Paulette Nardal

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Paulette Nardal
Paulette Nardal dans les années 1920.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Félix Jeanne Paule NardalVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Fratrie
Jeanne Nardal
Andrée Nardal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction

Paulette Nardal, née le au François[1] en Martinique et morte le à Fort-de-France, est une femme de lettres et journaliste française.

Militante de la cause noire avec sa sœur Jeanne, elle est une des inspiratrices du courant littéraire de la négritude et la première femme noire à étudier à la Sorbonne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse en Martinique[modifier | modifier le code]

Paulette Nardal[2] naît au François en Martinique le 12 octobre 1896 dans une famille de la nouvelle bourgeoisie noire de l'île[3]. Son arrière-grand-mère Sidonie Nardal est née esclave[4]. Aînée de sept sœurs qui suivront toutes de longues études, elle est la fille de Paul Nardal[3] et de Louise Achille, une femme métisse institutrice[4]. Les filles sont élevées dans une culture dite « latine », étudiant les humanités, l'histoire de l'art occidental et la musique[5].

Son père, Paul Nardal, est le premier Noir à décrocher une bourse pour l’École des arts et métiers à Paris, puis le premier ingénieur noir en travaux publics, actif pendant 45 années au Service colonial des Travaux Publics. Il supervise les travaux du réservoir de l’Évêché, du pont Absalon à Fort-de-France ainsi qu’une partie de l’église de Ducos, partiellement détruite en 1903 par un cyclone. Enseignant en mathématiques et en physique, il forme plusieurs générations d’ingénieurs martiniquais. Il recevra les Palmes académiques et la Légion d’honneur et son nom est donné à une rue de la ville-préfecture[6]. Louise Achille, mère de Paulette, est née le dans une famille de mulâtres[5]. Elle est impliquée dans les sociétés mutualistes telles que la Société des Dames de Saint–Louis, qui vient en aide aux femmes de 18 à 50 ans et à leurs enfants, mais également en faveur des personnes âgées à l’asile des vieillards de Bethléem, ainsi qu'à l'Ouvroir, institution destinée à accueillir de jeunes orphelines désargentées ou encore à l’orphelinat de La Ruche[6].

Elle est âgée de six ans lors de l'éruption de la montagne Pelée en 1902 et l'anéantissement de Saint-Pierre, la capitale économique et culturelle de la Martinique.

Paulette Nardal devient institutrice avant de décider, à l'âge de 24 ans, de rejoindre la France métropolitaine pour poursuivre ses études de lettres[7].

Vie parisienne[modifier | modifier le code]

Études à la Sorbonne[modifier | modifier le code]

La cantatrice américaine Marian Anderson.

Elle arrive à Paris en 1920 et y entreprend des études d'anglais[5]. Elle et sa sœur Jeanne, qui étudie la littérature, sont les premières étudiantes noires à s'inscrire à la Sorbonne[5],[8], à une époque où peu de femmes et de Noirs avaient accès à cette institution. Elle y soutient sa thèse sur l'écrivaine et abolitionniste américaine Harriet Beecher Stowe, auteure en 1852 de La Case de l'oncle Tom[6].

À Paris, elle profite de la vie culturelle de la capitale. Elle va au théâtre, assiste à des concerts, visite des expositions... Elle fréquente le Bal Nègre. C’est l’un des rares endroits où la jeune femme peut retrouver ses repères culturels[9]. Elle assiste là aux revues de la cantatrice Marian Anderson et de Joséphine Baker qui la font s'éveiller à ce que sa sœur appelle la « conscience noire »[5].

Le salon littéraire[modifier | modifier le code]

Paulette Nardal tient un salon littéraire dans l'appartement qu'elle partage au 7 rue Hébert[10] avec ses deux sœurs à Clamart[11]. Elle cherche à mettre en relation les diasporas noires[11]. Elle aborde la question de l’émancipation des femmes et pose les prémices de la théorie de la Négritude[12]. Dans son salon littéraire se croiseront des écrivains célèbres tels que Léopold Senghor, Aimé Césaire qui feront part de leur expérience d'étudiants en métropole, Jean Price Mars de passage dans la capitale, Léon-Gontran Damas, René Maran qui racontera les péripéties rencontrées avec son livre Batouala, et d'autres venus d'Afrique, de Haïti et de New York, notamment ceux de la Harlem Renaissance comme Claude McKay[5]. En 1928, elle rejoint la Dépêche africaine, une revue panafricaniste[5].

