Pensée calaminaire

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Viola calaminaria

La pensée calaminaire (Viola calaminaria) est une plante herbacée vivace de la famille des Violacées.

Description[modifier | modifier le code]

Son nom vient du fait qu’on la retrouve des sites calaminaires, c’est-à-dire des sites riches en métaux lourds, principalement en zinc. On la retrouve dans des réserves naturelles de l’est de la Belgique et d’Allemagne, régions où elle est rare et protégée, ainsi qu'en France autour de l'usine des Asturies d'Auby[1] et à Mortagne-du-Nord. La calamine est un nom donné à un minerai de zinc souvent composé de deux minéraux : carbonate de zinc (ZnCO3) et un silicate hydraté de zinc (Zn4(OH)2.Si2O7) [2].

Il s’agit d’une plante dicotylée haute de 5 à 20 cm, à tige dressée et possédant des rhizomes[2]. En ce qui concerne l’appareil reproducteur, les fleurs, à ovaire supère, sont jaunes (pâles jusqu’à jaune intense[3]), parfois bleues[4]. On peut retrouver des inflorescences en forme de grappe ou de fleurs solitaires[5]. Les fleurs se situent au-dessus de feuilles allongées, étroites, ovales et vert foncé[3]. Le diamètre longitudinal de la corolle est de 15 à 25 mm. Les pétales sont plus longs que les sépales. La fleur est zygomorphe avec 4 pétales dressés vers le haut et le cinquième dressé vers le bas[5]. Le fruit de la pensée calaminaire est une capsule à trois loges qui explosent à maturité. La pensée calaminaire possède également des stipules. La floraison a généralement lieu de mai à juillet. La pensée calaminaire peut se reproduire par la dispersion de ses graines ou de manière végétative par ses rhizomes[2].

Espèces voisines[modifier | modifier le code]

La Viola calaminaria a longtemps été considéré comme une sous-espèce de Viola lutea, en raison de leur ressemblance morphologique. Elle tirerait son origine de l’espèce Viola tricolor, dont elle se différencie par doublement du nombre de chromosomes[2].

Écologie[modifier | modifier le code]

Viola calaminaria est une espèce endémique de l’est de la Belgique (région de Liège), de la région d’Aix-la-Chapelle et de Stolberg en Allemagne[2].

Habitat[modifier | modifier le code]

C’est une espèce métallophyte, présente uniquement dans des sols toxiques car riches en zinc (pelouses et prairies). Outre le zinc, elle est également tolérantes aux fortes concentrations de plomb et cadmium[4].

Le pH de ces sols est relativement neutre (entre 6 et 7 unités de pH), c’est donc une espèce neutrophile[2].

Il existe une relative xéricité et pauvreté en nutriments du sol (en particulier en azote et phosphore assimilable)[2].

Symbiose[modifier | modifier le code]

Les racines colonisent le sol par des mycorhizes qui réduisent la toxicité métallique (apport d’une résistance aux métaux lourds). Mais ce n’est pas le seul facteur permettant la croissance de la pensée dans les sites calaminaires[6].

Type de transport des graines[modifier | modifier le code]

La reproduction végétative est peu importante. La reproduction sexuée se fait par les insectes pollinisateurs. Il s’agit d’une reproduction principalement allogame et plus rarement autogame[2]. En raison d'un faible transport des graines, les populations de V. calaminaria se répartissent sur une faible échelle spatiale[2].

Herbivores[modifier | modifier le code]

Plusieurs espèces de papillons de jour se développent sur la pensée calaminaire. On pourra citer les espèces Issoria lathonia et Clossiana selene, dont les chenilles se nourrissent des feuilles de la plante[7],[8].

Impact de l'homme[modifier | modifier le code]

La réduction de la superficie des haldes calaminaires, due principalement à l’urbanisation, menace les populations de Viola calaminaria et autres espèces endémiques de ces sites[2].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Des études ont été effectuées afin d’observer les propriétés de phytoremédiation de la plante, c’est-à-dire sa capacité de dépolluer les sols. Elle pourrait être utile pour la phytoextraction, par son aptitude à absorber les métaux lourds, en particulier le zinc[2],[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « EFlore », sur Tela Botanica (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j et k Jean-Philippe Bizoux, « Biologie de la conservation d’une métallophyte endémique : Viola calaminaria : Thèse de doctorat », Gembloux, Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux,
  3. a et b http://www.rareplants.eu/shop/uploads/Html/Viola-calaminaria-syn.-Viola-lutea-ssp.-calaminaria_6417_1.htm
  4. a b et c Vannobberghen F. (2010), La phytoremédiation en Wallonie : évaluation du potentiel d’assainissement des sols contaminés en métaux lourds (ULB, Mémoire de fin d’études.)
  5. a et b Bastin B., De Sloover J.R., Evrard C., Moens P. (2007). « Flore de la Belgique », Erasme, 5e édition, p. 89.
  6. Hildebrandt, U., Kaldorf, M., Bothe H. (1999). The Zinc Violet and its Colonization by Arbuscular Mycorrhizal Fungi. Journal of Plant Physiology 154(5) p. 709-717
  7. Graitson E., San Martin G., Goffart P. (2005). Intérêt et particularités des haldes calaminaires wallonnes pour l'entomofaune : le cas des Lépidoptères Rhopalocères et des Orthoptères. Notes fauniques de Gembloux.
  8. « La biodiversité en Wallonie », sur wallonie.be (consulté le ).

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