperaire écrit : « Tous ont des appuis, aucun d'eux, excepté ce pauvre Solari, n'est strictement tenu de se soucier du lendemain[3] ». Il débute au Salon de 1867.

Au Salon de 1868, Zola dit de son Nègre debout : « Je trouve dans Philippe Solari un de nos deux ou trois sculpteurs vraiment modernes. Il a dit adieu au rêve de beauté absolu... La beauté pour lui est devenue expression vivante de la nature, l'interprétation du corps humain »[4].

Une de ses œuvres, un buste du peintre néerlandais Johan Barthold Jongkind[5], est dévoilée le au cimetière Montmartre en présence de son auteur qui préfère s'éclipser sans se faire connaître au moment où la sculpture est présentée. Cette réserve qui le caractérise est sans doute à l'origine des nombreuses portes fermées qu'il rencontrera au cours de sa carrière. Un premier moulage du buste de Jongkind est installé rue Ganay, à Aix-en-Provence[6].

Dans les dernières années de sa vie, il réalise deux portraits de Cézanne, l'un de mémoire (dénommé Cézanne rêveur)[7], l'autre dans l'atelier du maître d'Aix. Le journaliste Jules Bernex rapporte que, pour l'occasion, « à l'ultime séance, le sculpteur, pour mettre les dernières touches, sortit un lorgnon de sa poche et l'ajusta sur son nez. Comment ? hurla Cézanne, tu mets des verres sur tes yeux pour regarder la nature ? Je ne poserai jamais plus pour quelqu'un qui ne peut pas me voir à l'œil nu [8]! » Il signe ses oeuvres avec un Y pour Solary.

Mort[modifier | modifier le code]

Alors qu'il travaille à la réalisation de chars destinés au carnaval d'Aix, Solari est atteint d'une pneumonie. Comme on le transporte en fiacre à l'hôpital, il murmure : « Quel dommage avec ce temps [9]! »

Solari meurt la même année que Cézanne. Le peintre Joseph Ravaisou déclare à leur sujet : « L'année qui finit aura vu s'éteindre deux artistes dont l'existence, en dépit de situations de fortune différentes, fut marquée par le même détachement des choses pratiques, la même propension aux émotions pures et naïves. L'un était sculpteur, l'autre peintre. [...] L'aisance de Cézanne et la pauvreté de Philippe Solari connurent des joies égales ; elles voisinèrent durant la vie des deux artistes ; elles viennent de descendre dans la mort en se tenant par la main : le peintre et le sculpteur ont succombé dans des conditions identiques, frappés par le même mal[10]. »

Il repose au cimetière Saint-Pierre d'Aix-en-Provence.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le
  2. Vers une sociologie des œuvres, Jean-Olivier Majastre, Alain Pessin, éd. L'Harmattan, 2001, p. 194.
  3. John Rewald, Emperaire, Amour de l'Art, 1938.
  4. Émile Zola, « Mon salon », L'Événement illustré, 16 juin 1868.
  5. Plâtre, 1871, musée dauphinois, Grenoble
  6. Œuvre actuellement non localisée. Deux bustes sont localisés à ce jour, un au Musée dauphinois, l'autre au Musée de Grenoble
  7. Conservé au musée Granet.
  8. Jules Bernex, Le Feu, année 1906.
  9. Louis Giniès, Le Feu, année 1932.
  10. Joseph Ravaisou, Lou Cade d'Aix, 1907.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Franck Baille, Les petits maîtres d'Aix à la Belle Époque - 1870-1914, P. Roubaud éditeur, 1981.
  • Valérie Huss (dir.), Grenoble et ses artistes au XIXe siècle (catalogue de l'exposition du 14 mars au 25 octobre 2020), Grenoble, Éditions Snoeck - Musée de Grenoble, , 272 p. (ISBN 9461615949).

Liens externes[modifier | modifier le code]