Paulette Nardal fonde en 1931 avec les écrivains haïtien Léo Sajous et guyanais René Maran La Revue du Monde Noir, qui est éditée en français et anglais[7]. Son objectif affiché est de « créer entre les Noirs du monde entier, sans distinction de nationalité, un lien intellectuel et moral qui leur permette de mieux se connaître, de s’aimer fraternellement, de défendre plus efficacement leurs intérêts collectifs et d’illustrer leur race[7]. » La revue cesse de paraître en 1932, après seulement six numéros à cause de contraintes économiques[7]. Ses sœurs Jeanne et Andrée étaient aussi des contributrices de la revue, tout comme leur cousin germain Louis–Thomas Achille[6]. D'autres écrivains vont reprendre le flambeau de ce courant littéraire de la Négritude, tels que Césaire ou Senghor, notamment avec la revue L'Étudiant noir, tout en omettant largement de donner crédit à Paulette Nardal qui écrira : « Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes »[13],[10].

Militante politique[modifier | modifier le code]

Catholique fervente, Paulette Nardal est opposée au communisme, présent en Martinique dès cette période et à l’influence duquel elle attribuera, s'ajoutant à la misogynie, sa progressive mise à l'écart du mouvement de la négritude ; très attachée à la France, elle défend une pleine intégration de l’île dans le cadre de l’empire colonial français d’alors et déclare dans un texte de 1932 « trouv[er] stupide l’idée de l’indépendance des Antilles »[5].

Elle devient secrétaire du parlementaire socialiste martiniquais Joseph Lagrosillière, puis de Galandou Diouf, élu député du Sénégal en 1934. Elle exprime son engagement politique notamment contre l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie fasciste de Mussolini[3]. En 1937, elle se rend au Sénégal sur l'invitation de son ami Léopold Sédar Senghor[14].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le politologue, diplomate et Prix Nobel de la paix américain Ralph Bunche, photographié en 1951.

En 1939, alors qu'elle rentre de Martinique en bateau peu après le déclenchement de la Guerre, un sous-marin allemand torpille le navire SS Bretagne sur lequel elle voyage et le coule. Elle est sauvée de la noyade par une chaloupe de sauvetage mais se brise les deux rotules[14]. Elle passe 11 mois à l’hôpital de Plymouth et restera handicapée pour le reste de ses jours[6]. Durant la période vichyste, elle retourne en Martinique et donne clandestinement des cours d’anglais à des jeunes Martiniquais désireux de rejoindre la France libre via la Dominique[15]. Elle ouvre un nouveau salon littéraire[6].

À la suite de l'ordonnance du qui accorde le droit de vote aux femmes, Paulette Nardal crée le Rassemblement féminin, branche martiniquaise de l'Union féminine civique et sociale et participe au mensuel La Femme dans la cité publié entre 1945 et 1951[15]. Elle souhaite ainsi inciter les femmes martiniquaises à exercer ce nouveau droit et à aller voter le [5].

Alors que la fin de la Seconde Guerre mondiale approche, elle part pour les États–Unis, où elle devient la secrétaire particulière de Ralph Bunche, militant pour les droits civiques qui entreprend une médiation réussie dans le conflit israélo-arabe entre 1948 et 1949. Ralph Bunche fait ensuite entrer Paulette Nardal à la récente ONU, où elle devient pour une année et demie déléguée à la section des territoires autonomes[6].

Retour en Martinique[modifier | modifier le code]

De retour en Martinique, elle y fonde la chorale « Joie de chanter » avec sa sœur Alice, tout en poursuivant son activité militante en faveur de la promotion de la femme, la culture, la littérature ou encore l’histoire. Les deux sœurs préparent les commémorations du centenaire de l’abolition de l'esclavage[6]. En 1956, un inconnu jette une torche enflammée à travers une fenêtre de sa maison ; peu après, sa famille la convainc de cesser son activité politique, de crainte pour sa vie[5]. Elle rédige un historique de la tradition musicale des campagnes martiniquaises. Le Bèlè et ses variantes comme le gran bèlè, le béliya, le bouwo, le Ladjia et sa base, le rythme afro aja-gbe doivent retrouver leur place dans la musique antillaise. Au sein d'une famille très attachée à la musique et au chant, elle est la tante de la cantatrice Christiane Eda-Pierre[6].

Elle est faite Officier des Palmes académiques et Chevalier de la Légion d’honneur[6], alors que Léopold Sédar Senghor lui décerne le titre de Commandeur de l’Ordre National de la République du Sénégal[6]. À Fort-de-France, l’ancienne place Fénelon, proche de l’ancienne maison familiale rue Schœlcher, porte maintenant son nom[6].

Vie privée[modifier | modifier le code]

À Fort-de-France, elle habite la maison familiale de la rue Schœlcher, avec son père et ses sœurs ; à la différence de celles-ci, toutes épouses et mères de famille, elle ne se marie pas, trouvant dans le célibat une forme d'affirmation de son indépendance[5].

Mort[modifier | modifier le code]

Paulette Nardal meurt le à l’âge de 88 ans[16] à Fort-de-France[17]. Cette femme de lettres et militante politique, pionnière de la cause noire, restera celle qui répétait inlassablement à ses amis et ses élèves sa fierté d'être noire : « Black is beautiful »[8].

Hommages[modifier | modifier le code]

Dans les années 1980, Aimé Césaire fait apposer le nom de Paulette Nardal sur une place de la ville de Fort-de-France, dont il est maire[10].

En 2018, sur proposition de Fadila Mehal (groupe Démocrates et Progressistes) au Conseil de Paris[18], la Ville de Paris décide de la création de la promenade Jane-et-Paulette-Nardal dans le 14e arrondissement[19], qui est officiellement inaugurée par la maire de Paris Anne Hidalgo en présence de Christiane Eda-Pierre, nièce de Paulette et Jeanne Nardal, le [20],[21],[22]. La maire de Paris affirme alors son soutien à l'entrée de Paulette Nardal au Panthéon[20].

En 2019, la ville de Clamart vote le choix de son nom pour une future voie de la ville[10],[22] et la commune de Malakoff le choisit pour rebaptiser l'école Paul-Bert[23],[24].

En 2021, la ville de Ducos (Martinique) rebaptise son lycée en son honneur[25]

En 2022, la ville de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) donne son nom à l'allée desservant la nouvelle école Paul-Langevin.

Une allée porte son nom au Haillan.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives Nationales d'Outre-Mer, Martinique, commune du François, acte de naissance no 464, vues 126-127/168
  2. Acte de naissance no 464 du , état-civil de la commune du François, sur la déclaration de Paul Nardal, âgé de 32 ans, conducteur des Ponts et Chaussées en résidence au François.
  3. a b et c Biographie de Paulette Nardal
  4. a et b (en) Emily Musil Church, « In Search of Seven Sisters: A Biography of the Nardal Sisters of Martinique », Callaloo, vol. 36, no 2,‎ , p. 375–390 (lire en ligne)
  5. a b c d e f g h i j et k « Paulette Nardal, théoricienne oubliée de la négritude », sur Libération.fr, (consulté le )
  6. a b c d e f g h i j k et l Catherine Marceline, « Les ACHILLE et les NARDAL, deux familles martiniquaises d’exception », sur touscreoles.fr, (consulté le )
  7. a b c et d Marion Urban, Tirthankar Chanda, « Les revues culturelles et la promotion de "l'Homme noir" », sur rfi.fr, (consulté le )
  8. a et b Danielle Ohana et Nicole Lucas, Femmes à l’épreuve de la colonisation et des indépendances : Abécédaire raisonné, Le Manuscrit, , 280 p. (ISBN 978-2-304-05434-7, lire en ligne), « Nardal ».
  9. Archives sur Paulette Nardal
  10. a b c et d Marie Boscher, « Paulette Nardal, l'architecte oubliée de la négritude », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  11. a et b Tanella Boni, « Femmes en Négritude : Paulette Nardal et Suzanne Césaire », Rue Descartes, vol. 4, no 83,‎ , pp. 62-76 (lire en ligne)
  12. http://www.netlexfrance.info/2009/06/23/paulette-nardal-1896-1985/ « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  13. Témoignage de Paulette Nardal
  14. a et b Maxime KREOL, « Il était une fois ... Paulette Nardal », sur Club de Mediapart (consulté le )
  15. a et b (en) Annette Joseph-Gabriel, « The Legacy of Martinican Women in French Politics », sur aaihs.org, (consulté le )
  16. « Paulette Nardal : la reconnaissance se poursuit... », sur France-Antilles Martinique (consulté le )
  17. « Paulette Nardal », sur Si/si, les femmes existent, (consulté le )
  18. « Voeu relatif à une dénomination Paulette Nardal. ».
  19. « Délibération du Conseil de Paris », sur paris.fr
  20. a et b « À Paris, inauguration de la « Promenade Jane et Paulette Nardal », égéries de la « négritude » », sur outremers360.com, (consulté le )
  21. « Promenade Jane-et-Paulette-Nardal », sur paris.fr, (consulté le )
  22. a et b Cécile Bertin-Elisabeth, Cécile Bertin-Élisabeth (dir.) et Vinciane Trancart (dir.) (Création d'une revue EHIC), « Les Nardal : Textes, co-textes, contextes », Flamme, Université de Limoges, vol. 1 « Mondes noirs : hommage à Paulette Nardal »,‎ , p. 23 (e-ISSN 2802-7329, HAL hal-03427502, lire en ligne Accès libre) :

    « Désormais, en France aussi on leur rend hommage comme ce samedi 31 août 2019 où la ville de Paris a honoré Paulette et Jane Nardal en donnant leurs prénoms et nom à une promenade dans le XIVe arrondissement. À Clamart également, on a décidé de retenir leur nom pour une rue. Toutefois, la reconnaissance n’est pas encore stabilisée comme le montre le texte de France-info/Outre-mer 1re (Boscher, 2020) ayant pourtant pour titre : « Paulette Nardal, l’architecte oubliée de la Négritude », mais où est ajouté un encart où les sœurs Nardal sont qualifiées de « marraines » de la Négritude [« Un hommage à ces deux sœurs martiniquaises, activistes, féministes et marraines du concept de négritude, trop longtemps oubliées »], comme ayant de ce fait porté sur les fonts baptismaux un enfant (la Négritude) qui ne serait pas le leur... Reconnaissance balbutiante ; preuve en tous les cas qu’un déphasage demeure dans cette reconnaissance. Paulette Nardal rappelle en effet dans ses Entretiens (Grollemund, 2019), que c’est Joseph Zobel qui les aurait désignées en tant que « marraines » de la négritude. C’était à l’époque un premier pas important vers la reconnaissance, mais ne convient-il pas d’aller plus loin aujourd’hui ? »

  23. Tessa Grauman et Guy Étienne, « Une école de Malakoff porte désormais le nom de la militante de Martinique Paulette Nardal », sur Martinique la 1ère, (consulté le )
  24. Tessa Grauman et Guy Étienne, « Travaux de l’élémentaire Paulette-Nardal », sur malakoff.fr, (consulté le )
  25. Audrey Govindin, « Le lycée Centre Sud de Ducos se nomme désormais lycée Paulette Nardal, du nom de l'illustre Martiniquaise », sur Martinique la 1ère, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Shireen K. Lewis, « Gendering Négritude: Paulette Nardal’s Contribution to the Birth of Modern Francophone Literature », Romance Languages Annual,‎ (lire en ligne Accès libre)
  • (en) T. Denean Sharpley-Whiting, Negritude Women, Minneapolis, University of Minnesota Press, , 168 p. (ISBN 0-8166-3680-X, lire en ligne).
  • (en) Shireen K. Lewis, Race, culture and identity: Francophone West African and Caribbean Literature and Theory from Negritude to Créolité, Lexington Books, coll. « Caribbean studies », , 166 p. (ISBN 978-0-739-11472-8)
  • (en) Emily Kirkland McTighe Musil, La Marianne noire. How Gender and race in the Twentieth Century Atlantic World Reshaped the debate about Human Rights : Ph.D. dissertation, University of California, Los Angeles, , 247 p. (ISBN 978-0-549-51184-7)
  • (en) Emily Musil Church, « In Search of Seven Sisters : A Biography of the Nardal Sisters of Martinique », Callaloo, Johns Hopkins University Press, vol. 36, no 2,‎ , p. 375–390 (DOI 10.1353/cal.2013.0100)
  • Astride Véronique Charles, « L’éveil de la conscience de race par des femmes : une lecture genrée de la Négritude », Africultures – Les mondes en relation, no 7,‎ (lire en ligne)
  • Christine Dualé, « L’émergence de la pensée féminine et féministe antillaise : des sœurs Nardal à Suzanne Roussi Césaire », Africultures – Les mondes en relation,‎ (lire en ligne)
  • Philippe Grollemund (préf. Christiane Eda Pierre), Fiertés de femme noire - Entretiens / Mémoires de Paulette Nardal, L'Harmattan, , 208 p. (ISBN 978-2-343-16043-6, lire en ligne)
  • Catherine Marceline, Christiane Eda-Pierre : une vie d'excellence, Fort de France, , 130 p. (ISBN 9791069930209)
  • (en) Brent Hayes Edwards, Paris Modern: Paulette Nardal and the paradoxes of Colonial Feminism, Princeton University,
  • Érick Noël (dir.), Paris créole. Son histoire, ses écrivains, ses artistes (XVIIIe – XXe siècles), Presses Universitaires de Nouvelle-Aquitaine, , 177 p. (ISBN 979-10-353-0651-9), p. 97-106; 107-117

Filmographie[modifier | modifier le code]

Émission[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]